15/02/2008  3 min #14955

SARKOZY : CONFIER A CHAQUE ELEVE LA MEMOIRE D’UN ENFANT JUIF VICTIME DES NAZIS

"Vous m’offrez l’occasion de répondre aux multiples commentaires qui ont accompagné les discours que j’ai prononcés récemment au Latran puis en Arabie Saoudite." Hier, Nicolas Sarkozy a profité de l’invitation que lui avait lancé le Conseil représentatif des institutions juives (Crif) pour repréciser sa conception de la laïcité et de la place des religions dans la société. Le chef de l’Etat était l’hôte d’honneur du dîner annuel de l’organisation juive.

C’est la première fois qu’un président de la République participait à cet événement dont le Premier ministre est habituellement l’invité d’honneur. François Fillon était par ailleurs présent, ainsi qu’une vingtaine de ministres. Après avoir rappelé que les plus grands massacres du XXe siècle, ceux commis par les nazis puis les communistes, étaient nés, non "d’un excès de l’idée de Dieu, mais de sa redoutable absence", Sarkozy a redit son attachement à la laïcité, puis s’est défendu d’avoir déclaré comme cela lui a été reproché que "la morale laïque était inférieure à la morale religieuse" ou que "l’instituteur était inférieur au curé, au rabbin ou à l’imam pour transmettre des valeurs".

Ces commentaires lui avaient valu l’ire des associations et syndicats proches des milieux enseignants. «Le premier [l’instituteur, ndlr] témoigne d’une morale laïque, faite d’honnêteté, de tolérance, de respect», a-t-il poursuivi. Le second, le religieux, «d’une transcendance dont la crédibilité est d’autant plus forte qu’elle se décline dans une certaine radicalité de vie».

Sarkozy a ensuite interpellé, avec ironie, ceux qui l’avaient accusé d’avoir outrepassé sa fonction en témoignant publiquement de sa foi et de sa conception de la place des religions dans la vie des hommes. «Le principe de laïcité […] doit-il me priver du droit de rencontrer des prêtres, des pasteurs, des rabbins, des religieux, pour leur dire que ce qu’ils font au bénéfice des plus pauvres, pour le réconfort des malades, pour l’éducation des jeunes, pour la réinsertion des prisonniers, est tout simplement utile et bien ?» Sont-ils «des citoyens de seconde zone ?», a-t-il fait mine de s’interroger. «Le principe de laïcité oblige-t-il le président de la République à ne parler que de la sécurité routière, des déficits publics, de la politique spatiale, sans jamais parler des choses essentielles, comme la vie, la civilisation, l’amour, l’espérance ?» En conclusion, le chef de l’Etat a balayé les critiques qui avaient accueilli les deux discours de Rome et de Riyad d’un «Je persiste et j’ai le plaisir de signer».

Le chef de l’Etat a consacré une autre partie de son discours à la mémoire de la Shoah, révélant au passage avoir «demandé au ministre de l’Education nationale de faire en sorte que, chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d’un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah».

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