Dans les périodes troublées, comment garder un minimum de sens critique et de recul afin d'analyser et tenter de comprendre ce qui se passe ? La vigilance qui déjà en temps ordinaires doit être de chaque instant particulièrement dès qu'il s'agit de la chose politique, doit être encore plus vive, et il faut se rappeler que le présent est souvent - toujours ? - le résultat de décisions antérieures. Il convient donc de questionner ce qui s'est déroulé en amont pour en arriver à comprendre la situation actuelle.
Dans cet ordre d'idées, il faudrait revenir à la dernière campagne pour l'élection présidentielle de mai 2017, et voir à quel point les Français ont été soumis par les médias dominants au chantage habituel entre le FN représenté par Marine Le Pen et son opposant. Face à la peste il n'y avait qu'une option : un jeune cadre dynamique, bon chic bon genre, dont l'énergie débordante masquait l'inanité du programme, mais présenté comme garant des valeurs 'démocratiques'. Et des ténors de tous horizons et conditions, sont montés au créneau, pensant en cela accomplir leur devoir citoyen : « Tout sauf l'extrême-droite ! » nous ont-ils ânonné en boucle. Pauvres niais... encore à croire que le 'vote utile' était signe de conscience politique.
Le ton était donné : toutes celles et ceux qui ne se mettraient pas 'En marche' derrière le sémillant pupille de la banque Rothschild seraient soupçonnés d'appartenance à l'infréquentable mouvance brune d'extrême-droite. Comme lors de l'élection massive [plus de 80%] pour J. Chirac au second tour en 2002 contre J-M. Le Pen, de nombreux électeurs se sont précipités pour élire E. Macron contre sa rivale, présentée aux Français comme l'épouvantail de service. Quelle aubaine, finalement cette famille Le Pen ! Désormais, les électeurs ne votent plus 'pour' un candidat et son programme, ils votent 'contre' un autre, souvent le même d'ailleurs. D'où, l'augmentation de l'abstention et de votes blancs - ouf ! - que les tenants du pouvoir s'empressent... d'ignorer.
Ainsi, une majorité de Français a voulu tourner le dos à l'extrême-droite, votant pour un candidat issu du PS - et des milieux financiers... non, il n'y a pas d'oxymore, c'est la nouvelle 'gôôche' paraît-il - mais se déclarant « ni de gauche ni de droite »... et elle a eu un président dont les déclarations, actions et manœuvres depuis son accession à la fonction, ainsi que celles de son équipe, sont plus répressives les unes que les autres, ne laissant planer aucun doute quant à l'inclinaison pour une droite... extrême. Quand il est dit qu'il faut préférer l'original à la copie, cherchez l'erreur !
Faut-il s'étonner dès lors, du 'Mouvement des Gilets Jaunes' ?! Comme exprimé dans mes précédents billets, ce mouvement me paraît non seulement légitime, mais il faut s'étonner qu'il n'ait pas émergé plus tôt, vu les multiples trahisons que les citoyens ont essuyées de la part des élus. Et il faut espérer que le mouvement continuera, allant même en amplification tant que le changement en profondeur d'une structure d'Etat obsolète et du 'système' ne seront pas envisagés.
A cet effet, de nombreux 'GJ' ou sympathisants du mouvement interpellent l'appareil d'Etat et ses représentants divers, leur demandant : « Quand donc allez-vous comprendre !? »
Je pense que c'est là une question erronée et qu'il ne faut pas se méprendre : les tenants du pouvoir ont très bien compris ce dont il est question. Mais, simplement ils ne veulent rien entendre ! Parce qu'il s'agit de privilèges que ces gens-là ne veulent pas voir remis en question et encore moins, partager - n'est qu'à voir le blocage sur l'ISF. Et ils sont déterminés à utiliser tous les moyens pour les préserver, y compris la force, les menaces, et la panoplie de procédés violents qui relèvent de méthodes fascistes - plus de 10 morts et des milliers de blessés, dont certains resteront handicapés à vie - allant même comme Mme. Bergé à saisir la justice à l'encontre du journaliste Juan Branco l'accusant « d'armer les esprits » par ses propos. « Armer les esprits » ?... faut en avoir un bien tordu pour trouver la formule ! Puis, les mêmes viendront se vanter sans sourciller de la 'liberté d'expression' - quand il s'agit de 'Charlie' et de clouer le bec aux musulmans qui se sont indignés des caricatures qui les méprisaient - garante des 'valeurs démocratiques' du pays !
La France en est là ! Et il faut le voir, bien en face.
Quand Fr. Fillon alors 1er ministre de N. Sarkozy déclarait que « la France était en faillite », il ne croyait pas si bien dire. Sauf qu'il se trompait - volontairement ? - de cible : c'est de faillite politique dont il s'agit. Le pays n'ayant jamais été aussi riche, avec un PIB en constante croissance depuis des décennies.
Une majorité de médias dominants flanqués de leurs 'éditocrates' hautains, a moqué des années durant les pratiques de certaines 'républiques bananières', comme elle aimait les qualifier. Ces médias - inaudibles, non fiables et d'ailleurs en perte constante d'audimat - pourront désormais constater que loin de s'en démarquer, le gouvernement français utilise les mêmes procédés dès qu'il s'agit de protéger ses plus nantis. Certains d'entre eux n'hésitant pas à encourager les forces de l'ordre « à tirer dans le tas » comme le proposait L. Ferry lors de son passage chez G. Durand sur Radio Classique... et dont aucune voix de la caste n'est venue condamner les propos y compris Mme. Bergé, frappée d'aphonie pour le coup. Qu'en eut-il été si ces propos avaient été tenus par un 'GJ', un 'basané' ou un habitant 'des quartiers' ?!...
De nombreux intervenants s'étonnent de pratiques d'une violence inouïe des forces de l'ordre lors des manifestations des 'GJ'... Ils ignorent sans doute que ces pratiques musclées sont calquées sur le régime israélien, expert en la matière dans ses méthodes de répression à l'encontre de la population palestinienne et bien implanté en France, particulièrement dans la sphère politico-médiatique. Ceci pourrait en partie expliquer cela. Aux dernières nouvelles, lors de l'acte IX du samedi 12.01 dernier, certains CRS étaient équipés de fusils d'assaut automatiques (HK G36). Une première, lors de manifestations citoyennes... qui présage d'un durcissement de l'appareil d'Etat qui n'entend rien céder sur l'essentiel. (voir : presstv.com)
Des sources bien informées indiquent que l'un des actuels conseillers favoris du président Macron n'est autre que N. Sarkozy... « Ni de gauche ni de droite » affirmait-il... De fait, mais de la caste des voyous ! Voyez donc ces cols-blancs qui se sont hissés aux plus hautes fonctions : les Sarkozy, Woerth, Cahuzac, Balkany, Strauss-Kahn, Guéant, Solère, Urvoas, Fillon, Désir, Juppé, Gaudin, Ferry... et j'en passe ! (voir : lepoint.fr... Ces donneurs de leçons qui, imbus de leur pouvoir et trop contents de l'exercer s'empressent d'envoyer quelque citoyen derrière les barreaux pour un vol à l'étalage, quelques grammes de shit ou un PV non payé, quand ce n'est pas pour aide aux migrants... Les électeurs vont-ils enfin ouvrir les yeux sur ceux qu'ils portent aux plus hautes fonctions ?!
Dans de nombreuses professions, une faute grave ou de déontologie est sanctionnée et vous met à l'écart. Que ce soit en tant que médecin, avocat, professeur,... A l'inverse, quand vous faites de la politique et devriez donc être exemplaires, tous les abus semblent permis. Combien de ceux-là ne sont pas empêtrés dans des affaires de corruption, de détournements, de magouilles, de pots-de-vin, de faux et usage de faux,... sans qu'ils soient sanctionnés à hauteur des faits et sans les écarter de manière définitive de la fonction ? Là aussi, cherchez l'erreur ! (voir : village-justice.com)
Venons-en donc au cœur du problème : le fait est, que ni Macron ni son successeur s'il devait être désigné par ces mêmes médias qui nous l'ont vendu, ne pourront poursuivre les réformes envisagées, tant elles sont le fruit de décisions prises par l'Union européenne dont les citoyens ne veulent plus ! Et c'est bien-là que se trouve l'épicentre des problèmes rencontrés par les populations des différents pays européens. Dès lors, puisque les gouvernements nationaux sont désormais contraints d'appliquer les Traités européens, il faut s'en prendre à cette construction bancale qui ne contente personne, hormis le petit cercle de nababs qui en profitent.
Aucun pays appartenant à la zone euro ne peut piloter sa politique nationale de manière indépendante comme c'était le cas auparavant. Les normes européennes ont définitivement lié les pays qui composent l'UE dans un carcan de Traités et de Directives qui leur ôtent toute souveraineté.
En saine 'démocratie', il revient aux citoyens d'exprimer si ces normes leur conviennent ou pas, sachant que c'est à Bruxelles qu'il faudra aller en masse pour manifester leur refus de l'UE telle qu'on leur impose. Les 'GJ' de tous pays n'obtiendront rien de substantiel en se cantonnant à manifester dans leurs villes et pays. Ils devront intégrer cette notion et se rendre à l'évidence : leurs gouvernements nationaux sont pieds et poings liés par les Traités signés. L'exemple de la sortie de la Grande-Bretagne aux forceps illustre combien ces Traités sont une véritable cage qui emprisonne les Etats et leur population aux règles et dictats européens qui ne se soucient pas des citoyens mais n'ont comme seuls objectifs, de les faire travailler pour le plus grand bénéfice de quelques fortunés qui sont parvenus à imposer la privatisation de tous les pans de la société et à jongler avec leurs capitaux dorénavant 'libres de circuler' selon cette UE qui malmène ses peuples. Les pouvoirs nationaux ont été lentement mais assurément transférés à l'Europe. Et c'est donc bien contre cette Europe inéquitable qu'il faut concentrer les efforts de contestation et d'opposition. C'est-là que se situe le pouvoir. Et c'est ce dernier qu'il convient de renverser. Le 'Grand débat national' lancé par le président français et son équipe n'est qu'une tentative de gagner du temps et tenter de calmer les esprits. Il n'en sortira rien d'essentiel. Les Macron et autres figurants ne sont à leurs postes que pour exécuter les directives européennes. Ce sont des marionnettes qui se gonflent d'importance à mesure qu'elles la perdent, rien de plus.
Dans la foulée, quand les citoyens auront compris et intégré cette notion et qu'ils voudront pousser plus loin la réforme indispensable du système actuel tant décrié pour ses injustices, c'est au niveau des alliances qu'il faudra repenser les choses. Je lis et entends beaucoup de citoyens déboussolés, voire apeurés par la perspective d'une UE qui se déliterait. Ceux-là n'ont d'autre argument que celui répété par la propagande européiste qu'un repli sur soi - chaque Etat retrouvant sa souveraineté nationale - nous livrerait aux défis des grandes puissances que sont les USA et les BRICS. Avec cette idée désormais répandue qu'il faut être grand pour être puissant sur la scène économique et financière. La Suisse et Singapour en sont de brillants exemples...
La nature ayant horreur du vide, en tant qu'Européens, nous n'avons que trop attendu pour travailler avec la Russie réformée. Nos élus gardent les réflexes américano-primaires d'une détestation du communisme soviétique qui n'a pourtant plus cours. Les décisions d'appliquer les sanctions et mesures de rétorsion dictées par le gouvernement américain nous ont déjà coûté très cher - plusieurs dizaines de milliards d'euros ! - et se révèlent inopérantes contre un Etat tel que la Russie - 4è partenaire économique avec l'UE il y a quelques années - qui a de son côté et en réaction, noué des alliances intelligentes avec l'Asie, nouveau centre économique et financier mondial.
Comme je le dis souvent, à terme la géographie a toujours le dernier mot sur l'Histoire, et nous indique que nous devons absolument nous tourner vers la Russie, porte d'accès vers l'Asie dont le continent auquel nous appartenons nous lie. Nous sommes partie-prenante de l'Eurasie, et les alliances par-delà les 6000km d'océan atlantique avec l'Amérique du Nord ont quelque chose d'artificiel et 'contre-nature'.
Dans la même perspective, nous pourrions aussi démanteler l'OTAN qui ne fait qu'entretenir des guerres extérieures ruineuses pour nos Etats mais rentables pour les marchands d'armes, sans parler des drames qu'elles infligent à des populations qui, à juste titre, finissent par détester tout ce qui vient d'occident et entretiennent parfois des plans pour s'en venger, par n'importe quel moyen.
Nous avons donc toutes les possibilités de créer une autre Europe que celle improbable, que nous voyons se déliter sous nos yeux. Il est urgent d'y réfléchir, de défaire la construction européenne existante et ses alliances mortifères au profit de nouveaux choix dans le sens du continent Eurasiatique dont nous sommes citoyens.
Daniel Vanhove
16.01.19
La source originale de cet article est Mondialisation.ca
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