De l’idéologie sioniste (deuxième partie)
La première partie se trouve ici
La méthode employée par Israël a toujours été celle de la terreur : L’exemple le plus éclatant fut celui de Deir Yassin : le 9 avril 1948, par une méthode identique à celle des nazis à Oradour, les 254 habitants de ce village (hommes, femmes, enfants, vieillards) furent massacrés par les troupes de « L’Irgoun », dont le chef était Menahem Beghin.
Dans son livre “La Révolte : Histoire de l’Irgoun“, Beghin écrit qu’il n’y aurait pas eu d’État d’Israël : « sans la “Victoire” de Deir Yassin » (p. 162 de l’édition anglaise). Il ajoute : « La Hagana effectuait des attaques victorieuses sur d’autres fronts… Pris de panique, les Arabes fuyaient en criant : Deir Yassin. » (Idem, p. 162, repris par l’édition française p. 200.)
Était considéré comme “absent” tout Palestinien ayant quitté son domicile avant le 1er août 1948. C’est ainsi que les 2/3 des terres possédées par les Arabes (70.000 ha sur 110.000) furent confisquées.
Lorsqu’en 1953 fut promulguée la loi sur la propriété foncière, l’indemnité est fixée sur la valeur de la terre en 1950, mais entre-temps la livre israélienne avait perdu 5 fois sa valeur. En outre, depuis le début de l’immigration juive, et là encore dans le plus pur style colonialiste, les terres étaient achetées à des féodaux propriétaires (les “effendi”) non résidents ; si bien que les paysans pauvres, les fellahs, furent chassés de la terre qu’ils cultivaient, par ces arrangements faits sans eux entre leurs maîtres anciens et les nouveaux occupants. Privés de leur terre ils ne leur restait plus qu’à fuir.
Les Nations Unies avaient nommé un médiateur, le Comte Folke Bernadotte. Dans son premier rapport le Comte Bernadotte écrivait : « Ce serait offenser les principes élémentaires que d’empêcher ces innocentes victimes du conflit de retourner à leur foyer, alors que les immigrants juifs affluent en Palestine et, de plus, menacent, de façon permanente, de remplacer les réfugiés arabes enracinés dans cette terre depuis des siècles. » Il décrit « le pillage sioniste à grande échelle et la destruction de villages sans nécessité militaire apparente. »
Ce rapport (U.N. Document A. 648, p. 14) a été déposé le 16 septembre 1948. Le 17 septembre 1948 le Comte Bernadotte et son assistant français, le Colonel Serot, étaient assassinés dans la partie de Jérusalem occupée par les sionistes.
Ce n’était pas le premier crime sioniste contre quiconque dénonçait leur imposture.
Lord Moyne, Secrétaire d’État anglais au Caire, déclare, le 9 juin 1942, à la Chambre des Lords, que les juifs n’étaient pas les descendants des anciens Hébreux, et qu’ils n’avaient pas de “revendication légitime” sur la Terre Sainte. Partisan de modérer l’immigration en Palestine, il est alors accusé d’être « un ennemi implacable de l’indépendance hébreue. »
Source : Isaac Zaar : “Rescue and liberation : America’s part in the birth of Israël”, N.Y. Bloc Publishing Cy. 1954 p. 115.
Le 6 novembre 1944, Lord Moyne est abattu au Caire par 2 membres du groupe Stern (d’Itzac Shamir) Des années plus tard, le 2 juillet 1975, l’Evening Star d’Auckland révèle que les corps des deux assassins exécutés ont été échangés, contre 20 prisonniers arabes, pour les enterrer au “Monument des héros” à
Jérusalem. Le gouvernement anglais déplora qu’Israël honore des assassins et en fasse des héros.
Le 22 juillet 1946, l’aile de l’hôtel du Roi David, à Jérusalem, où était installé l’état-major militaire du Gouvernement anglais, explosait, entraînant la mort d’environ 100 personnes : Anglais, Arabes et juifs. C’était l’oeuvre de l’Irgoun, de Menahem Beghin, qui le revendiqua. L’État d’Israël se substitua alors aux anciens colonialistes, et avec les mêmes procédés : par exemple l’aide agricole permettant l’irrigation fut distribuée d’une manière discriminatoire, de telle sorte que les occupants juifs furent systématiquement favorisés : entre 1948 et 1969, la surface des terres irriguées est passée, pour le secteur juif, de 20.000 à 164.000 ha, et, pour le secteur arabe de 800 à 4.100 ha. Le système colonial a été ainsi perpétué et même aggravé : Le Docteur Rosenfeld, dans son livre : « Les travailleurs arabes migrants », publié par l’Université hébraïque de Jérusalem en 1970, reconnaît que l’agriculture arabe était plus prospère au temps du mandat britannique qu’aujourd’hui.
La ségrégation s’exprime aussi dans la politique du logement. Le Président de la Ligue israélienne des Droits de l’Homme, le docteur Israël Shahak, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, dans son livre, « Le racisme de l’État d’Israël » (p. 57) nous apprend qu’il existe en Israël des villes entières (Carmel, Nazareth, Illith, Hatzor, Arad, Mitzphen-Ramen, et d’autres) où la loi interdit formellement aux non-juifs d’habiter.
Au niveau de la culture règne le même esprit colonialiste. « Le Ministre de l’Éducation Nationale, en 1970, proposa aux lycéens deux versions différentes de la prière au “Yizkar”. L’une déclare que les camps de la mort avaient été bâtis par le “gouvernement nazi diabolique et la nation allemande de meurtriers”. La seconde évoque plus globalement “la nation allemande de meurtriers”… Elles comportent, toutes les deux un paragraphe… appelant DIEU “à venger sous nos yeux le sang des victimes” ».
Source : “Ce sont mes frères que je cherche”. Ministère de l’éducation et de la culture. Jérusalem, 1990.
Cette culture de la haine raciale a porté ses fruits :
« A la suite de Kahana, des soldats, de plus en plus nombreux, pénétrés de l’histoire du Génocide, imaginèrent toutes sortes de scénarios pour exterminer les Arabes », dit se souvenir l’officier Ehud Praver, responsable du corps enseignant de l’armée. « Il est très préoccupant que le Génocide puisse ainsi légitimer un racisme juif. Nous devons désormais savoir qu’il n’est pas seulement indispensable de traiter de la question du Génocide, mais aussi de celle de la montée du fascisme, d’en expliquer la nature et les dangers pour la démocratie. » Selon Praver, « trop de soldats se sont mis à croire que le Génocide peut justifier n’importe quelle action déshonorante. »
Source : Tom Segev. op. cit. p. 473.
Le problème a été posé très clairement, avant même l’existence de l’État d’Israël. Le Directeur du “Fonds national juif”, Yossef Weitz, écrivait dès 1940 :
« Il doit être clair pour nous qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce pays. Si les Arabes le quittent, il nous suffira (…) Il n’existe pas d’autre moyen que de les déplacer tous ; il ne faut pas laisser un seul village, une seule tribu… Il faut expliquer à Roosevelt, et à tous les chefs d’États amis, que la terre d’Israël n’est pas trop petite si tous les Arabes s’en vont, et si les frontières sont un peu repoussées vers le nord, le long du Litani, et vers l’est, sur les hauteurs du Golan. »
Source : Yossef Weitz, “Journal”, Tel-Aviv, 1965.
La troisième partie publiée demain
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