08/07/2008 socio13.wordpress.com  13 min #18326

Evo Morales, les mains dans le cambouis !

Voilà avec quoi et avec qui se débat Evo Morales. Brecht en aurait tiré une histoire, il l’aurait peut-être intitulé “la préfète n’a pas de reconnaissance mais elle a probablement une récompense”.

Il y avait ce dimanche des élections à la Préfecture du département de Chuquisaca. Etaient opposés trois candidats, le candidat du Mas le parti d'Evo Morales Walter Valda, et une candidate Savina Cuellar qui représentait la la Alianza Comité Interinstitucional, et un troisième candidat Cruz, les deux derniers étant dans l'opposition. Les résultats ont été que Savina Cuellar l'a emporté avec 55,5% des votes, Valda n'a eu que 39% et Cruz 3% . Cuellar a vaincu grâce aux votes de la cité de Sucre, c'est-à-dire la zone la plus urbaine alors que le candidat du Mouvement pour le Socialisme l'emportait dans les zones rurales.

Sucre, souvenez-vous nous en avions fait état ici même avait été secoué par des événéments insurrectionnels, il y avait eu trois morts, lors des débats autour du projet constitutionnel. Et le préfet gouverneur avait démissionné. On le remplaçait ce dimanche.

Souvenez-vous la crise avait surgi parce que l'oligarchie séparatiste avait lancé le thème du sacrifice de la capitale Constituionnelle Sucre au profit de La Paz, siège du gouvernement mais aussi le lieu des indiens Aymara (1), l’ethnie d’Evo Morales alors que les indiens de Sucre sont plutôt Quechuas. Est-ce que cela joue un rôle, je n’en sais strictement rien… Aussitôt les résultats connus, le ministre de la présidence, Juan Ramón Quintana, a déclaré que le Gouvernement national reconnaissait la victoire de Savina Cuellar, et l'a invitée à travailler ensemble sur l'agenda régional pour promouvoir le développement du département chuquisaqueño. Quintana a considéré que ces éléctions se sont passé de manière démocratique et que ces élections sont l'antichambre de ce que sera le référendum révocatoire des mandats populaires pour le Président, le Vice-président et les préfets des départements.

Savina Cuellar, victorieuse a dit qu’elles seront ses relations avec le gouvernement du Président Morales : « Tous les deux nous sommes de la campagne et, comme père que tu es de toute la Bolivie, il doit reconnaître à tous ses enfants et ne pas discriminer personne, à cause de cela il doit chercher l'unité de la Bolivie ».

Une candidate au profil trés particulier

Maintenant que vous avez ces faits en mémoire parlons de la candidate victorieuse.et du camp qu'elle représente, ce qui nous fait aller de surprise en surprise.

Paradoxalement Cuellar s'est initié à la vie politique au sein du MAS, et à ce titre elle fut élue membre de l'Assemblée Constituante. Mieux ou pire, la Nouvelle préfète ou gouverneur, a été alphabétisée grâce à la méthode cubaine YO SI PUEDO, une campagne pour enseigner à lire et à écrire impulsée par le gouvernement de Evo Morales avec la collaboration de Cuba et du venezuela. Malgré ces antécedents, Cuellar a accepté d'être la candidate de 11 groupes d'opposition qui sont les acteurs de toutes les violences et discriminations contre la population indigène et les paysans. Ils ont non seulement la haine des indigènes mais ils condamne et diabolisent la solidarité de pays comme Cuba et le Venezuela avec le peuple bolivien. Ce sont eux qui ont soumis plus de trentaine de paysans et d'indigènes le 24 mai passé à des humiliations qui ont soulevé l'indignation générale. Qui peut savoir ce qui se passe dans la tête de Savina Cuellar ? Déjà lors des évenements où des paysans avaient été humiliés chacun avait remarqué que les troupes de choc étaient elles-mêmes métissées.

j’imagine le personnage, s’agit-il d’une paysanne que l’on a gonflé et qui ne s’est plus senti ou au contraire une commère à la tête froide qui fait ses comptes et s pourvu qu’on y mette le prix sera d’accord pour agir, en tout cas elle a des capacités de conviction, lesquelles ? Est-elle aller porter la haine contre les Ayamaras de maison en maison, en distribuant de la menue monnaie? Les Etats-Unis déversent des dollars pour financer l’opposition, ont-ils atterri dans un foyer pauvre où l’on avait faim? J’aimerais savoir, comprendre?

J’ai été voir sa photo, non elle n’avait pas ou plus cet étrange chapeau melon des indiennes boliviennes, mais c’était bien une paysanne, contente d’elle, une matrone rusée. Elle était devant l’urne, sur les épaules un chale brodé, les cheveux tirés avec des tresses sombres, dans le regard l’image de sa resistible ascencion… Si j’étais gabriel Garcia marquez je l’observerais jusqu’à deviner ce secret… En quoi le capital est-il encore le maître des âmes…Comment mène-t-il le bal ?

Le choix est entre un destin individuel ou collectif, qui sont ceux qui acceptent de choisir la seonde voie, quels utopistes ? n’est-ce pas par là l'oligarchie, l'impérialisme, ses sbires nazis, et le mot est exact pour la bolivie, trouvent au sein des victimes des gens prêts à n'importe quoi? le secret est dans ce rude visage qui a appris à sourire, à rompre le masque fermée, austère du paysan bolivien.

Mais pour ne pas rester sur une note despérante pour nous, pour les Cubains, pour les vénézuéliens et pour Evo Morales, pour ceux qui croient en l'être humain, en son perfectionnement, bref au socialisme, voici au moins une nouvelle un peu moins mauvaise de Bolivie.

Les préfets acceptent de se soumettre au processus démocratique proposé par la présidence

Les préfets de l'opposition de cinq régions de Bolivie ont rectifié ce vendredi 4 juillet, leur position et ont annoncé qu'ils acceptaient de se soumettre au réferendum révocatoire auquel ils soumettraient leur charge, en même temps que le président, et le viceprésident, le prochain 10 août. Référendum qui a été proposé en décembre par le président Evo Morales comme sortir à la crise et approuvé en mai par l'opposition dans le chambre haute. « Définitivement nous allons aller à ce référendum révocatoire imposé par caprice du président de la République » a déclaré en Conférence de presse le préfet de Santa Cruz, l'opposant Rubén Costas. Costas a annoncé la décision après s'être réuni avec les préfets également apposants de Tarija, Beni, Pando y Cochabamba, ceux qui ensemble forment le dénommé Conseil National démocratique (Conalde). Le 22 juin les mêmes avaient voulu poursuivre les consultations séparatistes initiée par santa Cruz et repris par Beni et Pando.

Il y a là incontestablement une victoire pour le président Morales qui a forcé les séparatistes à revenir à un processus légal. Nul doute que la pression de tout un peuple décidé à ne pas se laisser faire et à soutenir le président a joué, nul doute que toute l'Amérique latine qui a refusé de reconnaître les consultations séparatistes a joué un rôle important.

Mais c'est une bataille quotidienne, en ce moment même Morales doit faire face à l'OEA a une tentative de l'isoler par le péruvien Alan garcia, qui est un des hommes avec Uribe des Etats-Unis au sein de l'OEA. Alan garcia comme nous l'avons vu par ailleurs l'accuse d'ingérence dans les affaires du pérou, parce qu'Evo Morales a dénoncé l'installation d'une base militaire étasunienne au pérou pour remplacer celle que le président équatorien Rafael Correa fait fermer.

En conclusion, je dirais que quand on mesure la lutte au quotidien de ceux qui veulent vaincre le sous-développement, reprendre les ressources de leurs pays aux multinationales, une fois de plus on les admire. Et on se dit que les donneurs de leçon y compris « révolutionnaires » ou « droits de l'hommistes » dont la France fourmille feraient bien de comprendre ce que signifie une véritable volonté de changer l'ordre des choses existant.

L’exemple de Fidel

Et puis souvenez-vous il y a peu d’une réflexion de Fidel, il s’agissait d’une jeune bolivienne faisant ses études de médecine à Cuba, elle avait eu un accident cardiaque et était morte. une campagne s’était alors déclanchée en Bolivie qui accusait les Cubains d’être des assassins.

J’ai eu la curiosité d’aller dans ce blog chercher ce qu’il avait dit en cette occasion, cela mérite d’être répété aujourd’hui:

Dès qu'Evo Morales, de pure souche indienne, a été élu dans cette douloureuse Bolivie, nous lui avons offert notre soutien en matière de santé publique et d'éducation. Je me rappelle très bien cet après-midi-là. Nous étions sûrs de pouvoir sauver chaque année plusieurs milliers de vies et rendre la vue et la santé, sous différentes formes, à une quantité de personnes incalculable, sans le moindre coût pour cette nation. On y appliquerait sans retard, selon une méthode ayant fait ses preuves, un programme d'alphabétisation intégral intensif en plusieurs langues, dont la plus parlée, l'espagnol. Actuellement, 119 éducateurs cubains travaillent en Bolivie en vue de transmettre leurs expériences et connaissances et de pouvoir déclarer ce pays, en deux ans et demi seulement, Territoire libre d'analphabétisme. Notre pays a fourni d'entrée les équipements et le matériel didactique nécessaires à cette mission : 30 000 téléviseurs de 21 pouces importés de Chine, autant de magnétoscopes, 16 459 transformateurs et 2 000 systèmes photovoltaïques, soit tout un réseau destiné aux cours d'éducation postérieurs durant la journée ; 1 359 000 abécédaires en espagnol, quechua et aymara ; des brochures de lecture et d'autres matériaux que j'omets pour ne pas rendre cette liste interminable. Nous avons envoyé en Bolivie une partie des panneaux solaires destinés à notre réserve pour le temps de guerre. Cuba a aussi assuré gratuitement l'envoi de tous ces matériaux. Tout ceci ayant fait suite à une visite que Morales avait effectuée dans notre pays quelques semaines après avoir été élu.

Le Venezuela, qui venait de se déclarer Territoire libre d'analphabétisme grâce à la méthode cubaine « Oui, je peux », a rejoint ensuite ce programme.

Nous avons créé en Bolivie 23 727 points d'alphabétisation, qui ont concerné 76,6 p. 100 des illettrés, 62 p. 100 de ceux qui n'ont pas appris à lire et à écrire à l'école primaire ayant d'ores et déjà été alphabétisés sans avoir eu à débourser un centime.

Mais c'est toutefois sur le domaine de la santé qu'ont porté les efforts de coopération maximaux avec ce peuple, dans ce pays où sont morts le Che et d'autres compagnons latino-américains et cubains, et une jeune internationaliste allemande. Aucun pays ne peut rivaliser sur ce terrain avec Cuba aujourd'hui, et peut-être durant encore pas mal de temps. Il s'agit là d'une forme de coopération gratuite avec les plus pauvres, ainsi qu'une source d'exportation de services vers d'autres pays du monde disposant de bien plus de ressources pour les payer. Nous avons offert une coopération gratuite dans ce domaine aux plus nécessiteux en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Actuellement, 1 852 compatriotes travaillent d'arrache-pied en Bolivie, dont 1 226 médecins, 250 infirmières spécialisées, 119 techniciens de la santé, 9 dentistes, 86 spécialistes et techniciens d'autres branches, et 102 personnes sélectionnées pour s'occuper de services vitaux de toute sorte dont les brigades cubaines et les patients hospitalisés ont besoin à l'étranger.

La brigade médicale cubaine exerce dans 215 communes des 9 départements boliviens, soignant de petites gens et ceux qui demandent ses services. Elle dispose d'équipements optimaux donnés par notre pays. A ce jour, 186 508 patients ont été opérés de la vue dans 18 blocs chirurgicaux spécialisés, dont les capacités totales dépassent largement 130 000 par an.

Nos médecins ont effectué presque 12 millions de consultations depuis leur arrivée en Bolivie. Ce qui permet d'estimer le nombre de vies sauvées, dans la mesure où les patients ne recevaient en règle générale aucun soin médical.

Le plus fondamental de notre coopération médicale consiste peut-être en la formation comme médecins de 5 291 jeunes Boliviens, dont 621 à l'Ecole latino-américaine de médecine d'où sont déjà sorties, avec d'excellents résultats, trois promotions, et 4 670 dans le cadre de notre nouveau programme de formation. Je n'exagère pas en disant que les familles des enfants qui étudient cette spécialité dans notre patrie sont nos amis les plus solides et les plus combatifs en Amérique latine, et bien entendu en Bolivie. La jeune étudiante Beatriz Porco Calle, vingt-deux ans, dont parle la dépêche, détenait le passeport 5968246 ; elle provenait du département d'Oruro, province de Samara, commune de Curahuara de Carangas, communauté rurale de Toypicollana, d'origine indigène et adventiste du septième jour. Elle était en seconde année de médecine à la faculté Miguel Sandarán Corzo, de Matanzas.

Elle perd connaissance le 6 mars dans les toilettes de son dortoir. Les médecins et professeurs décident aussitôt de l'envoyer à l'hôpital provincial où un examen physique ne permet pas de déterminer les facteurs de sa situation, pas plus que les analyses de laboratoire et d'autres actes, dont une tomographie. Une fois rétablie, elle est renvoyée à l'école. Des maux de tête et des vertiges surviennent peu de temps après. Nouveaux examens médicaux. Elle se sent stressée. On lui prescrit les médicaments prévus dans ce cas. Le 23 mars, à 19 h 30, elle perd de nouveau connaissance. On l'envoie de nouveau aux urgences en compagnie d'un professeur ; une fois en soins intensifs, on diagnostique ce que l'on connaît avant le décès comme mort cérébrale.

On en informe le ministère bolivien des Affaires étrangères et l'ambassade à Cuba, qui préparent les documents de voyage requis en cas de décès, lequel survient presque une semaine après, le 28 mars.

Le cadavre est envoyé à l'institut national de médecine légale qui a l'obligation de procéder à une autopsie pour définir les causes du décès. Toutes les démarches se font selon les normes en vigueur. Le fiancé de l'étudiante et d'autres compagnons récupèrent ses effets personnels et scellent ses valises. Une messe est dite à la faculté le 31 mars. Diagnostic textuel de l'Institut de médecine légale : « Décès par hypertension endocrânienne, maladie cérébrovasculaire hémorragique par malformation vasculaire méningée cérébelleuse congénitale. » Il était inévitable dans ce cas d'extraire le bloc viscéral et de prendre les échantillons pertinents.

Une professeure de la faculté a accompagné le cadavre en Bolivie pour le remettre à la famille. C'est la mission médicale cubaine qui a assumé les frais de transport jusqu'au lieu d'origine et les coûts des funérailles.

Il est dur d'écrire sur un tel sujet. Mais il est encore plus dur de lire des dépêches qui répandent à travers le monde l'idée d'un cadavre privé de ses organes. Cuba doit donc offrir des explications.

Tout est bien clair. L'Empire a besoin de contrecarrer des vérités sur Cuba qui lui sont insupportables. Il intrigue et stimule une famille à réclamer des indemnisations ; il confie la mission, comme on peut le constater à travers l'une des dépêches, à un parlementaire et à l'agence de presse Fides qui lancent à travers le monde ce mensonge répugnant qui passe de là au bulldozer de ses médias et de ses techniques médiatiques.

Il existe dans notre pays ? je n'hésite pas à le dire ? des personnes insensibles, sans grandes connaissances des réalités de notre monde, qui affirmeront sans trop réfléchir : « Nous ne devons pas aider la Bolivie ! » Elles ne comprendront jamais que, aussi bien en politique qu'en révolution, l'alternative à une stratégie erronée ou incorrecte est la défaite.”

Abandonner la solidarité internationale est une stratégie erronée de la part des communistes français et elle les a conduit et les conduira toujours plus avant dans la défaite.

Pour une préfète passée à l’ennemi combien de Boliviens ont gagné une vision plus concrète de la nécessité de la Révolution ?

Et si au lieu de nous accuser de tous les maux quand la contre-révolution triomphe, au lieu de reprendre le langage de l’ennemi qui n’a cessé de dresser des pièges, des crimes sur notre chemin, ne faudrait-il pas se dire simplement que la bataille était difficile. Parce que nous avons hérité des individus qu’ils ont fabriqué pour leur système et que nous avons prétendu changer le monde comme si nous avions déjà à notre disposition l’homme nouveau dont parlait le guérillero assassiné en Bolivie déjà…

Aujourd’hui moins que jamais j’ai envie de me repentir…

Danielle bleitrach

(1) Indiens Quechuas 30%, métis 28% environ, Indiens Aymaras 25%, Européens 10% environ (principalement d’ascendance espagnole)

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