Bruno Guigue
« Le discours de Xi Jinping est vraiment passionnant », a résumé Bruno Guigue après avoir lu l'allocution du président chinois Xi Jinping à l'occasion d'une cérémonie marquant le centenaire du Parti communiste chinois (PCC) le 1er juillet 2021. M. Guigue est ancien haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, chercheur en philosophie politique et analyste politique français. Il a partagé avec Beijing Information trois éléments qui lui paraissaient très importants.
« Le premier, c'est l'insistance sur la continuité politique dans l'histoire du PCC. » M. Guigue a indiqué que depuis 100 ans, cette histoire avait connu bien des péripéties, mais il n'y avait jamais eu de rupture. Selon lui, la prédominance du PCC dans le système politique chinois est le fruit de cette longue histoire. C'est pour cette raison qu'il faut la connaître pour comprendre ce système.
Depuis sa fondation en 1921, le PCC a assumé la lourde tâche de la libération et de l'unification de la nation. Et depuis 1949, il est le parti au pouvoir de la République populaire de Chine. « Sa légitimité repose d'abord sur ce rôle historique sans précédent, mais aussi sur l'adhésion du peuple chinois aux orientations socialistes », a noté M. Guigue, tout en passant en revue les cent années d'histoire du Parti. Mais l'idée que la société chinoise est cadenassée par un pouvoir oppressif est une idée fausse, d'après lui. En fait, la Chine pratique un système de coopération et de consultation politique avec les différents partis sous la direction du PCC. « C'est une forme de démocratie adaptée aux conditions chinoises, où le Parti est investi d'une seule mission : améliorer les conditions de vie du peuple chinois et faire de la Chine un pays prospère », a-t-il conclu. Comme l'a souligné M. Xi dans son discours, « L'Etat, c'est le peuple ; et le peuple, c'est l'Etat. Pour prendre le pouvoir et bien gouverner, il faut obtenir le soutien du peuple. »
Le deuxième élément que M. Guigue a évoqué, c'est la fierté nationale qui inspire ce discours. Il estime qu'elle est légitime parce que la Chine a accompli ce qu'aucun pays n'a jamais réussi à faire : s'extraire du sous-développement pour s'élever en quelques décennies au rang de deuxième puissance mondiale. Ce succès résulte aussi de la voie unique choisie par la Chine. M. Guigue a cité un exemple sur son compte Twitter : « La réussite spectaculaire de la Chine montre la supériorité d'une économie mixte pilotée par un Etat socialiste doté d'une vision stratégique. La chance du peuple chinois, c'est d'avoir échappé au néolibéralisme qui a fait des ravages dans de nombreux pays du Sud. »
M. Guigue a de nouveau souligné que les Chinois ont leur système et les Occidentaux le leur, puisque chaque pays a son histoire et sa culture. « De nombreux médias en Occident oublient cette donnée anthropologique. Ils s'imaginent que les Chinois ont absolument besoin d'imiter l'Occident, et ils ne voient pas que la Chine est en train de le dépasser à grande vitesse », a-t-il noté.
M. Xi a bien montré dans son discours l'attitude de la Chine en la matière : « Nous sommes prêts à nous inspirer de tous les fruits de la civilisation mondiale et à écouter tout bon conseil et toute critique constructive, mais nous n'accepterons jamais de nous faire tancer par de mauvais maîtres ! »
Cette position chinoise est exactement le troisième élément qui a touché M. Guigue. « C'est le message adressé aux autres Etats : la Chine veut bâtir une communauté de destin à l'échelle mondiale, privilégier la coopération et poursuivre son développement pacifique. Mais elle ne laissera aucune puissance étrangère s'immiscer dans ses affaires intérieures. »