26/09/2021 mondialisation.ca  12 min #195648

De ce qui pèse sur nos jugements à la base de nos actions

Par  Pascal Perrier

Contexte

Une ligne dure de clivage partage aujourd'hui notre société jusqu'au sein des familles. On en a connu entre croyants et incroyants, catholiques et protestants, monarchistes et républicains, démocrates et anti-démocrates, etc, etc ; celle-ci touche à la vaccination.

C'est bien en effet cette question vers quoi, en dernière analyse, tout semble converger. N'oublions pas que le gouvernement lui-même, par l'interdiction de prescrire, par l'éviction ou l'interdiction de tout médicament (hors le Doliprane !), a conduit la population, par la propagande et tous moyens de coercition à sa disposition vers la seule vaccination (introduisant, soulignons-le bien, des vaccins expérimentaux et la thérapie génique de masse, des pratiques interdites la veille encore).

À l'avantage de cet exécutif, il y a une confusion largement répandue entre deux aspects pourtant bien distincts : d'une part la vaccination proprement dite, instrument d'une politique de santé publique ; d'autre part le vaccin relevant d'un principe thérapeutique.

Comment ce principe est devenu indiscutable ; Comment la science qui l'a conçu a pu s'imposer comme médecine officielle ; Comment l'État a pu imposer et maintenir l'obligation (de trois puis de onze vaccins) en violant les droits fondamentaux de ses citoyens, tout cela demanderait un développement en soi. Mais les faits sont là. On peut simplement faire remarquer au passage que le principe vaccinal a suivi la découverte des microbes, et qu'il repose entièrement sur ce postulat que le microbe n'est pas un symptôme de maladie, mais un agent - postulat si bien affermi qu'il peut souffrir même des exceptions qui lui sont carrément contraires, comme celle de « malade asymptomatique ».

L'objectif ici n'est pas de convaincre, mais de montrer qu'il y a là matière à débat, et que les conditions d'un débat loyal, devenu d'une importance capitale, sont loin d'être réunies dans la société. Contrairement aux partis politiques - dont la ligne est fixée, qui font de l'acceptation du principe de la vaccination un préalable à toute discussion, à toute alliance - le mouvement des Gilets Jaunes a tenté de mettre en pratique l'exercice en son sein d'une véritable démocratie, et ne connaît donc pas de sujet-tabou. Voilà toute l'importance actuelle d'un tel mouvement, qui a réussi à se maintenir dans la durée, envers et contre l'ostracisme médiatique et la répression du pouvoir en place.

Qui est vraiment du côté des gilets-jaunes ?

Pourquoi, à ce collectif (*) comme à d'autres, il a fallu un an et demi pour rallier la protestation ?

Rassemblement des Gilets jaunes

L'occasion qui est donnée aux Gilets-Jaunes (de France et d'ailleurs), d'aller au bout, sinon aussi loin que possible, dans leur volonté d'établir enfin une véritable démocratie, a sans doute peu d'équivalents dans l'Histoire. Leurs exigences d'horizontalité entre membres, et d'indépendance vis à vis des organisations en place, politiques ou syndicales, alliées à leur esprit de solidarité, correspondent sans doute à un besoin profond actuel de notre société de donner une nouvelle vie, enfin concrète, aux idéaux d'égalité, de liberté et de fraternité.

Or, s'ils veulent rester fidèles à cela, et particulièrement à leur exigence de liberté (liberté à plusieurs titres durement remise en cause en ce moment), ils ne pourront pas faire l'économie d'une appropriation par chacun d'un jugement autonome - ce qui suppose la recherche préalable d'une information indépendante et pluraliste.

S'ils n'accèdent pas à cette qualité, à ce niveau d'information, ils ne pourront en toute logique, ni atteindre à une compréhension de ce qui se joue actuellement, ni de ce fait se déterminer au mieux dans ses actions et sa coordination.

Pour nombre d'entre eux, Gilets Jaunes, une réflexion s'est imposée concernant l'organisation politique de notre société : jusqu'où fallait-il la remettre en question. Qu'y avait-il à sauver de l'ancien pour faire du nouveau ? Jusqu'où creuser pour retrouver un socle solide pour une démocratie, lorsqu'on voit à quel point ses fondements (ne serait-ce que ceux posés par le CNR après guerre) ont été bouleversés, voire ruinés ?

Lorsque l'on constate par exemple, que durant la crise en cours l'exécutif a poursuivi son œuvre de démolition méthodique de l'hôpital public ; Lorsque l'on constate qu'il a remplacé un conseil scientifique existant par un autre majoritairement en liens d'intérêt avec l'industrie pharmaceutique, on ne peut raisonnablement plus douter ni de sa duplicité ni de son hypocrisie, voire de son cynisme, ni du fait que cette crise, quelle qu'en soient les causes réelles, est instrumentalisée à des fins politiques.

Face à la dérive autoritaire dans laquelle ce gouvernement et sa chambre d'enregistrement parlementaire entraînent le pays, il est devenu nécessaire et urgent d'adopter une position tout aussi radicale. Et non seulement dans les actes (limités par un empilement de lois liberticides), mais surtout dans une analyse claire de la situation en vue d'une association de toutes les forces réellement démocratiques.

Le générateur principal à l'origine de la puissance écrasante de cet exécutif devenu quasi monarchique, c'est le ressort légal d'une crise déclarée par l'OMS comme massive et inédite (et qui a permis instantanément de créer une nouvelle catégorie d'état d'urgence). Une occasion en or a été ainsi offerte à l'exécutif de ramener toute discussion de sa politique sur un terrain choisi et délimité, composé d'un mélange savamment emberlificoté de droit public et de science - hors duquel s'étendrait le complotisme, avec la complicité active des grands médias.

Cette déclaration de l'OMS est donc à examiner de près, car les critères sur lesquels elle repose (changés à plusieurs reprises, unilatéralement par cet organisme au fil des ans), ont été modifiés une nouvelle fois juste avant sa dernière déclaration de pandémie de Covid-19. (1)

La raison de cette modification n'est pas donnée, et bizarrement nul ne la réclame - alors que, comme en 2009 (fausse pandémie du H1N1), les faits n'ont pas confirmé ce qui était annoncé. L'erreur sera sans doute dénoncée un jour ou l'autre, mais qu'importe : d'ici-là, le contribuable l'aura déjà payée, et oubliée. Car ce type de déclaration déclenche instantanément la production mondiale de vaccins, et donc le droit de pompage des caisses de sécu. par l'industrie pharmaceutique. S'y sont ajoutées cette fois-ci, sous le slogan présidentiel d'un « coûte que coûte » frénétique, des mesures d'urgence extrêmes, opportunistes et aventureuses, dangereuses pour l'économie et ce qui reste du bien public, couvertes par une totale irresponsabilité de ses décideurs, agrémentées d'un appel martial alarmiste à l'union sacrée, à « l'économie de guerre » (prônée par l'OMS), et ce dans un climat de stigmatisation de toute opposition.

Combattre sur le seul terrain du droit semble donc largement insuffisant : d'une part parce que le Parlement a perdu l'essentiel de son pouvoir de contrôle sur l'exécutif sous la 5ème République, d'autre part parce que c'est en fin de compte la science qui est réputée dicter la loi. Depuis mars 2020, les mesures et les décrets les plus liberticides, les plus anticonstitutionnels, les plus absurdes et contradictoires ont ainsi été pris sous le couvert de la science. Combattre parallèlement sur le plan scientifique est donc une nécessité, mais cela suppose préalablement le refus d'en faire une unique question de spécialistes, ne serait-ce qu'à l'appui des nombreuses querelles qui les opposent.

En effet, à tous ceux qui ont suivi avec attention le déroulement de cette crise où nous sommes, il n'a pu échappé que cette science n'apparaît pas sous une forme simple, univoque ; ne serait-ce qu'en prenant connaissance du scandale du Remdésivir, de celui du Lancet au sujet de l'hydroxychloroquine, ou de la polémique autour du Pr Raoult. Il n'y a pas une science médicale, pas plus qu'il y a une science économique. Seule la croyance dans l'information la plus immédiatement accessible, passée d'une grave carence en pluralisme à une caricature propagandiste parmi les pires qui soient, peut encore procurer l'illusion que cette science est monolithique.

Certains ne découvrent qu'aujourd'hui que la science ne parle pas d'une seule voix - et parmi eux, il y a des professionnels de la santé qui n'avaient auparavant jamais osé ou voulu le voir, osé ou voulu mettre en question ce qu'on leur avait enseigné - qui découvrent la censure, les brimades, les évictions, les menaces dont sont victimes tant d'experts scientifiques « coupables » de critiques (pourtant rigoureusement et abondamment fondées) des décisions gouvernementales.

Savent-ils que depuis des générations d'autres critiques (tout aussi recevables sur le plan scientifique), relatives à des postulats de la médecine dite conventionnelle, sont écartées du débat ?

Savent-ils que notre système actuel de remboursement favorise cette médecine au détriment de toutes les autres, et que nombre de remèdes et de substances traditionnels sont peu à peu rendus inaccessibles ou en passe de l'être (car échappant au marché des grandes firmes) ?

Savent-ils que, contrairement à une affirmation récurrente chez les opposants à cette nouvelle obligation (pour qui « le bénéfice de la vaccination n'est plus à démontrer »), nous n'avons toujours pas de preuve scientifique de l'efficacité des vaccins ? (2 - voir en particulier le point « L'épreuve des faits »)

Savent-ils que les anciens éditeurs et rédacteurs en chef des plus grandes revues médicales sont d'accord sur ce constat effrayant que les grandes firmes pharmaceutiques constituent, par leur immense pouvoir de nuisance, le plus grand obstacle à la santé, et l'ennemi acharné de toute volonté d'établir une science médicale véritable et indépendante.(3)

Il est grand temps de réaliser que dans les faits, la science ne parle pas ; ce n'est jamais dans la science que la population a pu placer sa confiance, mais dans des hommes, dont les plus influents - qui sont aussi à présent les plus étroitement en liens d'intérêts avec l'industrie - dictent les politiques de santé publique nationales et internationales depuis des décennies.

Car ce qui se joue actuellement reste dans une droite ligne depuis une quarantaine d'années de cette libéralisation à marche forcée, par un État usurpatoire, de toutes nos institutions ; démantèlement méthodique de tous nos acquis sociaux ; monopolisation des médias, y compris publics, par les grandes fortunes et leurs représentants au sommet de l'Etat ; instrumentalisation de tout fait de société et de la science-même au profit de l'élite néo-libérale transnationale qui montre aujourd'hui son vrai visage autoritaire et anti-démocratique.

Le virage des années 70-80 qui a introduit, asséné, et imposé l'idée que les peuples n'avaient d'autre choix que de se soumettre à la loi économique et financière d'un marché mondialisé, trouve son prolongement aujourd'hui dans une soumission, par décrets, des peuples aux diktats de leurs institutions de santé publique, chapeautées par une organisation non démocratique, l'OMS, et remodelées opportunément au profit de l'industrie pharmaceutique qui en est partie prenante.

Ce nouveau virage n'a pu s'opérer que grâce à l'émergence d'une orthodoxie scientifique dont cette industrie s'est faite la représentante officielle (par noyautage des ministères nationaux, de l'OMS, des directions de centres de recherche, des cabinets de conseil et d'expertise, des agences du médicament, des revues médicales, ainsi que par un lobbyisme intense et acharné mené tous azimuts auprès des facultés, des médecins, des parlementaires, des médias, et par un investissement massif dans la publicité - sauf pour les vaccins, l'État s'en charge !).

Nous ne pouvons, nous ne devons, placer notre confiance (comme on nous y invite obstinément), dans des experts quels qu'ils soient ; Si nous n'avons pas leur savoir, du moins pouvons nous les juger à leurs actes, juger de leur intégrité scientifique, de leur volonté d'oeuvrer ou non pour le bien commun. La forme de société que les dépositaires du pouvoir ont tenté d'imposer jusqu'ici trouvait ses bases dans l'expertise économique (pourtant hautement controversée).

Aujourd'hui, c'est à l'expertise sanitaire qu'on nous impose d'adhérer. Mais demain, si nous ne nous prenons enfin en main, il nous faudra obéir à l'expertise sécuritaire et son arsenal biométrique et de vidéoprotection ; à l'expertise environnementale et son arsenal de normes hors-sol, indifférente au creusement des inégalités sociales, ou encore à l'expertise éducative, surfant sur le tout numérique, qui nous prépare une école publique pour les pauvres, et une école privée pour une élite

C'est cette soumission purement idéologique et bornée à tout ce qui s'auréole de 'science' qui explique - la peur et l'ignorance aidant - que nous dérivions actuellement vers un autoritarisme pur et dur, sans quasiment une réaction du monde politique, intellectuel ou culturel - où l'on n'ose donner son opinion qu'en déclarant petitement parler « sous le contrôle » de tel ou tel expert : Voilà tout le grand beau champ libre que nous leur laissons benoîtement, comme à ces technocrates libéraux ultra spécialisés qui nous ont déjà concocté une gouvernance européenne bien à l'abri des possibilités d'ingérences démocratiques.

N'ayons donc crainte de juger, et de décider qui est aujourd'hui pour une véritable démocratie et pour le bien commun ; et qui, soit-il de 'droite' ou de 'gauche', regarde à côté pendant qu'on piétine allègrement les valeurs qu'il prétendait défendre hier ; ou qui, adepte et victime d'une idéologie, s'interdit des remises en question devenues nécessaires. À considérer ce spectacle désolant de la soumission alentours, il faut peut-être s'avouer que la maturité pour une démocratie n'est guère plus répandue de nos jours qu'en 1789. Pourtant, et je crois que dans le fond le mouvement des Gilets Jaunes l'a exprimé : cette belle idée originelle de société, encore théorique, ne pourra pas ne pas s'incarner un jour ou l'autre.

Faire nombre, s'associer, s'organiser, viennent sans doute de cet espoir et de cette conviction, et restent la meilleure des choses, pourvu que le débat reste ouvert entre gens soucieux de vérité, visant ensemble le bien commun et la liberté d'opinion.

Pascal Perrier, septembre 2021

Image en vedette : Capture d'écran. Macron dans un laboratoire de l'institut Pasteur en 2020.

Notes :

(1)  initiativecitoyenne.be

(2)Voir en particulier le point « L'épreuve des faits »

 mondialisation.ca

(3)  COVID-19: le côté obscur de la science révélé

La source originale de cet article est Mondialisation.ca

Copyright ©  Pascal Perrier, Mondialisation.ca, 2021

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