Par Russia Today - Le 1 octobre 2021
Plus de la moitié des Américains qui ont voté pour Trump sont favorables à ce que les États « rouges » [à majorité républicaine, NdT] fassent sécession de l'Union, selon un récent sondage qui révèle que près de la moitié des électeurs de Biden sont du même avis. La nation est-elle en route vers une guerre civile 2.0 ?
Selon un sondage publié vendredi, quelque 52 % des électeurs de Trump interrogés par le Center for Politics de l'université de Virginie estiment que le pays se porterait mieux si les États ayant voté en majorité pour les Républicains (« rouges ») faisaient sécession de l'union pour former leur propre nation. Un quart de ces électeurs sont « tout à fait d'accord » avec ce jugement.
Mais les électeurs de Trump ne sont pas les seuls à penser qu'il est temps pour les États-Unis de se désunir. Quelque 41 % des électeurs de Biden approuvent également cette idée, bien qu'un plus petit pourcentage - 18 % - soit « tout à fait » d'accord.
Les implications pour l' »autre » parti si la sécession n'avait pas lieu sont sans doute plus inquiétantes. Une majorité non négligeable des électeurs de Trump et de Biden sont d'accord avec l'affirmation selon laquelle « si notre société le veut, il est du devoir de tout vrai citoyen d'aider à éliminer le mal qui empoisonne notre pays de l'intérieur. » Il est certain que personne ne s'identifie comme le mal, ou vient à sa défense, mais il semblerait que les deux partis se réfèrent l'un à l'autre lorsqu'ils utilisent un tel terme.
Un énorme 80% des électeurs de Biden et 84% des électeurs de Trump sont d'accord pour dire que les élus de l'autre parti « présentent un danger visible et actuel pour la démocratie américaine. »
En ce qui concerne les « valeurs », près de 90 % des électeurs de Trump estiment que le parti démocrate veut « éliminer l'influence des valeurs traditionnelles dans la vie et la culture américaines », tandis que 78 % des électeurs de Biden pensent de même - en substituant le mot « progressiste » au mot « traditionnel ».
Ce n'est pas nécessairement la haine ou le dédain qui est à l'origine de ce clivage - dans de nombreux cas, c'est la peur.
Les électeurs de Biden et de Trump (80 % et 82 %, respectivement) craignent qu'eux-mêmes ou un de leurs proches « puissent subir une perte ou une souffrance personnelle en raison des effets des politiques [du parti adverse] à l'avenir ».
Près des trois quarts des deux partis ont perdu la foi dans le premier amendement, suggérant que « certaines sources médiatiques des extrêmes [droite/gauche] sont devenues si mensongères qu'elles devraient être censurées pour mettre fin à la diffusion de mensonges dangereux ».
Les deux partis considèrent les médias qui favorisent le « camp » opposé comme un bras de facto du parti concerné, 77 % des démocrates estimant que Fox News, par exemple, est un organe de presse du GOP qui diffuse des fausses nouvelles, tandis que 88 % des républicains considèrent MSNBC comme une ruche de faux jetons libéraux.
Ne voyant apparemment pas de place pour la nuance, 76 % des électeurs de Trump déclarent qu'il n'y a « aucune différence réelle entre les Démocrates et les socialistes », tandis que 56 % des électeurs de Biden répondent qu'il n'y a « aucune différence réelle entre les Républicains et les fascistes ».
En imaginant comment réparer leur nation divisée, une minorité non négligeable de gens, tant à gauche qu'à droite, ont donné libre cours au totalitarisme qui sommeille en eux, suggérant que « ce serait mieux pour l'Amérique si le président, quel qu'il soit, pouvait prendre les mesures nécessaires, sans être contraint par le Congrès ou les tribunaux ». Bien que ce chiffre ne s'élève qu'à 46% pour les Démocrates et seulement 44% pour les Républicains, les deux « camps » ont été assez ouverts quant à leur désir d'un « leader puissant » qui pourrait « détruire les courants radicaux et immoraux qui prévalent dans la société actuelle. »
Pas moins de 82% des Républicains sont prêts à embrasser un tel homme fort (ou femme forte), et 62% des Démocrates approuvent aussi cette idée. Une proportion similaire pense qu'il y a « beaucoup de gens radicaux et immoraux qui essaient de tout gâcher » et que « notre société doit les arrêter ».
Les sondeurs n'ont pas demandé qui étaient ces personnes radicales et immorales, supposant peut-être que c'est l'autre parti qui sert de bouc émissaire - bien que le vitriol contre ces « radicaux » ait reçu une approbation bipartite beaucoup plus importante que le clivage politique lui-même.
Les médias américains - en particulier ceux du courant dominant - déplorent souvent le manque d'unité nationale, qu'ils imputent principalement à Trump et à ses partisans. Mais un article de Mediaite sur ce sondage qui montre pourtant que le désir de sécession est bipartisan semble conçu pour diviser davantage la population, déclarant dans son titre que ce sont les « électeurs de Trump » qui demandent la désunion, alors même que plus de 40% des électeurs de Biden demandent la même chose.
Russia Today
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone