28/11/2021 francesoir.fr  3 min #198556

« L'obéissance a toujours été plus dangereuse que la désobéissance civile » Sonia Delahaigue, psychologue

F. Froger / D6 / FRANCESOIR

Sonia Delahaigue est psychologue spécialisée dans les questions de l'éducation et de l'enfance. Elle accompagne les enfants dans leur épanouissement et aide tous ceux qui font partie de l'environnement de l'enfant à mieux le connaître dans ses stades de développement.

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Dans la gestion de la crise sanitaire, une phrase maintes fois répétée dans le débat public l'a particulièrement interpellé : « les Français se sentent infantilisés ». Pour la psychologue, qui combat l'infantilisation, la soumission et l'obéissance et qui prône depuis des années une nouvelle forme d'éducation, cette phrase est révélatrice de la façon dont nous éduquons les enfants dans notre société.

Pourquoi les Français se sentent-ils infantilisés lorsque le gouvernement utilise des outils de domination, d'intimidation et de chantage ? Cela signifie-t-il que l'éducation la plus communément admise dans notre société s'appuie sur ce type d'outils éducatifs ? Si certains acceptent que le gouvernement utilise de telles méthodes, c'est peut-être parce qu'ils ont subi cette forme d'éducation...

Pour la psychologue, l'obéissance a toujours été plus dangereuse que la désobéissance civile. L'expérience de Milgram illustre son propos : sous prétexte qu'ils participaient à une expérience, 62% des individus étaient capables de soumettre leurs collèges à toujours plus de chocs électriques, malgré leurs cris de douleur (jusqu'à 80% dans des expériences similaires). Tout individu peut donc commettre les pires atrocités quand l'autorité qui lui ordonne de le faire est, à ses yeux, légitime.

Ce qui est dangereux selon Sonia Delahaigue, est que l'éducation se fonde en grande partie sur l'obéissance, à l'école comme à la maison. Or, demander à un enfant d'obéir à un adulte est dangereux, puisqu'une fois devenu adulte, il répètera ce schéma d'obéissance, sans questionnement, même inconsciemment. Pour éviter cela, elle nous explique pourquoi il est préférable d'adopter des règles dites de protection, pour instaurer une éducation saine, plutôt que des règles de domination, caractérisées par le chantage ainsi que par leur aspect arbitraire et changeant. À l'inverse, une règle de protection est bienveillante, cohérente et juste.

Sonia Delahaigue exerce à Asnières-sur-Seine, dans son cabinet de psychologie, d'ateliers et de formations qu'elle a nommé « Le centre Chrysalide », en référence au stade de développement intermédiaire entre la chenille et le papillon. Elle y reçoit les enfants et leurs entourages pour les accompagner dans leur éducation et aider les enfants à devenir des adultes épanouis.

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