06/12/2021 dedefensa.org  6 min #198931

Conforme à son rang

 Journal dde.crisis de Philippe Grasset

6 décembre 2021 - Nous nous entendons là-dessus, je crois, par un signal secret qui s'est partout répercuté et que les fines oreilles ont aussitôt saisi. La campagne de l'élection présidentielle de 2022 en France a commencé hier. Tous les facteurs nécessaires pour en faire une campagne tragique, tels qu'ils ont été identifiés ces derniers mois, se trouvaient présents et se sont signalés en tant que tels, - à commencer par la violence des jugements, des gestes et des mots, - car la violence est bien la marque de la tragédie et sans elle, parce que la tragédie nous a conduit où nous sommes, rien ne se fait de réellement tragique.

Je crois avoir entendu monsieur Mélenchon dire de Z. qu'il est « un ennemi du genre humain ». J'avais lu dans un 'Crapouillot' de l'immédiat après-guerre, du temps de Galtier-Boissière, que Romi avait justement dit cela, - « un ennemi du genre humain », - de Louis-Ferdinand Céline. J'ai oublié qui était ce Romi, un critique ou un chroniqueur qui signait parfois dans le 'Crapouillot', je ne sais plus, et n'en retrouvé nulle part trace de lui dans le matériel documentaire de notre époque qui oublie si vite son passé, - mais quoi, tout le monde l'a oublié. Tout le monde se souvient de Céline, et certains continuent à penser cela (« ennemi du genre humain ») de lui dans le pays de la liberté et de la Révolution Française.

Z., lui, a dit de Macron qu'il est quelque chose comme le "rien", qu'il est "personne" une sorte de "grand vide", un mannequin "en plastique", une caricature de trou noir engloutissant tout ce qui est forme et ordre. C'est, de la part du "polémiste d'extrême-droite" comme l'on dit, cela constituant la carte de visite, l'identité irrédentiste du candidat-Z pour les aboyeurs-bonimenteurs de la presseSystème tous à leur poste, comme chacun sait, pour nous sauver enfin du fascisme, - bref, "rien" et "vide" sur fond de "trou noir", c'est une vision critique de Macron à la fois philosophique et cosmologique, et l'on peut y trouver son compte. Pour ce qui est des deux corps du Roi, je vous confierais qu'il y en a au moins un qui se trouve dans les lambeaux perdus de la République, dans d'innombrables petits tas de poussières des "quartiers difficiles". La haute fonction régalienne de président, ce Macron il nous l'a cochonnée grandiose.

Bref, hier il y a eu du baston et il y en aura encore car ce n'est qu'un début et ils continueront le combat. Le baston peut nous réserver des surprises qui sentent la poudre. Rachel Marsden, qui a écrit un article dans  RT.com où elle semble dire que Z., qu'elle connaît bien, est fort aimable et bien moins puant que nombre d'intellectuels parisiens pour une pauvre journaliste américaine arrivant à Paris, ce qui lui est survenu il y a une douzaine d'années, - Marsden donc a interrogé, dans un autre article, celui-là pour Spoutnik, et daté  du 3 décembre, un ancien agent de renseignement canadien, Phil Gurski. Cet officier des services obscurs est alarmiste :

« En France, les extrêmes, de droite comme de gauche, ont plus de pouvoir et de force qu'au Canada. J'imagine que les gens qui travaillent dans le monde du renseignement et de la sécurité publique vont s'inquiéter de la possibilité de manifestations ou d'actes quasi violents envers Zemmour. Je pense que la haine de certains groupes vers l'autre est une chose plus sérieuse et plus répandue en France. »

Je continue à penser et pense plus que jamais, comme  je l'ai déjà écrit, que les événements français d'ici avril prochain pourrait bien fortement intéresser quelques forces diverses et étrangères. Je crois que ce début de campagne marque bien toutes les forces de pression, toutes les tensions explosives, dans tous les sens et de toutes les façons, dans un pays qui est devenu une bouilloire sifflante. Cela signifie, pour ce que j'en pense, que la France va devenir, un peu à l'égal des USA pour ce qui est de l'intensité et du fracas si l'on veut, un point crisique fondamental du  bloc-BAO et de  la Grande Crise qui nous secoue tous comme un grand vent de tempête venu du fond des temps, au galop sur la comète de ces temps-devenus-fous.

Jamais dans leur volume et dans leur persistance les tensions et les forces les plus radicales de la politique dans ce pays ne se sont autant mises à découvert, dans une telle acuité, un tel brouhaha, une telle galopade de mots furieux et d'anathèmes sans retour, avec cette formidable caisse de résonnance qu'est devenu le système de la communication ; et ces tensions et ces forces sont là pour s'affronter, pour hurler, pour se déchaîner. Je ne parle pas de guerre civile ni d'une quelconque autre forme de conflit car je ne suis pas un de ces fins stratèges qui devinent l'horizon de l'événement au-delà de l'horizon, je parle des forces et des tensions qui se manifestent comme un ouragan, de cette énergie extrême que l'on sent, jusque-là contenue à si grande peine, prête à éclater, exigeant d'éclater !

Inutile de vous dire que je ne suis d'aucun parti ni d'aucun candidat ; je doute même que l'élection, si elle a lieu, mette fin au Grand Trouble qui touche ce pays et menace désormais d'emporter toutes les digues. Je ne suis là que pour mesurer combien le Système se trouve dans un état de déchaînement de fureur absolument stupéfiant, alors que l'on sait bien que ce déchaînement implique cette surpuissance de fureur qui est chez lui le prodrome terrible et presque immédiat de l'autodestruction. Cette fureur est alimentée par de terribles constats, le surgissement de conversations furieuses sur des sujets jusqu'alors tabous, interdits, 'off-limits', les signes de la tyrannie et des trahisons, les ambitions des créatures extérieures, de Bruxelles à la globalisation, toutes ces choses pendables et misérables que le Diable sème sur notre chemin, qui sont comme autant d'affreux moulins à vent offerts au défi et à la vindicte de l'immortel Don Quichotte, l'Ingénieux Gentilhomme de la Manche.

En plus de n'en rien savoir et de n'en rien vouloir précisément, je me défie bien entendu du moindre pronostic d'enthousiasme partisan, je ne suis dans ma pensée profonde préoccupé d'aucun parti ni d'aucune providence terrestre. Je relève simplement que les préparatifs, les sondages, les prévisions et les soi-disant intuitions, les 'primaires' et toutes cette sorte de choses dont se régale la démocratie directive et médiatique, révèlent tous des résultats qui sont comme l'alignement des planètes, la rangée des haches liées en croisillons que la flèche du rusé Ulysse, « pareil à Zeus pour la subtilité », traverse sans coup férir, tout cela pour mettre à feu l'événement considérable que les nuées françaises sont en train de nous préparer.

Enfin, la France, sortant d'un long sommeil agité de cauchemars et plein d'une conformité sans divertissement, et décidément encalminée dans le marigot de sa décadence, la France semble se secouer pour des batailles épiques où se nichent le pire et le meilleur. Au moins, il ne sera pas dit qu'elle n'aura pas pris sa part nécessaire et "conforme à son rang" de la Grande Crise de l'Effondrement du Système.

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