25/12/2021 reseauinternational.net  4 min #199774

Global Times : « La Russie portera à l'Otan des frappes chirurgicales en réponse à une provocation »

Les mesures « militaro-techniques » de Poutine en cas d'échec des négociations

par Gilbert Doctorow.

De nombreuses personnes sont dans un brouillard linguistique et culturel quant à la signification précise des mesures « militaro-techniques » dont parle Moscou.

Au cours des deux derniers jours, mes pairs de la communauté des analystes de la Russie ont abordé la question du « sinon » - ce que la Russie peut et pourrait faire si les négociations avec les États-Unis sur ses projets de traités sur la sécurité en Europe échouent dans le délai très court que les Russes ont fixé, apparemment un mois. Entre parenthèses, je m'amuse de ce que les porte-parole du département d'État américain déclarent qu'ils pourraient entamer des pourparlers avec les Russes en janvier. Il semble qu'ils n'aient pas compris le court délai fixé par les Russes ou qu'ils croient à tort qu'il s'agit d'un bluff.

La meilleure des analyses de mes collègues analystes a été publiée hier par l'ancien diplomate canadien Patrick Armstrong. Je recommande cette lecture à tout le monde, car elle est à sa manière rassurante, exposant les options possibles des Russes qui sont très éloignées du fait d'appuyer sur le bouton et de nous faire tous exploser en mille morceaux, et eux aussi avec.

Cependant, je n'ai pas vu dans son article, pas plus que je ne trouve dans les écrits d'autres analystes indépendants, sans parler des pages de nos journaux grand public, une explication de ce que Vladimir Poutine voulait dire exactement lorsqu'il a déclaré initialement et répété hier devant le Collegium du ministère russe de la Défense, un auditoire d'une centaine de généraux, que si les pourparlers avec les États-Unis échouent, la Russie mettra immédiatement en œuvre des mesures de rétorsion « militaro-techniques ».

Le terme « militaro-technique » a été repris et revendu tel quel par presque tous nos médias. Aucune explication n'est donnée, car il est fort probable que personne n'ait vraiment compris ce terme.

Je vais donc m'y essayer ici et maintenant, après qu'un moment eurêka m'est venu ce matin. Le terme est aussi insaisissable que la traduction de « адекватный », que la plupart des gens (ou tous les logiciels de traduction) traduisent à tort par « adéquat » alors qu'il signifie normalement « approprié » ou « convenable ».

Le « technique » de l'expression vient de техника, qui est la façon russe courante de dire « équipement ». Le terme militaire « tekhnika » désigne les obusiers motorisés, les véhicules de transport de troupes, les avions de chasse, etc. Tekhnika a également un usage civil courant : l'équipement d'une usine est « tekhnika » comme dans « техническое оснащение. »

Donc, ce que dit Poutine, c'est que les Russes vont répondre en déployant du matériel militaire. Mais de quel matériel s'agit-il ? Étant donné qu'une grande partie des projets de traités concerne les missiles à courte portée que les États-Unis déploient en Europe et espèrent déployer en Ukraine, il est tout à fait logique que la réponse russe à l'échec des négociations ne soit pas d'envahir l'Ukraine, ni de couper l'approvisionnement en gaz de l'Europe, mais de déployer ses missiles à courte portée à capacité nucléaire en Biélorussie et à Kaliningrad.

Mais ce n'est pas tout. Un déploiement en Europe ne servirait que partiellement l'objectif des Russes. Il déclenchera une réaction furieuse au sein de l'OTAN, ce qui signifiera beaucoup d'air chaud, mais il conditionnera également les Européens à accepter docilement la capitulation éventuelle des États-Unis qu'ils dénonceraient autrement comme un apaisement.

Comme je l'ai dit précédemment, toute l'approche de Poutine consiste à dire que la Russie est engagée dans un bras de fer avec un seul pays, les États-Unis. Il sait que les États-Unis se fichent éperdument que la Russie et l'UE s'entre-détruisent : cela ne ferait que renforcer leur hégémonie mondiale. La logique veut donc que les Russes installent également leurs missiles de croisière hypersoniques au large des côtes américaines, comme Poutine l'a menacé il y a trois ans, lorsqu'il a parlé des armes stratégiques russes de nouvelle génération, à la pointe du progrès, qui n'avaient alors et n'ont toujours pas d'égales dans le monde. C'est le pistolet sur la tempe qui forcera les négociateurs américains à avoir des sueurs froides et à faire ce qui doit être fait pour mettre fin à la folie de leur expansion de l'OTAN vers l'Est et à leurs plans pour transformer l'Ukraine en un poste d'attaque de missiles avancé contre la Russie. Et les Européens se tairont.

Morale de l'histoire à l'approche des fêtes de fin d'année : la fin du monde n'est pas proche.

source :  greanvillepost.com

traduit par  Avic pour  Réseau International

 reseauinternational.net

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