20/01/2022 europalestine.com  9 min #200889

Les crimes israéliens en Palestine du 6 au 12 janvier

 20 janvier 2022

Trois Palestiniens de Cisjordanie ont été tués cette semaine par l'occupant. L'un est mort au combat, les autres ont purement et simplement été assassinés.

Jeudi, à 2h10 du matin, l'armée d'occupation mène un raid contre le camp de réfugiés de Balata à Naplouse. Le raid vise un certain Mohammed Salama, qui est raflé lors de la prise d'assaut de sa maison. Selon les sources israéliennes, les soldats auraient rencontré une résistance armée - comme les peuples occupés en ont le droit et comme le groupe Manoukian, en France, en a donné l'exemple... Le PMG ne mentionne que des jets de pierres. Quoi qu'il en soit, l'un de ces résistants, Bakeer Hashash, est tué d'un balle dans la tête lors de la confrontation.

Attaques à la voiture bélier et meurtre d'un vieillard Ce même jeudi, à 6h20 du matin, près de Beit Sira (à l'ouest de Ramallah). Mustafa Falaneh (ou Filna, selon transcription), père d'une fillette de 18 mois, se rend à son travail en Israël. Alors qu'il traverse la rue, un colon fonce sur lui et l'écrase avec sa voiture. La police israélienne mène l'enquête sur cet assassinat. On peut compter sur son objectivité...*

Seulement quelques heures après ce drame, près de Naplouse, un autre colon écrase Shafiqa Bisharat, une femme de 48 ans. Selon des témoins, le même colon avait tenté auparavant de lancer sa voiture bélier contre... des moutons. La veille, c'est un homme de 75 ans qui avait été heurté par le camion d'un colon au sud d'Hébron*.

Mais les attaques à la voiture bélier ne sont pas l'apanage des colons. Mercredi, lors d'un raid nocturne sur le village de Bir al-Basha, près de Jénine, un véhicule militaire renverse Ahmed Khashan, adolescent de 17 ans. Quant à Omar As'ad (80 ans), son cauchemar débute mercredi à 1h30 dans le village de Jiljilya, près de Ramallah. Au volant de sa voiture, il tombe sur une patrouille d'une quarantaine de soldats qui le forcent à descendre, lui bandent les yeux et lui passent les menottes avant de l'emmener dans un bâtiment en construction où ils l'abandonnent dans le froid, toujours menotté et les yeux bandés. Selon l'enquête menée par le PCHR, il succombe deux heures plus tard à une crise cardiaque, avant d'être découvert au matin par les villageois. Pas de chance pour Israël : la victime a aussi la nationalité états-unienne et le Département d'Etat (affaires étrangères) demande des « clarifications ». Nul doute qu'elles seront lumineuses...

Funérailles d'Omar Sa'ad

Balles contre pierres

Quelque 51 Palestiniens ont été blessés cette semaine en Cisjordanie, qui a connu 111 raids de l'occupant et 87 répressions « musclées » de manifestations. Les jeunes sont en première ligne...Ainsi, vendredi, l'un des cinq manifestants blessés près du checkpoint à l'entrée sud de Qalqiliya est mineur. Le lendemain au même endroit, deux des trois blessés sont des mineurs. Mercredi, vers 4 h du matin, lors d'un raid sur Bitounia, à l'ouest de Ramallah, l'armée prend d'assaut la maison des Haddad et s'empare de trois frères âgés de 19 à 26 ans. Alors que les véhicules militaires quittent les lieux, ils sont caillassés par de jeunes résistants. L'armée riposte et l'un des soldats, assis à l'arrière d'un jeep, pointe son fusil sur Youssef Shehadah, reporter photographe de l'agence Palestine Times, malgré le mot « PRESS » bien visible sur sa veste. Atteint au genou gauche, il est emmené à l'hôpital dans la voiture d'un voisin. Au même moment, à Beer al-Bashah, près de Jénine, la riposte à un raid de l'occupant se solde par un jeune de 17 ans blessé par des éclats à la cuisse et de nombreuses suffocations.

Rafles tous azimuts

Pas moins de 130 Palestiniens de Cisjordanie ont été pris cette semaine dans la toile carcérale israélienne. Jeudi, c'est à l'intérieur même de la mosquée al-Aqsa, troisième lieu saint de l'Islam, que les soldats s'emparent de Khadija Mohammed Khwais. Cette femme de 43 ans, très active dans l'opposition à la judaïsation de Jérusalem, a déjà été interdite d'approcher la mosquée à de nombreuses reprises**. Quant à Fedaa al-Hedra, c'est en sortant de cette même mosquée qu'elle a été raflée le même jour.

Vendredi, à Beit Duqqu, près de Jérusalem, deux mineurs sont arrêtés lors de la manifestation de soutien à Nasser Abu Hmeid. Détenu à Ashkelon, Abu Hmeid a été transféré trop tardivement à l'hôpital alors que, victime d'une pneumonie aigüe, il a plongé dans le coma. Les adolescents raflés sont Fo'ad Mansour (16 ans) et 'Ali Abu 'Eid (17 ans), tous deux originaires du village voisin de Biddu.

Un peu plus tard, à Beit Ummar, près d'Hébron, l'installation d'un checkpoint militaire déclenche une riposte de la part de jeunes lanceurs de pierres pourchassés par les soldats jusque dans leurs maisons. Nour al-Alami (16 ans) est emmené en détention dans la colonie de Gush Etzion. Dimanche, c'est lors d'un raid sur Beit Fajjar, au sud de Bethléem, que Amer et Alaa Taqatqah sont enlevés à leurs domiciles. Le premier n'a que 17 ans. Le lendemain, un nouveau raid sur cette bourgade se solde par le kidnapping de sept autres membres de la famille Taqatqah, dont un autre adolescent de 17 ans, Ibrahim, et deux frères : Nour al-Deen et Mohammed. C'est un autre Taqatqah, Nassar, qui est décédé en juillet 2019 des mauvais traitements subis dans la prison où il était incarcéré sans preuve sur le vague soupçon d'appartenir au Hamas***...

Ce même lundi, en début d'après-midi, une unité des Mista'arvim (forces spéciales déguisées en Palestiniens) postée à l'entrée de l'université de Birzeit piège cinq étudiants alors qu'ils descendent de voiture pour se rendre à une réunion syndicale. L'un d'entre eux, Ismaïl Barghouti, est blessé d'une balle dans la cuisse alors qu'il tente de s'enfuir. Il sera transféré à l'hôpital****. Les autres, menottés, sont relâchés après plusieurs heures d'interrogatoire dans un centre de l'armée implanté dans une colonie voisine.

Mardi à 2h du matin, deux frères, Mohammed et Bashar al-Masri, dont le premier n'a que 16 ans, sont kidnappés à leur domicile du camp de réfugiés al-Dheisha, près de Bethléem.

  • Vidéo de soldats se filmant à l'intérieur d'une jeep en train de maltraiter deux jeunes palestiniens :

YouTube

La colonisation à marche forcée

A Sheikh Jarrah, l'offensive coloniale bat son plein. Lundi, Itamar Ben Gvir et Samur King, membres extrémistes de la Knesset, ainsi que le député -maire de Jérusalem Aryeh King, effectuent une visite de soutien aux colons très médiatisée et placée sous la protection de la police et d'unités spéciales. De nombreuses familles menacées d'expulsion, insultées par Ben Gvir, répliquent en scandant leur détermination à ne pas s'en aller. Mohammed al-Humus, activiste de 55 ans, brandit un drapeau palestinien sous leur nez et est aussitôt roué de coups et emmené en détention pour ce crime de lèse-sionisme.

Pendant ce temps, sous prétexte d'absence de permis, les démolitions vont bon train à Jérusalem et ailleurs - par les bulldozers de l'occupant ou par le propriétaire menacé d'une très lourde pénalité.

Pour Ramzy Qisa, de Beit Jala, à l'ouest de Bethléem, les démolitions sont devenues une routine. Propriétaire d'une maison de deux étages et d'un restaurant, il a vu son bien démoli par trois fois, en 2012, 2013 et 2019, avant de se résigner à se construire une cahute faite de bois, de toile et matériaux divers, pour les six membres de sa famille, dont un enfant. Mais c'est encore trop pour l'occupant qui, mardi à 10 h, pulvérise la cahute avec un bulldozer.

Au total, on recense cette semaine au moins 16 démolitions ou destructions diverses. Maisons, étables, granges, stations de lavage automobile, tentes, chambres, murs de soutènement, citernes, salles de bains, tout y passe. Et même les cimetières...

Lundi matin, des employés de la municipalité israélienne de Jérusalem encadrés par des soldats défoncent au bulldozer le mur qui entoure le nouveau cimetière du village d'Umm Tuba, au sud-est de la « Ville Sainte ». Puis ils réduisent en poussière 100 tombes en construction. Au pays de l'apartheid, il n'y a pas plus de place pour les morts Palestiniens que pour les vivants...

Si la judaïsation de Jérusalem est une motivation évidente, les démolitions peuvent aussi servir de représailles contre des autochtones spécialement encombrants. C'est le cas de Fadi Eliyan, employé à la mosquée al-Aqsa. Harcelé, arrêté à de nombreuses reprises, il est contraint en début d'année à démolir sa maison divisée en quatre appartements et abritant 17 personnes, dont 12 enfants.

Gangs de colons déchaînés

On dénombre cette semaine 24 attaques de colons. Ainsi, vendredi après-midi, au sud de Yatta, près d'Hébron, une bande de fanatiques s'attaque à des paysans en train de travailler leurs champs. Quand d'autres villageois accourent à la rescousse, un des colons tire en l'air tandis que ses comparses jettent des pierres sur les habitants, blessant à la tête l'un d'eux, âgé de 40 ans. Les forces d'occupation mettent fin à l'échauffourée... en chassant les villageois. Les attaques contre les paysans sont très fréquentes actuellement autour de Yatta afin d'empêcher les semailles d'hiver. Les femmes sont des cibles de choix.

Dimanche, Abeer Abu al-Jamal (32 ans) revient de Ramallah vers son village de Jabel Mukaber au volant de sa voiture. A l'approche du checkpoint « al-Jeep », près de Jérusalem, un colon lance des pierres contre son pare-brise en visant sa tête. Elle subit une fracture de la mâchoire et des blessures au visage. Bilan : déjà huit points de suture, dans l'attente d'une nouvelle intervention chirurgicale. Et que fait la police ? Elle refuse de prendre la déposition d'Abeer et d'ouvrir une enquête.

La Cisjordanie entravée Aux 108 points de contrôle permanents se sont ajoutés 78 checkpoints temporaires et 13 fermetures de points névralgiques pour compliquer encore un peu plus les déplacements à risque des habitants de Cisjordanie. Personne n'est sûr d'en sortir indemne : pour la seule journée du vendredi, un mineur de 17 ans, Ahmed Shararah, est pris dans la nasse lors de son passage au checkpoint militaire à l'est de Bethléem, tandis que trois jeunes de 19 et 20 ans sont kidnappés au passage du checkpoint qui barre l'entrée sud-ouest de Jénine.

Dans Gaza assiégée

En cette quinzième année de siège, alors que les deux-tiers de la population souffrent d'insécurité alimentaire et que les matériaux manquent pour la reconstruction d'après les bombardements, coincés par un mur high tech qui s'étend sous terre et se prolonge sur la mer, les Gazaouis subissent en prime des violations quasi quotidiennes du cessez-le-feu. Ainsi, cette semaine :

- Alors qu'ils naviguent à moins de trois milles des côtes (la limite autorisée par les accords d'Oslo est de 20 milles), d'inoffensifs bateaux de pêche sont encore attaqués jeudi et vendredi.

- Des terres agricoles sont encore visées 10 fois par des soldats campés derrière la ligne de démarcation jeudi, vendredi, dimanche et mardi.

* Source : Mondoweiss  mondoweiss.net** Source :  french.palinfo.com*** Source : en.wikipedia.org**** Selon l'administration de l'université, les soldats ont tiré à balles réelles sur les étudiants à l'intérieur de l'université et en ont blessé deux (source : L'Humanité du 14 janvier).

(Compilé par Philippe G. pour CAPJPO-Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) et du Palestinian Monitoring Group (PMG):  nad.ps. )

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