22/05/2022 francais.rt.com  4min #208647

La Syrie demande à ce que Washington paie pour les civils tués dans une frappe aérienne

© Delil SOULEIMAN Source: AFP

De la fumée s'élève dans le ciel de Baghouz où les combats font rage, le 18 mars 2019 (image d'illustration).

22 mai 2022, 14:52

Alors que Washington vient de publier un rapport pour s'auto-absoudre d'une frappe qui a fait des dizaines de morts en Syrie en 2019, Damas en rejette les conclusions et demande à ce que Washington paye des réparations.

La mission permanente de la Syrie auprès de l'ONU a demandé le 20 mai à ce que les Etats-Unis payent des réparations pour la mort de dizaines de civils dans une frappe aérienne sur la ville de Baghouz en 2019. Elle souhaite par ailleurs que Washington retire immédiatement ses troupes du pays.

Damas a catégoriquement rejeté un rapport du Pentagone publié le 17 mai, dans lequel les Etats-Unis s'absolvent eux-mêmes de cette frappe et des dizaines de morts qu'elle a causée.

Dans son rapport, le Pentagone affirme que la frappe aérienne du 18 mars 2019 visant un campement de Daesh dans la région de Baghouz en Syrie n'avait pas violé les règles d'engagement ou les lois de la guerre. Le département américain de la Défense a jugé que sur les 56 personnes qui ont péri dans l'explosion de la bombe, seules quatre étaient des civils.

Et ce rapport soutient que bien que des civils se soient trouvés dans le rayon de l'explosion, la décision de larguer la bombe avait «pris en considération les non combattants». Il faut souligner à ce propos que tous les hommes «d'âge militaire» qui ont été tués ont été considérés par défaut comme étant des combattants, selon une norme établie sous Barack Obama.

Damas dénonce un «crime contre l'humanité»

Pour Damas, ce rapport représente «un aveu de négligence qui appelle à la responsabilité». La mission syrienne auprès de l'ONU a fait savoir qu'elle rejetait les conclusions du Pentagone comme étant une «tentative claire d'absoudre les forces d'occupation américaines en Syrie de leur responsabilité directe dans les pertes civiles sous le prétexte de combattre l'organisation terroriste [Daesh]». La mission a en outre rejeté toute affirmation selon laquelle «des efforts ont été faits pour distinguer les civils des membres [de Daesh]» comme étant des «justifications vides» pour le meurtre de civils.

«Ces enquêtes biaisées ne peuvent nier le fait qu'un crime contre l'humanité a eu lieu à Baghouz», a déclaré la mission auprès de  Newsweek. «Toutes les justifications fournies par l'administration américaine pour ne pas violer le droit de la guerre ou les règles d'engagement visent à contourner le fait que les forces américaines déployées en Syrie sont illégales et qu'elles lancent des frappes militaires, sous prétexte de combattre le terrorisme, sans l'approbation ou la coordination du gouvernement de la République arabe syrienne», a-t-elle souligné.

Bien que le rapport soit censé disculper l'armée américaine de toute faute, le texte intégral reste classifié, et seul un résumé de deux pages a été rendu public. Le site de l'explosion lui-même a été rapidement détruit au bulldozer et les premiers rapports internes ont été «retardés, aseptisés et classifiés», selon le  New York Times.

Les conclusions du rapport contrastent fortement avec les remarques du personnel américain sur le terrain à l'époque, un analyste militaire ayant déclaré que «nous venons de larguer [la bombe] sur 50 femmes et enfants» et d'autres se demandant s'ils n'avaient pas été témoins d'un crime de guerre.

Alors que le commandement central américain avait initialement admis que 80 personnes avaient été tuées lors de cette frappe et que seules 16 d'entre elles étaient des terroristes présumés de Daesh, les militaires ont ensuite défendu leurs actions en suggérant que les 60 autres personnes auraient également pu être des terroristes, puisque «les femmes et les enfants de [Daesh] prenaient parfois les armes».

Dans le rapport qu'il vient de publier, le Pentagone a lui-même admis que «des déficiences administratives ont contribué à l'impression que le [Département de la Défense] ne traitait pas cet incident [de pertes civiles] sérieusement, n'était pas transparent et ne suivait pas ses propres protocoles» concernant les incidents de pertes civiles.

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