par Gilbert Guingant.
Pourquoi une énième réforme dure contre les chômeurs ? Toujours comprendre que l'essentiel reste le caché. En 2 mots, il s'agit de moduler les allocations autour de ce 1 million d'emplois « non pourvus ». Bien plus qu'un million en fait. Passons. Soit, et selon les départements, des allocations élevées si le taux de chômage est haut. Mais des baisses substantielles si des emplois « existent » (sic) mais que personne n'en veut. Inexcusable pour ces piétineurs de la gueule des autres... Puisque ceci devient un moyen inhumain de pression. Soit, pour juste conserver les allocations, contraindre à accepter des activités... inacceptables. Le n'importe quoi, si l'on préfère. Bien. Mais, alors, lumières sur que sont ces emplois « non pourvus » ? Justement, ce texte nous fait découvrir qu'ils sont la face émergée du gigantesque iceberg des « désertions en masse de la société ».
C'est donc de ces désertions dont il faut parler ? Assurément ! Oui oui, ce que n'avaient pas prévu les lunatiques néolibéraux c'est que soit quitté et en masse leur système archaïque, de trop ancien régime. De jeunes diplômés de grandes écoles « ne veulent plus reconduire ces aberrations mais construire un autre monde ». Donc ils laissent en tas leurs diplômes, sans un regard pour les escrocs qui les leur accordent. Tout en se cassant puissamment. De même, les surexploités de la restauration, des jobs d'été, des petits boulots, des ubers présidentiellement protégés, etc.... se tirent, désertent ces exploitations de la honte (pour les patrons). Abandonnant ces tristes sires à leurs tristes sorts. Pire ? Les concours administratifs de la non start up nation sont délaissés comme jamais vu : moins de candidat.e.s se présentent que de postes à pourvoir. Faut le faire. Hé bé c'est accompli, de bas en haut, et de haut en bas, tout déserte tellement l'inhumain macronisme et la folie étasunienne créent le... désert. Le désert affectif et moral, ça se déserte vite fait. Ils sont laissés à eux-mêmes. La vraie société se... reconstruit à côté d'eux. Espérons que ceci va être le plus complet possible...
1. Pourquoi toujours reporter les reportages ?
Le point primordial reste bien que cette radicale nouveauté (des volontaristes qui te quittent en une minute l'existant et ce sans la moindre garantie !) soit si peu relayée par la majorité des médias. C'est pourtant essentiel pour le futur commun... Une ancienne polytechnicienne, membre du collectif dont nous allons parler, explique. « Pour elle, déserter prend tout son sens puisque « dans cette école, nous avions un statut militaire. Aujourd'hui, c'est la guerre au vivant que nous... refusons de mener ». Dit autrement, ce sont les buts poursuivis par les pouvoirs qui sont limpidement refusés. Pas d'erreur possible sur les motivations ! Écoutons : « La production industrielle à laquelle on nous somme de participer en tant qu'ingénieur est indissociablement civile et militaire. C'est un monde structuré par la... guerre et le commerce, qui détruit, en plus, les écosystèmes et bouleverse le climat », dit-elle. Ce qui devient si neuf est que ce sont les minorités corrompues au pouvoir qui sont rejetées par tous ces diplômés. Pas l'idée même de société. D'ailleurs, le nihilisme des pouvoirs ne laisse aucun doute... ils sont les pires ennemis actuels des populations [1].
Il y a tellement d'abondance d'informations, toutes plus intéressantes les unes que les autres, que grandit la certitude que de quitter cette société sans avenir ni perspectives appartient bien aux... abondances... Quelques exemples ?... « Ils voulaient faire la grève des gestes... inutiles (genre spéculer, spolier les autres, frauder, etc. !) et vivre leur vie le plus intensément possible », raconte l'historienne Anne Steiner. Il ne s'agit pas pour autant pas d'une acceptation de la misère, surtout pas, mais plutôt d'un rejet des... honneurs et des privilèges individuels. Que ceci sonne diablement neuf, non ?
Des précédents historiques ? Oui et des plus inattendus !! « Au XVIIIe siècle, les « nègres marron » cultivaient l'« art de la fugue ». Pour reprendre la belle formule de Dénétem Touam Bona, « ils endossaient l'ombre striée des feuillages », ils faisaient corps avec leur territoire, l'habitaient pleinement. « Le camouflage - se confondre avec le milieu de vie dans lequel nous évoluons jusqu'à s'y évanouir - suppose une écologie des sens : sentir le vent, le soleil, la pluie, les éléments nous pénétrer par tous les pores et en épouser le cycle des mutations. Percevoir jusqu'à devenir imperceptible », poursuit le philosophe.
Encore aujourd'hui, des traces de ces résistances subsistent. Des communautés existent toujours. Ce qui nous ramène direct en mémoire que, dans les années 1970, le quitter la société était très puissant. Son héritage prolixe, d'ailleurs, est toujours là, il s'agit seulement de l'apprivoiser. Nous sommes réellement bien armés. Armés pour installer la paix universelle et sans grandiloquence... Par exemple, dans le milieu universitaire, le groupe Survivre et vivre et le mathématicien Alexandre Grothendieck, ayant démissionné de son institut de recherche, poussaient également les jeunes chercheurs à la désertion. En 1968.
2. Pourquoi alors ces jeunes ingénieurs démissionnent dès le diplôme ?
Il y a, aussi, des ingénieurs au travail qui quittent leurs fonctions. Ce qu'ils expliquent est très différent. Voyons plutôt : « Dans les témoignages, nombreux sont les anciens salariés à refuser désormais « la politique de l'entrisme » : « Depuis tout petit, on nous assène qu'il faut... changer les choses de l'intérieur, qu'il faut prendre la direction et le pouvoir pour transformer le monde, être bon élève, responsable et patient, raconte l'ingénieur démissionnaire Olivier Lefebvre. Mais, en réalité, on se ment. On perd du temps, on s'épuise. On se confronte à des... blocages structurels (si gavés de mauvaises fois et de mauvaises volontés !) et finalement, on se perd. On se raconte des histoires pour justifier notre mode de vie confortable. » Mode de vie si immérité sur le fond !!
C'est que, lorsque bien vécue, une action peut aussi être efficace à l'extérieur. L'histoire nous rappelle que ce sont dans les marges que se sont élaborées les promesses du futur qui nous permettent d'augmenter nos conscientisations (à condition, bien sûr, d'être relayées... ce ne sont pas des trous de mémoire qui vont changer le monde !). De multiples alternatives le prouvent, comme Notre-Dame-des-Landes. Bruno Latour ne disait-il pas dans une formule provocatrice que « les zadistes sont les instituteurs de l'État » ?
Alors qu'ils sont les rouages (indispensables) de la machine techno-industrielle, les ingénieurs sont de plus en plus nombreux à se rebiffer. Arthur Gosset, l'ex étudiant de centrale Nantes qui a réalisé le film Rupture(s) - dans lequel il évoque la bifurcation de ses camarades déserteurs - estime qu'ils représentent au moins... 30% des promotions. D'autres chiffres confirment mieux la tendance lourde : d'après un récent sondage, publié en mai, plus d'un tiers des sondés (35%) affirme n'avoir jamais eu autant envie de démissionner. Une proportion qui monte à 42% chez les moins de 35 ans. Soit, presque la moitié de la tranche d'âge. Ce qui est énorme, non ? Notable du moins. D'autant plus que les grandes écoles et les associations d'anciens élèves n'ont pas forcément intérêt à communiquer sur cette fuite généralisée. Et qu'y domine la pulsion de minimiser l'ampleur du phénomène.
« Notre discours sur le refus du travail est aujourd'hui beaucoup plus audible », constate Romain Boucher. Lui qui a créé l'association Vous n'êtes pas seul pour inciter ses ex-collègues à démissionner. « En subvertissant la petite bourgeoisie managériale et diplômée, nous entendons enrayer la courroie de transmission qu'elle incarne. On veut corroder cette classe sociale qui tient le système », dit-il. Très bonne stratégie donc. Utiliser cette classe qui « hier ne savait même pas penser » comme bélier efficace contre le système.
3. L'inaperçu ?
• Comment la désertion gagne la France
Une multitude d'initiatives abondent pour ouvrir tout l'horizon aux candidats déserteurs. Dans le domaine agricole (et nous en avions déjà chaleureusement parlé !), l'Atelier paysan en est un parfait exemple, coopérative, à brevets non-lucratifs, qui fabrique les machines-outils agricoles avec les paysans, se présente elle-même comme « un débouché pour les futurs déserteurs » : « Nous avons besoin des compétences des bifurqueurs, des anciens ingénieurs, des commerciaux, des financiers, mais pour les rediriger, et les mettre au profit d'une autre fin. C'est toute une... contre-société qu'il faut créer avec sa culture politique et ses alternatives », dit Nicolas Mirouze, un paysan vigneron dans les Corbières. Il avait lui-même déserté AgroParisTech il y a vingt ans avant de devenir sociétaire de l'Atelier paysan. « Nous, les anciens, on doit accueillir les nouveaux, leur faciliter le terrain, être solidaire. Mais surtout, on doit se battre ensemble, assumer le rapport de force et la conflictualité face au modèle encore dominant (mais plus pour longtemps !). L'époque où on pouvait déserter seul dans son coin, c'est fini ».
4. Les « services » si exploités rompent ces si mauvaises habitudes de les surexploiter !!
Aux USA nombreuses sont les désertions du bas... avec un discours jamais entendu... « Nous démissionnons tous, désolés pour le dérangement », écrivent sur une affiche les salariés d'un Burger King dans le Nebraska. « Veuillez être patient avec le personnel qui a répondu présent, plus personne ne veut travailler », disent les employés d'un McDo au Texas. « Fuck les cadres, fuck cette entreprise, fuck ce job... Je démissionne, putain ! », crie dans le haut-parleur de son magasin une employée de Walmart au Texas. Un discours abrupt qui fit des émules parmi ses collègues.
Les États-Unis d'Amérique bougent et ils ne sont pas les seuls. En Angleterre, les seniors démissionnent en masse. 300 000 travailleurs âgés de 50 à 65 ans ont rejoint la catégorie des « économiquement inactifs ». En France, ils parlent de ce travail si vicieusement... pris en otage (savoir entendre ce « alors qu'on faisait quasiment tous 65 h payées 39 h ! »).
C'est que la fausse pandémie a joué un rôle catalyseur. » Sur le moment, trop peu en avaient pris conscience. Sauf que les idées neuves cheminaient. « Le confinement a mis à l'arrêt la machine dont on ne trouvait pas le frein d'urgence. En suspendant, un temps, le fonctionnement dont nous étions tous les otages (et croyant qu'il ne pourrait jamais en être... autrement !), le virus a révélé l'aberration de la prétendue « normalité », estiment les auteurs d'un puissant texte paru en mars 2020 sur le site Lundimatin : « Ce qui s'ouvre devant vous, ce n'est pas un espace délimité, c'est une immense béance. Le virus vous désœuvre.... Il vous place au pied de la bifurcation qui structurait tacitement vos existences : l'économie ou la vie. C'est à vous de jouer. L'enjeu est historique. »... Désormais c'est la vie !
Réprimer ceci ? Oh oui comment ? Comment introduire la carotte et le bâton qui ne... peuvent plus là exister ? Comment leurrer qui ne vous regardent plus ? Comment surtout régner par les seuls mensonges ? Vous pouvez essayer toutes les clés. Il en sera immanquablement conclu que les pouvoirs n'ont pas de prises sur ces déserteurs déterminés. Te foutre dehors ? Ouais pas de bol c'est déjà... fait. Te démissionner ? Ils te l'ont déjà concrétisé, etc. Nous sommes dehors, et jamais plus nous ne réintégrerons ce système de mensonges et de basses cupidités, de déshonneurs et de vendus, de censures imbéciles et de si stupides censeurs non censurés etc. Les menaces habituelles ne sont plus de mises. Les sanctions c'est démodé puisque se retournant presque tout le temps contre qui les clament. La situation hurle l'ééééccchhhec flagrant de la lie antidémocratique des néolibéraux. Rarement une classe de la population n'était tombée si vite aussi bas. Tout en eux est à jeter... Y'a rien à garder !
5. Motivations non dites !
Motivations non exprimées ? Faut aller sur place si tu veux recueillir les paroles authentiques... En gros : l'autoritarisme abusif crée toutes les conditions « objectives » des désertions. Puisqu'il n'y a nulle écoute, non plus aucun débat adulte et responsable, que tout demeure si vulgairement imposé dans toujours plus de pertes de bon sens, que les détraquements mentaux de ces brutes les coince en ceci : ils ne demandent que passivités intégrales aux populations. Populations délestées de leurs droits à la parole. Qu'elles se laissent donc faire quoi qu'il leur soit demandé. Et cette imbécilité de « croire » que le tout-répressif a encore un avenir ? Que les populations sont groggys. Alors que tout ceci n'est qu'illusions. Voltaire ne disait-il pas, en substance, que trop d'oppressions offrent les conditions des volontés l'indépendance ?
D'où la jonction avec ces pensées intimes : ils veulent tout le pouvoir comme des obsédés compulsifs. Laissons-les tous seuls avec ces colifichets hallucinés. Quittons- tout ce qui est eux. Si cela déserte tant c'est de la Responsabilité complète des irresponsables néolibéraux... Tout est de leur faute !!
Pas de futur avec eux. Toujours moins veulent Soutenir ces personnages qui foutent la honte au pays... Oui les « emplois non pourvus » se révèlent être des activités volontairement... refusées. Ce qui en transforme entièrement la signification. Dans le sens déjà que les gouvernements en perdent le contrôle. Ils ne vont plus que courir après les authentiques événements. Aussi, comme reste dérisoirement infantile que de rejeter la faute sur les populations (c'est de la mauvaise volonté de ce gens que les postes ne sont pas pourvus !). Alors que la lecture mature est : leurs comportements, aux gouvernements et aux patrons, tous aussi inacceptables, ont mis en branle les balanciers des chocs en retour. Le poids collectif va passer de l'autre côté. Là où nous sommes en gros. Les pouvoirs ne vont plus conserver la moindre initiative.
Ils l'auront bien cherché non ? Se donnant toujours raison et toujours tort aux populations ! Reste-t-il même une place pour vivre dans « leur » société ? Si c'est « leur » société, impartageable, qu'ils se la gardent. Les ex exclus s'auto-incluent dans la contre-société. Tu découvres que c'est parce qu'il ne leur est laissé aucun AUTRE CHOIX !
Quand t'es dans le désert désert - tu n'y es plus ? Puisque tu peuples la contre-société. Puisque tu y construis et construis en vrai et les pouvoirs en déconfitures n'ont, désormais, plus de... faire-valoirs.
Ils ne peuvent que s'éteindre...
en partant !
source : Imagiter