© Alastair Grant Source: AP
Un homme brandit une pancarte réclamant la libération de Julian Assange le 20 avril 2022 à Londres (image d'illustration).
16 août 2022, 09:59
Des avocats américains du fondateur de WikiLeaks Julian Assange ont annoncé le 15 août porter plainte contre la CIA et son ancien directeur Mike Pompeo, qu'ils accusent d'avoir enregistré leurs conversations et dupliqué le contenu de leurs téléphones et ordinateurs.
Les avocats et deux journalistes qui se sont joints à la plainte sont tous américains et affirment que le service de renseignement a violé leur droit constitutionnel à la protection des conversations privées, en l'occurrence avec Julian Assange, qui est australien.
Ils assurent que la CIA a travaillé avec une entreprise de sécurité engagée par l'ambassade de l'Equateur à Londres, où Julian Assange s'était alors réfugié, pour espionner le fondateur de WikiLeaks, ses avocats, des journalistes et les autres personnes qu'il rencontrait.
Julian Assange risque l'extradition de la Grande-Bretagne vers les Etats-Unis, où il est accusé d'avoir publié en 2010 des câbles diplomatiques portant sur les guerres en Afghanistan et en Irak.
Selon l'avocat Robert Boyle, qui représente les plaignants, ces faits supposés d'espionnage signifient que le droit de Julian Assange à un procès équitable a «été entaché, sinon réduit à néant» car «le gouvernement connaît désormais le contenu de ces échanges». «Il devrait y avoir des sanctions, jusqu'au rejet de ces charges ou au retrait de la demande d'extradition, en réponse à ces activités si clairement inconstitutionnelles», a-t-il jugé.
La plainte a été déposée par les avocats Margaret Ratner Kunstler et Deborah Hrbek, ainsi que les journalistes Charles Glass et John Goetz.
Selon l'accusation, Mike Pompeo «était au courant et a approuvé» cette collecte d'informations
Elle vise la CIA, son ancien directeur et ex-secrétaire d'Etat Mike Pompeo, l'entreprise de sécurité Undercover Global et son président David Morales Guillen. La plainte affirme qu'Undercover Global, entreprise basée en Espagne et qui était sous contrat avec l'ambassade équatorienne, a pour le compte de la CIA récolté des informations sur les appareils électroniques des plaignants, notamment des échanges avec Julian Assange, et placé des microphones dans l'édifice, dont les enregistrements ainsi que les images de télésurveillance ont également été envoyés à l'agence américaine.
Mike Pompeo «était au courant et a approuvé» cette collecte d'informations, selon ce document judiciaire, qui précise qu'Undercover Global a été recruté par la CIA en 2017.
Julian Assange a fait appel de la décision britannique d'accéder à la demande d'extradition aux Etats-Unis.
Le journaliste australien y risque 175 ans de prison pour être à l'origine avec Wikileaks d'une fuite de documents confidentiels (portant notamment sur l'action de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan), en vertu d'une législation contre l'espionnage, dans une affaire dénoncée par ses soutiens comme une attaque gravissime contre la liberté de la presse : certains de ces documents mettaient en lumière des crimes de guerre.
Riche en rebondissements, le calvaire que traverse le lanceur d'alerte a été dénoncé par de nombreuses personnalités politiques, culturelles et médiatiques. Les travaux effectués par le ressortissant australien, qui ont rendu possibles les fuites d'informations d'intérêt général les plus massives du XXIe siècle, lui ont d'ailleurs valu de nombreux prix de journalisme à travers le monde.
Contrastant avec les communiqués, tribunes, pétitions et autres actions coup de poing organisées en soutien au fondateur de WikiLeaks, le cas Assange s'est en revanche heurté au silence assourdissant de chancelleries occidentales pourtant peu timorées en la matière sur d'autres dossiers.