23/08/2022 investigaction.net  5min #214254

 La Russie et l'Ukraine s'accusent mutuellement de frappes sur le site d'une centrale nucléaire

Le péril nucléaire et la folie humaine

Gabrielle Lefèvre

Nous sommes en vacances et pourtant nous dansons au pied d'un volcan. Et nous nageons en pleine 'absurdie' diplomatique. Alors que les forces ukrainiennes n'arrêtent pas de bombarder les alentours de la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par l'armée russe, le président français Emmanuel Macron  a appelé mardi « au retrait des forces russes de la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, en soulignant les «risques» que leur présence fait peser sur la sécurité du site ».

Donc, s'il y a une catastrophe, ce serait la faute des Russes qui occupent la centrale bombardée par les Ukrainiens. Le président ukrainien Zelensky l'affirme : « la Russie doit porter la responsabilité du fait même de créer une menace pour une centrale nucléaire ».

Au lieu d'intervenir auprès du président Zelensky afin d'arrêter toute attaque contre cette centrale et d'établir une zone de sécurité, l'Union Européenne disculpe et encourage l'Ukraine, ainsi que le tweetait le 6 août Josep Borrell, chargé des relations internationales de l'UE : « L'UE condamne les activités militaires de la Russie autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Il s'agit d'une violation grave et irresponsable des règles de sécurité nucléaire et d'un nouvel exemple du mépris de la Russie pour les normes internationales ».

Le chef de la diplomatie européenne ne dit mot sur la responsabilité des forces ukrainiennes qui mettent en danger une grande partie de l'Europe en attaquant une centrale nucléaire. Il n'annonce pas de changement de stratégie pour forcer les parties en conflit à se mettre autour de la table et négocier enfin une paix acceptable pour notre survie à tous. Au contraire : divers pays membres de l'OTAN, Etats-Unis en tête, poursuivent la livraison massive d'armes aux forces ukrainiennes, avec le risque qu'une partie d'entre elles soit détournée vers des groupes paramilitaires et mafieux de divers pays limitrophes.

« La guerre dans un pays avec des réacteurs nucléaires en service est du jamais vu et une rupture de tabou. Chaque jour que dure la guerre en Ukraine augmente rien que sur le plan statistique l'éventualité d'une catastrophe nucléaire. C'est pourquoi nous appelons les États parties au TNP à se mettre d'accord sur une déclaration d'interdiction des attaques militaires contre les installations nucléaires »,  explique le Dr Angelika Claußen, présidente de l'IPPNW Allemagne (Association pacifiste internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire).

Or, la Conférence de contrôle des parties au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) se déroule actuellement à New York. Elle a comme objectif affirmé officiellement sur le site des Nations unies « empêcher la propagation des armes nucléaires, promouvoir la coopération dans les utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire et promouvoir l'objectif du désarmement nucléaire et du désarmement général et complet ». Les discussions sont donc en cours actuellement. Les divers mouvements pacifistes européens appellent plutôt à une ratification du Traité d'interdiction des armes nucléaires (TIAN) que la Belgique refuse de signer. Les Etats parties au TIAN, réunis le 23 juin 2022 (notre diplomatie belge a enfin accepté d'y envoyer un observateur),  déclarent : « nous sommes alarmés et consternés par les menaces d'utilisation d'armes nucléaires et par la rhétorique nucléaire de plus en plus stridente. Nous soulignons que toute utilisation, menace d'utilisation d'armes nucléaires constitue une violation du droit international, y compris de la Charte des Nations Unies. Nous condamnons sans équivoque toute menace nucléaire, qu'elle soit explicite ou implicite et quelles que soient les circonstances. »

Malgré cela, l'Agence internationale de l'énergie atomique AIEA n'a pas encore pu accéder à la centrale nucléaire de Zaporijjia et la nucléarisation militaire de l'Europe s'accroît, par le biais de l'OTAN qui impose l'achat des armements nucléaires aux Etats européens. Les citoyens européens ne sont pas informés de ce qui se dit et négocie au sein, par exemple,  du Centre de l'Alliance pour les armes nucléaires avancées, créé par les Etats-Unis en 2017.

Reste que le président US Jo Biden va fournir de nouveaux systèmes d'armes tactiques à cinq pays européens membres de l'OTAN. Une centaine de bombes B61-12 (version modernisée), largables par des avions F-15, F-16, Tornado, et bientôt F35, seront disponibles, dès cette année, dans les bunkers de six bases OTAN : Turquie, Noord-Brabant (Pays-Bas), Kleine Brogel (Belgique), Land de Hesse (RFA), Frioul et Lombardie (Italie).

Voilà pourquoi la Belgique ne veut pas signer le traité d'interdiction des armes nucléaires (TIAN) et continuer avec le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Pour rester dans l'OTAN et rester dépositaire de bombes nucléaires.

Il serait bon de demander aux citoyens belges s'ils sont d'accord que l'on entrepose chez eux des armes dont certaines sont plusieurs fois plus puissantes que celles qui ont massacré les populations d'Hiroshima et de Nagasaki, un crime contre l'humanité toujours impunis.

Source:  Entre les lignes

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