19/09/2022 dedefensa.org  5 min #215739

L' « opération militaire limitée » du Kremlin en Ukraine était une erreur stratégique.

Critique de la raison poutinienne

 Ouverture libre

La troisième guerre mondiale sera la conséquence la plus probable.

Critique de la raison poutinienne

• Exposé particulièrement tranchant et extrême d'une critique de la stratégie russe (poutinienne) dans l''Opération Militaire Spéciale' en Ukraine, jugée comme "trop peu, trop tard". • Contributions : dde.org et Paul Craig Roberts.

On ne déniera pas à Paul Craig Roberts la vertu de la constance. Depuis très longtemps, il dénonce l'activisme de la  politiqueSystème qu'a adoptée le pouvoir américaniste et, en vis-à-vis, il critique l'attitude jugée par lui trop complaisante et velléitaire de la Russie. Aujourd'hui, à l'heure de l''Ukrisis', il est plus offensif que jamais, argumentant d'une façon qui n'est pas déraisonnable pour une action décisive de la part de la Russie, - non pour l'avantage de la Russie mais pour celui de la paix, ou plutôt pour éviter une guerre nucléaire qui lui paraît inévitable si l'on poursuit la ligne actuelle. Il en appelle à cet égard à la mémoire de Stephen F. Cohen, brillant spécialiste US de la Russie, malheureusement décédé il y a deux ans d'un cancer des poumons.

« Un lecteur négligent ou hostile pourrait conclure de mon article que je suis un partisan du succès militaire russe. Au contraire, je suis un partisan de la minimisation du risque de guerre nucléaire. Stephen Cohen et moi sommes les deux personnes qui, dès le début, ont vu comment l'ingérence de Washington en Ukraine avec le renversement du gouvernement traçait une voie qui pouvait aboutir à l'Armageddon nucléaire. Cohen a été honni par sa propre gauche libérale, et j'ai été déclaré « dupe/agent de Poutine. »

L'article de Paul Craig Roberts ayant été mis en ligne  le 7 septembre, il nous paraît évident que les événements survenus depuis (la "contre-offensive" ukrainienne de Kharkov) doivent avoir renforcé sa conviction, et dans un sens rendu son argument plus impératif et plus exigeant. Notamment puis principalement, ces événements ont montré que l'intervention de l'OTAN (des USA) en Ukraine est désormais quasiment directe, et perceptible au niveau des effectifs des combattants.

D'autre part et peut-être inversement, la réunion triomphale des 15-16 septembre de Samarcande, de l'Organisation de Coopération de Shanghai, a montré la puissance de la position de la Russie, au milieu d'un aéropage de nations qui rassemblent plus de la moitié de la population mondiale et produisent 25% du PNB mondial. Certains, d'une tendance différente de celle de Paul Craig Roberts, ont noté que Poutine, - en fait les deux dirigeants principaux, Poutine et Xi, - tendent à considérer, voire considèrent implicitement les USA et l'OTAN comme des entités terroristes. (Dans sa conférence de presse, Poutine a "révélé", - lui-même disant qu'il n'avait rien lu là-dessus dans la presse, - qu'avait eu lieu une tentative d'attaque terroriste à proximité d'une centrale nucléaire sur territoire russe.) Cette sorte de perception, de classement si l'on veut, supposerait, de la part de la Russie, l'évolution vers un tout autre traitement que celui qui est appliqué aujourd'hui aux opérations en Ukraine.

Dans sa conférence de presse, où il est apparu particulièrement à l'aise et en très bonne forme, - bien loin du malade ou du dictateur traqué qu'on nous décrit ici et là, - Poutine a entendu des questions sur la mise en cause de l'OMS telle qu'elle se développe depuis le début et des résultats obtenus. Il ne les a pas éludées, y a répondu prudemment mais en admettant qu'effectivement les choses avaient changé, ou disons étaient en train de changer ; et en laissant entendre, sans cacher indirectement l'importance et la dangerosité d'une telle démarche, que l'actuelle stratégie russe pourrait elle-même changer :

« ... Nous restreignons notre réponse, pour le temps courant... Si la situation continue à se développer dans ce sens, la réponse sera plus sérieuse. »

Ainsi, Poutine a clairement affirmé que l'attaque contre les systèmes électriques généraux de l'Ukraine (dans la nuit suivant l'achèvement de la "contre-offensive" de Kharkov) était un avertissement dans ce sens.

Une autre source US, moins alarmiste que Paul Craig Roberts, Larry C. Johnson, estime que les discours et les interventions des deux dirigeants russe et chinois indiquent qu'ils sont effectivement tous deux sur la voie de considérer les USA (et l'OTAN) comme des entités terroristes, et par conséquent implicitement prêts à agir plus fermement qu'ils ne font...  Johnson :

« Les discours de Vladimir Poutine (Russie) et de Xi Jinping (Chine) sont particulièrement remarquables. Les deux pays ont averti les États-Unis que les États-Unis et l'OTAN seront traités comme des sponsors du terrorisme parce qu'ils fournissent des armes à l'Ukraine qui sont utilisées pour attaquer des cibles civiles. Vous pouvez m'accuser d'exagérer car ni Poutine ni Xi ne mentionnent nommément les États-Unis ou l'OTAN. Mais les actions des alliés de l'OTAN en Ukraine sont considérées par la Russie et la Chine comme des actes de terrorisme....

» La Chine et la Russie réalisent et affirment maintenant que les États-Unis ne sont plus un partenaire fiable et digne de confiance. Elles considèrent les États-Unis comme un enfant irascible qui, par le passé, a contraint les autres à faire des caprices et à lancer des opérations militaires étrangères mal conçues et insensées.

» Plus important encore même si non-dit explicitement, les dirigeants des pays de l'OCS se rendent compte que Washington est sans chef. Biden est un bouffon dément. Poutine l'a démontré a contrario lors de sa conférence de presse. Il n'avait pas de podium sur lequel s'appuyer. Il n'avait pas sa feuille de route lui indiquant à quels journalistes s'adresser. Et il a parlé intelligemment de manière improvisée... »

Reste que l'argument de Paul Craig Roberts mérité évidemment d'être entendu. Il représente une opinion non négligeable, et conduit par ailleurs au constat que Poutine est bien un modéré et que son "élimination" tant souhaitée par le  bloc-BAO amènerait nécessairement un pouvoir fort qui nous donnerait la guerre que nous ne cessons de décrire en narrative. Voici le texte de Paul Craig Roberts repris en français par '  Les 7 du Québec'.

 dedefensa.org

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Sam 2022-09-20 #12432

Comme toujours, le plus intéressant des articles tagués par cette locution latine ridiculement pompeuse, ce sont les extraits d'autres auteurs bien plus talentueux. DD n'apporte aucun élément factuel nouveau, aucun réflexion originale et novatrice par rapport à la pensée des auteurs dont les textes constituent l'armature de ces fumerollles rhétoriques.
Foucault disait que le commentaire affaiblit toujours les discours originaux. Vérification faite, une fois de plus.