23/03/2023 mondialisation.ca  23 min #225935

Après plusieurs années de brouille, Téhéran et Riyad annoncent le rétablissement de leurs relations

La civilisation confucéenne réconcilie Riyad et Téhéran : Les vrais défis de l'Islam

Par  Chems Eddine Chitour

« Si tu veux voir le fruit de ton labeur durer une saison sème du blé

« Si tu veux voir le fruit de ton labeur durer une génération, plante un arbre,

« Si tu veux voire le fruit de ton labeur durer une éternité éduque un enfant » Lao Tseu

Résumé 

Un rayon de soleil dans un ciel chargé. L'accord Riyad-Téhéran sous les auspices de la Chine était inattendu. Le monde était installé dans les temps morts des paix armées. En son temps, Deng Xiaoping a déclaré que la diplomatie chinoise devait se caractériser par le fait de «dissimuler sa force et d'attendre son heure». La Chine aspire à prendre la place qui lui revient dans le système international en tant qu'acteur majeur. Ainsi, la Chine a dévoilé en février une «initiative de sécurité mondiale» visant à éliminer les causes profondes des conflits internationaux. La proposition repose sur six principes : rester attaché à la vision d'une sécurité commune, mondiale, coopérative et durable ; respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale de tous les pays, non-ingérence...

Ce que nous n'avons pas connu avec le monde unipolaire imposé par l'Occident. La médiation de la Chine, du royaume d'Arabie saoudite et de la République islamique d'Iran a modifié ainsi radicalement la scène politique régionale et même mondiale. Dans le même ordre des efforts diplomatiques, il n'est pas interdit de penser que la Chine s'implique par la négociation dans la guerre en Ukraine. Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule On apprend que le président iranien a accepté l'invitation du roi d'Arabie Saoudite. Il est possible que nous allons vers un partenariat qui s'inscrit dans la durée maintenant que le mur de la peur entre les deux états entretenu par l'Occident s'est écroulé...

Signe des temps et de l'inefficacité des sanctions planétaires décrétées par les États-Unis, l'Iran affirme que ses exportations ont atteint leur plus haut niveau depuis 2018. L'histoire retiendra que c'est la civilisation confucéenne qui a pu réconcilier la civilisation islamique. Il faut espérer que les deux pays vont résister à toutes les manœuvres qui ne manqueront pas et transcenderont les intérêts matériels pour porter haut et fort le réveil d'une civilisation islamique de la science qui a un message de sérénité au monde.

Introduction 

Sous les auspices de la Chine, l'Iran et l'Arabie saoudite enterrent la hache de guerre et décident de rétablir leurs relations diplomatiques après 7 ans de rupture. Samir Saul, professeur d'histoire à l'Université de Montréal démontre que le pouvoir américain trouvait son assise dans le maintien d'un conflit permanent entre les deux pays les plus puissants de la région, l'Iran et l'Arabie saoudite, (1) Le ministre saoudien des Affaires étrangères, a tweeté: «La reprise des relations diplomatiques entre l'Arabie saoudite et l'Iran découle de la vision du Royaume basée sur la préférence pour les solutions politiques et le dialogue, et de sa volonté de la perpétuer dans la région.» «Les pays de la région partagent un même destin qui nous obligent à nous unir pour construire un modèle de prospérité et de stabilité dont nos peuples pourront profiter ».

Les réactions dans le monde 

« L'accord écrit M. Rebah entre l'Arabie saoudite et l'Iran, conclu grâce aux efforts de la Chine, a été très favorablement accueilli dans le concert des Nations, appuyé par un sentiment d'immense soulagement et de grande satisfaction dans les payas arabes, peuples et dirigeants Peter Stano, principal porte parole des affaires étrangères de l'Union européenne, a souligné que « la promotion de la paix et de la stabilité et la réduction des tensions au Moyen-Orient font partie des principales priorités de l'Union européenne ». Cet évènement historique a révélé au grand jour la solitude du royaume de Mohamed VI, voire son isolement au plan international, L'Algérie salue, la reprise des relations diplomatiques entre le Royaume d'Arabie saoudite et la République Islamique d'Iran, Elle exprime également sa satisfaction sur « la conduite efficace des pourparlers entre les deux pays frères par l'intermédiaire de la République populaire de Chine » (2)

Pour! Nasrallah leader libanais chiite : La normalisation Arabie-Iran est un « changement très bienvenu » qui aidera la région Les Nations Unies ont salué l'accord entre l'Arabie saoudite et l'Iran sur la reprise des relations diplomatiques et ont fait l'éloge du rôle de la Chine dans ce processus.

« Le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré que si Washington n'était pas directement impliqué, l'Arabie saoudite tenait les responsables américains informés des pourparlers avec l'Iran. Toutefois, Jeffrey Feltman, ancien haut fonctionnaire des États-Unis et de l'ONU, a déclaré. « Cet accord sera interprété - probablement à juste titre - comme une gifle à l'administration Biden et comme la preuve que la Chine est une puissance montante », a déclaré M. Feltman, de la Brookings Institution »(3).

Une nouvelle ère s'ouvre en politique mondiale 

Pour le politologue M.K. Bhadrakumar qui compare cela à une tectonique des plaques :

« l'accord annoncé vendredi à Pékin concernant la normalisation des relations diplomatiques entre l'Arabie saoudite et l'Iran et la réouverture de leurs ambassades est un événement historique. Cela va bien au-delà d'une question de relations saoudo-iraniennes. La médiation de la Chine signifie que nous assistons à un profond déplacement des plaques tectoniques dans la géopolitique du XXIe siècle les États-Unis, qui sont traditionnellement la puissance dominante dans depuis près de huit décennies, ne figurent nulle part dans le communiqué. Ce qui est stupéfiant ici, c'est la puissance cérébrale, les ressources intellectuelles et le « soft power » que la Chine a mis en jeu pour surpasser les États-Unis ». (4)

« Un autre message important est implicite : La Chine devient un facteur d'équilibre et de stabilité au niveau mondial Ce que la pandémie et la crise ukrainienne ont fait remonter à la surface, à savoir que le Sud mondial rejette les politiques de néo-mercantilisme menées par l'Occident sous le couvert de l'« internationalisme libéral Le fait que, la veille même de l'annonce historique faite à Pékin le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan Al Saud, ait atterri soudainement à Moscou pour une « visite de travail » et se soit entretenu avec le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, visiblement ravi, n'est-il pas un message important ? » (4)

« La Russie et la Chine coordonnent activement leurs actions en matière de politique étrangère. la Russie, l'Iran et l'Arabie saoudite - trois des principaux pays producteurs de pétrole et de gaz - commencent à accélérer leur recherche de mécanismes de paiement pour contourner le dollar américain. La Chine discute déjà d'un tel arrangement avec l'Arabie saoudite et l'Iran. Il est bien entendu que toute érosion significative du statut du dollar en tant que « monnaie mondiale » ne sonnera pas seulement le glas de l'économie américaine, mais affaiblira également la capacité des États-Unis à mener des « guerres éternelles » à l'étranger En définitive, la réconciliation entre l'Arabie saoudite et l'Iran est également un précurseur de leur intronisation en tant que membres des BRICS dans un avenir proche (4).

Pour Fréderic Lemaitre, la réussite de la Chine est sa capacité d'écoute avec tout les pays comme Porte-parole d'un « Sud global » :

« la Chine, qui a gardé la capacité de parler avec tous les acteurs de la région. (...) En janvier 2016, Xi Jinping s'était rendu en visite officielle en Egypte, en Arabie saoudite et en Iran. Il y avait conclu de nombreux accords et avait intégré ces pays à son projet d'investissements internationaux des « nouvelles routes de la soie ». L'Arabie saoudite était devenue alors un « partenaire stratégique intégral » de la Chine. A la différence de Washington, la Chine est toujours parvenue à maintenir de bonnes relations avec Riyad et Téhéran (et également Israël). En mars 2021, Wang Yi, à l'époque ministre des affaires étrangères, a signé avec l'Iran un « accord de coopération stratégique » pour En décembre 2022, Xi Jinping a été accueilli une nouvelle fois avec faste à Riyad ». (5)

La Chine, Puissance économique en Asie  

Victorien bourgeois met en lumière l'intérêt croissant de la Chine pour le Moyen-Orient et explique le succès diplomatique de la chine par son dynamisme économique. Il l'a décrit comme une puissance incontournable au Moyen Orient qui utilise le soft power du « doux commerce » au lieu du stick :

« Pékin y développe une stratégie économique et commerciale pour y accroitre son influence diplomatique. Il souligne comment cette stratégie entend faire pièce à la présence occidentale et met en Depuis l'annonce du projet de nouvelles routes de la soie par Xi Jinping en 2013, la politique étrangère de la Chine est l'objet de nombreux fantasmes, souvent teintés d'impérialisme ou de néocolonialisme sous la focale occidentale. En 2017, en important plus de 8,4 millions de barils par jour, la Chine est devenue le premier importateur de pétrole au monde, devant les États-Unis. En 2017, 70 millions de tonnes de gaz étaient importées en Chine, principalement en provenance du Qatar » (6).

« Mais les liens économiques que tisse Pékin avec l'ensemble des pays du Moyen-Orient sont loin de se limiter au seul secteur énergétique. la Chine étend sa toile économique et financière partout dans le monde, afin de s'imposer à l'horizon 2050 comme la première puissance mondiale, en termes de rayonnement international les nouvelles routes de la soie, que l'on appelle également Belt and Road Initiative (BRI). Dévoilé pour la première fois par le président Xi en 2013, le projet de base prévoyait de couvrir 65 pays, 62% de la population mondiale et 31% du PIB qui y est associé, notamment à travers deux couloirs terrestre et maritime. Au niveau maritime, le pouvoir chinois développe sa stratégie du « collier de perles », c'est à dire d'acquisitions de bases portuaires partout dans le monde. » (6)

« Avec une analyse condescendante, empreinte d'envie Victorien Bourgeois explique la réussite chinoise envers les pays musulmans en surfant sur le fait religieux : « Si la Chine parvient à pénétrer autant les marchés des pays arabes, c'est notamment en raison d'une pratique commerciale couramment appelée « business Ali Baba » Pour les entreprises chinoises, cette dernière consiste à utiliser l'identité musulmane de pays asiatiques pour réaliser plus d'échanges commerciaux avec le Moyen-Orient. En Malaisie par exemple, la Chine profite de la politique commerciale du gouvernement malaisien, désireux de faire du pays un véritable hub halal international.» (6)

« Dans les faits, des entrepreneurs chinois ou sino-malaisiens détiennent des entreprises dirigées officiellement par des Malais, avec des noms musulmans. (...) La Chine applique alors cette logique d'intérêts réciproques à l'ensemble des pays du Moyen-Orient sans exception. Partout, elle prend le contrepied des politiques occidentales en réaffirmant le principe de non-ingérence dans les affaires internes, et en prônant le respect et les avantages mutuels. En définitive, le déploiement de la puissance économique et commerciale de la Chine à l'international apparait comme un outil stratégique au service d'ambitions bien plus grandes. faire de la Chine la première puissance mondiale au milieu du XXIème siècle ». (6)

Le Moyen-Orient sort de l'orbite occidental 

Pour expliquer le désamour graduel des Arabes trompés par l'Occident, il remonte au,XIXe siècle pour retracer les avanies du Moyen Orient balloté d'empire colonial en empire colonial :

« Depuis le XIX° siècle, le Monde arabe a d'abord été dominé par le Royaume-Uni et la France sur les ruines de l'empire ottoman, puis par les États-Unis. Cette période vient de s'achever avec l'arrivée de la Chine. Comme toujours, celle-ci a très longtemps observé et lentement agi, avec une persévérance sans faille. Il y a un certain panache pour la Chine à réconcilier les musulmans entre eux, alors que les Occidentaux l'accusent de martyriser sa minorité musulmane du Xinjiang. » (7)

Thierry Meyssan rappelle le deal americano saoudien signé sur le croiseur Quincy : parapluie de protection américain contre accès sans limite au pétrole :

« À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis signèrent le Pacte de l'USS Quincy avec le roi Ibn Séoud, Ce document, garantissait à Washington de recevoir du pétrole saoudien pour ses armées en échange de son engagement à protéger la dynastie des Séoud. Il a été reconduit, en 2005, par le président George W. Bush. Par la suite, les Occidentaux, suivant le président états-unien Jimmy Carter, considérèrent que l'accès au pétrole du Moyen-Orient était une question relevant non pas de la souveraineté des États producteurs, mais de leur « Sécurité nationale » Ce qui impliquait que les arabes et les perses devaient se soumettre à une présence militaire étrangère.. Depuis 7 ans, le Moyen-Orient est paralysé. Aucun conflit ne peut évoluer car il oppose toujours les deux faces de l'islam. C'est très exactement ce que les Occidentaux voulaient et qu'Israël a entretenu. Les relations internationales que Beijing et Moscou promeuvent sont fondées sur le respect mutuel et non plus sur l'affrontement. À la division et aux guerres occidentales, ils opposent les échanges, le commerce et la collaboration » (7)

Il vient que les pays du Moyen Orient regardent de plus en plus à deux fois avant de s'engager à l'injonction américaine. Pour Michael Young :

« Lors d'un sommet avec les dirigeants arabes en juillet 2022 M. Biden s'est empressé d'assurer à ses homologues que Washington « ne laisserait pas un vide à combler par la Chine, la Russie ou l'Iran les gouvernements du Moyen-Orient ne sont désormais pas disposés à être mobilisés dans des croisades antichinoises ou antirusses... S'il ne fallait retenir qu'un événement pour expliquer pourquoi Riyad a été réticent à faire confiance à Washington, c'est très probablement celui-là. (...) Or l'administration Biden n'a pas fait grand-chose pour les rassurer. Dans ce contexte, il faut s'attendre à ce que les pays de la région continuent à suivre leur propre voie indépendamment de Washington. (...) La question n'est donc plus de savoir si les États-Unis se désengagent du Moyen-Orient, tant il est de plus en plus évident que c'est l'inverse qui se produit. » (8)

Avenir des Accords d'Abraham

Quid des accords d'Abraham ? Est-ce que la cause palestinienne est sacrifiée ? Peut être pas ! Pour L'Arabie la stabilité au Moyen-Orient ne peut être atteinte sans une solution à la question palestinienne. Le site RFI fait une analyse les positions :

« La Chine devient un acteur diplomatique avec lequel il faut compter dans une zone: « Médiateur de « bonne foi », et « fiable », la Chine a rempli ses devoirs d'hôte et de facilitateur des pourparlers, À Washington, profil bas Le rétablissement de relations diplomatiques entre l'Arabie saoudite et l'Iran, sous l'égide de la Chine, a suscité la surprise (...) L'État hébreu aimerait établir des relations diplomatiques avec Riyad. Mais le Royaume saoudien a manifestement choisi de le faire d'abord avec l'Iran, adversaire déterminé d'Israël et des États-Unis. Vu d'Israël, une véritable claque Cette nouvelle situation est une vraie claque pour Washington et Israël, affirment les médias israéliens. Et pour le quotidien de gauche Haaretz, c'en est fini d'un rêve israélien, l'élargissement des accords d'Abraham, autrement dit l'espoir de créer un front avec des pays arabes pour contrer l'Iran. La voie est désormais ouverte, poursuit le journal, à la réactivation des pourparlers avec Téhéran en vue d'un accord sur son programme nucléaire ». (9)

«La perte d'influence des Etats Unis semble donc avoir été assumée. Washington accepte la sortie de l'Arabie Saoudite de sa zone d'influence Pour Israël, il s'agit d'un revers diplomatique majeur. L'idée d'une alliance israélo-arabe contre l'Iran s'effondre. L'Arabie Saoudite s'était engagée à signer un traité de paix avec Israël si les demandes qu'elle formulait à Washington concernant sa sécurité étaient satisfaites. Aujourd'hui, la question se pose de savoir si les accords d'Abraham qui lient Israël à quatre pays musulmans (Emirat arabes unis, Bahreïn, Soudan, Maroc) ne seront pas pénalisés, voire défaits par le rapprochement de l'Iran et de l'Arabie Saoudite. Les Saoudiens ont-ils obtenu des garanties particulières de la Chine concernant leur sécurité vis-à-vis de l'Iran, ou si le rapprochement avec Téhéran est une manœuvre opportuniste destinée à exercer un chantage sur les Etats-Unis. ?» (9)

Une information importante du Journal Arabnews proche de Riyad nuance en partie l'accord et nous apprend que l'Arabie Saoudite était en pourparlers avec Israël et qu'elle tient toujours à sa relation privilégiée avec les Etats Unis De plus elle est prête à un accord avec Israël sous certaines conditions Nous résumons :

« (...) lors d'une réunion d'information de haut niveau l'année dernière, au cours de laquelle il a clairement été indiqué qu'elles ne pourraient être discutées qu'après avoir trouvé une solution pour les droits des Palestiniens. Il s'agit pour l'Arabie saoudite de disposer des mêmes droits et privilèges que certains des pays qui ont signé des traités de paix avec Israël. Des questions telles que le droit à l'utilisation civile de l'uranium, l'adhésion partielle à l'Otan et le fait d'être considéré comme un allié stratégique des États-Unis pourraient toutes être discutées une fois qu'une solution à la question palestinienne aura été trouvée Ce qui est durable, en revanche, c'est ce que l'Arabie saoudite préconise depuis longtemps: une solution juste et équitable au sort des Palestiniens. (...) (...) La bonne nouvelle, c'est qu'en dépit de l'accord conclu avec l'Iran, Israël peut encore espérer normaliser ses relations avec l'Arabie saoudite. Toutefois, Israël devrait d'abord s'inspirer de l'Ancien Testament: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» (10)

La fin annoncée de l'hégémonie occidentale

Pour Le politologue Djamel Labidi la fin de l'hégémonie occidentale est actée et a été accélérée par la guerre en Ukraine. Il écrit :

« En quelques mois, depuis le début de la guerre en Ukraine, le monde a changé. Certes, les changements se sont accumulés lentement, avant qu'ils n'apparaissent d'un seul coup, sous les coups de boutoir donnés par la Russie à l'ancien ordre mondial et l'hégémonie occidentale. Non l'Occident n'est plus le même. Sur le plan économique, La Chine concurrence les États Unis à la première place de l'économie mondiale. La vérité est que cette guerre en Ukraine a révélé et renforcé la domination totale des États-Unis sur l'Europe, l'écrasement de celle-ci par une puissance extra-européenne.. Elle a montré une Europe soumise à la prédominance des intérêts américains. C'est aussi un des éléments significatifs de la fin, en perspective, de l'hégémonie occidentale ». (11)

« L'opinion du reste du monde sur l'Occident en est la preuve. Elle est hostile à l'Occident malgré l'effort considérable de la propagande occidentale en sa direction. En fait l'Occident est en plein désarroi. Il s'est isolé, ou plus exactement il continue, aveugle, à s'isoler du reste du monde. Aujourd'hui l'Occident est inquiet. Il guette chaque jour le moindre signe de divergence ou d'éloignement entre la Chine et la Russie, ou bien de révolte dans ces pays. On est loin de la grande époque d'un Occident confiant en lui-même, sûr de lui, de la grande époque de l'idéologie occidentale, où l'Occident se pensait le monde, Mais il ne faut pas trop se réjouir pour l'instant de cette évolution historique. L'Histoire nous a appris combien les forces en déclin sont dangereuses car elles le perçoivent comme un drame, L' humanité pourra-t-elle réussir ce tournant sans sombrer dans une confrontation mondiale? » (11)

L'Occident perd sa puissance économique face aux BRICS

Pour ajouter un argument celui du déclin économique une étude de Refinitiv Datastream et Acorn Macro Consulting nous apprend que :

« La répartition des richesses mondiales change de donne, l'Occident cédant sa place aux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Ils commencent à dominer le G7, selon une étude En hausse constante depuis 1990, le taux du PIB de ces pays est maintenant à 31,5%, contre 30,7% pour le G7. La puissance économique des BRICS, avec le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, est en plein essor, montrant une perspective de prédominance face à l'Occident » (12).

À l'échelle mondiale, le taux des BRICS est à 31,5% contre 30,7% pour le G7, selon les données du mois d'octobre 2022. D'ailleurs, les pays des BRICS, ne cessent de se renforcer à partir d'un taux total d'environ 16% enregistré dans les années 1990. En parallèle, le poids du G7 s'affaiblit. En 40 ans, il a perdu près de 15%, passant de 45% à 30,7%. Cette organisation a tendance à s'élargir, car trois pays, l'Algérie, l'Argentine et l'Iran ont déjà déposé leur candidature à l'adhésion. D'autres ont également exprimé leur intérêt, à savoir l'Arabie saoudite, le Bangladesh, la Grèce, l'Indonésie, le Kazakhstan, le Mexique, la Syrie, le Tadjikistan, la Thaïlande et la Turquie ». (12)

Le président chinois Xi Jinping faiseur de paix en Ukraine

Le conflit en Ukraine s'enlise l'Otan n'a pas pu battre la Russie malgré l'engagement de tout les pays européens et le Canada. En fait on s'aperçoit que Donald Trump et son rival ont affirmé que défendre l'Ukraine ne faisait pas partie des « intérêts vitaux des Etats Unis. Cela n'empêche pas le pouvoir occidental de sanctionner ceux qui sortent des clous Ainsi les 27 Etats européens en plus des Etats Unis et du Canada envoient des armes à l'Ukraine De plus ils ont actionné la Cour Pénale Internationale pour juger Vladimir Poutine président de la première puissance nucléaire. !! Mieux la Chine est menacée « Selon le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, la Chine s'apprêterait à livrer des armes à la Russie pour mener sa guerre en Ukraine. Pékin a vivement démenti, assurant au contraire vouloir « encourager la paix ». Justement Ce projet de visite intervient après que la Chine a proposé de négocier un accord de paix pour l'Ukraine, Xi Jinping ira à Moscou rencontrer Poutine et parlera à Zelensky et ce pour la première fois depuis le début de la guerre. » (13)

La vassalité de l'Europe 

Dans cette guerre déclarée par l'OTAN contre la Russie, jusqu'au « dernier ukrainien » Les Européens sont les grands perdants. Ils se saignent pour acheter le gaz de schiste 4 fois plus cher que le gaz russe, auquel ils n'ont plus accès du fait du sabotage du Nord Stream. De plus à force d'armer l'Ukraine, ils dégarnissent leurs arsenal. Dépendant de l'extérieur et après avoir dix tains de sanction contre la Russie,ils ne sont arrivés à rien. La Russie a engrangé plus de 120 milliards de dollars de vente de pétrole et de gaz et pour la FMI, la Russie a eu une croissance importante. Le rouble se porte bien. La fuite en avant va déstabiliser durablement leurs industries et mettront des années à refaire surface

Emmanuel Todd, anthropologue et historien reconnu, seul à martelé que les occidentaux ont une responsabilité dans cette guerre même si la Russie est l'agresseur : «cette guerre n'a jamais été une guerre entre l'Ukraine et la Russie»: Emmanuel Todd.La Russie ne fait que se défendre d'un Occident belliqueux C'est un défi à l'OTAN et aux États-Unis.» Il explique le déclin par les rapports de force basés sur l'industrie, en particulier les capacités de production des machines outils (1er Chine +30%, 4e US env. 7% à égalité avec l'Italie, la France on n'en parle même pas...); Son diagnostic de la fin du néolibéralisme » (14)

Conclusion 

L'histoire bégaie. Ce qui arrive à l'Occident est arrivé à l'empire ottoman Au XIXe siècle La fin de règne de l'homme malade de l'Europe traqué de toutes part surtout par l'Angleterre et son âme damnée la France qui lui fomentent des soulèvements et en définitive le dépècent La fin de règne de l'empire ottoman fut tragique.Le calife n'avait pas compris les mutations du monde par la première et la deuxième révolution industrielle Ce sera l'émergence de l'Europe (anglosphère). Un règne se termine le monde occidental n'a pas compris que pour espérer perdurer, il faut accepter la multipolarité. Cela a commencé avec la guerre du Vietnam puis le décrochage d l'or en juillet 1971 Plus de parité dollar -or. Une once d'or de 33grammes valait lors des accords de Bretton Woods en 1944 35 dollars, 79 ans plus tard le 17 mars l'once d'or était cotée à 1985$ 56 fois plus !

De plus malgré les échecs et enlisement coûteux malgré l'apparition des pétrodollars en sursis, le système occidental se porte mal Depuis 1971 une lente érosion de l'éthique et du modèle organisationnelle est en cours dans l'anglosphère. Au lieu de parler de pays émergents selon la terminologie occidentale, il est plus juste de parler selon le professeur Morteda Zabouri de résurgence s'agissant d'ancienne civilisations qui refont surface il en est ainsi de la Chine et de l'Iran. Nul doute que la réconciliation Arabie Saoudite -Iran amène une visibilité des BRICS Le reste du monde a compris maintenant que l'occident n'était plus aussi fort qu'il le pensait et qu'il le faisait croire. L'arme de dissuasion de l'occident était l'image intimidante qu'il produisait sur ses adversaires et qu'il suscitait en eux. La vassalité aveugle se trouve au bord de ruines.l'inflation, le chômage, le coût de l'énergie de plus en plus chère, les pénuries alimentaires,la délocalisation, les faillites en cascade... va couler si elle ne se reprend pas.

Une déconstruction de la doxa occidentale s'avère utile. L'Occident est frappé d'hubris de la démesure. Ainsi, Trump parlait de « pays de merde » Même « l'irresponsable » de la politique étrangère de l'Union européenne, Josep Borrell, a déclaré avec des accents racistes, dans une tribune publique, que «l'Europe est un jardin, le reste du monde est une jungle et la jungle pourrait envahir le jardin». D'autres expressions tout aussi négatives comme White man burden, West and the rest, Sud global montrent tout le mépris de 14% de la population mondiale, qui seront 10% en 2050 et qui tentent de dicter encore la norme du bien et du mal.

Collapsologues et catastrophistes communient dans le même constat, assurent que la Vieille Europe et avec elle l'Occident sont entrés en décadence, un déclassement inéluctable, à moins d'accepter une coexistence pacifique car le monde de demain sera multipolaire.. Les défis planétaires du futur, que nous aurons à affronter - Changements climatiques, maladies, disruption technologique avec les dangers potentiels de l'intelligence artificielle- nécessitent un engagement de tout les citoyens du monde ensemble.

Amen

Prof. Chems Eddine Chitour

Notes :

1.  reseauinternational.net

2  lecourrier-dalgerie.com

3.  zonebourse.com Le 10 mars 2023

4.M.K. Bhadrakumar  reseauinternational.netFrédéric Lemaître 5.  lemonde.fr

6.Victorien bourgeois  geostrategia.fr

7. Thierry Meyssan  voltairenet.org 14 mars 2023

8.  Michael Young,  lorientlejour.com 17 décembre 2022

9.  rfi.fr

10.  Faisal J. Abbas  arabnews.fr 16 mars 2023

11.Djamel Labidi  lequotidien-oran.com

12.  fr.sputniknews.africa

13.  courrierinternational.com 13 mars 2023

14. Emmanuel Todd: «Les gens n’ont pas compris les enjeux en Ukraine»Emmanuel Todd: «Les gens n’ont pas compris les enjeux en Ukraine»

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