24/04/2023 reseauinternational.net  5 min #227540

Les deux assises… d'un pouvoir

par Patrick Reymond

«   Notre chroniqueur Emmanuel Todd a comparé les bases soutenant respectivement le président français et l'autocrate russe. Il affirme que Vladimir Poutine s'appuie sur les classes populaires de son pays, tandis que Emmanuel Macron trouve son assise parmi les classes moyennes supérieures ».

De fait, dans l'histoire, les régimes n'ont que deux cannes, l'une, c'est de s'appuyer sur les classes populaires, l'autre, c'est de s'appuyer sur la bourgeoisie, les 20% du haut de l'échelle. Comme lran, Russie, Chine, Bélarus, privilégient plus ou moins les classes populaires, celles-ci gardent leur allégeance au pouvoir, pendant que la bourgeoisie pique un caca nerveux et voudrait bien être larbinisée par les USA, et écraser leur propre classe ouvrière.

Les plus hauts sont moins nombreux, mais ont la violence pour eux, la propagande, la religion, l'armature étatique qui leur permet de tenir. Mais régulièrement, les 80% dominés reprennent provisoirement le dessus, avant que les bourgeoisies, insensiblement, ne reprennent l'exploitation, petit à petit.

L'inflexion de la politique française depuis 1945 est frappante.

Une fois que le plan Morgenthau a été abandonné (le dépeuplement de l'Europe occidentale), parce que le communisme eût emporté le continent, la CIA a organisé la scission de la CGT, entre la CGT et CGT-FO, FO étant chargé d'obtenir des progrès sociaux et hausses de salaires.

La force des extrêmes, gaullistes et communistes, fait penser à la situation actuelle. Un centre faible, mais qui prévaut en brouillant les cartes. Loi des apparentements. Rôle délétère de F. Mitterrand avec son minuscule parti, certainement comme agent de la CIA (celle-ci aime bien que ses « alliés », soient dans une situation instable). L'important n'est pas d'avoir un groupe parlementaire important, mais suffisant pour renverser constamment les gouvernements.

Après la démission de de Gaulle, et l'élection du banquier, Pompidou, dans un premier temps, il a été neutralisé par son Premier ministre, Chaban Delmas, gaulliste social, dont il réprouvait la politique (« On ne fait pas la politique de son adversaire »), la majorité UDR était trop forte pour être ignorée. Elle se voulait sociale aussi. Ensuite, avec son affaiblissement et la poussée de la gauche, paradoxalement, la politique a été de plus en plus infléchie en faveur de la bourgeoisie, d'abord par la très contestée  loi du 3 janvier 1973, une fois parti Chaban, ensuite par la désindexation des allocations familiales (à partir de cette date, elles sont indexées sur l'inflation et non sur l'évolution des salaires).

Le mouvement sera accentué sous Giscard, par la fin des gains salariaux, la poussée du chômage.

Enfin, le tournant de la rigueur (Delors-Fabius-Jospin), Jospin se chargeant de la financiarisation de l'économie, devient clairement une politique par et pour la haute bourgeoisie, et les privatisations, par la suite, deviennent des cadeaux aux 1% le plus riche. Là, les salaires ne sont que rarement indexés sur l'inflation, les reculs en matière de retraite, sont légion.

Je me souviens d'un truc marrant de l'époque Pompidou, les voitures de la bourgeoisie qui se bousculaient pour aller en Suisse, lors des bruits de dévaluations. Les médecins, enrichis par la sécurité sociale, étaient nombreux à faire le voyage.

Le recul du PIB réel est important depuis lors. La financiarisation masquant celle-ci. La création de la dette par la loi de 1973 donne un prétexte aux « économies », c'est à dire sabrage des budgets, privatisations en tous genres, sous prétexte de cette dette, reculs sociaux. On abandonne aussi les simples dépenses de maintenance, l'armée est réduite au format timbre poste.

Bien entendu, la bourgeoisie, qui aime ses sous, mais ne comprend rien à l'argent, à la banque et à la création monétaire, approuve. Jusqu'au moment de basculement, 2008 et 2023, ou 19/20 de la dite bourgeoisie va se ramasser un retour de cric dans la figure.

Rappel : William Casey, directeur de la CIA en 1981 : « Notre programme de désinformation aura atteint son but lorsque tout ce que le public américain croira sera faux ». Covid, vaccin covid, richofemenclimatic, les Russes sont les méchants, les Américains ont fait 100 guerres pour le pognon la dimoucrassie depuis 1991.

Autre manière de faire la guerre : la crise asiatique de 1997. Résumé, vous endettez en $, les pays asiatiques, Georges Soros un quidam, organise un krach sur une monnaie faible, le bath, qui entraine toutes les autres (sauf le Yuan), les Asiatiques ont besoin de dollars, et les entreprises américaines peuvent racheter des entreprises à prix bradés. Seul inconvénient, le déficit extérieur des USA bondit de 150 à 500 milliards, et des milliers d'usines ferment définitivement.

C'est la même technique qui devait être utilisée contre la Russie, pour virer Poutine. Manque de bol, le FSB connaissait la musique et la mécanique, les autorités aussi, s'étaient organisées pour que l'économie russe, à l'instar de la chinoise en 1997, ne soit pas touchée.

Comme la bourgeoisie n'a plus de social à donner aux 80%, elle lui donne l'immigration, le wokisme, et tout le sociétal dont les dégénérés rêvent...

source :  La Chute

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