15/05/2023 dedefensa.org  5min #228518

 Maladie en phase terminale

Dans la cataracte

 Journal dde.crisis de Philippe Grasset

Dans la cataracte

15 mai 2023 (10H00) - Voici  un texte (original  comme ceci) du philosophe italien Andrea Zhok, - avec cette question qui me vient aussitôt : comment les Italiens si soumis au diktat US peuvent-ils avoir tant d'esprits brillants et libres ?... Peut-être trouve-t-on la réponse dans le texte de Zhok, puisqu'il s'agit du texte d'un homme complètement désespéré et désenchanté, et pourtant un texte qui n'est au bout du compte ni l'un ni l'autre, absolument pas.

La partie essentielle du texte est réservée à la description de ce qui est devenu en quelques folles et fulgurantes années le problème central de notre  GrandeCrise, que nous nommons souvent "simulacre" dans toute la puissance du système de la communication, que certains nomme "The Empire of Lie' (colonel Macgregor, à propos des USA). C'est ce "problème central" qui fait écrire à Zhok, à propos du "discours public", de tout ce qui est parole officielle et intervention de la presseSystème en bruit de fond :

" [...L]a recherche de la vérité et la gestion du discours public en Occident sont désormais des options incompatibles. [...]

" Nous vivons dans un monde où le mensonge instrumentalisateur est désormais la forme dominante du reportage d'intérêt public... "

Depuis 2020 pourrait-on dire, avec le Covid, et surtout avec la guerre en Ukraine continuant la crise de 2014 qui avait greffé la branche pourrisseuse de cette nouvelle règle fondamentale de la vie politique et sociale (et sociétale, donc !), bref la vie publique, nous en sommes à ceci qu'observe le philosophe :

" Tout cela est condensé en une leçon fondamentale, une leçon implicite que tout notre système de formatage des esprits, journaux, télévision, écoles, universités, etc. met en œuvre consciemment ou inconsciemment: "Tout ce qui est discours public est essentiellement faux". "

Cette observation répond à une évolution ultra-rapide qui a fait du simulacre et de ses mensonges, non pas un bruit de fond encore discret, non pas une affirmation simulacre massive quoique temporaire dans l'urgence d'événements extraordinaires, - mais justement qui a fait "de l'affirmation simulacre massive [...] dans l'urgence", en faisant sauter le "temporaire", le commun exclusif du "bruit de fond" dans lequel nous évoluons, complètement enfermés, bouclés, ligotés. Ce que l'on énonçait pour le cas exceptionnel de l'attaque 9/11 du 11-septembre, notamment comme je la définissais, est devenue l'entièreté de notre univers cognitif autorisé :

" La seule certitude que j'ai, et je pense l'avoir déjà écrit, dans tous les cas je l'ai fait savoir publiquement comme on dit puisqu'on m'interrogeait, lorsqu'un journal ('Le Soir' de Bruxelles) m'adressa cette question sur l'attaque (qui l'a faite ?), pour le septième anniversaire de la chose, le 11 septembre 2008, et que je répondis : "La seule chose dont je suis sûr, c'est que la version officielle est fausse". " 

Cet état des lieux auquel Zhok nous invite est-il ainsi désespérant et désenchanté, comme je l'ai déjà dit ? Il semble vouloir nous le faire comprendre(" Mettez vos cœurs en veilleuse, sauvez ce que vous pouvez "), et même plus encore nous l'affirmer d'une façon péremptoire et décisive, avec la description d'un univers bloqué, emprisonné, cadenassé : " Il y a ceux qui y réagissent par un simple désengagement résigné... ; il y a ceux qui... ; il y a ceux qui... ", etc. Moi, il semblerait que je fasse partie, - un peu comme lui-même d'ailleurs, - de la dernière catégorie :

"...[E]t il y a ceux qui développent cette forme particulière de folie qui consiste à se battre sans armes contre des géants en espérant qu'ils se révèlent être des moulins à vent. "

... Et c'est justement à ce point qu'il effectue son tournant-surprise, quasiment à 180° si l'on veut être précis. Moi, il ne m'étonne pas s'il me surprend tout de même. Après avoir ainsi peint ce tableau d'un Jérôme Bosch qui aurait découvert la technologie avancée pour accroitre la diversité et la cruauté des tortures qu'il nous décrit, il vire brusquement de bord, "bord sur bord" comme l'on dit, - et c'est le cas de le dire puisque, - fascination du 'Titanic', - il est question de navire et de tempêtes des eaux qui se précipitent dans le vide des abysses.

Ainsi se négocie-t-il, ce tournant, comme d'un navire pris dans la poigne de la tempête, avec tous les signes de l'impuissance de ce monde-prison que nous avons formé pour nous enfermer :

" Au fond coule le courant de l'histoire où notre navire occidental a pris une position inclinée et, avec une inertie irréversible, accélère vers la cataracte. Une fois que la parole publique a perdu sa capacité à transmettre la vérité, il est impossible de lui rendre son poids. Chaque parole supplémentaire dépensée pour corriger les faussetés du passé, si elle atteint la sphère publique, est elle-même perçue comme faible, usée, impuissante.

" La société que nous avons mise en place est une société sans vérité, et retirer la vérité du monde social, c'est le condamner à une maladie mortelle... "

Que veut-il dire, Zhok, avec son " courant de l'histoire " (" Sul fondo fluisce la corrente della storia... ", ou bien "metastoria") qui se joue complètement de cette hideuse création d'une civilisation devenue folle, portant les oripeaux monstrueux de la modernité ? Qui la réduit à néant, comme fétu de paille dans les majestueuses chutes du Niagara ? Ce n'est pas moi qui le contredirait ni lui chercherait des noises au nom d'une dialectique verticale réclamée par les autorités académiques d'un monde enrobé dans une " maladie mortelle ". Moi, je parle de "  forces suprahumaines ", de l'"  Événement ", ce genre de choses, parce qu'il faut bien se farder d'une apparence de raison pour exprimer l'irrationnel et l'inexprimable. Pour le reste, nous nous comprenons bien.

PhG - Semper Phi

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