28/03/2024 chroniquepalestine.com  9 min #245744

Guerre à Gaza : des médias révèlent que la France équipe en secret des mitrailleuses utilisées par l'armée israélienne

Génocide à Gaza : qui sont les pourvoyeurs d'engins de mort pour Israël ?

Gaza, 24 mars 2024 -Jamila Al-Hissi, une Palestinienne prise au piège dans les environs de l'hôpital Al-Shifa à Gaza, a révélé les récits poignants de forces israéliennes violant les femmes et les tuant dans le complexe médical et dans ses environs. Elle a également révélé que de nombreuses familles avaient été contraintes d'évacuer les environs de l'hôpital. S'adressant à Al Jazeera Arabic, Mme Al-Hissi a déclaré que les forces israéliennes avaient violé des femmes, brûlé et tué des familles entières, et incendié un bâtiment où elles s'étaient réfugiées - Photo : via Quds News Network

Par  Ramzy Baroud

Bien que de nombreux alliés traditionnels d'Israël désavouent ouvertement son comportement génocidaire à Gaza, les flots d'armes vers l'état génocidaire n'ont jamais tari.

Plus de 9000 femmes palestiniennes  ont été tuées depuis le début de la guerre israélienne contre la bande de Gaza. Les mères sont les plus nombreuses à être tuées par les Israéliens, avec une moyenne de  37 mères tuées chaque jour depuis le 7 octobre.

Les chiffres ci-dessus, provenant respectivement du ministère palestinien de la santé à Gaza et de la Société du Croissant-Rouge, ne reflètent qu'une partie des souffrances endurées par les 2,3 millions de Palestiniens de la bande de Gaza.

Il n'y a pas un seul secteur de la société palestinienne qui n'ait pas payé un lourd tribut à la guerre, bien que les femmes et les enfants soient ceux qui ont le plus souffert, constituant plus de 70 % de toutes les victimes du génocide israélien en cours.

C'est un fait que ces femmes et leurs enfants sont tués par des soldats israéliens, mais ils le sont avec des  armes fournies principalement par les États-Unis et l'Occident.

Aujourd'hui, cependant, on nous dit que le monde se retourne enfin contre Israël et que l'approbation muette de l'Occident pour que Tel-Aviv poursuive ses massacres quotidiens pourrait bientôt se transformer en une réprimande collective.

C'est la  couverture du magazine The Economist du 23 mars qui exprime le mieux cette affirmation. Elle montrait un drapeau israélien maculé, attaché à un bâton, planté sur une terre aride et poussiéreuse. Elle était accompagnée du titre « Israël seul ».

L'image, sans doute expressive, se voulait un signe des temps. Sa profondeur devient encore plus évidente si on la compare à une autre couverture, parue dans la même publication peu après la  conquête par l'armée israélienne de vastes territoires arabes lors de la guerre de juin 1967. « Ils l'ont fait »,  titrait le journal à l'époque. À l'arrière-plan, un char militaire israélien était représenté, illustrant le triomphe israélien financé par l'Occident.

Entre ces deux titres, beaucoup de choses ont changé, dans le monde et au Moyen-Orient. Mais affirmer qu'Israël est désormais seul n'est pas tout à fait exact, du moins pas encore.

Bien que de nombreux alliés traditionnels d'Israël en Occident désavouent ouvertement son comportement à Gaza, les  armes provenant de divers pays occidentaux et non occidentaux continuent d'affluer, alimentant la machine de guerre qui, à son tour, continue de faucher des vies palestiniennes.

La question se pose donc : Israël est-il vraiment seul, alors que ses aéroports et ses ports maritimes sont plus occupés que jamais à recevoir des cargaisons massives d'armes en provenance de toutes les directions ? Pas le moins du monde.

Presque chaque fois qu'un pays occidental annonce qu'il a suspendu ses exportations d'armes vers Israël, un titre de presse apparaît peu après, indiquant le contraire. Cela s'est d'ailleurs produit à plusieurs reprises.

L'année dernière, Rome avait déclaré qu'elle bloquait toutes les ventes d'armes à Israël, donnant le faux espoir que certains pays occidentaux connaissaient enfin une sorte de réveil moral.

Hélas, le 14 mars, Reuters  a cité le ministre italien de la défense, Guido Crosetto, qui a déclaré que les livraisons d'armes à Israël se poursuivaient, sur la base de la logique peu crédible selon laquelle les accords signés précédemment devraient être « honorés ».

Un autre pays qui « honore » également ses engagements antérieurs est le Canada, qui  a annoncé le 19 mai, à la suite d'une motion parlementaire, qu'il suspendait ses exportations d'armes.

La joie des partisans de la fin du génocide à Gaza s'était à peine exprimée que, un jour plus tard, Ottawa  revenait pratiquement sur sa décision en annonçant qu'il honorerait lui aussi ses engagements antérieurs.

Cela montre que certains pays occidentaux, qui continuent à diffuser au reste du monde leur prétendu stature morale en matière de droits de l'homme, de droits de la femme et de démocratie, n'ont aucun réel respect pour ces valeurs.

Le Canada et l'Italie ne sont pas les principaux soutiens militaires d'Israël. Ce sont les États-Unis et l'Allemagne.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, au cours de la décennie 2013-2022, Israël a reçu  68 % de ses armes des États-Unis et 28 % de l'Allemagne.

Les Allemands restent imperturbables [jusqu'au boutisme habituel et typiquement germanique... NdT], même si 5 % de la population totale de Gaza a été tuée, blessée ou portée disparue à cause de la guerre israélienne.

Pourtant, le soutien américain à Israël est bien plus important, bien que l'administration Biden continue d'envoyer des messages à ses électeurs - dont la majorité  souhaite l'arrêt de la guerre - osant prétendre que le président fait de son mieux pour faire pression sur Israël afin qu'il mette fin à la guerre.

Bien que seules deux ventes militaires approuvées à Israël aient été annoncées publiquement depuis le 7 octobre, ces deux livraisons ne représentent que 2 % du total des armes américaines envoyées à Israël.

La nouvelle a été  révélée par le Washington Post le 6 mars. Elle a été publiée à un moment où les médias américains faisaient état d'un fossé grandissant entre le président américain Joe Biden et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

« Il s'agit d'un total extraordinaire de ventes sur une période assez courte », a déclaré au Post un ancien haut fonctionnaire de l'administration Biden. Jeremy Konyndyk est parvenu à la conclusion évidente que « la campagne [militaire] israélienne ne serait pas viable sans ce niveau de soutien américain ».

Pendant des décennies, le soutien militaire américain à Israël a été  le plus élevé au monde. Depuis 2016, ce soutien inconditionnel a augmenté de manière exponentielle sous l'administration Obama pour atteindre 3,8 milliards de dollars par an.

Immédiatement après le 7 octobre, les livraisons d'armes à Israël ont atteint des niveaux sans précédent. Elles comprenaient  5000 bombes de 2000 livres chacune, connue sous le nom de MK-84. Israël a  utilisé cette bombe pour tuer des centaines de Palestiniens innocents.

Bien que Washington prétende souvent se soucier de l'utilisation qu'Israël fait de ses armes, il s'est avéré, selon le Washington Post, que M. Biden  savait trop bien qu' « Israël bombardait régulièrement des bâtiments sans disposer de renseignements solides indiquant qu'il s'agissait de cibles militaires légitimes ».

D'une certaine manière, Israël est « seul », mais uniquement parce que son comportement est rejeté par la plupart des pays et des peuples du monde. Cependant, il n'est guère isolé lorsque ses crimes de guerre sont exécutés avec le soutien et les armes de l'Occident.

Pour que le génocide israélien à Gaza prenne fin, ceux qui continuent à soutenir le bain de sang en cours doivent également rendre des comptes.

Auteur :  Ramzy Baroud


* Dr Ramzy Baroud est journaliste, auteur et rédacteur en chef de  Palestine Chronicle. Il est l'auteur de six ouvrages. Son dernier livre, coédité avec Ilan Pappé, s'intitule «  Our Vision for Liberation : Engaged Palestinian Leaders and Intellectuals Speak out ». Parmi ses autres livres figurent «  These Chains Will Be Broken: Palestinian Stories of Struggle and Defiance in Israeli Prisons », «  My Father was a Freedom Fighter » ( version française), «  The Last Earth » et «  The Second Palestinian Intifada » ( version française) Dr Ramzy Baroud est chercheur principal non résident au Centre for Islam and Global Affairs ( CIGA). Son  site web.

27 mars 2024 -  The Palestine Chronicle - Traduction :  Chronique de Palestine - Lotfallah

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