09/05/2024 2 articles dedefensa.org  7 min #248324

Les sorciers qui nous dirigent

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• Une longue analyse des rapports etc. des développements de la propagande et der la publicité. • La dimension politique et intellectuellement concentrationnaire qui se dégage de ce phénomène qui s'est constitué en système de la communication. • Description de l'évolution fondamentale de ces quarante dernières années, qui a rendu le système de la communication complètement maître de notre situation avec la prétention totalitaire d'être seul maître de notre-destin. • Avec un article de Marcello Foa sur « la science du mensonge ».

Il est intéressant de noter que, dans l'article qu'il nous donne ci-dessous Roberto Pecchioli sur « La propagande, la science du mensonge », - c'est-à-dire une des branches du système de la communication, - cite un livre de Maercello Foa selon une traduction très spécifique que nous propose le traducteur :

« Dans le domaine de la communication politique et des valeurs, le livre de Marcello Foa, 'Gli stregoni della notizia', est fondamental. Les sorciers ('stregoni') sont ceux qui maîtrisent la communication "comme un ensemble de techniques unilatérales d'endoctrinement du public". »

"Stregoni" est le mot qui nous intéresse, qui est ici proposé en traduction par "les sorciers", tandis qu'une traduction plus commune est celle de "magiciens". La différence entre les deux mots est pourtant essentielle, telle qu'elle nous est proposée par diverses sources ; par exemple :

« À la différence du magicien, le sorcier est un adepte de la magie noire. Il peut avoir conclu un pacte avec le Diable ou une entité maléfique... »

Cette différence, qui est laissée en principe à l'appréciation de chacun mais qui est, selon nous, désormais irréversible en faveur de la traduction en "sorcier", renvoie à une différence de nature. La magie est ce qu'elle est et nul ne la peut définir, ni même en confirmer l'existence ; mais le fait de "conclure un pacte avec le Diable" est un acte aisément identifiable, qui vous place hors des normes et standards terrestres et vous installe dans un surmonde où dominent la spiritualité bienfaisante ou invertie.

C'est ainsi que nous voyons aujourd'hui la communication devenue système, une activité d'une puissance telle qu'elle dépasse toutes les autres et touche tous les domaines, et dont le contrôle semble être assuré par des "sorciers" dans le but d'une activité nocive, maléfique et déconstructurante, tandis qu'une opposition de plus en plus structurée se manifeste. Cette structuration au profit de la communication s'est concrétisé récemment avec cette puissance et nous paraît sans retour, ce qui n'implique ni une victoire assurée ni une défaite assurée pour un côté ou l'autre mais nous présente le champ où va se jouer, où se joue désormais la bataille finale, - notre-Armageddon.

Noces publicité-politique

A partir de son titre, « La propagande, la science du mensonge », l'auteur fait d'abord un parallèle entre la propagande et la publicité. En guise de cerise sur le gâteau, - la cerise avant le gâteau, - il nous communique la définition que Google donne de la "différence entre la propagande et la publicité" pour parvenir à cette monstruosité parfaite :

« Sur le moteur de recherche le plus important au monde, Google, nous avons trouvé, à la question de la différence entre propagande et publicité, une réponse - la première, celle que des millions de personnes accepteront comme vraie - effrayante par la charge de mensonges qu'elle affirme. "La propagande communique des vérités, des certitudes et des valeurs dans le but de les faire passer dans le sens commun, tandis que la publicité informe sur un produit qui résout un problème quotidien".

» Une telle définition - fruit des ateliers sous-culturels du système - est une propagande flagrante, un mensonge élevé au rang de système, et en même temps une publicité pour le système de consommation. »

Espérons-le, on aura rectifié de soi-même, avant même que l'auteur ne s'y mette, devant ces définitions établissant des situations présentées comme vraies à l'aide exclusive de mensonges. Mais il s'agit de définitions actuelles, qui ne disent rien de l'historique de la chose mais qui disent tout de ce qu'est devenue notre époque. Nous tendrions, nous à séparer ces deux activités (propagande et publicité) du fait qu'elles existent depuis très longtemps sous des formes artisanales, circonstancielles et parcellaires, et naturellement sans coordination réelle. Bien entendu, ces activités tendaient à favoriser les côtés, les pays, les produits, les choses dont elles parlaient, - mais tout cela sans surprise, presque comme si chacun entendait qu'on disait des "mensonges vrais". L'historique devient intéressant depuis que les développement du technologisme ont rapproché puis mêlé ces deux activités.

C'est dans les années 1960 que s'est produit le phénomène, lors du développement exponentiel de la publicité, en même temps que de la presse, de la télévision et du cinéma. Aucune influence politique spécifique n'était directement perceptible jusqu'à constituer une interférence à la fois visible et gênante. Bien entendu, la publicité était déjà, par nature, un outil du capitalisme, mais cela était une évidence ontologique comme l'était le fait que la propagande était désignée selon le même état d'esprit comme une activité infâme réservée au bloc communiste.

Note de PhG-Bis : « PhG passa trois années (1965-67) dans une agence de publicité parisienne, dans les services rédactionnels. C'est de cette expérience qu'il suggère ces remarques. On remarque bien sûr que c'est juste avant 1968 et ses bouleversements qui vont engendrer bien des changements. L'un des premiers contacts directs publicité-politique en France fut le recrutement en 1970 d'un des dirigeants de cette agence où se trouvait PhG pour diriger la campagne électorale de Jean-Jacques Servan-Schreiber (JJSS). »

A partir de là, la politique entra de plus en plus "en publicité", ou bien est-ce la publicité qui annexa la politique. Le problème des antagonismes politiques ne se posa pas vraiment à cause de la chute du communisme et la période-Fukuyama (recette "la fin de l'Histoire") et l'entrée dans l'idéologie unique du néo-libéralisme. Tout cela permit de noyer la question du mensonge, qui était à peu près partout pour ne gêner personne, jusqu'à parvenir à notre époque dite de "post-vérité". La publicité s'adaptait merveilleusement à son rôle ainsi élargi puisque la politique devenait essentiellemebnt l'économie + le sociétal, sur fond idéologique uniforme. Le système de la communication avait atteint sa pleine maturité, sa destination était de faire sentir partout et d'une façon totalitaire son influence...

« Aucune activité n'échappe à la griffe de la communication intéressée à faire connaître une marque, un nom, une marchandise. Pas moins de cinq stades d'équipes de football de la Serie A portent le nom - provisoire et payant - de sociétés commerciales. Pratiquement aucune initiative publique - culturelle, civique, caritative, etc. [...]

» Aucun aspect de la vie n'échappe à la propagande : la politique, le sport, la culture (l'industrie culturelle, comme l'entendaient Adorno et Horkheimer), les idées, les principes fondateurs de la société. Une marque d'eau minérale propage son produit comme la boisson d'une famille homo et transgenre heureuse... »

Le sorcier à la récriture

C'est à ce point du totalitarisme qu'entre en jeu la question du magicien devenant sorcier, lorsque le système de la communication, - dont on connaît l'" effet Janus", - entendit soumettre les choses essentielles de la nature du monde à son empire. Jusqu'alors des mensonges, certes, il y en avait tant et tant, mais non des simulacres complets et structurés impliquant une modification totalitaire et fondamentale de la réalité, de ses processus, de ses significations, de ses "êtres" même., - comme une réécriture de la réalité en train de se faire et d'une façon radicalement différente de ce qu'elle est, au moment où elle se fait, exactement comme le vainqueur ou l'imposteur réécrit l'histoire, - à part que c'est le sorcier qui s'en charge..

Nous sommes entrés dans cette phase en 2015-2020, devenue opérationnelle avec les crises du Covid, de l'Ukraine et de la Palestine où ilimportait d'imposer des situations complètement antagonistes de la réalité, alors que le "côté Janus" donnait les moyens à une Résistance de naître et de s'affirmer. Nous sommes aujourd'hui dans cette phase finale de notre-Armageddon et la toute-puissance de la communication n'assure nullement la victoire de l'un ou de l'autre dans la mesure où elle peut être manipulée par l'un ou par l'autre.

Voyez donc maintenant d'où tout cela vient, avec ce texter de Roberto Pecchioli (source initiale : ' arianaeditrice.it' ; traduction française : ' euro-synergies.hautetfort.com').

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09/05/2024 dedefensa.org  10 min #248325

Les sorciers qui nous dirigent

La propagande, la science du mensonge

Roberto Pecchiol

Être perché du mauvais côté de la barrière permet de dire des choses inconfortables, désagréables, qui ne seront pas entendues parce qu'elles sont le fruit de l'esprit de ceux qui sont mal à l'aise dans l'époque en laquelle ils doivent vivre. Peu d'aspects de la société contemporaine sont aussi insupportables que la publicité, son intrusion, son infiltration partout, son occupation de l'imaginaire, sa modification non seulement des habitudes commerciales, mais aussi du langage, des comportements, des préférences, des modes de vie.