19/05/2024 elucid.media  14min #248878

« La démocratie ne se réduit pas à l'État de droit » - Christophe Pébarthe

publié le 19/05/2024 Par  Laurent Ottavi

La démocratie athénienne n'est pas ce qu'on en connaît. Christophe Pébarthe, maître de conférences en histoire grecque à l'université Bordeaux Montaigne, et qui a notamment fait publier Athènes, l'autre démocratie. Ve siècle av. J.-C. (Passés/Composés, 2022) et, avec  Barbara Stiegler, Démocratie ! Manifeste (Le Bord de l'Eau, 2023), démythifie un certain nombre d'idées reçues qui entourent la démocratie à Athènes et invite, à partir de son exemple, à prendre au sérieux la possibilité d'un peuple se gouvernant effectivement lui-même.

Laurent Ottavi (Élucid) : On évoque généralement les femmes, les esclaves et les métèques lorsque l'on cherche à dénier l'effectivité de la démocratie athénienne. Qu'en était-il historiquement ?

Christophe Pébarthe : Cette évocation constitue le plus souvent la Sainte Trinité qui compose les « limites » de la démocratie athénienne. Au préalable, j'observe que, désormais, les remarques se concentrent sur les femmes et les esclaves. La situation qui est faite aux étrangers dans « nos » démocraties n'y est à l'évidence pas pour rien. Qu'en est-il des métèques à Athènes ? Comme l'étymologie l'indique, il s'agit d'étrangers qui disposent d'un statut de résident permanent (meta et oikein, vivre avec), à la condition de verser une somme annuelle. Pour donner un ordre de grandeur, le montant serait en France de 400 euros environ.

Sous cette condition, le métèque avait le droit de travailler et d'ester en justice. Il ne pouvait toutefois pas devenir propriétaire. Aussi longtemps qu'il le souhaitait, il résidait sans que personne ne puisse lui demander quoi que ce soit. Je laisse chacun comparer avec « l'accueil » que « nos » démocraties réservent à celles et ceux qui sont nommés « migrants ».

La critique de la démocratie athénienne se concentre donc aujourd'hui sur les femmes et les esclaves. Commençons par ces derniers et précisons si nécessaire que je condamne l'esclavage à toutes les époques. De ce point de vue, il faudrait avoir le courage de regarder la situation des étrangers qui arrivent par exemple en Italie du Sud, dont bon nombre ramassent nos fenouils et nos oranges dans des conditions qui font d'eux de véritables esclaves (cf. Gilles Reckinger, Oranges amères. Un nouveau visage de l'esclavage en Europe, Paris, Raisons d'agir, 2023).

Mais revenons au passé ! Force est alors de constater que de nombreuses sociétés ont connu et accepté l'esclavage. Étaient-elles pour autant toutes des démocraties ? Bien sûr que non. La question est donc de déterminer dans quelle mesure la démocratie athénienne dépendait de ses esclaves pour être une démocratie. La réponse est simple : nullement. Pour l'essentiel, les citoyens athéniens travaillaient pour gagner leur vie. Ils n'allaient pas à l'assemblée pendant que leurs esclaves assuraient les tâches productives. Je considère donc, en adoptant le geste de l'histoire contre-factuelle, que si les Athéniens avaient supprimé l'esclavage, ils auraient continué de vivre dans un régime démocratique.

Élucid : En est-il de même au sujet des femmes ?

Christophe Pébarthe : C'est une question plus complexe qu'il n'y paraît. Sans contestation possible, elles n'avaient pas le droit de délibérer et donc de participer par leur vote aux prises de décision collectives. Étaient-elles exclues pour autant ? Certainement pas, y compris des charges collectives ! Tout un courant historiographique, souvent animé par des historiennes (par exemple en France, Violaine Sebillotte-Cuchet), défend même l'existence d'une citoyenneté des femmes à Athènes, soulignant ainsi que, comme pour d'autres périodes historiques, la tendance générale dessinée par des historiens (hommes...) a longtemps conduit à mésestimer cette contribution importante dans la vie collective.

Reste que les femmes athéniennes ne délibéraient pas alors que les hommes athéniens en avaient le droit. J'insiste ici sur le verbe « délibérer ». Il ne s'agit en effet pas du seul droit de vote. Ce qui est en question, c'est le droit de gouverner. Autrement dit, quand aujourd'hui, il est question des limites de la démocratie, le point de vue adopté est celui de « nos » démocraties dans lesquelles hommes et femmes votent, mais ne gouvernent pas.

Ainsi, si les Athéniens avaient décidé d'accorder aux Athéniennes une égalité de droit avec eux, celles-ci auraient gouverné la cité. Quand le droit de vote a progressivement été reconnu aux femmes au XXe siècle, il ne s'est évidemment pas accompagné d'un droit effectif de contribuer activement au gouvernement du pays. Nous ne parlons en fait pas de la même citoyenneté !

« Jamais un Athénien n'aurait qualifié de démocratie un régime dans lequel si peu de citoyens gouvernent réellement leur cité. Il aurait parlé d'oligarchie, d'aristocratie ou de ploutocratie. »

En quoi le fait de plaquer la notion de citoyenneté sur la démocratie athénienne aveugle-t-il sur ce qu'elle était ?

Cet aveuglement a une origine bien précise : le libéralisme du XIXe siècle. Ce dernier a pour principe fondateur que la seule réalité irréductible est l'individu. Le corollaire est que tout monde social est réductible aux personnes qui le composent. Dès lors, la citoyenneté doit s'appréhender seulement comme un ensemble de droits reconnus aux citoyens, exprimé en termes de libertés : d'opiner, de manifester, de voter... Du même coup, la dimension collective disparaît et il devient possible de définir la démocratie en oubliant son étymologie et son origine historique, c'est-à-dire le gouvernement effectif du peuple par lui-même.

Jamais un Athénien n'aurait qualifié de démocratie un régime dans lequel si peu de citoyens gouvernent réellement leur cité. Il aurait parlé d'oligarchie, d'aristocratie ou de ploutocratie, soit le gouvernement par un petit nombre, par une élite sociale ou par les plus riches. J'ajoute que cette description se veut indifférente au jugement porté sur chacun de ces régimes. Il y a donc lieu de se demander pourquoi tant de nos contemporains insistent sur le caractère démocratique des institutions, alors que personne ne croit un seul instant que le peuple gouverne effectivement « nos » démocraties.

Reconnaissons aux inventeurs du syntagme « démocratie représentative » une forme de génie politique. Le mot « démocratie » a une telle force que sa présence empêche de réfléchir. Pourtant, ses concepteurs ne s'en cachaient pas. Citons le conseiller d'État Pierre-Louis Roederer, le 4 mars 1801 (13 ventôse de l'an IX), au sujet de la démocratie représentative (1) :

« [Cette dernière] est celle où une partie des citoyens, choisie par l'autre partie, fait les lois et les fait exécuter. Elle est démocratie en ce sens que les représentants sont choisis, sans condition de naissance, mais elle est démocratie représentative, et non plus démocratie pure, parce que ce n'est plus le gouvernement de la totalité des citoyens, mais seulement une partie des citoyens. »

Admirons le tour de force intellectuel. La démocratie, autrement dit le pouvoir du peuple sur lui-même, se décrit désormais comme le gouvernement de la totalité par une partie, j'ajoute très minoritaire, des citoyens.

« Une description honnête de notre système institutionnel conduit à dire qu'une minorité de citoyens confie à une minorité encore plus restreinte les pleins pouvoirs pendant une période donnée. »

L'idée d'un « pouvoir de la majorité » est-elle aussi une application de nos conceptions contemporaines à la démocratie athénienne ? Faudrait-il parler plutôt du « plus grand nombre » ?

Mais « nos » démocraties n'instituent en rien le pouvoir de la majorité ! Et ce, quelle que soit la manière de compter. Pour rester en poste, en France, le président actuel n'a pas été élu par une majorité d'électeurs (c'est-à-dire par rapport aux inscrits), même au second tour. Il en va de même pour le résultat des élections législatives. Une description honnête de notre système institutionnel conduit à dire qu'une minorité de citoyens confie à une minorité encore plus restreinte les pleins pouvoirs pendant une période donnée. Autrement dit, que la majorité des électeurs subit une politique pour laquelle elle n'a pas voté.

Les Athéniens étaient très sensibles au problème que pose l'adoption de la règle d'arrêt majoritaire. Deux préalables sont ici nécessaires. Le premier est d'ordre général. Le vote n'est qu'un moyen parmi d'autres d'arrêter une délibération. Le second vaut pour la démocratie athénienne. À l'assemblée, tous les Athéniens avaient le droit de participer aux débats, c'est-à-dire de venir, de prendre la parole pour donner son opinion, de faire une proposition et bien sûr de voter. Mais ce vote ne servait pas à élire un individu. Il permettait d'exprimer un avis sur la décision collective à prendre. Pour que la délibération ait un sens, il fallait reconnaître à toutes les prises de position proposées dans le débat une égale prétention : celle de dire le vrai et le juste pour tous.

Le vote ne discriminait pas la vérité du mensonge. Il exprimait à un moment donné une opinion collective. Pour que celle-ci soit démocratique, il fallait qu'elle soit dirigée par l'intérêt du plus grand nombre (plêthos en grec). La délibération mettait en débat plusieurs définitions possibles de ce dernier. Le vote majoritaire décidait. Mais cette décision demeurait contextuelle. Rien n'interdisait de revenir dessus, parfois le lendemain ! Aucun Athénien ne se sentait ainsi durablement minoritaire, au contraire de la majorité de nos contemporains.

« Le plus grand nombre » n'est pas suffisant d'après vous pour faire un « dêmos » (un peuple politique). En quoi le dêmos est-il un monde social ?

C'est cette tension acceptée entre la décision à la majorité et la possibilité d'être majoritaire, reconnue aux options devenues minoritaires du fait du résultat du vote, qui permettait de considérer que c'était le dêmos qui décidait, et non une partie de lui, alors même que c'était le cas. Un Athénien qui avait minoritairement voté pour la paix acceptait de partir à la guerre. Parce qu'il savait qu'il pouvait proposer à tout moment de l'arrêter et parce qu'il continuait à diriger la stratégie militaire, le montant des dépenses alloué au conflit, etc.

« La citoyenneté instituait le droit, reconnu à chaque citoyen athénien, de pouvoir parler à l'assemblée en prétendant le faire dans l'intérêt du plus grand nombre. »

Comment ce dêmos peut-il s'instituer lui-même ?

C'est une question difficile. Commençons au préalable par rappeler que le dêmos peut être considéré comme une abstraction puisqu'il n'est jamais possible de le voir dans sa totalité. Selon une estimation reconnue comme probable, en 431 av. J.-C., Athènes comptait 60 000 citoyens. Jamais ces derniers ne venaient au même moment sur la Pnyx pour délibérer. Chaque assemblée réunissait entre 6 000 et 10 000 personnes. Pour les Athéniens, tout se passait comme si cette proportion constituait une représentation acceptable du dêmos.

De ce fait, ils n'ignoraient pas le principe représentatif. Simplement, pour eux, seul un groupe pouvait représenter un autre groupe. Ces 6 à 10 000 citoyens décidaient au nom du dêmos. Mais tout Athénien pouvait en faire partie s'il le voulait. Nulle élection ne l'en empêchait. Parce que la citoyenneté instituait le droit, reconnu à chaque citoyen, de pouvoir parler à l'assemblée en prétendant le faire dans l'intérêt du plus grand nombre.

Cette conception est déterminante. Elle correspond à ce que les Athéniens nommaient la parrhêsia. Celle-ci fondait la citoyenneté. Elle va bien au-delà de l'égale possibilité de prendre la parole (isêgoria) ou de l'égalité devant la loi (isonomia). Elle implique de prendre au sérieux le discours de chacun. Si chacun pouvait arriver à l'assemblée avec un avis bien tranché, la délibération avait pour fonction d'instituer une incertitude collective. Que faut-il faire ? Quelle décision prendre ?

Il ne s'agissait pas d'arithmétique, de dégager en comptant l'avis qui l'emportait. L'assemblée permettait de forger une opinion commune qui demeurait une opinion, celle du dêmos, lorsqu'elle était adoptée. Le temps de la délibération offrait la possibilité à chaque Athénien de penser avec les autres, mais surtout devant les autres. Ceux-ci étaient indispensables à la qualité de la décision collective, car ils rappelaient à chacun le risque de réduire l'intérêt du plus grand nombre à son intérêt personnel.

La parrhêsia n'est pas sans rappeler la laïcité, si celle-ci suppose de ne pas déduire l'intérêt général de ses propres croyances, quelles qu'elles soient. Si chacun (et aujourd'hui chacune !) dispose de la même capacité à raisonner, alors il devient impossible d'imposer sa conviction autrement que par la délibération collective, par le frottement des intelligences entre elles.

En quoi la tragédie constitue-t-elle la philosophie politique de la démocratie athénienne ? Pouvez-vous donner l'exemple d'Antigone ?

Au-delà du principe, il faut essayer d'évaluer sa réalisation pratique. Quelles sont les conditions de possibilité de la parrhêsia démocratique ? En effet, il ne s'agit pas pour moi de décrire un peuple philosophe qui ne serait pas très éloigné d'un miracle grec (ou athénien !) revisité. Je suis historien et c'est en tant que tel que je m'exprime. Dans mon livre, Athènes, l'autre démocratie. Ve siècle av. J.-C., j'ai montré qu'avec le théâtre, les comédies mais surtout les tragédies, les Athéniens disposaient d'une formation continue à la philosophie démocratique de la démocratie.

Précisons que la participation aux représentations théâtrales n'était pas considérée comme une activité de loisir, culturelle, restreinte à des happy few. Au contraire, elle avait un statut équivalent au fait de participer à l'assemblée. Chaque année, une dizaine de milliers de spectateurs se réunissait pour assister aux spectacles. J'ajoute qu'il est probable que les Athéniennes pouvaient y assister également.

Pour nous aujourd'hui, ces pièces constituent un témoignage précieux de ce que les Athéniens pensaient de leur démocratie. Elles sont une trace d'une pensée démocratique. En effet, les tragédies n'assènent pas des vérités pour édifier un quelconque « bon peuple ». Au contraire, elles contribuent à problématiser le réel. Comment ? En fracassant les évidences contre l'événement qui surgit.

L'Antigone de Sophocle en offre l'exemple le plus abouti. Faut-il obéir à la loi ? S'en tenir au sens commun, à Athènes comme ici, revient à répondre affirmativement, sans autres considérations. Cette tragédie montre que cette réponse n'est qu'une abstraction. Antigone a désobéi à la loi de sa cité, incarnée par Créon, en inhumant son frère alors même que, considéré comme un traître à sa patrie, cette inhumation avait été interdite. Face au discours qui s'en tient à l'obligation d'obéir à la loi, elle évoque d'autres lois « non écrites et infaillibles des dieux ».

Sophocle nous permet de comprendre que les deux positions mènent à une impasse. Si la loi existe, elle ne peut prétendre dire vrai a priori sur un événement qui ne s'est pas encore produit et sur lequel aucune enquête n'a été menée. Le tort de Créon est de défendre un discours qui ne s'est pas confronté à celui d'Antigone. Mais ce dernier n'emporte pas l'adhésion pour autant. Comment être sûr du contenu d'une loi « non écrite » ? Antigone ne peut, seule, définir la lettre de la loi ni son esprit en convoquant des dieux qui ne s'expriment pas directement, qu'il serait dès lors possible d'entendre sans sa médiation.

L'un comme l'autre prétend s'en tenir à une réflexion, la sienne, en oubliant en outre que tout discours est pris dans une historicité. Une vérité d'hier, fût-elle légale, n'économise pas l'enquête sur le présent. Elle n'est qu'une contribution parmi d'autres.

« Le citoyen démocratique se sait inscrit dans un monde social dont il ne peut faire abstraction ni s'extraire et sur lequel il ne peut prétendre tenir seul un discours de vérité. »

Le règne des experts serait inévitable aujourd'hui, en raison de la complexité des enjeux et d'une trop grande étendue géographique. En quoi la démocratie athénienne peut-elle être pourtant une source d'inspiration pour penser une démocratie accordée à notre temps ?

L'exemple offert par Antigone me paraît être la meilleure réponse à votre question. Il montre que la démocratie ne se réduit pas l'État de droit ni à la possibilité de la désobéissance civile. Elle est un régime politique qui repose sur un préalable : l'impossibilité de dépasser la vie en commun. Le citoyen démocratique se sait inscrit dans un monde social dont il ne peut faire abstraction ni s'extraire et sur lequel il ne peut prétendre tenir seul un discours de vérité. Il doit en accepter l'incertitude, c'est-à-dire la coexistence simultanée de discours contradictoires et légitimes sur le sens à donner à la réalité sociale.

Ce refus des dogmes montre qu'il existe un lien entre la démocratie et la science. Nul discours scientifique n'est en mesure de dire ce qu'il faut faire. L'épisode Covid-19 en apporte la démonstration. La connaissance du virus ne permet nullement de déduire l'obligation de prendre telle ou telle décision. La variété des politiques menées dans les pays, y compris européens, en témoigne. Certes, la délibération démocratique peut s'enrichir aujourd'hui de la science. C'est un acquis de la modernité. Mais il ne doit pas conduire à oublier l'incertitude sur le sens du monde, fondatrice de la démocratie.

Pour moi, l'exemple athénien n'a d'autres vocations que de mettre en évidence la possibilité d'un peuple se gouvernant lui-même, effectivement. Le chiffre donné plus haut, 60 000 citoyens, montre qu'Athènes n'était en rien un petit village, réglant des problèmes locaux. Au Ve siècle, les Athéniens gouvernaient un empire couvrant la totalité de la mer Égée et ils devaient contrôler leur approvisionnement en blé, ce qui impliquait de veiller aussi bien sur la mer Noire que sur la route menant à la Sicile.

L'administration de leur territoire n'était de même pas une mince affaire. Sa superficie de 2 500 km2 en ferait le 91e département français par la taille, derrière respectivement Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne, la Martinique, le Val-d'Oise, la Guadeloupe, l'Essonne, les Yvelines et la Réunion. Et il faut prendre en considération l'inexistence de la radio, de la télévision, d'Internet, des transports publics, la connaissance de la seule force animale pour assurer les déplacements, etc. Les Athéniens avaient donc bien des raisons de proclamer l'impossibilité de la démocratie. Et pourtant, ils l'ont instituée et fait vivre pendant au moins deux siècles.

La démocratie athénienne n'est ainsi pas un modèle à imiter, 25 siècles plus tard. Elle est un germe, une invitation à prendre au sérieux la possibilité d'un peuple se gouvernant effectivement lui-même, pour créer à notre tour une autre démocratie !

Propos recueillis par Laurent Ottavi.

Photo d'ouverture : tilialucida - @Shutterstock

 elucid.media

 Commenter