Selon une nouvelle étude parue dans la revue Nature, près d'un quart (24%) des espèces d'eau douce sont menacées d'extinction. La faute aux activités humaines comme l'agriculture intensive, la construction de barrages, la surpêche ou encore la pollution, qui affectent les écosystèmes aquatiques dont nous dépendons.
Les milieux d'eau douce, qui incluent les rivières, les lacs et les zones humides, représentent moins de 1% de la surface de la Terre. Pourtant, ils abritent une biodiversité très riche puisque, selon le Huffington Post, plus de 10% des espèces connues y vivent, dont un tiers des vertébrés et la moitié des poissons.
Cependant, ces zones sont très fragiles. Entre 1970 et 2015, 35% des milieux humides ont disparu, et ils continuent de se dégrader. Les lacs, les oasis et les sources font principalement partie des zones critiques en termes d'extinction. En conséquence, depuis l'an 1 500, 89 espèces d'eau douce se sont éteintes et 178 autres sont suspectées de ne plus exister.

Près d'un quart des espèces d'eau douce menacées
Ce phénomène s'est accentué ces dernières années, selon une étude parue le 8 janvier 2025 dans la revue Nature et co-écrite par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Pendant plus de 20 ans, près de 1 000 experts du monde entier ont étudié 24 496 espèces d'eau douce. Ils sont arrivés à la conclusion qu'aujourd'hui, 24% de la faune d'eau douce est menacée d'extinction.
Cette menace concerne particulièrement les décapodes (crevettes, écrevisses, crabes), dont 30% risquent de s'éteindre. 26% des poissons d'eau douce, 23% des tétrapodes (grenouilles, salamandres, reptiles, oiseaux, mammifères) et 16% des odonates (libellules) sont également menacés.

Selon des données de l'étude relayées par Sciences et Avenir, le plus grand nombre d'espèces concernées se trouve dans le lac Victoria, le lac Titicaca, les zones humides du Sri Lanka ainsi que dans les Ghâts occidentaux, une chaîne de montagnes en Inde. Menacées, ces zones sensibles abritent des espèces que l'on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.
Les activités humaines mises en cause
Si les espèces d'eau douce sont menacées, c'est à cause des « pressions considérables » qui pèsent sur elles, comme le rappellent les auteurs de l'étude. Ces « pressions » sont les activités humaines, qui engendrent une forte pollution et ont un impact dévastateur sur les zones aquatiques et les espèces qui y vivent.

Aujourd'hui, 54% des espèces menacées sont affectées par la pollution, l'agriculture intensive et l'exploitation forestière. 39% des espèces sont menacées par l'extraction d'eau, la conversion des terres à des fins agricoles et la construction de barrages, qui affectent la migration des poissons. 28% des espèces sont menacées par la surpêche, l'introduction d'espèces exotiques et les maladies. Enfin, un cinquième des espèces d'eau douce souffre du changement climatique, qui engendre des phénomènes météorologiques violents.
Au total, 84% des espèces menacées sont concernées par plus d'une de ces menaces. Si la disparition des espèces d'eau douce est une catastrophe pour la biodiversité et l'équilibre des écosystèmes, cela représente également un danger pour la population humaine. Stéphanie Wear, vice-présidente principale de Conservation International au Centre scientifique Moore, a déclaré dans un communiqué de l'UICN :
« La plupart des animaux d'eau douce menacés, comme les crevettes, les écrevisses ou les crabes, sont petits et vivent cachés sous la surface, mais quelle que soit leur taille, ils sont essentiels pour maintenir en bonne santé les étangs, les lacs et les rivières dont dépendent des milliards de personnes »
Quelles solutions pour préserver les milieux d'eau douce ?
Bien que ce constat soit alarmant, les auteurs de l'étude affirment qu'il est toujours possible de mettre en place des solutions pour limiter les extinctions et préserver les milieux d'eau douce. Pour cela, les chercheurs demandent une action ciblée et des mesures politiques. Ils appellent les gouvernements à protéger les zones d'eau douce, notamment dans le cadre du Congrès mondial de la nature de l'UICN, qui aura lieu en octobre 2025. Pendant ce congrès, les autorités devront prendre des mesures pour assurer une meilleure conservation des milieux d'eau douce ainsi qu'une meilleure gestion de l'eau.
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« Il est essentiel que des données sur les espèces d'eau douce soient activement incluses dans les stratégies de conservation et la planification et gestion de l'utilisation de l'eau, afin de s'assurer que ces pratiques soutiennent des écosystèmes d'eau douce sains. Un investissement accru dans la mesure et le suivi des espèces d'eau douce est nécessaire pour garantir que les mesures de conservation et la planification de l'utilisation de l'eau soient basées sur les informations les plus récentes », a déclaré le docteur Topiltzin Contreras Macbeath, coprésident du Comité de conservation des milieux d'eau douce de la CSE-UICN, dans le communiqué de l'UICN.
Ainsi, en adoptant des « changements de pratiques dans la gestion de l'eau douce », nous pourrions parvenir à mieux protéger la biodiversité et les écosystèmes aquatiques, qui pourront se rétablir rapidement. Une bonne nouvelle pour l'avenir si des actions sont mises en œuvre pour protéger la biodiversité.
- Lisa Guinot
Photo de couverture de Tom Fisk. Pexels.