09/05/2025 reseauinternational.net  8min #277349

L'Ue, une dystopie en marche vers le néant

par Jean-Paul Foscarvel

D'une promesse de paix, de démocratie et de prospérité nous échouons sur un abîme de guerre, de surveillance et de récession.

La paix. Elle devait être la base de tout, celle de la construction européenne en rapport avec la tragédie de la Deuxième Guerre mondiale (plus jamais ça). L'UE a même reçu le prix Nobel de la paix décerné par l'Académie Nobel de Suède. C'est comme si l'Europe, c'était donné à elle-même le prix de la paix sur terre. Oubliant un passé constitué de gloires fondées sur la destruction d'autrui.

Déjà la guerre des Balkans, puis du Kosovo mettait une tache sur cet idéal de la paix, lorsque l'Allemagne avait sponsorisé l'indépendance de la Croatie menant à l'éclatement de la Yougoslavie. Mais, c'était au nom de la libre détermination des peuples à décider d'eux-mêmes.

En 2014, l'UE a exigé de l'Ukraine qu'elle choisisse entre un partenariat avec elle-même ou la poursuite de ses relations commerciales avec la Russie. Il n'y avait pas d'alternative. Devant l'hésitation des dirigeants, un imbroglio soutenu par l'UE et les USA a débouché sur un renversement de régime avec chasse aux sorcières vis-à-vis des russophones. Le chaos s'est installé là-bas. La Russie est intervenue pour protéger la population russophone, ce qui a ouvert le conflit à l'intervention de l'OTAN et l'UE.

Aujourd'hui, l'UE est en guerre quasi-ouverte contre la Russie, et revendique une intervention directe en Ukraine, au même moment où les USA voudraient organiser une paix avec la Russie. Belle réussite de la diplomatie européenne que de sponsoriser un conflit qui peut déboucher que sur la grande troisième avec la fin nucléaire de la civilisation humaine.

La paix, c'est donc, pour les dirigeants de l'UE, la guerre.

La démocratie. La démocratie était une réponse à la sphère soviétique, qui en constituait le répulseur. Là-bas, la dictature, protégée par un mur de la honte, chez nous, l'ère de la liberté était actée, la démocratie étant d'abord caractérisée par un accès libre à un marché où la concurrence, non faussée, était la règle. Les traités de Maastricht, puis la constitution en définissant le cadre.

Déjà, quelque chose clochait dans cette construction où la Commission étant nommée et non élue et proposait les règlements à un parlement certes élus, mais sans capacité de créer lui-même les lois. Étrange parlement sans initiative propre qui approuve à la majorité simple et doit rejeter à la majorité des inscrits les propositions de la Commission européenne.

Contrairement à la séparation des pouvoirs, la Commission a celui de décider et de légiférer, puisque c'est elle qui définit les règlements et les applique, et de sanctionner les États qui ne correspondent pas à ses exigences. Elle a donc les trois pouvoirs réunis en une seule personne non élue, le président ou la présidente de la Commission européenne.

Cerise sur le gâteau, cette constitution a été repoussée par deux peuples, les Français et les Hollandais, ce qui n'a servi à rien. Il suffisait de ne plus leur demander leur avis.

Au-delà de cette organisation où les populations n'ont rien à dire, les valeurs de la démocratie étaient affichées comme fondamentale, inspirées probablement par les pays du nord, exemples de démocratie où règnent des Monarques soi-disant d'opérette mais qui sous-tendent un système d'inégalité absolu basé sur des privilèges d'une autre âge. La Reine d'Angleterre avait même refusé de signer l'investiture d'un Premier ministre australien car trop orienté à gauche. On a les principes démocratiques qu'on peut.

Les valeurs démocratiques se résument alors aux droits de l'homme vus comme celui d'avoir une identité inaliénable et le droit de se présenter sur le marché sans que cette identité ne soit un frein auquel cas une discrimination est dénoncée.

Les valeurs démocratiques sont alors celles d'un accès sans borne au marché (celui du travail, des capitaux, de la propriété, de la consommation, etc.)

Par contre, ces valeurs étant par essence celles de la démocratie, leur critique constitue une violation de cette même démocratie et sont donc condamnées.

Il s'ensuit tout un système de contrôle, de censure, de sanctions, de répression, contre ceux ou celles qui s'opposent à une vision de la démocratie réduite au bon fonctionnement du marché capitaliste au nom de la démocratie. Aujourd'hui est même envisagé un contrôle intégral des courriels par l'UE au nom de cette démocratie.

Outre que le citoyen n'a pas réellement accès aux choix politiques, il n'a plus la parole libre - lorsqu'il choisit des dirigeants UE-incompatibles, celle-ci n'hésite d'ailleurs plus à annuler les élections ou interdire ces dirigeants indésirables et populaires - il devient un producteur-consommateur, un individu dont la seule liberté est de se mettre sur le marché pour survivre. Les valeurs de l'UE se résument au marché à tout prix.

Mais, même cela est désormais menacé, car il ne s'agit plus de consommer sur un marché libre, mais de consommer sur un marché lui-même contrôlé par les règlements, notamment ceux concernant l'écologie et la décarbonatation.

À l'espace de concurrence libre et non faussée s'adjoint celui des règles contraignantes sur la consommation et fabrication d'automobiles, de maisons, d'habitations, et la circulation même de la monnaie, désormais en voie de contrôle intégral par la numérisation monétaire.

Le marché lui-même, alpha et oméga de l'UE, n'est plus libre, mais complètement contrôlé.

Il n'y a ainsi plus de liberté pour le citoyen en termes de politique, que ce soient des choix électoraux ou même de pensée libre, mais également pour l'acteur social de liberté de choix en termes de production et de consommation. Il est intégralement surveillé et contrôlé.

La démocratie européenne se convertit alors un une dystopie qui concerne l'intégrité de la vie des citoyens auquel un réel choix est ôté par un système de surveillance, de contrôle et de sanctions sans précédent. Comme si un vaste panoptique s'était constitué, transformant l'UE en une prison parfaite.

La prospérité. L'Europe, comme modèle de paix et de démocratie, doit également aboutir à la prospérité économique résultant de l'avantage constitué par ces citoyens en paix, libres et ouverts pour accéder à un marché dynamique et de haut niveau d'efficacité.

L'ensemble des contraintes bureaucratiques imposées par l'UE, ainsi que la création de l'euro, ont déstabilisé les équilibres à la fois budgétaires et économiques. L'exigence de la privatisation y compris des services publics combinée aux restrictions de déficit ont ôté aux États les moyens de leur politique. La création de l'euro avec des productivités et des niveaux de vie différents entre les États a provoqué chez certains d'entre eux une inflation certes cachée, mais incontrôlée. Les droits sociaux et les aides sociales se sont progressivement évaporés, les ajustements structurels ont condamné certains États les plus fragiles comme la Grèce, à l'effondrement économique.

Aujourd'hui, avec la guerre, privant l'UE d'un gaz, certes russe, mais bon marché, combinée aux exigences d'énergie propre, les prix de l'énergie explosent avec un système électrique tendant vers un collapse global, comme cela a failli déjà être le cas récemment à partir de la coupure espagnole due probablement à une instabilité du réseau.

Les grandes entreprises de production matérielle soit ferment soit délocalisent, comme récemment ArcelorMittal en France et l'inflation continue de gréver dangereusement le budget de ménages déjà au bord de la déroute.

Ce ne sont pas seulement les ménages qui sont en danger, mais la plupart des États européens dont les plus importants, l'Allemagne, la France, l'Espagne et le Royaume Unis, ce dernier, qui quoiqu'ayant quitté l'UE, continue en interne des politiques similaires.

Au final, c'est la capacité économique à terme qui est mise en question, avec des conséquences dramatiques en vue pouvant déboucher sur une misère générale des peuples, la prospérité restant réservée à une oligarchie qui s'accapare l'ensemble des biens disponibles.

La chute. Rien n'est inexorable, cependant la poursuite sans borne de la trajectoire suivie actuellement par l'Union européenne nous conduit à la catastrophe.

Pourquoi, au lieu de redresser la barre, l'UE insiste-t-elle à prolonger et accentuer les effets de sa politique, pourquoi ne remet-elle pas en cause ses décisions calamiteuses ? Tout simplement car l'élite européenne a raison. Ils ont des hauts postes de responsabilité, ont fait des études chères et élitistes, sont issus de milieux d'exception, ont le pouvoir de décision sans possibilité de contestation et sont entourées d'un système de communication qui leur est absolument fidèle. Ils ne reçoivent aucun signal leur indiquant une quelconque erreur dans la moindre de leurs décisions. Ils sont protégés de toute critique possible. Quant aux peuples qui essaient de se rebeller, ce sont des ignorants sans têtes ni dents, des déplorables qui font en tout et pour tout de mauvais choix. Il n'y a donc pas à tenir compte de leurs contestations, mais à les maintenir dans un flux de communication contrôlée et leur interdire les choix considérés comme nuisibles, car ils sont soumis à des biais cognitifs qu'il est nécessaire d'éradiquer.

L'application logique de politiques nécessaires conduit alors à des effets dialectiques imprévus qui mettent en péril ceux même qui prennent ces choix sans recul critique, un peu comme un équipage d'avion ou de bateau qui prend de mauvaises décisions en étant certain d'avoir raison sans jamais que les événements ne fassent sortir cet équipage de l'erreur qu'il est en train de commettre, suite à une certitude de soi provenant de l'expérience positive passée (je n'ai jamais eu d'accident, donc je ne peux pas en avoir) et de l'arrogance interne (formation supposée d'élite) de ceux qui ne sont pas capables de se remettre en question... jusqu'au crash final.

Pourrons-nous agir avant ce stade ultime ?

source :  Agoravox via  Observateur Continental

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