par Candice van Eijk-Vacle
À l'heure où la bande de Gaza est sous blocus total depuis 2 mois, et qu'il faudrait organiser de grandes manifestations mondiales avec des slogans comme «de l'eau pour Gaza», «Gaza à soif», «de l'eau pour se laver les mains à Gaza» (1), «non à la famine à Gaza», «aide humanitaire pour Gaza», «non au «génocide» à Gaza», «cessez-le-feu à Gaza», «non au projet de déportation des Gazaouis», «embargo sur les armes destinées à Israël» etc., je vous envoie mon article intitulé «Nécessité d'une enquête internationale sur l'attaque du 7 octobre 2023». On a besoin d'honnêteté intellectuelle sur cette attaque car elle est l'argument qu'Israël utilise pour légitimer ses actions militaires dans la bande de Gaza faisant table rase de ce territoire, un «génocide» selon Amnesty International et Human Right Watch, ou un génocide «plausible» selon la Cour internationale de Justice (CIJ) ; car on peut tout à fait supposer que ce même argument puisse être utilisé par Israël ensuite pour éliminer de la planète les Palestiniens de Cisjordanie, ou les réfugiés palestiniens au Liban (480 000), en Syrie (560 000) ou en Jordanie (2,3 millions) (2) ; et car la guerre à Gaza crée de tels conflits entre autres avec l'Iran, le Yémen, la Syrie et le Liban que l'on peut craindre un élargissement de la guerre et la guerre nucléaire. Rien qu'aujourd'hui l'Iran a promis d'«ouvrir les portes de l'enfer» (3) en cas d'attaque d'Israël en Iran...Pour toutes ces raisons, il y a, entre autres, la nécessité urgente d'une enquête internationale sur le 7 octobre 2023.
La nouvelle guerre israélo-palestinienne dite Israël Hamas a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023. Que s'est-il passé exactement à cette date clef ?
«Le 7 octobre 2023, le Hamas et d'autres groupes armés présents dans la bande de Gaza ont mené une attaque en Israël, tuant plus de 1 200 personnes, en blessant des milliers d'autres et emmenant quelque 240 otages, dont beaucoup sont toujours retenus captifs», selon la CIJ. (4)
Pourquoi l'armée la plus puissante du Moyen-Orient, qui s'appuie sur les services de renseignements parmi les plus performants du monde, n'a-t-elle pas déjoué l'attaque du 7 octobre 2023 ? Le plus haut niveau de l'armée et de l'État d'Israël, ignoraient-ils cette menace ?
(3) jours avant l'attaque du 7 octobre 2023, le 4 octobre 2023, le Jihad islamique organise dans les rues de Gaza un grand défilé militaire, en exhibant fièrement ses nouvelles armes, des drones et des roquettes de longue portée capables d'atteindre le cœur d'Israël. Ceci est montré par la journaliste Claire Duhamel correspondante à Jérusalem, pour la télévision publique française France24, au début de son reportage intitulé «7 octobre : la faillite du renseignement israélien» (5) :
Comment se fait-il qu'il y ait eu un grand défilé militaire du Jihad Islamique 3 jours avant l'attaque du 7 octobre 2023 à Gaza ? Israël laissait-il le Jihad islamique s'implanter ouvertement dans la bande de Gaza ? Est-ce la première fois que le Jihad islamique faisait une parade militaire dans la bande Gaza ? Israël pensait peut-être que c'était juste de l'esbroufe ? Pourtant dans certains cas, Israël se permettait de bombarder le Jihad islamique à Gaza, tel 5 mois avant, le 9 mai 2023 (6). Claire Duhamel et son équipe de tournage de la télévision étaient informées de cette parade militaire. Elle dit avoir cherché à filmer et interviewer des responsables de ces factions armées. Ils n'ont pas accepté de parler face caméra. Elle dit : «Et ce jour-là [4 octobre 2023] ils semblaient faire leurs adieux à Gaza». Pourquoi dit-elle ceci ? Peut-être a-t-elle hors champ caméra discuté avec eux ? Claire Duhamel est-elle mieux informée que les services de renseignement, l'armée et l'État israélien ? Elle et son équipe, dit-elle, sont retournés en Israël un jour avant la guerre ; juste à temps.
Des soldates observatrices à la frontière israélo-palestinienne ont alerté leurs supérieurs hiérarchiques avant le 7 octobre 2023. L'une d'elle, Roni Lifshitz explique le contexte à cette frontière peu avant l'attaque de ce 7 octobre. Dans le reportage de France24 5 , elle dit : «Ce qui s'est vraiment passé, c'est qu'il y avait beaucoup d'événements [à la frontière] sur une courte période. C'était inhabituel. S'il y avait un événement une fois par mois, c'était normal avant le 7 octobre. Mais là, il y avait des événements tous les jours, des tentatives de détruire la barrière. (...) on a vu une dizaine de pick-up avec des terroristes de la Nukhba [unitė militaire d'élite du Hamas]».
De même, dans un reportage de Radiofrance, du 7 octobre 2024, l'une de ces soldates dit : «On pouvait voir des entraînements jusqu'à 30 personnes du Hamas, qui s'entraînent à comment prendre en otage un soldat, comment briser la barrière, comment tirer sur un tank (...) ils ont comme (...) des grosses maquettes de notre barrière, de tanks». (7)
Eyal Eshel, père d'une soldate observatrice décédée lors de l'attaque du 7 octobre, dit dans le reportage de France24 : «Une chose est claire. Les événements (...) du 7 octobre auraient pu être évités si seulement quelqu'un avait écouté ces observatrices. Pendant des mois, avant le 7 octobre elles avaient alerté, alerté, alerté encore». 5
«À Nahal Oz, le 7 octobre, 16 soldates ont été tuées ; 5 autres ont été prises en otages». 5
«Quelques jours [avant le 7 octobre 2023], Assaf Pozilov, journaliste à la chaîne publique israélienne Kan, a tweeté ce qui suit : «L'organisation du Jihad islamique palestinien a entamé un exercice bruyant tout près de la frontière, au cours duquel elle s'est entraînée à lancer des missiles, à pénétrer en Israël et à kidnapper des soldats», écrit le Times of Israël , le 8 october 2023 (donc un jour après l'attaque du 7 octobre). (8)
Il n'y a aucune commission d'enquête spéciale de l'État israélien sur les massacres du 7 octobre 2023. Netanyahou, le premier ministre, dit qu'Israël devra en mettre une en place «seulement lorsque la guerre à Gaza sera terminée». (9)
En février 2025, l'armée israélienne fait part aux médias d'une enquête interne relative à l'attaque du 7 octobre 2023. Elle dit reconnaître l'«échec total» de l'armée pour empêcher l'assaut des commandos du Hamas à partir de la bande de Gaza. L'un des arguments est : «Nous n'avions même pas imaginé un tel scénario» écrit Le Monde, le 27 février 2025. (10)
De même, dans une vidéo de France24, est dit, à propos de l'attaque du 7 octobre 2023 : «L'armée israélienne dit (...) ne pas avoir imaginé un tel scénario». (11)
Que vaut l'enquête de cette armée israélienne en guerre ? L'armée israélienne n'a-t-elle pas imaginé un scénario comme celui du 7 octobre 2023 ?
Le Monde écrit le 1 décembre 2023 : «Le New York Times affirme que le renseignement israélien savait [depuis un an] que le Hamas préparait une attaque inédite». «Un document du Hamas [sous le nom de code «Jericho Wall»] examiné par le Times décrivait en détail une attaque similaire à celle du 7 octobre. D'après le quotidien américain, des responsables du renseignement israélien ont ignoré les avertissements, jugeant ce scénario irréaliste». (12)
Dany Tirza, ancien colonel de l'armée israélienne : «Le problème est que nous connaissions le plan, il était entre nos mains mais nous étions aveugles à son égard». 5
À propos de Michael Kobi, ancien du Shin Bet : «Dans les années 1990, il a interrogé Sinouar considéré comme l'un des architectes des attaques du 7 octobre 2023, pendant plus de 150 heures. Depuis, il a toujours pensé que le Hamas finirait par attaquer. Yahya Sinouar m'a dit pendant son interrogatoire tous les détails de son plan pour entrer en territoire israélien, lui et son unité spéciale la Nukhba. Le plan qu'il m'a exposé en 1989 était similaire à celui du 7 octobre». 5
Israël considère à présent le Hamas comme un groupe terroriste à abattre. Pourtant, c'est Netanyahou qui a contribué à son existence si l'on en croit cet article du Times of Israël , du 8 octobre 2023 (donc un jour après l'attaque du 7 octobre), intitulé «Pendant des années, Netanyahou a soutenu le Hamas. Aujourd'hui, on en paie le prix» (13). Dans cet article est écrit : «Pendant des années, les différents gouvernements dirigés par Benjamin Netanyahou ont adopté une approche qui divisait le pouvoir entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, en mettant à genoux le président de l'Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, tout en prenant des mesures qui renforçaient le groupe terroriste palestinien du Hamas. L'idée était d'empêcher Abbas - ou tout autre membre du gouvernement de l'AP en Cisjordanie - de progresser vers la création d'un État palestinien».
«Ainsi, dans le cadre de cette tentative d'affaiblir Abbas, le Hamas est passé du statut de simple groupe terroriste à celui d'organisation avec laquelle Israël menait des négociations indirectes par l'intermédiaire de l'Égypte, et qui était autorisée à recevoir des injections de fonds de l'étranger». «Depuis 2014, les gouvernements dirigés par Netanyahou ont pratiquement fermé les yeux sur les ballons incendiaires et les tirs de roquettes en provenance de Gaza. Pendant ce temps, Israël autorise depuis 2018 des valises contenant des millions en argent qatari à entrer à Gaza par ses points de passage, afin de maintenir son fragile cessez-le-feu avec les dirigeants du Hamas dans la bande de Gaza».
Depuis 2014, les gouvernements dirigés parNetanyahou ont «pratiquement fermé les yeux» sur des tirs de roquettes en provenance de Gaza sur Israël !
De même, «le politologue et spécialiste de l'islam Gilles Kepel, explique, dans «Le Club Le Figaro International», comment le Hamas a longtemps bénéficié, via le Qatar, de financements voulus par le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour les renforcer face à leur rival, l'OLP». (14)