par Moon of Alabama
Il y a deux jours, j'expliquais que les États-Unis avaient perdu leur guerre contre Ansarullah au Yémen :
«Les Houthis ne peuvent pas être vaincus. Bientôt, un navire américain sera touché. À partir de là, la guerre pourrait facilement dégénérer en guerre contre l'Iran. Il y a de fortes chances que les États-Unis la perdent.
Il est grand temps que l'administration Trump se retire de sa campagne au Yémen».
Hier soir, Trump a admis que la campagne était perdue. Il a ordonné à la flotte américaine de se retirer :
« Trump déclare que les États-Unis vont cesser leurs frappes contre les militants Houthis ( archivé) - NY Times, 6 mai 2025
On ne sait pas vraiment si les Houthis vont cesser d'entraver la navigation internationale, ce qui était l'objectif de la campagne de bombardement américaine.
Les États-Unis et les Houthis au Yémen ont conclu un accord pour arrêter les frappes aériennes américaines contre le groupe après que les militants soutenus par l'Iran aient accepté de cesser les attaques contre les navires américains dans la mer Rouge, ont déclaré mardi le président Trump et les médiateurs d'Oman. (...)
«Ils ne veulent tout simplement pas se battre», a déclaré Trump. «Et nous respecterons cela et nous arrêterons les bombardements. Ils ont capitulé, mais plus important encore, nous allons les croire sur parole. Ils ont dit qu'ils ne feraient plus exploser de navires».
Toutefois, malgré ce succès, il n'est pas certain que les États-Unis aient atteint leur objectif, à savoir empêcher les Houthis d'entraver le trafic maritime international après une coûteuse campagne de bombardement qui a duré sept semaines».
Il n'y a rien de «pas certain» dans l'objectif que les États-Unis n'ont manifestement pas atteint. Les Houthis continueront d'attaquer les navires liés à Israël ainsi que l'entité sioniste elle-même :
«Les Houthis eux-mêmes n'ont pas déclaré de cessez-le-feu complet, affirmant qu'ils continueraient à combattre Israël. Les responsables et les partisans des Houthis ont rapidement présenté l'accord comme une grande victoire pour la milice et un échec pour Trump, diffusant un hashtag sur les réseaux sociaux disant «Le Yémen défait l'Amérique»».
La marine américaine n'a plus de cibles militaires au Yémen depuis longtemps. Ses navires ont vidé leurs chargeurs. Ils ne peuvent pas se réapprovisionner en mer et doivent se rendre dans un port ami disposant du matériel adéquat (Crète, Bahreïn).
Trois chasseurs F-18 et plus de 20 drones Reaper ont été perdus pendant les combats contre les Houthis :
«Un avion de chasse de la marine n'a pas réussi à atterrir sur un porte-avions et a plongé dans la mer Rouge mardi, marquant le quatrième accident majeur impliquant le navire et la troisième perte d'un avion de chasse déployé avec lui depuis que le navire de guerre a quitté son port d'attache l'année dernière. (...)
Ce dernier incident, rapporté par CNN, fait suite à la perte d'un autre avion, un F/A-18E, lors d'un accident à bord du Truman la semaine dernière. L'avion est passé par-dessus bord après que les marins en aient perdu le contrôle alors qu'ils le remorquaient dans le hangar du navire. Un troisième avion de chasse du Truman a été abattu accidentellement au-dessus de la mer Rouge en décembre par un autre navire de guerre de la marine, l'USS Gettysburg, lors d'un incident qui a suscité des inquiétudes quant à la communication entre les navires de guerre et les avions de chasse dans la région.
Le Truman a également été impliqué dans une collision en Méditerranée en février, ce qui a incité le service à renvoyer son commandant, le capitaine de vaisseau Dave Snowden».
La marine américaine a dépensé plus d'un milliard de dollars en munitions au Yémen. Elle a perdu plus d'un demi-milliard en matériel de vol et n'a obtenu aucun résultat.
D'autres prendront note de ce bilan.
Les États-Unis auraient pu conclure cet accord il y a un mois :
«Un haut responsable d'Ansarullah, communément appelé les Houthis, a déclaré à Drop Site News que si les États-Unis mettaient fin à leur campagne de frappes aériennes contre le Yémen, les forces houthies s'engageraient à cesser toute attaque contre les navires américains dans la région. «Nous ne nous considérons pas en guerre contre le peuple américain», a déclaré Mohammed al-Bukhaiti, membre du bureau politique d'Ansarullah et porte-parole des Houthis. «Si les États-Unis cessent de cibler le Yémen, nous cesserons nos opérations militaires contre ce pays»».
Comme à l'accoutumée, Oman a joué un rôle de modérateur dans les discussions entre les États-Unis et les Houthis. L'Iran a joué un rôle utile en insistant pour qu'un accord soit conclu.
Trump affirme qu'Ansarullah cessera de tirer sur les navires américains. Il n'y avait pas de navires civils américains en mer Rouge au départ :
«Il y a moins de 200 navires commerciaux américains. Seuls 80 d'entre eux sont engagés dans le commerce mondial. La petite flotte commerciale américaine est à comparer aux 5500 navires actifs battant pavillon chinois».
La navigation militaire américaine dans la région ne présente aucun intérêt pour les Houthis, à moins qu'elle ne soit utilisée pour les attaquer.
Il reste à voir dans quelle mesure les autres types de transport maritime dans la région retrouveront leur niveau antérieur :
«Les volumes de transport maritime en mer Rouge continuent d'être faibles et sont actuellement inférieurs de 50% aux chiffres de 2023, selon les données de SEB, une banque suédoise.
«La perspective d'un accord de cessez-le-feu et d'un renforcement de la sécurité laisse présager une reprise des opérations de transport maritime commercial dans la région», ont suggéré les analystes maritimes de SEB dans une note adressée à leurs clients ce matin, estimant que les marchés des transporteurs routiers et des conteneurs devraient connaître le rééquilibrage le plus important».
Il y a beaucoup d'ambiguïté car les Houthis continueront à cibler les navires liés à Israël. Certains pourraient appartenir à des entités israéliennes mais naviguer sous le drapeau d'un autre pays. D'autres navires peuvent être bloqués ou faire l'objet de tirs parce qu'ils transportent des marchandises destinées à Israël.
Tant que la guerre contre Gaza n'aura pas pris fin et que la campagne des Houthis n'aura pas cessé, les compagnies d'assurance internationales demanderont probablement des primes plus élevées pour tout navire souhaitant naviguer en mer Rouge. Il faudra des mois de calme avant que les primes d'assurance et le trafic en mer Rouge ne reviennent à un niveau normal. Les pertes de revenus de l'Égypte dues à l'absence de traversées du canal de Suez se poursuivront.
source : Moon of Alabama via Le Saker Francophone