Par Me Maurice Buttin
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé ces derniers jours une nouvelle campagne militaire sur la bande de Gaza. Il prévoit la « conquête de toute le territoire ». Selon des militaires cela entraînerait le « déplacement de la plupart de ses habitants ». Pour cette opération, des dizaines de milliers de de réservistes sont rappelés sous les drapeaux.
Cette campagne décidée par le Premier ministre est, en fait, le dénouement de la déclaration incendiaire, il a quelques mois, du ministre des Finances, ministre aussi de le Défense, le sinistre Bezalel Smotrich : « Nous mettrons fin à cette campagne que lorsque sera démantelée le Hezbollah sévèrement battu, l'Iran privée de son arme nucléaire, Gaza nettoyée du Hamas et que des centaines de Gazaouis auront quitter la bande de Gaza pour d'autres pays, que nos otages auront été rendus certains à leurs foyers et d'autres aux tombes d'Israël ».
En agissant ainsi, Benyamin Netanyahou montre une fois de plus sa malhonnêteté en refusant d'appliquer la deuxième phase de l'accord passé avec le Hamas, au risque de la mort des otages encore vivants, dès lors, de facto, tués sur ordre de lui-même !
Un bref exposé rappellera aux lecteurs la présente situation à Gaza après dix-neuf mois d'une guerre génocidaire :
- Plus de 55 000 morts en majorité des femmes et des enfants, sans compter ceux encore sous les décombres (ce qui représente à l'échelle de la France plus que les 1 300 000 morts de la Première Guerre mondiale !)
- Plus de 150 000 blessés.
- 1 200 journalistes palestiniens tués (avec toujours l'interdiction de journalistes observateurs étrangers).
- Les hôpitaux et les écoles hors service.
- La mort de 1 500 membres du personnel de santé, dont des membres de l'ONU.
- Les tentes, où s'étaient réfugiés les Gazaouis brûlés.
- Des blessés assassinés, y compris des enfants.
- 75 % de l'immobilier détruit
- L'instauration de la famine par le blocage par Israël, depuis deux mois de l'entrée de nourriture ou d'aide humanitaire, touchant délibérément plus de deux millions de Gazaouis, dont près d'un million d'enfants. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) de l'ONU est au bout de ses réserves. Les boulangeries ont fermé les unes après les autres. Les signes de malnutrition apparaissent en particulier sur le corps de milliers d'enfant, identifiés par les agences de santé de l'ONU, comme en état de malnutrition avancée.
Tout cela représente des crimes de guerre, et des crimes contre l'humanité, un génocide comme l'a démontré Amnesty International.
Malgré cette situation mortifère, le Hamas, et les autres combattants palestiniens de Gaza, poursuivent leur résistance inébranlable. Évoquant, à juste raison, « la guerre de la faim », le Hamas a lancé un appel à la communauté internationale à faire pression sur Israël pour faire cesser ses crimes
Quelle a été la réponse à l'appel du Hamas des Israéliens ?
Le 5 mai 2025, le cabinet politico-sécuritaire a approuvé la possibilité d'une « distribution humanitaire si nécessaire à Gaza » (?). Objectif prétendu : « empêcher le Hamas de prendre le contrôle des approvisionnements ». Au surplus, Gaza « ne manque pas de nourriture » (?). Ce projet a été approuvé sans l'aval du sinistre ministre d'extrême droite à la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, favorable à la destruction des rares stocks de vivre encore disponibles dans l'enclave à Rafah !
« Les ONG présentes à Gaza ont tiré la sonnette d'alarme. Si semaines d'hostilité intense, combinées à deux mois de blocage complet de l'aide humanitaire, ont privé les civils des moyens indispensables à leur survie », écrit le journal La Croix du 6 mai. Poursuivant il cite le dire de Gavin Kelleher du Norwegian Refugee Council (NRC) revenant d'une mission dans la bande de Gaza : « Israël ne se contente pas d'empêcher de faire entrer de la nourriture, il a aussi orchestré une situation où les Palestiniens ne peuvent plus faire pousser leur propre nourriture. Par ailleurs, le métier de pêcheur est devenu l'un des plus dangereux au monde »
Quelle a été la réponse à l'appel du Hamas de la communauté internationale ?
Selon une déclaration du porte-parole de l'Union européenne Anouar El Aouni, lors du point de presse quotidien de la Commission européenne, celle-ci est « préoccupée par l'extension prévue de l'opération des forces israéliennes à Gaza qui entraînera de nouvelles victimes et souffrances pour la population palestinienne. L'U.E. exhorte Israël à faire preuve de la plus grande retenue ». « Préoccupée...exhorte », des mots toujours des mots - alors que la présidente de l'U.E, ne cesse de réclamer de nouvelles sanctions contre la Russie dans la guerre en Ukraine !
Le Président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré au sujet de Gaza : « La situation la plus critique que l'on ait jamais connue ». Des mots, toujours des mots.
De son côté le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le 6 mai, avait déjà assuré devant l'Assemblée nationale que « Gaza est au bord de l'effondrement, du chaos et de la famine (...) L'attitude d'Israël n'est pas acceptable. L'armée israélienne a aussi la responsabilité de l'approvisionnement en nourriture et autres produits de première nécessité ». Il a condamné de façon très ferme le plan dévoilé le 5 mai par Israël. Ajoutant : « L'urgence, c'est le cessez-le-feu, l'accès sans entrave de l'aide humanitaire massif et la libération des otages du Hamas ». « Condamné de façon très ferme ». Des mots, toujours des mots.
Quelques mois auparavant les ministres des Affaires étrangères arabes, réunis au Caire, avaient réclamé la levée du siège imposé par Israël à Gaza, réclamant l'acheminement « immédiat de l'entrée de l'aide humanitaire, de nourriture et de carburant pour aider les 2,3 millions de Palestinien soumis à des raids aériens d'Israël en réponse à l'attaque du Hamas ». « Réclamé la levée du siège ». Des mots, toujours des mots.
De son côté la Chine ne fait guère mieux. Suivant de près la situation entre la Palestine et Israël, le porte-parole du ministère des affaires étrangères a déclaré le 6 mai : « La Chine s'oppose à la poursuite des opérations militaires à Gaza ». « S'oppose ». Là encore des mots, toujours des mots.
Pour en revenir aux déclarations de B. Smotrich et de son compère I. Ben Gvir, qu'attend le Président de l'Autorité palestinienne, le chef de l'Etat de Palestine, Mahmoud Abbas, pour demander qu'une enquête soit engagée par le Tribunal Pénal International à leur encontre pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité et poursuivis par la suite devant le dit TPI, comme le sont, depuis le 21 novembre 2024, Benyamin Netanyahou et l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.
A ces deux personnages pourrait s'ajouter une enquête, diligentée, toujours pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, sur le cas de la Présidente de l'Union Européenne, Ursula von der Leyen, comme l'a demandé la rapporteure spéciale des Nations, Francesca Albanese...
*Me Maurice Buttin, président par intérim du CVPR PO, membre des C.A. de « Pour Jérusalem » et des « Amis de Sabeel-France », membre de « Chrétiens de la Méditerranée » et de l'AFPS 14°
Source : France-Irak actualité
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