12/05/2025 dedefensa.org  11min #277678

 Macron accusé d'avoir consommé de la drogue lors de son voyage à Kiev

Au bout du simulacre ?

 Bloc-Notes  

• La comédie de ces trois-quatre derniers jours, une tragédie-bouffe qui n'arrive pas à se décider, a vu une étonnante prestation des dirigeants européens à Kiev pour changer le monde. • Mais nous parlons des "durs de dur", – Macron, Starmer, Merz, Tusk ; venus re joindre Zelenski en front commun, pour défier Moscou. • Ils l'ont fait (défier Moscou) à coup d'ultimatum pour la paix, et ont reçu ce qu'on nomme "un coup de fouet en retour". • Poutine, plein de brio et de maîtrise de soi, a aussitôt repris la main. • A Washington, Trump observe et doute : « Je commence à douter que l'Ukraine parvienne à un accord avec Poutine ».

Comme souvent jusqu'à en faire une habitude, l'ami Alexander Mercouris a parfaitement résumé la cascade d'événements de ces trois-quatre derniers jours. Ce ne fut ni une joute, ni un affrontement, mais une simple et impérative remise en ordre des rangs un instant dissipés des apprentis-chefs de guerre arrivés à Kiev avec le nez poudré, comme au XVIIIème siècle, comme s'ils confondaient farine et cocaïne , privant ainsi de pain une population mécontente et la poussant à faire la révolution...

Ainsi parla Mercouris, qui eut le tact de ne pas aborder cette question du nez poudré, pré-1789 :

« J'ai également vu hier ce qui a tendance à se produire lorsqu'une bande d'amateurs, ce que sont fondamentalement les dirigeants des États européens et Vladimir Zelenski, – ce qui se produit lorsque des amateurs qui se sentent très satisfaits d'eux-mêmes et s'imaginent être des gens extrêmement intelligents se heurtent à un professionnel consommé et extrêmement expérimenté, parlant uniquement en termes de poker ou d'échecs. Il n'y avait absolument aucun doute sur qui est sorti vainqueur en termes d'échanges politiques hier et la réponse, la réponse courte à cette non-question est évidemment "le président Vladimir Poutine de Russie". »

Nous allons poursuivre rapidement par une anecdote, une sorte d'à-côté, qui nous montre combien ces gentils pieds-nickelés qui sont quatre, comme les mousquetaires, ne s'embarrassent pas trop d'avoir des tripes et préfèrent la peur au ventre... Car s'est-on demandé pourquoi le ‘Kaiser-Fuhrer' Merz avait inauguré son mandat si original avec comme ouverture un premier vote de défiance du Bundestag, par un rétropédalage imposé au service de contre-espionnage BfV sur la décision de déclasser l'AfD de son étiquette infâme de "parti extrémiste" ?

Après avoir exposé toute l'affaire, et également les réactions US aux attaques contre l'AfD, le journaliste russe  Dimitri Bavyrine conclut :

« Merz s'est publiquement opposé à Vance : les États-Unis, disent-ils, devront accepter le traitement réservé aux "organisations d'extrême droite" en Allemagne. Mais après son accession à la chancellerie, le système a immédiatement reculé, alors qu'il s'était auparavant orienté vers l'interdiction de l'AfD comme objectif clairement défini.

» Merz craint de se retrouver dans la situation d'Hitler, menant une guerre sur deux fronts. Il se préparait à une confrontation avec la Russie et se vantait de ne pas avoir peur de Moscou : il a promis de fournir à l'Ukraine des missiles longue portée, de dialoguer avec le Kremlin sur le mode des ultimatums, de réarmer l'armée et, enfin, de renoncer aux ressources énergétiques de la Fédération de Russie. Cela coûtera cher à l'Allemagne et menace de la désindustrialiser. En cas de conflit simultané avec Washington et de "guerre douanière" avec Trump, l'effondrement prendra des proportions vertigineuses.

» Le maintien de l'AfD comme force politique légale est une concession forcée de Berlin et une sorte de sacrifice, par lequel Merz cherche à apaiser Trump avant les négociations sur l'Ukraine et les droits de douane. Mais rien ne garantit qu'en tant que chancelier, il parviendra à renverser la situation économique. Par conséquent, la popularité de l'"Alternative" continuera de croître, et la seule solution que l'élite allemande puisse lui opposer est l'arsenal de la "guerre froide" sous couvert de lutte contre l'extrémisme. »

Cette introduction sera brièvement résumée, en s'ajustant en miroir négatif avec Mercouris, par cette question : comment voulez-vous que des personnages de cette sorte, valets des uns (Merz, Allemand sous contrôle-CIA, homme de Blackrock) et simulacres des autres, et tous amateurs de sucres en poudre, puissent tenir seulement un des deux fronts entre lesquels ils sont de toutes les façons enfermés ?

Venons-en au plat du jour, principal et copieux.

Les pieds-nickelés poudrés de Kiev

Ainsi, nos 4 pieds-nickelés + 1 se retrouvent-ils à Kiev pendant que Poutine fait défiler ses soldats de plomb. L'affaire préparée depuis longtemps, est rapidement troussée dès lors que Trump, par inadvertance, a bien voulu mettre un doigt de pied dans l'eau pour juger de sa froidure en acceptant de donner son soutien. Nul doute qu'on l'y fera tomber, – c'est le ‘top' des ruses de Macron, – et qu'il sera obligé de nager comme les autres.

On lance donc le train sur ses rails : puisque Poutine dit tant aimer la paix, qu'il accepte notre proposition d'un cessez-le-feu sans condition préalable qui lui est lancée comme un "ultimatum" sans condition, – et après l'on verra. La formule est aussi vieille que les accords de Minsk et Poutine n'a cessé de la repousser : elle permet à l'Ukraine de souffler, d'être réarmée, d'être prête à se tenir un peu mieux sur ses lignes. Sans crainte de la répétition, les lascars sont sûrs de tenir Poutine à la gorge parce que le climat de la communication et les incertitudes de Trump leur sont favorables.

On connaît la suite : Poutine répond aussitôt, – c'est-à-dire qu'il fait dans les heures qui suivent, comme si tout était prêt, une autre proposition, sans rien citer de l "ultimatum" de Kiev, pratiquement comme s'il n'existait pas. Il propose de "reprendre" les négociations d'Istamboul d'avril 2022, qui avaient abouti, mais qui furent finalement dénoncées grâce à l'intervention bombastique et incroyablement bouffe de Boris Johnson.

C'est la formule idéale explique Poutine, comme s'il s'adressait à des élèves un peu handicapés : éventuellement, si tout marche bien, on pourra même décider d'un cessez-le-feu, mais sur des bases solides. Poutine donne même le lieu et le jour du rendez-vous : le 15 mai, à ce même Istamboul, où l'ami Erdogan sera certainement très heureux de nous recevoir. (Entretemps, Erdogan a sauté sur l'occasion de tenir un rôle sur la scène et il a dit solennellement qu'il recevrait tout le monde chaleureusement.)

L'opération est décrite par Scott Ritter, interrogé  par Sputnik, dans des termes admiratifs :

« "Il s'agit d'un brillant acte de stratégie diplomatique et politique de la part de Vladimir Poutine", a déclaré à Sputnik l'ancien officier du renseignement des Marines américains, commentant la proposition russe.

» "Désormais, la Russie a l'initiative et la supériorité morale. Il ne sera plus question de cessez-le-feu artificiel de 30 jours. » « L'Ukraine doit se soumettre ou se taire », a déclaré Ritter.

» Il en va de même pour les soutiens occidentaux de l'Ukraine, qui ont jusqu'à présent pu définir et contrôler le discours sur une résolution diplomatique de la crise grâce aux exigences d'un cessez-le-feu de 30 jours. Avec sa proposition, Poutine a réussi à "s'immiscer" dans le cycle décisionnel occidental, le forçant à réagir et "contrôlant" ainsi la narrative.

» "L'un des principaux problèmes" auquel Zelenski sera confronté est l'interdiction qu'il s'est imposée de négocier directement avec la Russie, interdiction que Zelenski ne peut ni ne veut modifier, et dont ses sponsors occidentaux préfèrent taire l'enjeu.

» Si Zelenski rejetait la nouvelle proposition russe de négociations à Istanbul, cela permettrait à Poutine de "révéler l'hypocrisie du gouvernement ukrainien, l'hypocrisie de l'Occident et, pour parler franchement, l'inefficacité ou le manque de sérieux des États-Unis dans la recherche d'une issue diplomatique", a déclaré Ritter.

» Dans le cas contraire, le rameau d'olivier des négociations russes "ne peut être remis en cause", dit encore Ritter, car il s'agit de la continuation des négociations du printemps 2022 en Biélorussie et à Istanbul, qui ont permis d'élaborer un projet d'accord de paix avant qu'il ne soit saboté par Boris Johnson et l'Occident. En ce sens, Poutine "propose un modèle de négociation réussi qui, s'il avait été appliqué dès mars 2022, n'aurait pas donné lieu à une opération militaire spéciale aujourd'hui" ».

Mercouris salue l'intervention de Poutine comme un chef d'œuvre de diplomatie, de mesure et de logique contraignante pour remettre les fous dans leur asile. Le ‘Times' de Londres  observe amèrement que Poutine emploie avec un extraordinaire brio la même tactique de la répétition sans fin, qui réduit en poussière l'offensive des 4 pieds-nickelés + 1, – sans trop remarquer que Z. et les pieds-nickelés font de même, – mais en ratant complètement, eux :

« Le Kremlin répète ses exigences semaine après semaine, modifiant parfois la formulation, mais pas le fond. Selon cette logique, la paix n'est possible que si l'Ukraine satisfait à toutes les exigences de la Russie.

» "Le film ‘Un jour sans fin', dans lequel l'acteur Bill Murray doit revivre la même journée encore et encore, est très populaire en Russie. À en juger par les commentaires de dimanche sur l'Ukraine, Poutine semble également être un fan du film. Bienvenue dans le cercle vicieux temporel du Kremlin. Une fois de plus", conclut l'auteur du Times. »

L'enthousiasme de Trump

Que pouvait faire Zelenski, pris ainsi complètement à contrepied, sinon singer à son tour un Bill Murray de plus en plus usé ?... Sinon (re)jouer sa partition, déjà mille fois répétée et rejetée : "D'accord pour négocier, mais d'abord un cessez-le-feu". Là, il a l'air franchement ridicule, venu d'où il vient, et il le sait, – donc, ainsi manquant grandement de conviction.

D'autant, tout cela, que Trump s'est engouffré dans la brèche. Sûr de rien et pas du tout sûr de s'y retrouver, il a soutenu les pieds-nickelés de Kiev du bout des lèvres ; et là, brusquement, il s'y retrouve, propre et net, avec le parler net de Poutine remplaçant les salades de mots d'un Macron tout poudré  !  Trump recommande avec enthousiasme à Zelenski d'accepter immédiatement le rendez-vous d'Istamboul.

« Le président américain Donald Trump a exhorté l'Ukraine à accepter "immédiatement" la proposition de négociations directes et inconditionnelles présentée dimanche par le président russe Vladimir Poutine.

» Dans un article [sur son compte tweeterX] Truth Social, Trump a suggéré que les négociations directes proposées contribueraient, au moins, à clarifier les positions des parties au conflit et à montrer "si un accord est possible ou non".

» "Le président russe Poutine ne souhaite pas un accord de cessez-le-feu avec l'Ukraine, mais souhaite plutôt une rencontre jeudi, en Turquie, pour négocier une éventuelle fin du BAIN DE SANG. L'Ukraine devrait y consentir IMMÉDIATEMENT", a écrit le dirigeant américain.

» S'il s'avère qu'un accord est impossible, "les dirigeants européens et les États-Unis sauront où en sont les choses et pourront agir en conséquence", a déclaré Trump.

» "Je commence à douter que l'Ukraine parvienne à un accord avec Poutine", a-t-il ajouté. »

Ceux qui doutent

Bien, – restons-en là pour l'instant, après un épisode qui ne nous rien appris que nous ne sachions déjà, – mais sentiment renforcé considérablement, – que nos dirigeants sont d'une extraordinaire médiocrité et que le Russe ne cesse d'affirmer son incomparable valeur d'homme d'État jusqu'à être infréquentable pour les susdits médiocres. Du moins est-ce le sentiment qui n'a cessé de nous confirmer dans la situation ukrainienne telle que nous la percevons.

Néanmoins... Arrêtons-nous à deux détails qui nous permettent de mettre en cause la durabilité de ce que le conflit ukrainien peut avoir de simulacre, où la communication domine la perception jusqu'à la déformer complètement.

• Le premier apparaît dans le message de Trump, avec cette phrase :

« Je commence à douter que l'Ukraine parvienne à un accord avec Poutine. »

Quelle signification donner à cette phrase sinon celle-ci : "Je commence à douter que cette affaire puisse être réglée autrement que par les armes, par la réalité du terrain de guerre".

• Le second est relevé par Mercouris. Dans son programme déjà référencé, il lit avec attention et minutie le message de Poutine où le Russe fait sa "proposition" à Zelenski. Sur la fin, il remarque que Poutine, pour désigner le conflit en Ukraine, parle pour la première fois de "la guerre". Jusqu'ici, il n'était question que de "l'Opération Militaire Spéciale".

Le soin avec lequel ce message a été rédigé, chaque mot pesé, etc., est souligné sans arrêt par Mercouris. Pour lui, il est impossible qu'une telle bévue n'ait pas été corrigée, – s'il y a eu bévue, – à moins que Poutine ait voulu suggérer, justement, que le conflit en Ukraine était désormais pour lui une "guerre" et qu'il serait mené en fonction de ce nouveau jugement.

La question serait donc de se demander si nous n'avons pas atteint, avec ce simulacre-bouffe de ces derniers jours, une "ligne rouge" comme on aime à dire, celle du simulacre justement qu'autorisent les manipulations de la communication ; se demander si nous ne sommes pas sur le point d'entrer dans une phase de guerre active et ouverte, hors-proxy, au cœur de l'Europe.

Dans tous les cas, on peut conclure à ce point que Trump et Poutine sont en train de retrouver leur accord d'il y a deux mois, avec Poutine donnant un coup de main à Trump pour le sortir du marigot ukrainien et Trump renvoyant l'ascenseur.

Les Européens, eux et avec le petit Z., n'ont plus qu'à emprunter l'escalier de service.

Mis en ligne le 12 mai 2025 à 16H15

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