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Mercredi 7 mai, la cour d'appel d'Aix-en-Provence a confirmé la mise en examen des laboratoires Merck et de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour tromperie aggravée. En 2017, une nouvelle formule du Levothyrox, prescrite à trois millions de Français, aurait provoqué d'importants effets secondaires chez des milliers de patients.
Une étape décisive pour le combat judiciaire mené depuis sept ans par des associations de malades. En 2017, Merck modifie la composition du Levothyrox, sur demande de l'ANSM, en remplaçant les excipients de l'ancienne version. Résultat : une avalanche de plaintes de patients évoquant maux de tête, pertes de cheveux, vertiges ou insomnies. Une tempête d'autant plus mal gérée qu'aucune information claire n'a été donnée au moment de cette substitution. Comme un air de déjà-vu.
« Ce que j'ai vécu, c'est comme un empoisonnement », résume Sylvie Chéreau à France Info. Peau sèche, crampes, incapacité à vivre normalement… jusqu'à ce qu'elle revienne à l'ancienne formule.
La confirmation de la mise en examen, rendue publique par France Télévisions, représente une victoire symbolique pour les victimes, mais aussi un avertissement à l'industrie pharmaceutique. L'AFMT, l'Association française des malades de la thyroïde, qui s'était constituée partie civile dès 2018, salue « la reconnaissance d'indices graves ou concordants » qui accréditent la thèse d'une tromperie aggravée. L'entreprise allemande, elle, continue de nier toute faute : « Ni la qualité du médicament, ni les informations données aux patients ne permettent de mettre en cause Merck », insiste son avocat, Mario Stasi.
Au-delà du seul débat juridique, cette affaire (parmi tant d'autres) soulève une nouvelle fois la question épineuse de la confiance qu'on veut bien accorder aux institutions censées protéger la santé publique. Alors que Merck s'apprête à se pourvoir en cassation, l'ANSM, censée superviser et informer, est elle-même sur le banc des accusés. Et pendant que l'enquête pénale suit son cours, pendant que les victimes espèrent justice, tant d'autres scandales sanitaires attendent d'être révélés officiellement...