14/05/2025 palestine-solidarite.fr  6min #277902

Gaza : le Conseil de sécurité interpellé par le chef de l'humanitaire de l'Onu

© UNICEF/Mohammed Nateel. Plus de deux millions de Gazaouis sont privés d'aide humanitaire vitale depuis plus de deux mois.

Par ONU Info

Source :  ONU Info

Que dirons-nous aux générations futures sur ce que nous avons fait « pour mettre fin aux atrocités du 21ème siècle dont nous sommes quotidiennement témoins à Gaza » ? C'est la question posée mardi par le chef de l'humanitaire de l'ONU aux membres du Conseil de sécurité.

« C'est une question que nous entendrons... tout au long de notre vie... Peut-être dirons-nous avoir publié une déclaration... Ou peut-être utiliserons-nous ces mots creux : 'Nous avons fait tout ce que nous pouvions' », a déclaré Tom Fletcher lors d'une réunion du Conseil sur la situation dans l'enclave palestinienne, ravagée par plus d'un an et demi de conflit et menacée par la famine.

« L'humanité, le droit et la raison doivent prévaloir », a ajouté le Coordinateur des secours d'urgence.

Et il a posé une autre question aux membres du Conseil : « Allez-vous agir maintenant - de manière décisive - pour prévenir un génocide et garantir le respect du droit international humanitaire ? »

Il a appelé les autorités israéliennes à cesser de tuer et de blesser des civils, à lever le blocus et à laisser les humanitaires sauver des vies. Il a également appelé le Hamas à libérer tous les otages, immédiatement et sans condition, et à cesser de mettre les civils en danger.

Conditions inhumaines

Selon Tom Fletcher, Israël impose délibérément et sans vergogne des conditions inhumaines aux civils dans le territoire palestinien occupé.

Aucune nourriture, aucun médicament, aucune eau ni aucune tente n'ont pénétré dans la bande de Gaza depuis plus de dix semaines, tandis que des centaines de milliers de civils palestiniens sont à nouveau déplacés de force et confinés dans des espaces de plus en plus restreints.

Parallèlement, l'ensemble de la population, soit quelque 2,1 millions de personnes, est menacée de famine et les rares hôpitaux ayant survécu aux bombardements sont débordés. « Aujourd'hui encore, l'hôpital européen de Gaza à Khan Younès a été bombardé, une fois de plus, et de nouvelles victimes civiles ont été signalées », a-t-il déclaré.

« Pour avoir visité ce qui reste du système médical de Gaza, je peux vous dire que la mort à cette échelle a un son et une odeur qui ne vous quittent pas ».

UN Photo/Loey Felipe. Tom Fletcher, Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, informe les membres du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation à Gaza.

Sauver des vies

Selon Tom Fletcher, l'ONU et ses partenaires « souhaitent désespérément reprendre l'aide humanitaire à grande échelle à Gaza, conformément aux principes fondamentaux d'humanité, d'impartialité, d'indépendance et de neutralité ». Ils ont un plan et ont démontré leur capacité à le mettre en œuvre, des dizaines de milliers de camions ayant atteint les civils lors du récent cessez-le-feu, a-t-il ajouté.

« Nous pouvons sauver des millions de survivants. Nous disposons de mécanismes rigoureux pour garantir que notre aide parvienne aux civils, et non au Hamas », a-t-il insisté. « Mais Israël nous refuse l'accès, faisant passer son objectif de dépeuplement de Gaza avant la vie des civils ».

« C'est déjà assez grave que le blocus se poursuive. Comment réagissez-vous lorsque les ministres israéliens s'en vantent ? », a déploré le chef de l'humanitaire de l'ONU.

© UNICEF/Mohammed Nateel. Un enfant blessé lors d'une frappe aérienne israélienne sur la ville de Gaza (avril 2025).

La famine menace

Angélica Jácome, directrice du bureau de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture ( FAO) à New York, a confirmé devant les membres du Conseil de sécurité la situation catastrophique dans la bande de Gaza, où des millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë.

« Le risque de famine est imminent », a-t-elle averti, citant la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), publiée lundi, qui confirme que les 2,1 millions de personnes à Gaza restent exposées à un risque critique.

Elle a souligné que 500.000 personnes - une sur cinq - sont confrontées à la phase 5 de l'IPC, ou conditions catastrophiques, le niveau d'insécurité alimentaire le plus grave, les produits de première nécessité étant déjà épuisés ou devant s'épuiser d'ici quelques semaines.

Mme Jácome a averti que si les blocus humanitaires et commerciaux persistaient, le pire scénario pourrait se produire, laissant les populations pratiquement sans accès à la nourriture, à l'eau, aux médicaments ou aux services de base.

UN Photo. Angélica Jácome, directrice du bureau de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à New York, informe les membres du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation à Gaza.

Effondrement des systèmes alimentaires

Le système de production alimentaire de Gaza, autrefois diversifié et autosuffisant, s'est totalement effondré, avec des conséquences dévastatrices, a indiqué la haute responsable de la FAO.

« Les enfants et les femmes n'ont pas été épargnés par cette crise », a-t-elle déclaré, soulignant qu'avant le 7 octobre 2023, Gaza affichait des taux de malnutrition comparables à ceux des pays européens, grâce à son approvisionnement alimentaire abordable et produit localement.

Près de 71 % des enfants de moins de cinq ans devraient souffrir de malnutrition aiguë entre mai 2025 et avril 2026, dont 14. 100 cas graves. En outre, près de 17.000 femmes enceintes et allaitantes auront besoin d'un traitement pour malnutrition aiguë au cours de la même période.

Elle a déclaré que les systèmes agroalimentaires de Gaza ont été « décimés », avec environ 75 % des terres cultivées endommagées ou détruites, et la quasi-totalité du bétail perdue. Les prix des denrées alimentaires ont grimpé en flèche, la farine de blé coûtant 3 000 % de plus qu'en février.

« Nous assistons à l'effondrement systémique des conditions essentielles à la survie. Les habitants de Gaza souffrent non seulement d'un manque de nourriture, mais aussi d'une dégradation profonde de leur santé, de leurs moyens de subsistance et de leurs structures sociales, laissant des communautés entières dans un état de désespoir, de dévastation et de mort », a-t-elle dit.

Source : ONU Info
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