Le fait-même que la démocratie soit prônée suffit à démontrer que ses résultats ne parlent pas d'eux-mêmes.
Quand elle est prônée, le discours sous-jacent est que les peuples ne peuvent pas se défendre contre leur gouvernance. Mais : leur "offrir" un moyen de s'autodéterminer, ne consiste-t-il pas à fournir les moyens de décider de ce qu'ils veulent, tout seuls, justement ?
Tout ceci est très abstrait. "Ils" ce sont des "peuples opprimés" (théoriques) et les personnes qui "prônent" sont des démocraties "qui veulent le bien des peuples des autres pays". Cela pose quelques problèmes :
- L'autodétermination des peuples est un principe qui exclut qu'on puisse "prôner", et oblige à seulement conseiller. C'est ensuite que les peuples peuvent, s'ils le veulent décider. Et si cela ne va pas à la vitesse qu'on souhaite, la norme du droit international interdit quand même l'ingérence. Donc "imposer la démocratie" constitue une violation du droit international (qui est sage et judicieux).
- Si le système démocratique faisait ses preuves, il serait plus rapidement adopté là où il ne l'est pas, cependant ce n'est pas le cas. Ce constat d'échec est celui de la performance du système démocratique. C'est donc à l'intérieur de ces pays, dits "démocratiques" qu'il faut faire des améliorations.
- La contradiction entre le fait que les systèmes démocratiques soient insatisfaisants et malgré cela qu'ils veulent être imposé par la force, se résout si on considère que le terme "démocratique" est galvaudé, et qu'il dissimule en fait une activité mafieuse.
Le bien des peuples, est ce qui est désiré, officiellement, par la démocratie. Alors pourquoi ne pas commencer par là ?
On a vu que lors des scrutins présidentiels en Roumanie et en Moldavie qui amenaient des présidents défavorables à l'UE, ceux-ci ont été évincés. Qu'en Tunisie comme en France, l'approche des référendum voyaient les principaux opposants au pouvoir se faire heurter par la justice, si ce n'est emprisonner. Aux États-Unis, il n'y a quasiment aucun choix, entre deux camps plus timbrés l'un que l'autre. Personne n'ose voter pour un candidat fiable et honnête, mais perdant.
Comme la démocratie-de-principe, la justice-de-principe est une arme à l'usage des mafias. Ces mots sont galvaudés, ce n'est pas vraiment "la justice", mais un usage pernicieux de la justice. Et ce n'est pas vraiment "la démocratie", mais une comédie de démocratie.
Ce qui est usuel pour les personnes à qui les apparences suffisent, est d'utiliser les mots comme des mantras, des déclencheurs d'émotions positives qui sont programmées, afin d'en pervertir la signification. Et pour se défendre il suffit de redire le mot avec plus d'emphase, tel un humble défenseur de la bonté humaine. C'est important de savoir faire du théâtre.
Une étude, pour le peu qu'il y ait besoin d'une étude pour le prouver, a démontré qu'un système de vote qui serait capable de quantifier rationnellement les opinions populaires afin d'élire des représentants qui défendent les intérêts majoritaires, annihile tout simplement le terrible talon d'Achille de la démocratie qui se situe dans le fait de devoir se retrouver à voter pour une personne qu'on n'aime pas, qu'on appelle "le vote utile", qui n'est pas du tout utile. Or, c'est toujours comme cela que ça se passe.
Pour en arriver à cette finalité, où finalement il faut choisir entre une personne parachutée au service des banques ou le dernier candidat en lice qui écœure tout le monde, il aura fallu, tout au long de la chaîne causale qui conduit à ce drame, hacker la démocratie.
Ici on ne parle même pas (pas encore) du trucage des votes, qui est évident, et ne constitue que la phase finale et minoritaire d'une large plan qui aura consisté à faire voter pour le candidat le plus à-même de sursoir aux desiderata des puissants, des mafias.
- Sur le plan théorique, on promeut un système dit "démocratique" en prétendant que "le choix du peuple est le bon", et ceci "même si le peuple est stupide". Et il faut dire qu'on ne fait pas grand chose pour l'éduquer, au contraire. Garder les peuples dans l'ignorance et la bêtise a toujours été, depuis bien avant les Républiques, un moyen de conserver le pouvoir. Cerise sur le gâteau, on peut même, à l'occasion de certains votes (Maastricht) déclamer que le vote du peuple est ignare et sans intérêt.
- Sur le plan systémique, la démocratie est congruente avec le capitalisme, puisque dans les deux cas on prétend, de façon naïve et ingénue, qu'une seule règle unique à petite échelle peut résoudre tous les problèmes à grande échelle. Dans le deux cas, cette règle est la même, celle de "l'offre et la demande". En pratique, on le voit, cela n'empêche pas les guerres et la famine, la misère, et de voir l'horizon de l'avenir se noircir, et en termes démocratiques, c'est le même résultat.
- Une fois l'infrastructure posée, la structure démocratique consiste à former les esprits à réagir de manière impulsive et mettant en concurrence dans leurs choix leurs propres désirs égoïstes, ce dont se charge la culture, les jeux vidéo et les publicités.
- Ensuite il faut prodiguer une information taillée vaillamment pour créer une antinomie entre deux camps, et chasser les autres plus minoritaires qui voudraient prendre la parole. Cela consiste à polariser les opinions, et pour ce faire il faut aussi promouvoir l'ennemi du "camp du bien". Ce dont les médias se chargent.
(Entre parenthèses, ce camp du bien est tellement mauvais que sans le vouloir il arrive à promouvoir hypocritement des solutions efficaces.)
- Enfin, comme chacun le sait, on peut truquer les votes autant qu'on veut de sorte qu'à un deuxième tour des élections, qui donne l'impression de vouloir obtenir de façon idiote et folklorique une majorité factice, il ne reste que deux candidats, dont un qui symbolise la honte nationale. Et même si le stratagème ne passe pas, ce ne sera qu'à quelques voix près, ce qui est facile à truquer.
Cette chaîne causale, qui est le tourbillon qui conduit au drame d'une élection qui ne convient à personne, n'aurait pas lieu si le système de vote était sincère et fonctionnel.
Pour cela il faut mettre en place les deux seules et uniques directives suivantes :
1 - Abolir le secret du vote afin de le rendre entièrement public et que chacun puisse faire sa comptabilité à partir des données ouvertes en vérifiant que son vote a été pris en compte de la manière désirée - ce qui permettrait d'occasionner des scrutins beaucoup plus fréquents, et distanciels, par exemple sur la législation - et pour le moins cela apporterait une robustesse infaillible à l'intégrité des votes. Il n'y absolument aucun trucage possible, tout simplement.
Il faut noter que la raison qui justifie le secret du vote est une absurdité, puisqu'il s'agit de "se prémunir d'un délit" qui serait occasionné par une personne mécontente qu'une autre n'ait pas voté comme elle le lui aurait ordonné. Ce cas de figure serait si rare et ubuesque qu'il ne pourrait pas faire le poids contre l'avantage flagrant et décisif d'une fiabilité de 100% dans les votes.
2 - Deuxièmement, comme chacun sait, la méthode prouvée mathématiquement pour transducteur une opinion populaire, qui est intangible, en valeurs numériques tangibles, s'appelle le vote de Condorcet. Le fait que cela soit "Made in France" devrait être une fierté. Avec ce système de vote, qui consiste à classer tous les candidats par ordre de préférence, on produit un information bien plus qualitative sur les préférences de chacun et la quantification qui en résulte, le candidat élu, est assuré de satisfaire le plus de monde. Mathématiquement.
En procédant de la sorte il n'y aura plus aucun besoin de dresser toute la chaîne causale en amont du référendum qui consiste à embrouiller l'esprit des gens, à moins de vraiment d'y prendre avec une grande férocité.
Ce qui est probant avec ce système de vote, de quantification objective des préférences, couplé avec une fiabilité de 100% dans le vote électronique, est qu'il peut se dérouler de façon itérative, c'est à dire en élisant non pas des personnes mais des projets, que les personnes élues auraient pour charge de faire appliquer, en bon citoyens.
À ce moment-là, oui, on pourra vraiment parler de démocratie, on pourra être fiers des résultats obtenus, on pourra même se consacrer à s'améliorer années après années, et sans forcer les choses, un tel modèle se répandrait sans avoir besoin de faire une autre publicité que celles des résultats obtenus en terme de bien-vivre.
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Voilà à quoi devrait ressembler une démocratie. Mais comme l'exige le Droit international, ce n'est pas une chose qui doit s'imposer par la force, mais seulement par la force de la raison. Et pour cela, on attend toujours que le moindre politicien veuille bien prendre en compte ces considérations pourtant connues et déjà assez anciennes.