France-Soir
JOHN MACDOUGALL / AFP
Longtemps perçue comme le pilier de l'Europe, l'économie allemande vacille. Entre janvier et juin 2025, 11 900 entreprises ont fait faillite, un chiffre en hausse de 9,4 % par rapport à 2024 ; du jamais vu depuis une décennie. Cette alerte rouge, révélée par le cabinet Creditreform jeudi, met en lumière les fissures béantes d'un modèle économique sous tension permanente.
« L'Allemagne reste plongée dans une crise économique et structurelle profonde », alerte Patrik-Ludwig Hantzsch, économiste chez Creditreform. Hausse des coûts de production, consommation en berne, incertitudes géopolitiques : la liste des facteurs est longue, et le diagnostic brutal. De nombreuses entreprises, étranglées par des trésoreries exsangues, voient leurs crédits non renouvelés. Le moteur industriel allemand tousse, et les secousses se répercutent sur l'emploi : 141 000 postes sont directement concernés par ces faillites. Reuters relaie ces données et précise que la tendance pourrait empirer dans les mois à venir.
En fait, cette récession était prédite par certains économistes. Comme le rapporte l'Institut des Libertés sur X, Charles Gave écrivait l'année dernière que le marché allemand s'effondrait déjà depuis 2010, et ce pour bien des raisons :
"La folie écologique en Allemagne qui vise à faire disparaitre l'industrie automobile allemande.
La folie réglementaire de Bruxelles.
L'Euro qui a tué tous les clients allemands dans l'Europe du Sud.
L'arrivée de l'industrie Chinoise qui fait maintenant concurrence à l'industrie Allemande.
La sous-évaluation du Yen, le Japon étant le principal concurrent de l'Allemagne.
La hausse phénoménale du coût de l'énergie consécutive à la guerre en Ukraine.
Le vieillissement de la population.
Le cout d'une immigration incontrôlée.
Etc."
Selon lui, "l'Allemagne est en train de rentrer dans une récession du type Japon 1992", et le perspective d'un rebond semble mince, étant donné que "les réserves accumulées pendant les années de vaches grasses ont été investies dans des créances sur l'Italie, l'Espagne et la France (les fameuses « balances targets ») qui ne valent rien, ces pays étant bien incapables de rembourser quoi que ce soit".
Le seul espoir viendrait d'un fonds d'investissement public colossal de 500 milliards d'euros, promis par le gouvernement de Friedrich Merz, mais encore en gestation. D'ici là, les PME et industries moyennes risquent de tomber en cascade, aggravant un effet domino déjà enclenché. « La persistance d'un niveau élevé de défaillances déclenche de plus en plus de réactions en chaîne », confirme Hantzsch. L'Euro, entre autres choses, pourrait bien avoir tué l'Europe.