Discours et réponses aux questions du ministre des Affaires étrangères de la Fédération russienne S.V. Lavrov lors du XIe forum international scientifique et expert «Lectures Primakov», Moscou, 24 juin 2025.
Mesdames et Messieurs,
Chers collègues,
Je tiens tout d'abord à remercier les organisateurs de m'avoir invité à la nouvelle édition des «Lectures Primakov», qui rassemblent traditionnellement un panel prestigieux de participants : des personnalités politiques, des scientifiques, des experts et des acteurs sociaux de nombreux pays du monde.
Je me réjouis que l'intérêt pour ce forum se maintienne et grandisse dans le contexte actuel. Les «Lectures» sont indissociables du nom et de l'héritage d'E. Primakov. C'est lui qui, il y a de nombreuses années, a fondé le concept d'un monde multipolaire et a prédit avec précision que le renforcement des principes multipolaires deviendrait la tendance principale du développement mondial de la première moitié du XXIe siècle. À en juger par tout, de loin plus longtemps. Selon toute vraisemblance, le mouvement vers un nouvel ordre mondial prendra une époque historique. Nous n'en sommes qu'au début du chemin.
Il est clair qu'au milieu des années 1990, la doctrine d'E. Primakov a apporté une réponse théorique et philosophique à des concepts tels que «la fin de l'histoire», «le choc des civilisations» ou «la fin des autocraties». On comprend maintenant qui avait raison : ceux qui prédisaient l'uniformité des opinions et la domination totale de l'ordre mondial libéral occidental, ou E. Primakov, notre maître, qui nous a incités à prendre le bon côté de l'Histoire et la bonne voie vers le développement de l'humanité sur la base de l'égalité et du bénéfice mutuel. Le président russien V.V. Poutine l'a clairement exprimé lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, en déclarant que nous, avec la République populaire de Chine et d'autres pays partageant les mêmes idées, ne formons pas artificiellement (c'est ce qu'il voulait dire) un nouvel ordre mondial, mais que nous le façonnons, en aidant les processus objectifs à se développer de la manière la plus efficace et la plus rapide possible.
En 1996, E. Primakov a publié un article programmatique intitulé «Les relations internationales à l'aube du XXIe siècle : problèmes et perspectives». Il y soulignait que le principal mécanisme capable d'assurer une transition en douceur et la moins douloureuse possible vers un monde démocratique multipolaire était l'ONU, et qu'il ne fallait pas «réinventer la roue», mais respecter scrupuleusement ce qui est inscrit dans la Charte des Nations unies, en premier lieu le principe de l'égalité souveraine des États, qui est à la base de la multipolarité.
Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui affirment qu'il faut remplacer le système de Yalta-Potsdam. Tout dépend de ce dont il s'agit. S'il s'agit du cadre juridique international, il n'est pas nécessaire de modifier la Charte de l'Organisation mondiale. Lisez-la, c'est le document international le plus équitable qui ait jamais été adopté par pratiquement tous les États de notre planète, sans exception. Le problème, c'est que les principes qui y sont énoncés sont loin d'être appliqués par tous, ou bien ils sont violés, ou bien ils sont sortis de leur contexte général et appliqués de manière sélective. Alors que nous insistons sur la nécessité de respecter les principes de la Charte des Nations unies dans leur ensemble et dans leur interdépendance, nos collègues occidentaux appliquent une logique qui s'inscrit dans leur philosophie d'un «ordre fondé sur des règles». Personne n'a vu ces règles, mais eux, ils les appliquent.
Lorsque la Yougoslavie a été détruite, il fallait «détacher» le Kosovo de la Serbie. Ils ont dit qu'il n'était pas nécessaire d'organiser un référendum, car l'ancien président finlandais et représentant spécial de l'ONU pour le Kosovo à l'époque, Ahtisaari, qui «supervisait» le dialogue entre les Kosovars et la Serbie, avait rédigé un rapport indiquant que les discussions duraient depuis si longtemps, que rien n'avançait et qu'il était probablement temps de proclamer l'indépendance. Sans référendum, sans rien. Ils ont simplement déclaré que le Kosovo devenait désormais indépendant. L'Occident a immédiatement soutenu cette décision. Le président russien V.V. Poutine en parle souvent. Je tiens à le rappeler une fois de plus, car c'est un exemple très tentant et «criant». L'Occident a déclaré qu'il s'agissait du droit des nations à l'autodétermination. Or, il n'y a eu aucune hostilité au Kosovo, personne n'a été brûlé ni fusillé, le processus était pacifique. Ils ont simplement déclaré que cela durait depuis trop longtemps, que c'était ennuyeux, et qu'il fallait mettre fin à tout cela.
Et quand six ans plus tard, les Criméens et les habitants du Donbass, en réponse à un coup d'État sanglant et illégal, ont refusé d'écouter et d'obéir aux putschistes arrivés au pouvoir de manière illégale, ont organisé un référendum en Crimée et ont proclamé l'indépendance des républiques populaires Donetsienne et Louganienne, l'Occident s'est immédiatement «énervé» et a déclaré qu'il s'agissait d'une violation flagrante du principe de souveraineté et d'intégrité territoriale.
L'attitude de l'Occident envers les droits de l'homme est «criante». L'article 1er de la Charte des Nations unies exige le respect des droits de l'homme, de chaque individu, indépendamment de sa race, de son sexe, de sa langue et de sa religion. Vous savez ce que ces «dirigeants» néonazis ont fait à la langue russe en Ukraine, quel sort est réservé à l'Église orthodoxe ukrainienne canonique. L'Occident, qui, lorsqu'il discute de n'importe quelle situation dans le monde, que ce soit au Venezuela, en Iran, en République populaire de Chine, en Russie, et maintenant aussi en Hongrie, et dans bien d'autres contextes, met invariablement au premier plan l'exigence du respect des droits de l'homme. Quelqu'un a-t-il déjà entendu parler des «droits de l'homme» dans les évaluations que l'Occident fait des actions du régime de Kiev au cours des 11 dernières années, depuis le coup d'État ? Pas moi. Au contraire, des «Ursula von der Leyen», des «Kai Kalas», et avant eux des «José Borrell» et des «Charles Michel», ont répété et répètent à chaque occasion qu'il faut «injecter» des armes et de l'argent en Ukraine et de l'argent pour lui permettre d'attaquer la Russie, dans le but illusoire de «porter une défaite stratégique à la Russie». Le principal argument avancé est que l'Ukraine est présumée de «défendre les valeurs européennes». L'attitude envers les droits de l'homme à l'égard des Russes montre que les tendances néonazies et les instincts nazis n'ont pas disparu en Europe. Récemment, la commissaire européenne chargée de l'élargissement de l'UE et de la reconstruction de l'Ukraine, Kos, a déclaré que l'Ukraine a rempli toutes les conditions nécessaires pour entamer les négociations d'adhésion à l'Union européenne. On peut commencer. Voilà tout. C'est tout ce qu'il fallait savoir sur la démocratie, sur la façon dont elle s'est transformée aujourd'hui dans l'Union européenne.
C'est précisément pour éviter de telles interprétations perverties de la Charte des Nations unies par le biais de doubles standards que nous avons soutenu, il y a trois ans, l'initiative du Venezuela visant à créer à New York un groupe d'amis pour la défense de la Charte des Nations unies. Il compte aujourd'hui plus de vingt membres. Ceux qui le souhaitent peuvent y adhérer. Le groupe est très actif. Nous acceptons régulièrement des déclarations, notamment (celle qui sera publiée aujourd'hui) sur la situation au Moyen-Orient, mais surtout sur l'agression contre la République islamique d'Iran. Ce groupe de personnes partageant les mêmes idées a de bonnes perspectives d'avenir. C'est à son initiative que l'Assemblée générale des Nations unies a approuvé pour la première fois, en décembre 2024, à une large majorité, une résolution sur la nécessité de lutter contre les pratiques néocolonialistes modernes. On peut également évoquer le fait que, après avoir obtenu leur liberté politique, les anciennes colonies, en particulier africaines, n'ont pas obtenu l'égalité économique, comme l'exige la Charte des Nations unies.
Une deuxième vague de libération de l'Afrique est actuellement en cours. Nos amis africains attirent de plus en plus l'attention sur le fait que leur économie reste principalement basée sur l'exploitation des ressources naturelles de ces pays. En substance, toute la valeur ajoutée est produite et empochée par les anciennes métropoles occidentales et les autres membres de l'Union européenne et de l'OTAN.
Je voudrais ajouter une chose qui est importante, surtout en cette année du 80ème anniversaire de la Grande Victoire. Il s'agit de la tendance manifeste à la résurgence du nazisme, malgré les verdicts du tribunal de Nuremberg, qui sont obligatoires et doivent être respectés par tous. C'est la voie directe vers la révision de toute l'architecture juridique internationale d'après-guerre. Je ne doute pas que l'Occident et l'Europe en sont conscients et qu'ils tentent, dans le même but, d'encourager les tendances néonazies et nazies tant du côté du régime ukrainien que du côté des pays baltes et d'une série d'autres pays. Ils comptent, dans le cadre de leur concept d'«ordre fondé sur des règles», utiliser ces processus et ces tendances pour causer un maximum de dommages à la Russie ou, comme ils le disent, «contenir la Russie». À présent, cependant, ils ne parlent plus de «contenir», mais de «vaincre», sinon notre pays, disent-ils, détruira lui-même l'Europe d'ici trois ou quatre ans.
La position du secrétaire général de l'ONU, António Guterres, citoyen du Portugal, membre de l'Union européenne et de l'OTAN, suscite un immense regret. Non seulement il abuse régulièrement et ouvertement de ses pouvoirs, mais il refuse (malgré nos nombreuses demandes) d'appeler les choses par leur nom et même de faciliter l'obtention d'informations élémentaires. C'est le cas, par exemple, de nos demandes répétées visant à ce qu'il use de son autorité pour que nous obtenions la liste des noms des personnes dont les cadavres ont été montrés par les journalistes de la BBC à Boutcha en avril 2022. Bien qu'une enquête ait été annoncée, personne d'autre que nous «n'ose plus bégayer» sur ses résultats. Mais les noms des personnes pour lesquelles tout cela a été entrepris, au nom de leur destin et en mémoire des sacrifices qu'elles ont consentis, n'ont pas été divulgués, et une nouvelle vague de sanctions a été adoptée. Je ne parle même pas de 2014. Aucune enquête n'est menée pour savoir qui a brûlé vifs 50 personnes dans la Maison des syndicats à Odessa. Mais il n'y a pas besoin d'enquête. Toutes ces personnes sont filmées sur des vidéos qu'il suffit de décrypter, et il n'y a plus rien à dire.
La résurgence du nazisme et la façon dont elle est perçue en Occident (soit on ferme les yeux, soit on l'encourage activement) - tout est bon pour nuire à la Russie (selon eux) et physiquement «sur le champ de bataille», et moralement, politiquement, en sapant et en essayant d'effacer de l'Histoire la Grande Victoire remportée sur le fascisme, avant tout grâce aux efforts et aux sacrifices de notre peuple.
En parlant de la manière dont des fonctionnaires tels que le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, enfreignent l'article 100 de la Charte des Nations unies, qui exige l'impartialité et limite leurs fonctions aux affaires administratives. La direction de l'UNESCO suit le même exemple en déclarant (exemple brillant) le centre d'Odessa patrimoine culturel mondial quelques semaines après que des barbares y aient démoli le monument à Catherine II, fondatrice de cette ville, sous le règne de laquelle toute la région a été aménagée, des villes, des ports et des usines ont été construits. Parmi les autres organisations, citons l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, dont le directeur général, F. Arias, s'est rangé du côté de l'Occident en commettant des violations flagrantes et manifestes de la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur destruction, qui exige que toute modification du format de coopération dans ce cadre soit adoptée exclusivement sur la base d'un consensus. Tout cela a été ignoré.
Le consensus, en tant que fondement indispensable au fonctionnement de la structure, est également une règle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. De la même manière, les dirigeants du Secrétariat de l'OSCE et les présidents issus des pays de l'Union européenne et de l'OTAN enfreignent grossièrement cette règle. C'est ce que fait actuellement la Finlande, en tant que présidente de l'Organisation, en préparant, sans dévoiler son plan, un événement en août de cette année, consacré au 50ème anniversaire de l'Acte final de Helsinki. D'après nos informations, des réunions secrètes, des réunions privées, sont en cours de préparation. Aucune discussion sur la direction dans laquelle la politique occidentale a conduit les membres de l'OSCE n'est prévue. Les Finlandais rédigeront ensuite un document final et célébreront bruyamment cet anniversaire devant le monde entier. Mais le fait que la grande majorité des pays du monde n'apprécie pas du tout ces tendances et les tentatives de l'Occident de réécrire l'Histoire a été clairement démontré par la participation de plusieurs dizaines de dirigeants des principaux États de la majorité mondiale aux événements organisés à l'occasion de la Grande Victoire le 9 mai dernier sur la Place Rouge.
Je ne vais pas m'étendre sur nos approches concrètes pour régler la crise ukrainienne. Le président russien V.V. Poutine les a une nouvelle fois confirmées en détail (elles n'ont jamais changé) lors des discussions au Forum économique international de Saint-Pétersbourg.
Contrairement à nous, les approches des «dirigeants» occidentaux changent constamment et reflètent l'échec de tous leurs projets initiaux. Vous vous souvenez comment tout a commencé ? «La Russie doit être vaincue stratégiquement sur le champ de bataille». Ils le criaient tout simplement, jusqu'à l'hystérie. Au bout d'un certain temps, le slogan a changé et ils ont commencé à déclarer haut et fort que «la Russie ne doit pas gagner» en Ukraine. Et maintenant, ils exigent, demandent, implorent «un cessez-le-feu immédiat sans conditions préalables». C'est exactement ce que V.A. Zelensky refusait catégoriquement il y a quelques années, lorsqu'il vivait et travaillait encore sous le slogan «défaite stratégique sur le champ de bataille». Le fiasco de la stratégie et de la tactique occidentales est évident, mais l'Europe continue d'essayer.
Deux circonstances sont particulièrement préoccupantes. Nous n'avons jamais eu d'illusions concernant l'OTAN. Quant à l'Union européenne, dès le début des discussions ukrainiennes (avant même le coup d'État), nous avons toujours dit que l'Ukraine devait rester fidèle aux principes sur lesquels elle avait fondé son indépendance et sur lesquels nous avions reconnu cette indépendance. Le président les a réitérés : un statut neutre hors bloc et, par conséquent, un statut non nucléaire, comme le stipule la Déclaration sur la souveraineté nationale de l'Ukraine. À l'époque, nous disions que l'OTAN était un bloc agressif, dont la raison d'être était uniquement de se chercher des ennemis. Ils ont trouvé la Russie après que notre pays ait rétabli sa position légitime dans le monde au début des années 2000 et dans les années 2010. Après avoir fui l'Afghanistan, la Fédération russienne est devenue l'ennemi commun.
Nous insistons pour que l'engagement de l'Ukraine à rester hors de tout bloc soit pleinement respecté. Quant à l'Union européenne, il s'agit certes d'une union économique créée dans le but d'améliorer la situation socio-économique des habitants des pays européens. Nous n'avons rien contre cela. Mais depuis lors, l'Union européenne a subi une transformation radicale, qui se poursuit encore aujourd'hui, pour devenir un bloc militaro-politique agressif, en fait une filiale, voire un appendice de l'OTAN. Il y a quelques années, ils ont signé un accord avec l'OTAN selon lequel, lorsque l'OTAN aura besoin (et de tels plans sont annoncés) de déplacer ses troupes et son matériel vers l'est, les pays non-membres de l'OTAN, mais membres de l'Union européenne, seront tenus de mettre leur territoire à disposition. En d'autres termes, ils participent directement à la préparation d'une guerre contre notre pays.
La position de l'Allemagne est très inquiétante. Depuis quelque temps, elle vote avec l'Italie et le Japon à l'Assemblée générale des Nations unies contre notre résolution annuelle sur l'inadmissibilité de l'héroïsation du nazisme. En outre, elle assume le rôle de leader dans le soutien au régime nazi de Kiev, en l'alimentant à la fois financièrement et en armes. Ils ont maintenant élaboré un plan selon lequel ils produiraient des armes sur le territoire ukrainien. De nombreux observateurs objectifs ont déjà présenté des faits démontrant que rien de tel ne se produira. Il s'agit simplement d'un prétexte pour fournir des armes provenant d'Allemagne et d'autres pays européens aux forces armées ukrainiennes, en prétendant qu'il ne s'agit pas d'un soutien ou d'un approvisionnement en armes, mais d'une aide à la mise en place d'une production nationale. De nombreuses manœuvres de ce type sont prévues et mises en œuvre.
Le chancelier allemand F. Merz, dans le cadre de l'implication physique profonde de l'Allemagne dans le conflit dans le contexte des livraisons de «Taurus» dont il menace, bien qu'il soit impossible de les contrôler sans la participation directe des soldats et des officiers de la Bundeswehr, a déclaré dès son entrée en fonction que sa priorité était de faire de l'armée allemande «à nouveau la plus puissante d'Europe». De telles déclarations montrent que les cercles dirigeants de l'Allemagne moderne ont oublié les pages sombres de leur histoire et qu'il est temps pour eux, avant qu'il ne soit trop tard, de revenir à la raison.
L'Occident ne se limite pas à contenir la Russie, il se comporte de manière provocante et agressive à l'égard de toute manifestation d'indépendance, y compris dans ses propres rangs. Au sein de l'Union européenne et de l'OTAN, il existe des voix sensées, non pro-russiennes, mais qui déclarent leur préférence pour les intérêts nationaux plutôt que pour ce que la von der Leyen imagine à Bruxelles parmi les autres membres de la Commission européenne, que personne n'a jamais élus et dont la composition fait l'objet de négociations secrètes entre les chefs des gouvernements nationaux des pays de l'Union européenne.
On ne peut ignorer les risques liés au fait que l'OTAN dépasse les limites de sa zone de responsabilité traditionnelle et tente de s'implanter au Moyen-Orient, dans le Caucase, en Asie centrale et dans l'Arctique, tandis que dans la région Asie-Pacifique, l'Occident promeut avec zèle des stratégies indo-pacifiques visant ouvertement à démanteler l'architecture de sécurité universelle et ouverte qui s'est construite pendant des décennies sur la base de la philosophie et autour de l'ASEAN.
La nécessité de former un front anti-chinois uni est ouvertement proclamée, comme l'a fait le ministre américain de la Défense, P. Hagard, lors du récent forum international «Shangri-La» à Singapour.
L'escalade des tensions au Moyen-Orient à la suite de l'action militaire d'Israël et des États-Unis contre l'Iran, y compris contre les installations de son programme nucléaire pacifique a été faite en violation flagrante de la Charte des Nations unies, du Statut de l'AIEA, des résolutions des Nations unies et de l'AIEA elle-même, qui exigent de ne pas toucher aux installations nucléaires pacifiques. Dans l'ensemble, c'est également ce qu'exigent les normes internationalement reconnues du droit international.
Les références au droit de légitime défense ne peuvent induire personne en erreur, car aucun fait, pas même un soupçon, n'a été présenté pour étayer la version selon laquelle l'Iran aurait attaqué ou préparé une attaque contre Israël. Le droit international n'encourage pas le recours préventif à la force contre un État qui n'a pas attaqué celui qui souhaite recourir à cette force.
La déstabilisation croissante du Moyen-Orient, le recours à des méthodes telles que les assassinats politiques pour éliminer des chefs militaires et des scientifiques menacent de graves bouleversements tant pour la sécurité mondiale que pour l'économie mondiale, et en particulier pour le régime de non-prolifération des armes de destruction massive.
Dans l'ensemble, le tableau est inquiétant, mais nous nous efforçons toujours, comme l'a légué E. Primakov et comme nous le conseillent nos amis chinois, de rechercher dans toute crise des possibilités d'aller de l'avant. Compte tenu du fait que l'OTAN s'attaque à toute l'Eurasie, à l'Extrême-Orient et étend ses ambitions partout jusqu'à l'océan Pacifique, nous pensons qu'il est nécessaire de rechercher de nouvelles voies, de nouvelles formes d'architecture de sécurité eurasienne pour remplacer les modèles euro-atlantiques complètement «ruinés».
Dans l'architecture dont nous parlons, nous estimons important de prévoir la participation de tous les États et associations sans exception situés sur notre continent. En Afrique, il y a l'Union africaine ainsi que de nombreuses structures sous-régionales, en Amérique latine, il y a le CELAC ainsi que des organisations d'intégration sous-régionales, et en Eurasie, le continent le plus grand, le plus riche et le plus prometteur, où de nombreuses grandes civilisations ont vu le jour et subsistent, il existe des processus d'intégration distincts, mais il n'y a pas de forum unificateur qui serait continental, comme en Afrique et en Amérique latine. Les concepts fondés sur les principes euro-atlantiques se sont déjà complètement discrédités, à commencer par l'OTAN. J'y inclurais également l'Union européenne, étant donné qu'elle est désormais, en substance, «couchée» sous l'OTAN, et l'OSCE était également une initiative euro-atlantique. Lors de la préparation de la conférence d'Helsinki, l'Union soviétique partait du principe que la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe devait réunir les pays de l'Atlantique à l'Oural, pour ainsi dire. Les participants européens ont insisté pour que leurs homologues nord-américains soient également invités. Ils ont été invités. Et depuis lors, ils ont dicté toutes leurs conditions à leurs alliés, en premier lieu à l'OTAN.
Les relations de partenariat global et de coopération stratégique entre la Russie et la Chine contribuent au renforcement de la sécurité sur le continent eurasien. Elles constituent un modèle de coopération entre grandes puissances et un facteur important de stabilité sur la scène internationale. La diplomatie personnelle de nos dirigeants, V.V. Poutine et Xi Jinping, joue un rôle considérable.
Nous constatons un impact très positif sur la situation du partenariat stratégique et de l'alliance entre la Russie et la Biélorussie, dans le cadre duquel un accord sur les garanties de sécurité au sein de l'État union a récemment été conclu. Nous soutenons l'initiative de la Biélorussie, qui organise chaque année à Minsk une conférence sur les questions de sécurité eurasienne. Avec nos collègues biélorusses, nous promouvons le projet de Charte eurasienne de la diversité et de la multipolarité au XXIe siècle. Je mentionnerai le traité de partenariat stratégique global entre la Fédération russienne et la République populaire démocratique de Corée. Il contribue à la stabilité de la paix non seulement dans la région de l'Asie du Nord-Est, mais aussi dans le contexte eurasien et pacifique.
Je soulignerai l'importance et le potentiel d'un partenariat stratégique particulièrement privilégié avec l'Inde. Ici aussi, l'héritage d'E. Primakov est bien connu. C'est lui qui, il y a de nombreuses années, a pris l'initiative de former un «trio» non bureaucratique - RIC (Russie, Inde et Chine). Depuis lors, elle s'est réunie régulièrement au cours des dernières années. Nous faisons actuellement une pause. D'abord, la pandémie est intervenue, puis l'aggravation de la situation à la frontière entre l'Inde et la Chine a servi de «frein». À présent, compte tenu des informations selon lesquelles ces tensions s'atténuent, nous espérons que les travaux du RIC reprendront.
E. Primakov partait également du principe que l'une des conditions préalables à la formation d'un monde multipolaire était la démocratisation des relations économiques mondiales et le refus de leur politisation. Aujourd'hui, en recourant à des sanctions unilatérales illégales, qui deviennent de plus en plus souvent le prélude à une attaque armée, que ce soit en Yougoslavie, en Irak, en Libye ou maintenant en Iran, l'Occident a recours à des instruments de concurrence déloyale, notamment des guerres tarifaires, des saisies d'actifs souverains, l'abus du rôle de ses monnaies et de ses systèmes de paiement. En substance, l'Occident a lui-même enterré le modèle de mondialisation qu'il avait construit dans son intérêt après la fin de la «guerre froide».
La Russie, avec ses alliés, participe activement à la mise en place de mécanismes de commerce extérieur échappant au contrôle de l'Occident. Il s'agit notamment de corridors de transport, de plateformes de paiement alternatives et de chaînes de production et de distribution. Ce sujet a été largement abordé lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg. Le BRICS, l'OCS et le CELAC s'y emploient activement. Nous avons entendu la position du président brésilien L.I. Lula à ce sujet. L'Union africaine y réfléchit également. Dans l'ensemble, lorsque nous parlons de la volonté de mieux représenter le continent eurasien dans l'économie mondiale et d'utiliser les avantages que lui ont donnés Dieu et l'histoire, notamment les voies de transit, les ressources naturelles et bien d'autres choses encore, nous encourageons le développement des relations entre les organisations, y compris dans le domaine économique, créées et opérant sur ce continent. Il s'agit de l'UEE, de l'ASEAN, de l'OCS et de la SSAAP. En Asie du Sud, il existe l'Association de coopération régionale de l'Asie du Sud. Le «quintette» d'Asie centrale fait également partie intégrante de cet espace.
Tous ces projets d'intégration peuvent être associés avec succès au grand projet chinois «Une ceinture, une route». En encourageant les contacts et l'harmonisation des programmes entre toutes ces structures, nous voyons la perspective de créer ce que le président russien V.V. Poutine a appelé le Grand partenariat eurasien.
Pour conclure, je tiens à dire qu'E. Primakov a toujours pensé que les contradictions entre les acteurs mondiaux, en particulier entre les pays leaders qui ont une responsabilité particulière en matière de sécurité internationale, ne doivent pas constituer un obstacle au dialogue et à la coopération.
Nous sommes tout à fait d'accord avec le conseil de notre grand prédécesseur. Aujourd'hui, malgré les profondes divergences entre Moscou et Washington, nous avons soutenu et accepté la proposition de l'administration de Donald Trump (après son arrivée au pouvoir) de reprendre le dialogue bilatéral sans conditions préalables et d'entamer une discussion professionnelle, concrète, sans propagande ni politisation, sur les moyens de normaliser les relations bilatérales.
Ce processus n'est pas facile. Il suffit de regarder la situation sur la scène mondiale dans laquelle ce dialogue se développe. Il n'est pas rapide, mais avec de la persévérance et la prise de responsabilité de chaque partie pour le destin du monde, il peut tout à fait profiter à l'humanité tout entière, notamment pour des discussions préventives et la prévention de crises telles que celles que nous observons actuellement.
Quant à l'Europe, qui, une fois de plus dans l'Histoire, «attise» littéralement une nouvelle grande guerre, elle n'a guère quoi offrir dans le contexte de sa marginalisation dans les affaires mondiales. Nous observons cela également. À l'heure actuelle, l'Union européenne peut difficilement être considérée comme l'un des pôles importants d'un monde multipolaire qui se forme objectivement. Mais en toutes circonstances, comme l'a déclaré le président russien V.V. Poutine, nous sommes prêts à rechercher honnêtement un équilibre des intérêts avec tous ceux qui sont prêts à travailler honnêtement, sur un pied d'égalité. Et lorsque cela sera possible, nous réagirons.
Que ceux qui ont rompu leurs relations avec nous au détriment de leurs peuples, subissant des pertes financières colossales, voire une atteinte à leur réputation, en jouant des mots sur le titre de l'émission de F.A. Loukianov, viennent nous voir lorsque ce «toupet international» [«Международное оборзение» au lieu de «Международное обозрение», «Revue internationale». - NdT] prendra fin, après avoir pris conscience de leurs erreurs, et nous proposent ce qu'ils ont à offrir. Et nous déciderons en fonction de nos intérêts.
Question : Il y a quatre heures et demie, un cessez-le-feu devait entrer en vigueur au Proche-Orient. Hier, le président russien V.V. Poutine et vous-même avez rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères A. Araghchi. Quels scénarios envisagez-vous, croyez-vous à l'entrée en vigueur de ce cessez-le-feu ? Quelle est votre évaluation à ce sujet ?
S.V. Lavrov : Des évaluations ont été présentées, notamment par le président russien V.V. Poutine et votre humble serviteur.
Notre position est simple. L'essentiel, comme l'a souligné hier V.V. Poutine lors de sa rencontre avec le ministre iranien des Affaires étrangères A. Araghchi, est que nos propositions pour régler cette situation ont été présentées il y a déjà longtemps. Elles ont été présentées lors de contacts confidentiels avec les Américains, les Israéliens et les Iraniens, notamment lors de discussions au plus haut niveau. Washington, Jérusalem-Ouest et Téhéran ont réagi positivement. Mais rien n'a été fait concrètement pour mettre en œuvre les idées qui ont été avancées.
Nous ne souhaitons pas les exposer en détail pour l'instant, mais je peux dire qu'elles visaient à surmonter la principale contradiction, à savoir la volonté des États-Unis et d'Israël de parvenir à un accord au détriment du droit fondamental de l'Iran, comme de tout autre pays, à enrichir de l'uranium dans le cadre de la mise en œuvre de programmes nucléaires pacifiques. Il y avait là une issue qui nous semblait réaliste.
Hier, le président russien V.V. Poutine a réaffirmé que nous étions toujours prêts à participer si les parties concernées en avaient directement intérêt et nous le demandaient. Il a particulièrement souligné que nous ne nous imposions en aucun cas comme médiateurs.
En ce qui concerne les annonces qui ont afflué depuis Washington, Jérusalem-Ouest et Téhéran à partir d'une heure du matin aujourd'hui, il est difficile pour l'instant de tirer des conclusions définitives et d'avoir une vision claire de la situation. En effet, le président américain Donald Trump a annoncé que la paix était désormais «éternelle» et qu'un accord avait été conclu. On rapporte que les Américains ont convaincu Israël d'accepter un cessez-le-feu et d'établir une trêve illimitée, et que nos amis qataris ont joué un rôle similaire à l'égard de Téhéran.
Nous ne pouvons que nous réjouir si un tel accord existe. Mais après son annonce, des informations ont fait état d'échanges de frappes entre Israël et l'Iran. Ne tirons pas de conclusions hâtives sur la base d'informations fragmentaires. Mais nous sommes pour la paix.
Question : Nous avons tous été témoins du fait que les accords de Minsk n'étaient qu'une couverture. Les dirigeants occidentaux ont ensuite déclaré qu'ils servaient de couverture pour armer l'Ukraine. Nous avons vu comment l'Occident a déclaré son engagement dans les négociations avec l'Iran sur une solution pacifique à la question nucléaire, et comment, dans le même temps, la décision a été prise d'attaquer, notamment les installations nucléaires iraniennes.
Dans de telles conditions, comment pouvons-nous mener et mener des négociations avec l'Occident, y compris avec les États-Unis, alors que la confiance est remise en question ? Comment obtenir un résultat qui ne se solde pas, comme d'habitude, par «on nous a trompés» ?
S.V. Lavrov : Ce n'est pas la première fois dans l'Histoire que l'Occident se montre incapable de négocier. L'un des exemples les plus frappants est le pacte Molotov-Ribbentrop, lorsque A. Hitler avait besoin de mieux se préparer à la guerre contre l'Union soviétique, ce qu'il a fait.
Les accords de Minsk, que l'Allemagne a également garantis et signés, ont également été utilisés pour préparer la guerre contre la Fédération russienne.
Dans quelle mesure peut-on faire confiance à l'Occident ? Je pense que même la formule de l'ancien président américain R. Reagan «faire confiance, mais vérifier» n'est pas suffisante. Il existe différentes façons de vérifier. On peut vérifier en concluant un accord sur les mécanismes de vérification de l'exécution de l'accord. On peut vérifier par le biais des services spéciaux, du renseignement politique et militaire.
Comme vous le savez, les services de renseignement extérieurs russiens surveillent activement les actions qui portent directement préjudice à la Fédération russienne. Il faudra réfléchir, nous aurons besoin de garanties solides, inscrites dans une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Mais, je le répète, l'Occident restera. Ces garanties du Conseil de sécurité ont déjà été bafouées à maintes reprises. Comme ce fut le cas au Kosovo, lorsqu'il a violé la résolution consacrant la souveraineté de la Serbie sur cette région serbe et exigeant la présence de policiers, de gardes-frontières et de douaniers serbes sur le territoire du Kosovo. Il y a là une base de l'OTAN, la plus grande des Balkans, et les forces de l'OTAN - la «KFOR». Ils ne laissent personne entrer.
Quand on leur dit que cela est inscrit dans votre résolution, c'est encore la même rengaine qu'ils répétaient lorsque nous leur demandions de renoncer à l'élargissement de l'OTAN vers l'Est, car ils ne l'avaient pas seulement promis verbalement, mais l'avaient également consigné dans les documents de l'OSCE : ne pas renforcer leur sécurité au détriment de celle des autres, aucune organisation dans l'espace euro-atlantique ne peut prétendre à la domination. Nous leur avons présenté tout cela.
Ils ont répondu qu'il s'agissait d'un engagement politique. Nous leur avons dit que cela avait été signé par les présidents. La réponse a été : et alors, les garanties juridiques de sécurité ne peuvent être obtenues que dans le cadre de l'Alliance nord-atlantique. Ils ont délibérément fait de l'OTAN un «aimant» et ont stimulé de force le désir des régimes - comme celui de V.A. Zelensky - de nier tout le reste, de rejeter tout contact avec tous, sauf avec l'Alliance nord-atlantique.
Il m'est difficile d'énumérer des mécanismes. Mais si et quand (j'espère quand) une telle conversation reprendra avec l'Occident, avec les Américains (nous sommes encore loin d'une discussion de fond sur les questions de stabilité stratégique avec eux), et quand les Européens se raviseront et cesseront de «faire le démon» (excusez-moi pour ce mot grossier) [Le mot russe «перебесятся» n'a pas d'équivalent français. - NdT], il faudra examiner attentivement comment garantir la sécurité afin de ne pas répéter les erreurs du passé.
En ce qui concerne la situation en Iran, le 22 juin dernier, une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU a été convoquée par la Russie, la Chine et le Pakistan. Le 23 juin, une réunion d'urgence du Conseil des gouverneurs de l'AIEA a eu lieu. Des choses amusantes ont été mises au jour.
Je vais vous rafraîchir la mémoire sur les antécédents. Il y a quelques semaines, le directeur général de l'AIEA, R. Grossi, a commencé à préparer un rapport complet sur la situation autour du programme nucléaire iranien. Dans ce rapport, comme toujours, le Secrétariat de l'AIEA pouvait décrire les mêmes faits de différentes manières.
Par exemple, en 2015, lorsque la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies a été adoptée, elle a approuvé le Plan d'action global conjoint visant à régler de manière complète et définitive la situation autour du programme nucléaire iranien.
À ce moment-là, avant de rendre un tel verdict, l'AIEA, puis le Conseil de sécurité des Nations unies, ont examiné des informations selon lesquelles l'AIEA avait détecté de légères traces de substances radioactives lors d'inspections régulières dans trois sites en Iran. Tout cela a été analysé à ce moment-là. Ces traces radioactives dataient, comme l'AIEA l'a alors découvert, de 2003. Après cela, aucun autre facteur supplémentaire n'est apparu.
En 2015, tout a été examiné, y compris cet épisode concernant les trois sites, et il a été décidé qu'aucun élément ne permettait de conclure que l'Iran tentait d'introduire des éléments militaires dans son programme nucléaire pacifique. Sur la base de cette conclusion, des décisions ont été prises par le Conseil des gouverneurs de l'AIEA et le Conseil de sécurité de l'ONU.
En 2019, D. Trump, lors de son premier «avènement», s'est retiré du Plan d'action global conjoint. Le rôle de la «troïka» européenne, qui a participé à l'élaboration de ce plan aux côtés des États-Unis, de la Russie et de la Chine, est ici amusant. Il s'agit de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Allemagne. Elles se sont lamentées, mais aucune critique n'a été adressée aux États-Unis. Et quelque temps plus tard, ils ont commencé à exiger de l'Iran qu'il explique pourquoi il ne laissait pas les inspecteurs effectuer des inspections et des visites supplémentaires. L'Iran a répondu qu'il faisait tout ce qui était prévu par le Traité de non-prolifération et l'accord de garanties avec l'AIEA, comme tous les autres - «ni plus, ni moins». Car tout ce qui était «au-dessus» relevait de l'accord sur le programme nucléaire iranien en échange de mesures réciproques de la part de l'Occident, notamment dans le contexte de la levée progressive des sanctions.
Les Européens ont adopté une position purement impériale et néocoloniale : ne suivez pas l'exemple des États-Unis, eux peuvent le faire, mais pas vous, vous devez tout respecter. Au siège de l'AIEA à Vienne, avant la récente réunion au cours de laquelle le rapport du directeur général R. Grossi a été présenté, ils l'ont activement «travaillé» pour qu'il insère dans son document des formulations aussi ambiguës et négatives que possible. Ce qu'il a fait. Reprenant ces formulations, cette «troïka» (à laquelle se sont joints les Américains) a présenté au Conseil des gouverneurs une résolution condamnant l'Iran de ne pas respecter pleinement ce qui avait été détruit par Washington. Quelques jours plus tard, Israël a lancé ses frappes. Il y a ici une chaîne logique. Les Européens ont leur part de responsabilité dans la réalisation de ces attaques.
Aujourd'hui, R. Grossi, qui a en grande partie donné le coup d'envoi, aurait pu rédiger un rapport plus clair. Il exige maintenant de l'Iran qu'il donne immédiatement accès à l'AIEA à ses installations nucléaires afin de vérifier où se trouvent ses matières enrichies, de voir ce qui s'y passe : nous avons frappé, nous n'avons rien trouvé, vous l'avez caché quelque part, montrez-nous où. Y a-t-il des garanties que cela «ne fuit pas» ? Je n'en vois pas.
L'Occident exerce une influence considérable sur les secrétariats des organisations internationales et, dans une certaine mesure, il les a «privatisés», car les employés occidentaux des secrétariats des structures internationales, à commencer par l'ONU, ne sont pas guidés par l'exigence d'impartialité et l'interdiction de recevoir des instructions de la part de quelque gouvernement que ce soit.
Question (traduction de l'anglais) : Comment la souveraineté peut-elle fonctionner dans le cadre de l'intégrité territoriale, étant donné que tous les droits de tous les États doivent être respectés dans le cadre du droit international ?
S.V. Lavrov : J'ai mentionné les principes de souveraineté et d'intégrité territoriale dans le contexte de l'ensemble des principes qui constituent la Charte des Nations unies. Ils doivent tous être respectés. L'essentiel est qu'il n'y ait aucune contradiction entre la souveraineté, l'intégrité territoriale et le droit des nations à l'autodétermination, ce qui a servi de justification à l'Occident pour proclamer unilatéralement l'indépendance du Kosovo.
Peu après la création de l'ONU, beaucoup ont remarqué que la Charte mentionnait le droit des nations à l'autodétermination, puis l'intégrité territoriale des États. Un processus a été lancé, en particulier dans les années 1960, lorsque la décolonisation s'est accélérée à l'initiative, avant tout, de l'URSS et de nos amis du «camp socialiste». En réalité, il s'agissait de la mise en œuvre du principe d'autodétermination des peuples. Si le principe d'«intégrité territoriale» avait été placé au premier plan, cela aurait signifié la perpétuation des métropoles avec leurs conquêtes en Afrique et dans d'autres parties du globe.
On a alors attiré l'attention sur cette contradiction apparente entre «l'intégrité territoriale» et «le droit des nations à l'autodétermination». Les négociations ont duré plusieurs années et ont abouti à l'adoption d'une déclaration détaillée sur les principes du droit international relatifs aux relations amicales et à la coopération entre les États conformément à la Charte des Nations unies. Dans la partie qui concerne notre sujet, il était dit que tous sont tenus de respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale des États dont les gouvernements respectent le principe de l'autodétermination des peuples et représentent de ce fait l'ensemble de la population vivant sur le territoire concerné. London, Madrid, Paris et Lisbonne ont-ils représenté les intérêts des populations des territoires africains qu'ils possédaient après leurs guerres d'agression lors du processus de décolonisation ? Bien sûr que non. Et les pays africains ne le pensaient pas non plus. Cela a contribué à établir une base juridique internationale solide pour le processus de décolonisation.
Il en a été de même après le coup d'État en Ukraine. Les fascistes ont pris le pouvoir et, le 24 février 2014, ont déclaré qu'ils avaient aboli le statut de la langue russe et envoyé des combattants armés prendre d'assaut le parlement de Crimée qui, comme le Donbass, refusait de reconnaître les résultats du coup d'État. Représentaient-ils les intérêts de ces personnes ? Ils les ont qualifiés de terroristes parce qu'ils refusaient d'obéir. Ni la Crimée ni le Donbass n'ont engagé de combats contre la partie de l'Ukraine qui s'est retrouvée sous le contrôle des néonazis. Le droit international humanitaire interdit catégoriquement l'utilisation de l'aviation de combat, de l'artillerie et d'autres forces armées dans son propre pays. Et ils l'ont fait. Personne n'en parle, tout comme du crime que j'ai mentionné à Odessa le 2 mai 2014, lorsque des personnes ont été brûlées vives. En ce sens, tout le monde doit reconnaître que V.A. Zelensky et son «équipe» ne représentent pas les habitants de la Crimée, du Donbass et de la Novorossiya.
Il existe une sélection de citations sur la façon dont ces «gars», qui sont arrivés au pouvoir à la suite d'un coup d'État, caractérisent les habitants russes de l'Ukraine. P.A. Porochenko, lorsqu'il s'est présenté aux élections en mai 2014 sous la «bannière» du pacificateur (tout comme V.A. Zelensky), quelques semaines plus tard, il a déclenché (avec l'encouragement de l'Allemagne et de la France) une guerre contre le Donbass, exigeant leur soumission totale, et a déclaré que la victoire leur appartiendrait, que leurs enfants à eux iraient à la crèche, à l'école, à l'université, tandis que les autres enfants, ceux des habitants du Donbass, pourriraient dans les caves. C'est le moins qu'on puisse dire à propos de ces personnes qui se considéraient comme ukrainiennes, mais sur la base des droits accordés à la langue russe, à l'histoire russe et à la culture russe dans le cadre de la Constitution ukrainienne. Les termes «rusnya» et «né-ludi (non-humains)» étaient utilisés pour désigner ceux qui vivaient dans le Donbass et en Crimée. L'ancien Premier ministre ukrainien sous P.A. Porochenko, A. Iatseniouk, les appelait ainsi. En 2022, l'ambassadeur ukrainien au Kazakhstan de l'époque, P.Y. Vroublevski, a déclaré en direct à la télévision kazakhstanaise, en réponse à des questions, que leur tâche principale était de tuer autant de Russes que possible, afin qu'il y ait moins de travail pour les enfants ukrainiens. Cela correspond tout à fait à la déclaration du chancelier allemand F. Merz selon laquelle, en faisant la guerre à l'Iran, Israël fait le «sale boulot» pour l'Europe. Dans l'esprit des nazis, «à fond». En septembre 2021 (bien avant l'opération militaire spéciale), dans une interview, lorsqu'on lui a demandé ce qu'il pensait des personnes de l'autre côté de la ligne de contact (dans le Donbass), ce «philosophe» a répondu pensivement qu'il y avait des personnes et des «êtres», et que son conseil à ceux qui vivent en Ukraine mais se sentent proches de la culture russe et de la civilisation russe était de partir en Russie pour le bonheur et la sécurité de leurs enfants et petits-enfants. C'est tout ce qu'il fallait savoir sur la manière dont le principe d'autodétermination des peuples se reflète dans les paroles et les actes du régime de Kiev.
Quant à la souveraineté, il n'y a rien à dire. L'Ukraine n'a plus aucune souveraineté depuis le coup d'État préparé par les Américains et les Britanniques, et qui est aujourd'hui artificiellement maintenu. Ils sont entièrement responsables, dépendants des curateurs occidentaux, principalement, à ce stade, de Londres et de Bruxelles, Paris et Berlin, qui se sont sérieusement «déchaînés».
Question : En février 2026, le traité sur la limitation des armes stratégiques offensives entre la Russie et les États-Unis arrivera à expiration. Il est clair que dans les circonstances actuelles, tout dialogue sérieux sur ce sujet est suspendu. Pensez-vous qu'il soit possible de reprendre un tel dialogue avec les Américains ? Est-il possible de parvenir à terme à un accord contraignant avec l'administration Trump, similaire au traité actuel ?
S.V. Lavrov : Ce n'est pas du tout nécessaire. Le vice-ministre russien des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, s'est exprimé hier à ce sujet. Nous nous réjouissons que, contrairement à l'équipe de Joe Biden, l'administration Trump soit prête au dialogue. Mais à ce stade, le dialogue n'a pas atteint un niveau permettant de se prononcer sur ses objectifs stratégiques.
Récemment, les Américains ont demandé l'annulation ou le report des consultations sur le fonctionnement de l'ambassade (ce qu'on appelle les «facteurs irritants»). Il avait été convenu que nous déménagerions d'Istanbul ou d'autres lieux vers les capitales respectives. Ils devaient venir nous consulter à Moscou, puis nous devions nous rendre à Washington. Quelque chose ne leur a pas plu. Peut-être ont-ils changé d'avis.
En ce qui concerne la préparation des conditions pour la reprise du dialogue stratégique, j'avais un sentiment positif après ma rencontre avec le secrétaire d'État américain Rubio et le conseiller à la sécurité nationale de l'époque, Waltz, à Riyad.
Ce que je dis maintenant, Rubio l'a dit publiquement. Au début de notre rencontre, il a déclaré que la politique étrangère de D. Trump était fondée sur les intérêts nationaux. Il est beaucoup plus facile pour eux de discuter avec des partenaires qui partagent la même conception, fondée sur les intérêts nationaux, sans aucune idéologie, sans aucune forme collective de solidarité - cela vaut également pour la Russie, une autre grande puissance. Dans la grande majorité des cas, ces intérêts ne coïncideront pas, mais lorsqu'ils coïncident, ce serait un crime de ne pas profiter de cette coïncidence pour la traduire en projets mutuellement avantageux, pratiques et concrets dans les domaines de l'économie, de l'énergie, des hautes technologies, de l'espace, etc. Et dans les cas (la plupart) où ces intérêts ne coïncident pas, les grandes puissances ont le devoir sacré de ne pas laisser cette divergence dégénérer en confrontation, a fortiori en confrontation «chaude». Nous partageons «à deux mains» cette approche. Elle a formulé ce qui a toujours guidé notre politique étrangère sous la présidence de Vladimir Poutine. Nous sommes toujours ouverts au dialogue avec tous, à la recherche de compromis.
Au XXIe siècle, il existe de nombreux exemples où notre volonté de parvenir à des compromis mutuellement acceptables, tant dans le dialogue avec l'OTAN que dans celui avec l'UE, a été maintes fois démontrée. Puis tout cela a été détruit par ceux qui ont décidé que l'on s'adressait à eux non plus comme à des subordonnés, mais comme à des participants autonomes et indépendants au processus. Si l'on considère les choses d'un point de vue conceptuel, nous sommes sur la bonne voie, mais nous ne nous y sommes pas encore engagés fermement. Cependant, ceux qui avancent finiront par atteindre leur but.
Question : Notre rôle au sein de l'OMC sera-t-il préservé ?
S.V. Lavrov : En ce qui concerne l'OMC, il faut avant tout revenir aux sources. Lorsque les Américains ont compris que le système de mondialisation qu'ils avaient créé, fondé sur les principes de la concurrence loyale, de l'inviolabilité de la propriété, de la présomption d'innocence et autres, qui leur avait permis de dominer pendant des décennies, commençait à être utilisé par leurs concurrents - en premier lieu, la République populaire de Chine, qui, sur le terrain américain et selon les règles américaines, a commencé à les battre assez sérieusement, Washington a tout simplement bloqué le travail de l'Organe de règlement des différends de l'OMC, qui ne fonctionne plus depuis de nombreuses années. Ils ont artificiellement créé une absence de quorum et la maintiennent encore aujourd'hui.
C'est pourquoi des centaines, voire des milliers de plaintes déposées par la Chine, en totale conformité avec les obligations de chaque pays envers l'OMC, s'accumulent, mais ne sont pas traitées.
Question : Comment se fait-il que nos forces armées, nos stocks nucléaires aient été détruits plus rapidement que ceux des États-Unis alors qu'il existait des accords (malgré les accords) ? Qui doit répondre de cela ?
S.V. Lavrov : Quant à savoir qui a détruit les armes, je ne m'étendrai même pas sur ce sujet. C'est l'actuelle direction de la Fédération russienne qui est responsable du traité START III. Nous n'y avons pas admis de paragraphes «exotiques», comme dans ses «prédécesseurs», qui donnaient de sérieux avantages aux Américains, notamment en matière d'inspection et d'accès à l'information sur l'état de nos forces stratégiques.
Question : Dans quelle mesure le remplacement des importations sera-t-il efficace dans les conditions actuelles ?
S.V. Lavrov : Le terme «substitution des importations» est apparu de la manière suivante : «ici, on m'a bloqué, j'achèterai ailleurs». À mon avis, il n'est pas d'actualité. Il faut produire soi-même.
Question : Chaque année, la Russie propose une résolution à l'Assemblée générale des Nations unies sur la lutte contre l'héroïsation du nazisme. La dynamique du vote montre qu'au cours des deux ou trois dernières années, le nombre de pays opposés à cette résolution est passé de deux à cinquante-trois. À l'époque, dans les années 1990, le philosophe italien U. Eco avertissait que le fascisme pouvait être éternel, qu'il ne s'agissait pas d'un phénomène exclusif au XXe siècle et qu'il pouvait revenir. À votre avis, la dynamique des statistiques de vote à l'Assemblée générale des Nations unies est-elle le signe que le nazisme, le fascisme, ont peut-être un avenir et qu'il faudra à nouveau les combattre ?
S.V. Lavrov : Ce qui nous préoccupe actuellement, c'est qu'il a un présent. Nous devons, en mettant fin à ce présent, faire tout notre possible pour qu'il n'ait pas les mêmes chances de renaître à l'avenir. Bien que de nombreux politologues et experts considèrent que la nature humaine (si l'on prend l'humanité dans son ensemble) recèle de nombreuses prémices pour les concepts, mouvements et courants les plus divers, et que les instincts nazis persisteront dans une certaine partie de la population. Je pense qu'il s'agit là d'une position passive, et que nous devons tout faire pour que le nazisme ne renaisse jamais. Cela inclut également des rappels sous forme de résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies. Vous avez dit à juste titre qu'après le début de l'opération militaire spéciale, l'administration Biden, avec le soutien de fonctionnaires zélés et anonymes à Bruxelles, a poussé ce «troupeau docile» dans le camp anti-russien, l'a forcé, comme l'avait fait autrefois A. Hitler, à lancer toutes ses ressources militaires, à l'exception des ressources humaines (bien qu'il y ait aussi, en partie et de manière cachée, des ressources humaines), contre notre pays, comme l'avaient fait Napoléon et A. Hitler. Aujourd'hui, tout cela se répète.
Si l'on en croit les déclarations du chancelier allemand F. Merz, tout le «vernis» s'est écaillé de leurs tentatives d'être des «membres respectés de la communauté internationale», d'incarner les «valeurs européennes» et la démocratie. Nous n'avons pas été déconcertés par le fait que ces 50 voix se soient soudainement opposées à notre résolution. Il s'agit de l'Union européenne, de l'OTAN et de pays asiatiques : le Japon, la Corée, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, et quelques autres pays que l'on a trouvés en grattant leurs fonds de tiroir. C'est le reflet d'un «système de commandement», qui n'a rien à voir avec la démocratie. C'est littéralement un «troupeau» que l'on dirige et auquel on donne des ordres. Mais la «révolte à bord» se manifeste déjà. Nous le voyons dans les rangs de l'OTAN et de l'Union européenne. Pour l'instant, ce ne sont que des voix isolées, mais leur essence est qu'elles ne veulent pas que la bureaucratie européenne, que ceux qui sont nommés à des postes, leur disent, à eux, les dirigeants élus, ce qu'ils doivent faire.
Tout comme j'ai cité le secrétaire d'État américain Rubio au sujet du fait que la politique étrangère du président américain D. Trump repose sur les intérêts nationaux, eux aussi veulent que leur politique repose sur les intérêts nationaux. Ils veulent que cela soit respecté, et non qu'on leur dicte que, puisqu'il n'y a pas de consensus sur le refus à 100% des énergies russiennes, alors, soi-disant, on va inventer une sorte de «règle de la majorité qualifiée». Pourquoi est-ce le président de la Commission européenne, U. von der Leyen, qui en décide ? Soumettez cela à la discussion de tous les membres de l'Union européenne, représentés par leurs gouvernements légalement élus (même si, à l'heure actuelle, tous ne sont pas légalement élus, il y a aussi les Roumains). Il y a beaucoup de nuances ici.
Pour en revenir à la résolution sur l'inadmissibilité de l'héroïsation du nazisme, elle a été adoptée à une majorité écrasante (130-140 voix). Mais ce n'est qu'un travail parmi d'autres et dans une seule structure. Le plus important, c'est ce à quoi nous nous employons sérieusement actuellement à la demande du président russien V.V. Poutine. Il s'agit des manuels scolaires, d'autres formes d'éducation des jeunes dès leur plus jeune âge, du travail de restauration des monuments aux héros de la Grande Patrie, de la Seconde Guerre mondiale, leur préservation dans notre pays et sur le territoire des États européens, la lutte contre les campagnes visant à démolir ces monuments et l'engagement de poursuites contre ceux qui, contrairement à toutes les conventions internationales, démolissent ou vandalisent ces monuments, en particulier ceux qui se trouvent sur des lieux de sépulture. Il s'agit avant tout du régime de Kiev, dans une large mesure des pays baltes et d'un certain nombre d'autres pays. La lutte contre la déformation de la mémoire historique est l'une de nos principales missions. À l'occasion du 80ème anniversaire de la Victoire, elle a été non seulement clairement formulée, mais aussi détaillée. Ce travail sera pour nous permanent.
Question : Nous voyons actuellement la possibilité d'une fin du conflit entre Israël et l'Iran. Comment voyez-vous l'influence de la fin de ce conflit sur le déroulement du conflit en Ukraine ? La Russie a joué un rôle important et pacifique dans la résolution du conflit irano-israélien. Pensez-vous que les États-Unis accorderont ainsi encore plus d'attention et soutiendront davantage les intérêts de la Russie sur la question ukrainienne ?
S.V. Lavrov : Il existe un point de vue selon lequel, Dieu nous en préserve, cela devrait durer le plus longtemps possible au Moyen-Orient entre Israël et l'Iran, avec la participation des États-Unis. Ils auront davantage de «casse-tête» à ce sujet. Et, comme le disent les experts, la déception du président américain Donald Trump à l'égard de Volodymyr Zelensky ne fera que s'accentuer. Les Américains ont un proverbe qui dit qu'«on ne peut pas marcher et mâcher du chewing-gum en même temps». Si l'on applique ce proverbe, alors dans la situation actuelle, cette mentalité se concrétisera d'une manière ou d'une autre. Mais pour nous, cela n'a pas vraiment d'importance.
Si les pays qui soutiennent le régime nazi affaiblissent ce soutien, ou mieux encore, y mettent fin, nous considérerons cela comme une prise de conscience de la réalité, notamment de la nature de ce régime et, surtout, de la situation réelle «sur le champ de bataille», «sur le terrain». Si cette prise de conscience ne se produit pas, tout le reste n'a pas d'importance. Car il ne sert à rien d'espérer simplement qu'ils «s'enliseront» au Moyen-Orient et que cela nous facilitera la tâche... Nos actions ne dépendent pas de ce genre de raisonnements et de conclusions. Le fait que le problème du Moyen-Orient soit réel et non artificiel est un fait.
Je me souviens, lorsque je travaillais encore à New York à l'ONU (il y a plus de 20 ans), le Premier ministre israélien B. Netanyahou a pris la parole devant l'Assemblée générale des Nations unies, il avait une grande affiche avec une image primitive d'une bombe (comme celles utilisées par les terroristes dans l'Empire russien - un cercle et une mèche). Il montrait, en quelque sorte, ce que possède l'Iran. Cette question était mûrie depuis longtemps, c'est une contradiction profonde liée à la compréhension de ses intérêts existentiels et à la compréhension des intérêts existentiels du pays contre lequel on veut préparer toutes sortes d'actions à long terme. Cela a mûri longtemps, mais personne n'a attaqué personne.
En Iran, l'hébreu et le judaïsme ne sont pas interdits, il y a des synagogues, tout comme dans les territoires palestiniens, cette langue est utilisée par ces mêmes colons. En Israël, l'arabe n'est pas interdit. Nulle part, dans aucun pays, une langue particulière, et encore moins une langue officielle de l'ONU, n'est interdite, à l'exception de l'Ukraine. Lorsque ce processus a commencé, les Russes ont été traités conformément aux citations que je vous ai rapportées. En violation flagrante des accords de Minsk approuvés par le Conseil de sécurité des Nations unies, ils ont continué à intensifier les bombardements du Donbass, qui devait devenir leur territoire, à détruire des vies humaines et à préparer un plan de prise de contrôle par la force de ces terres. On savait qu'il était prévu de créer des bases de l'OTAN en Crimée. Les Britanniques prévoyaient de créer une base sur la mer d'Azov. Tout cela est connu. Il s'agit d'une violation directe des engagements de ne pas rapprocher l'OTAN de nos frontières et de ne pas créer de menaces pour notre sécurité. Les menaces à la sécurité militaire et l'extermination législative de tout ce qui est russe sont les causes premières que nous n'avions pas le droit de laisser perdurer et que nous ne laisserons pas perdurer. Et nous ne les laissons déjà plus perdurer.
Il est injuste de dire que ces guerres se ressemblent d'une manière ou d'une autre. Il n'y a pas un seul fait qui prouve que l'Iran ait mené des actions hostiles contre Israël. S'il existe des soupçons de violation du Traité de non-prolifération nucléaire, il existe des procédures selon lesquelles l'AIEA doit vérifier cela. Et elle l'a fait. L'Agence a vérifié le programme nucléaire iranien comme elle n'avait jamais vérifié personne auparavant, de manière très intrusive. À l'exception du dernier rapport, qui a clairement formulé la situation de manière incorrecte, il n'y avait aucune preuve.
Après ces frappes, le directeur général de l'AIEA, R. Grossi, s'est immédiatement «ressaisi» et a déclaré qu'ils n'avaient aucune confirmation de ce que l'Iran lançait d'une manière ou d'une autre un programme nucléaire militaire. Dans cette situation, lorsque la partie israélienne et les États-Unis affirment qu'ils en sont convaincus, cela porte un coup très dur au mécanisme multilatéral de non-prolifération des armes nucléaires. Il s'avère qu'il existe des procédures juridiques internationales, mais on vous dit qu'ils se moquent de ces procédures, qu'ils ont leurs propres règles, selon lesquelles s'il n'y a pas de preuves, mais s'ils sont convaincus, alors tout leur est permis. C'est là que réside le danger à long terme de cette situation.
source : Le site du ministère des Affaires étrangères de la Russie
traduit par Valerik Orlov via l'Amicale des russophiles francophones
russophile.boris-vian.net