02/07/2025 mondialisation.ca  10min #283023

Le régime autocratique de gouvernement unipersonnel de Donald Trump est voué à l'échec, mais pas avant beaucoup de chaos et de destruction

Par  Prof Rodrigue Tremblay

« Je ne serai pas un dictateur, sauf le premier jour. » Donald Trump (1946-), (lors d'une entrevue à la chaîne Fox News, 6 décembre, 2023).

« Si les États-Unis sont contraints de se défendre ou de défendre leurs alliés, nous n'aurons d'autre choix que de détruire totalement la Corée du Nord. » Donald Trump (1946-), (lors d'un discours aux Nations Unies, le 19 septembre, 2017).

« Si [l'Iran] ne parvient pas à un accord, il y aura des bombardements. Des bombardements d'une ampleur jamais vue auparavant. » Donald Trump (1946-), (lors d'une entrevue téléphonique avec la chaîne NBC News, le 30 mars, 2025, et des menaces semblables proférées le 15 juin, 2025 sur son site Truth Social).

« Nous allons imposer des tarifs et taxer les pays étrangers pour enrichir nos citoyens. » Donald Trump (1946-), (lors de son discours inaugural, le 20 janvier, 2025).

« Les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner. » Donald Trump (1946-), (commentaire fait sur Twitter, le 2 mars, 2024).

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I- À chaque cent ans, il semble y avoir un cycle de la mort d'une démocratie et du retour d'une dictature dans un pays important

L'historien britannique  Arnold Toynbee (1889-1975) a déjà observé que « les civilisations meurent par suicide, pas par meurtre », étant le résultat d'une décadence morale, de conflits sociaux ou d'un manque d'adaptation.

On pourrait dire la même chose des démocraties. Elles naissent, grandissent, prospèrent, vieillissent et il arrive qu'elles s'effondrent et cèdent la place à des ploutocraties ou à des dictatures. Cela peut d'autant plus arriver quand les démocraties ne réussissent point à solutionner des problèmes économiques et sociaux majeurs.

En effet, au cours des derniers siècles, il est arrivé qu'une révolution politique ou un vent de folie collective ou d'ignorance mènent à une dictature dans un pays. Au début du XIXe siècle, ce fut le cas en France avec la consécration de l'empereur Napoléon Bonaparte (1769-1821), d'origine corse, en 1804.

Au XXe siècle, ce fut au tour de la Russie d'avoir un gouvernement révolutionnaire, dirigé par Vladimir Ilitch Lénine (1870-1924), après la création de l'Union soviétique en 1922. Suivra la dictature absolue de Joseph Staline (1878-1953), de 1924 à 1953. — Puis l'Italie sombra elle aussi dans une dictature totalitaire en 1925, sous Benito Mussolini (1883-1945) — suivie par l'Allemagne, en 1933, avec l'arrivée au pouvoir du dictateur d'origine autrichienne, Adolf Hitler (1889-1945).

—Au XXIe siècle, contre toute attente, ce sont les États-Unis qui sont aujourd'hui confrontés à la perspective d'un gouvernement autocratique.

Source :  Le journal de la Corse

C'est toujours un défi pour une démocratie de survivre à travers le temps. Même les meilleures constitutions peuvent être violées et foulées au pied, si des circonstances propices se présentent.

L'histoire est là pour nous rappeler que la démocratie, c'est-à-dire selon la formule consacrée du président Abraham Lincoln (1809-1865) quand on a « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » (19 novembre 1863), n'est pas nécessairement une réalité naturelle et stable.

Des oligarchies, des ploutocraties et des dictateurs en puissance et leurs alliés peuvent parfois trouver à leurs avantages de s'emparer du pouvoir dans un pays et d'y assujettir une population. [N.B. : Le  quotient intellectuel ou QI moyen dans une grande population est d'environ 100. (Il est en déclin présentement dans les pays occidentaux.) Par conséquent, il pourrait y avoir de nombreuses possibilités pour certaines personnes sans scrupules de manipuler de larges segments de la population à leur avantage.]

II- Donald Trump en tant que politicien : Ses défauts préoccupants de caractère et de personnalité

Le président étasunien actuel  Donald Trump (1946-) semble vouloir reproduire son expérience personnelle centralisée en affaires en un modèle de gouvernement américain unipersonnel, et ainsi satisfaire son penchant inné pour la  prédation, l'extorsion et la domination.

En effet, un fait révélateur largement  rapporté par son ex-épouse, Ivana, est à l'effet que son mari gardait un recueil des discours du dictateur nazi Adolf Hitler, intitulé «  My New Order», sur sa table de chevet.

On pourrait voir une certaine  similitude entre la  dérive autoritaire et les tendances  antidémocratiques et néo-impérialistes de Donald Trump et celles de dictateurs passés, eu égard à sa personnalité  hyper-égoïste et ses propos populistes et ultra nationalistes, parfois très radicaux.

L'appui que D. Trump a apporté aux insurgés du 6 janvier 2021 lors de leur assaut du Capitole, dont le but était l'annulation du résultat de l'élection présidentielle de 2020, et ensuite lorsqu'il les a presque tous  graciés le 21 janvier 2025, ajoutent du poids à cette appréciation.

Soulignons que Donald Trump est la première personne condamnée au pénal à occuper la Maison Blanche, en plus d'avoir été condamné 34 fois pour  félonie et d'être largement reconnu pour être un autocrate.

III- Donald Trump semble peu compétent pour occuper le poste de président des États-Unis

Il faudrait être endormi, sourd ou très distrait pour ne pas voir que D. Trump n'est pas un individu normal et équilibré, et encore moins une personne stable, intègre, empathique, décente, compétente, humble, prudente et responsable.

Depuis son assermentation le 20 janvier 2025, Donald Trump est à lui seul un important  facteur de chaos et une grande  source d'instabilité politique, économique et financière, non seulement pour les États-Unis mais pour tous les pays qui ont des relations avec son pays.

Par ses déclarations impétueuses et ses  mensonges à répétition, ses vantardises, ses  insultes ad hominem, ses  menaces incendiaires et ses  tactiques d'intimidation, D. Trump a fait montre de toute une série de troubles de la personnalité qui devraient être préoccupants chez un chef de gouvernement. — Il ne semble pas avoir d'amis, seulement des serviteurs et des  ennemis potentiels qu'il insulte pour les discréditer, les humilier, les déstabiliser et pour les réduire au silence.

De plus, comme il agit en autocrate, comme d'autres autocrates avant lui, il faut s'attendre à ce que Donald Trump lance son pays dans des  guerres d'agression illégales sans provocation, contre d'autres pays, si c'est dans son intérêt.

Conclusion

La démocratie est présentement menacée aujourd'hui dans certains pays occidentaux, notamment aux États-Unis.

Dans ce dernier pays, il existe un réel danger que le passage inquiétant vers une ploutocratie le  21 janvier 2010, lorsque la Cour suprême des États-Unis a ouvert toutes grandes les vannes à des sommes illimitées d'argent dans la politique électorale américaine, puisse conduire un jour à l'instauration d'une forme de gouvernement autocratique aux États-Unis.

En effet, le risque existe que le président actuel Donald Trump et son gouvernement, composé de flagorneurs et de riches oligarques, ignorent la Constitution américaine et se comportent de facto en autocrates, et qu'ils imposent un gouvernement Trump centralisé et dirigé par un seul homme, tout en défiant les  tribunaux de les empêcher.

Le risque est très grand qu'un tel individu, profondément imbu de lui-même, constamment en train de s'auto-féliciter et sans grand jugement et sans moralité, devienne une sérieuse  menace pour la paix, créant non seulement le chaos dans son propre pays mais aussi dans le monde.

Règle générale, un politicien incompétent qui s'entoure de conseillers compétents peut se tirer d'affaire. Par contre, s'il est assez imprévoyant pour s'entourer de gens comme lui, l'échec est certain et les désastres ne peuvent que suivre.

Souhaitons que les Américains aient le courage de sauver leur pays et de préserver leur Constitution, leur démocratie, la régle de droit, de même que leur liberté et leur prospérité. Le monde ne pourrait que mieux s'en porter.

Rodrigue Tremblay

Source de l'image en vedette :  Capture d'écran

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Rodrigue Tremblay est professeur émérite d'économie à l'Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018, La régression tranquille du Québec, 1980-2018, (Fides). Il est titulaire d'un doctorat en finance internationale de l'Université Stanford. Ministre de l'Industrie et du Commerce dans le cabinet Lévesque du 26 novembre 1976 au 21 septembre 1979.

On peut le contacter à l'adresse suivante :  email protected

Il est l'auteur du livre de géopolitique  Le nouvel empire américain et du livre de moralité  Le Code pour une éthique globale, de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé  La régression tranquille du Québec, 1980-2018.

Site internet de l'auteur :

 rodriguetremblay.blogspot.com

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