06/07/2025 legrandsoir.info  5min #283371

De quoi la Palestine est-elle le nom ?

Orestis NIKIFOROU

Alors que l'État d'Israël mène une guerre d'extermination contre le peuple palestinien, les gouvernements occidentaux multiplient les mesures liberticides pour museler toute solidarité. Ce texte analyse le caractère global de cette offensive autoritaire, dénonce la criminalisation croissante des opinions pro-palestiniennes, et affirme l'urgence d'une riposte politique organisée et coordonnée.

La guerre génocidaire menée par l'entité sioniste contre le peuple palestinien incarne aujourd'hui la forme la plus féroce de la guerre menée par les classes dominantes internationales contre les peuples, les travailleurs et la jeunesse.

Face à cette offensive mondiale, deux options s'offrent à nous : résister ou mourir à genoux.

L'État d'apartheid israélien, fondé sur le déni systématique des droits humains fondamentaux et appuyé par une toute‑puissance militaire et policière, représente un modèle politique autoritaire émergent. Ce modèle vise à être reproduit partout où le rapport de force l'y autorise, comme référence pour de nouveaux régimes d'exception.

Criminalisation de l'opinion politique : exemples en France et ailleurs

France

En octobre 2023, toutes les manifestations pro‑Palestine ont été interdites sur tout le territoire national, officiellement pour « trouble à l'ordre public ».

L'activiste Elias d'Imzalène a été arrêté et condamné pour avoir simplement utilisé le mot « intifada » lors d'un rassemblement.

Des universitaires comme  François Burgat et  Judith Butle ont vu leurs conférences annulées ou censurées en raison de leurs prises de position.

Le syndicaliste  Timothée Esprit a subi des sanctions disciplinaires après avoir partagé un message de solidarité avec la Palestine sur les réseaux sociaux.

Des élus de La France Insoumise, tels que Mathilde Panot ou Anasse Kazib, ont été menacés ou poursuivis pour "apologie du terrorisme" en raison de leurs déclarations.

À Sciences Po Paris, des étudiants militants pro-palestiniens ont fait face à des sanctions disciplinaires pour leurs mobilisations pacifiques, prises de parole et organisation de rassemblements sur le campus.

Autres pays occidentaux

En Allemagne, le slogan « From the river to the sea » a été interdit dans plusieurs régions, et le port du keffieh interdit dans certaines écoles.

Yanis Varoufakis, ancien ministre grec des Finances et dirigeant du mouvement DiEM25, s'est vu interdire l'entrée sur le territoire allemand, ainsi que toute participation à des réunions publiques, y compris par visioconférence, en raison de ses positions pro-palestiniennes.

En Italie, les manifestations étudiantes solidaires de Gaza ont été violemment réprimées dans plusieurs universités.

Au Royaume-Uni, le Parlement a inscrit le collectif non violent Palestine Action sur la liste des organisations terroristes, avec une majorité écrasante (385 voix contre 26). Ses partisans risquent désormais jusqu'à 14 ans de prison.

Aux États-Unis, des étudiants engagés dans les protestations contre la guerre génocidaire à Gaza ont été expulsés ou suspendus par leurs universités. Plusieurs campus ont été bouclés par la police, avec des centaines d'arrestations. Sous l'administration Trump, l'université Harvard a été privée de subventions fédérales  pour avoir autorisé des manifestations pro-palestiniennes.

Cas britannique emblématique

Le 2 juillet 2025, le Parlement britannique a voté la classification de Palestine Action comme organisation terroriste. Seuls 26 députés, dont Jeremy Corbyn et Zarah Sultana, ont osé s'opposer à cette mesure. La répression qui a suivi a visé des manifestants pacifiques, certains arrêtés pour avoir simplement porté des affiches de soutien.

Vers une normalisation de l'autoritarisme ?

Cette vague répressive mondiale révèle un modèle politique autoritaire et répressif en cours de consolidation. La guerre en Palestine sert de prétexte et de laboratoire pour affaiblir les libertés publiques, criminaliser la dissidence et museler toute solidarité critique.

Il est plus que jamais impératif de renverser ce rapport de force :

Intensifions les luttes pour les droits démocratiques, politiques, sociaux et salariaux.

Organisons la résistance à tous les niveaux, par des collectifs militants autonomes, coordonnés localement dans les lieux d'études, les lieux de travail, et nationalement, afin d'assurer une solidarité active et efficace.

Amplifions massivement les mobilisations de solidarité avec le peuple palestinien.

Objectifs politiques du mouvement de solidarité

Le mouvement appelle à des mesures politiques concrètes pour isoler l'entité sioniste et sanctionner ses responsables :

La rupture ou suspension des relations commerciales et diplomatiques avec l'État d'Israël, en soutien au peuple palestinien.

L'interdiction d'entrée sur le territoire national pour tous les criminels de guerre israéliens présumés, assortie d'une arrestation immédiate et d'une livraison au Tribunal pénal international, conformément au droit international.

Ces mesures traduisent la solidarité en actes tangibles et affirment que la complicité avec cette guerre d'extermination ne sera pas tolérée.

De quoi la Palestine est-elle le nom ?

La Palestine est le nom du refus des peuples de se soumettre, le nom de toutes les luttes contre l'oppression, le nom de la dignité humaine face à la barbarie impérialiste néocoloniale.
Elle est le miroir d'un monde où les gouvernements ont déclaré la guerre à leur propre peuple.

Bibliographie sélective

1. Ilan Pappé, Le nettoyage ethnique de la Palestine (édition mise à jour, 2023).

2. Rashid Khalidi, The Hundred Years' War on Palestine : A History of Settler Colonial Conquest and Resistance, 1917-2017 (2020).

3. Noura Erakat, Justice for Some : Law and the Question of Palestine (2019).

4. Max Blumenthal, Goliath : Life and Loathing in Greater Israel (2021).

5. Angela Davis, Freedom Is a Constant Struggle : Ferguson, Palestine, and the Foundations of a Movement (édition 2022).

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