11/07/2025 reseauinternational.net  5min #283859

Trump et l'Afrique à Washington : entre maladresses diplomatiques et convoitise des minerais

par TRT Global

Donald Trump a reçu, sur fond de maladresses diplomatiques, cinq présidents des pays africains riches en ressources minières, confirmant la prédominance d'une diplomatie transactionnelle sur le continent.

En recevant mercredi à la Maison-Blanche cinq présidents d'États d'Afrique riches en minerais, Donald Trump a dévoilé davantage les principaux axes de sa diplomatie pour le continent. Une diplomatie transactionnelle censée contribuer à freiner efficacement l'influence grandissante de la Chine et de la Russie en Afrique.

«L'Afrique a un grand potentiel économique, unique à bien des égards, et à long terme, cela sera bien plus efficace, durable et bénéfique que tout ce que nous pourrions faire ensemble», a vanté Donald Trump.

Pour le président américain, les cinq pays africains invités à Washington sont autant d'endroits «dynamiques avec des terres de très grande valeur, de super minerais, des grandes réserves de pétrole, et des gens merveilleux».

«Nous travaillons sans relâche pour forger de nouvelles opportunités économiques impliquant à la fois les États-Unis et de nombreux pays africains», a insisté Donald Trump.

«Il y a un grand potentiel économique en Afrique, comme dans peu d'autres endroits, à bien des égards», a-t-il déclaré, disant vouloir accroître l'implication des États-Unis sur le continent.

Depuis son retour à la Maison-Blanche le 20 janvier dernier, Donald Trump prône une diplomatie basée sur des principes transactionnels, et a mis la question des minerais au centre des négociations avec de nombreux États étrangers, comme avec l'Ukraine ou dans le cadre de l'accord de paix entre le Rwanda et la RDC.

Les cinq présidents africains invités sont ainsi à la tête de pays riches en minerais, notamment en or ou en terres rares, des composants critiques pour l'économie mondiale, particulièrement les appareils électroniques ou véhicules électriques.

Or, pétrole, manganèse

Lors de leur prise de parole, les dirigeants africains ont vanté les atouts de leurs pays respectifs et démontré le bien fondé des partenariats avec les entreprises américaines.

«Nous avons des minerais, des terres rares, des minerais rares. Nous avons du manganèse, nous avons de l'uranium, et nous avons de bonnes raisons de penser que nous avons du lithium et d'autres minerais», a déclaré le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a lui «tenu à rassurer tous les investisseurs américains sur la stabilité politique» de son pays et sur «son environnement réglementaire favorable», avant de souligner ses riches ressources en pétrole et gaz naturel avec notamment la découverte de 950 milliards de mètres cubes de gaz grâce à des entreprises américaines et la création. Il a aussi parlé du projet d'une «ville numérique» au cœur de Dakar.

«C'est une grande opportunité pour les entreprises technologiques américaines de transformer Dakar en une ville technologique», a-t-il ajouté.

«Le Gabon est un pays riche», a vanté de son côté le président Brice Clotaire Oligui Nguema, avant d'ajouter : «Nous avons plus de deux millions d'habitants et une grande diversité de matériaux bruts, des réserves de pétrole et de gaz, et nous voudrions que ces ressources soient exploitées».

Selon l'Institut géologique américain (USGS), le Gabon était en 2023 le deuxième plus gros producteur mondial de manganèse, un minerai essentiel pour la fabrication de batteries, derrière l'Afrique du Sud.

Chine et Russie en ligne de mire

Fin juin, des entreprises américaines se sont engagées à investir dans plusieurs projets d'infrastructures en Afrique, lors d'un sommet en Angola qui a été l'occasion pour Washington de défendre les investissements privés plutôt que l'aide internationale.

En parallèle à ces discussions commerciales, rapporte le Wall Street Journal, Washington a tenté de convaincre les cinq chefs d'État d'accueillir chez eux des personnes faisant l'objet d'un ordre d'expulsion des États-Unis mais que leurs pays d'origine ont refusé de reprendre. Le Soudan du Sud a déjà accepté une telle demande, et a accueilli, début juillet, huit migrants irréguliers renvoyés par Washington.

La rencontre intervient ainsi quelques jours après le démantèlement officiel de l'USAID, l'agence de développement international, qui apportait son soutien à de nombreux pays d'Afrique et au moment où l'administration Trump a décidé de fortement réduire sa contribution à l'aide internationale.

De même la politique tous azimuts d'augmentation des droits de douane ainsi que la possible non reconduction de l'Agoa (African Growth and Opportunity) qui garantit un accès en franchise au marché américain est très mal perçue en Afrique.

Dans un communiqué daté du 7 avril dernier, l'Union africaine a demandé à Donald Trump de reconsidérer sa décision d'augmenter les droits de douane, l'invitant à «créer des ponts» tout en poursuivant les partenariats économiques.

«Nous allons regarder ça», s'est contenté de répondre Donald Trump suite aux questions de la presse, alors qu'en Afrique l'opinion reste sceptique eu égard à ce qui a semblé être de la maladresse diplomatique sur fond de condescendance.

Sur les réseaux sociaux, beaucoup d'Africains s'agacent de l'interruption peu élégante du président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani qui vantait les mérites de son pays, et de la subite découverte par Trump du «bel anglais» du président libérien Joseph Boakai. Un pays pourtant créé en 1822 par des esclaves affranchis venus des États-Unis.

source :  TRT Global

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