24/07/2025 mrmondialisation.org  6min #285209

Bombe nucléaire : le passe-droit d'Israël face au reste du Golfe

Israël a développé l'arme nucléaire, mais l'interdit pourtant à ses voisins tout en invoquant l'argument de  » la guerre préventive «. Au fond, pourquoi cet écart de traitement et de confiance, surtout à l'heure où Israël est plus incontrôlable que jamais dans son ambition militaire ? Éléments de réponse.

Russie, États-Unis, Chine, France, Royaume-Uni, Inde, Pakistan, Israël, Corée du Nord : 9 pays possèdent officiellement l'arme nucléaire. Dans ce contexte de guerre historique larvée - et désormais entérinée entre Israël et l'Iran, puis de trio fondée sur une blitzkrieg (ou guerre éclair) menée par le président Trump, - le mot d'ordre à l'encontre des pays du Golfe est le suivant : "vous n'avez pas le droit d'avoir la bombe nucléaire".

Pourtant, l'État d'Israël s'est arrogé le droit, lui, de produire plusieurs ogives nucléaires, tout en empêchant férocement l'Iran, son ancien état ami jusqu'au Chah Mohammad Reza Pahlavi, de l'obtenir.

Bombe nucléaire : pourquoi Israël a le droit de l'avoir, mais pas les autres états du Golfe ?

"L'état hébreu l'a toujours nié, mais il s'est doté de l'arme atomique dans les années 60, grâce à la France. Il a réussi à outrepasser le traité de non-prolifération des armes nucléaires, tout en s'assurant une position de force, au Proche-Orient", affirme en France Culture en introduction de son sujet.

Le Docteur en Sciences politiques Nicolas Ténèze, chargé de cours à l'Institut catholique de Toulouse, raconte la fondation du pays, de facto en guerre contre plusieurs pays arabo-musulmans :"comme le territoire israélien est extrêmement étroit, il n'y a pas de profondeur stratégique, il fallait, dans des délais très courts, une dissuasion nucléaire".

La France : alliée du programme nucléaire israélien

À l'époque du premier ministre David Ben Gourion, le pays ne peut pas compter sur les belliqueux États-Unis, peu enclins à partager cet avantage avec l'état d'Israël. Il se tourne alors vers la France, également en quête d'un programme nucléaire. Celle-ci soutient le projet sioniste et espère faire oublier la période de Vichy, les génocides et la déportation qui ont eu lieu seulement 15 ans auparavant.

L'hexagone participe ainsi à la construction de la centrale de Dimona dans le désert du Néguev qui devient la pièce maîtresse du dispositif nucléaire israélien. Le pays en doit par ailleurs le développement à l'entreprise Dassault qui lui fournit missiles et avions capables de transporter des charges nucléaires.

« Cette coopération profite aussi à la France qui a accès à de nouvelles technologies » 

Cette coopération profite aussi à la France qui a accès à de nouvelles technologies, comme le supercalculateur, ancêtre de l'ordinateur. 

Une péninsule arabique apeurée

Cette nouvelle anxiogène pour les pays du Golfe se diffuse comme une traînée de poudre, et réveille les dictateurs de la péninsule arabique.

Le président égyptien de l'époque, Gamal Abdel Nasser, annonce qu'il se lancerait dans une guerre préventive, si Israël se mettait à créer une guerre nucléaire (ce qui nous renvoie au contexte récent de "frappe préventive ", notion qui n'existe pas dans le droit international.)

« Israël possèderait entre 90 et 200 ogives »

Israël garde alors le secret et mène en bateau l'administration américaine quand elle envoie des inspecteurs sur place pour vérifier le chantier de la centrale de Dimona. Israël affirme qu'il s'agit en fait d'usines textiles, usines qui sont en réalité sur plusieurs étages souterrains, où étaient conçus l'enrichissement et le traitement de la bombe nucléaire.

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Israël possèderait, selon France Culture, entre 90 et 200 ogives, un tout petit peu moins que la France qui en possède 290.

La fin de coopération nucléaire France - Israël

En 1961, l'arrivée du général de Gaulle met fin à cette coopération et à toute aide française concernant l'usine de séparation du plutonium. Il promet en revanche de terminer la construction du réacteur de Dimona. Le programme nucléaire français n'a surtout plus besoin d'Israël, qui se tourne alors vers l'Afrique du Sud.

« En 1967, la communauté internationale sait qu'Israël est en possession de la bombe H ».

La doctrine Begin, qui consiste à bombarder de manière préventive ou préemptive les programmes nucléaires des adversaires d'Israël voit le jour. Elle est mise en place dès 1981 contre l'Irak, avec les bombardements du réacteur d'Osirak, puis en Libye, en Sirie, en récemment, en Iran.

À l'heure actuelle encore, le nucléaire militaire constitue un vrai tabou dans la société israélienne, où la question n'est jamais débattue au sein du Parlement. Récemment, le ministre Amichay Eliyahu avait évoqué la possibilité de lancer une bombe nucléaire sur Gaza, ce qui lui valut ensuite d'être suspendu, selon  Europe 1.

Le double jeu d'Israël

« ISRAËL est l'un des quatre pays à disposer de l'arme nucléaire sans avoir signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ».

Dans ce jeu de dupes, Israël n'est pas le seul : avec l'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord, il est l'un des quatre pays à disposer de l'arme nucléaire sans avoir signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

L'État israélien refuse surtout catégoriquement que ses installations nucléaires militaires soient contrôlées par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), à l'inverse de l'Iran. L'AIEA a d'ailleurs soutenu à plusieurs reprises la résolution de 18 pays appelant Israël à placer ses installations nucléaires sous sa supervision.

La bombe nucléaire : un prétexte pour détruire l'Iran ?

Dans ce contexte, il est légitime de se demander si le conflit avec l'Iran ne servait pas davantage à jeter un voile pudique sur les horreurs commises à Gaza, comme l'affirme Bertrand Badie, Professeur émérite à l'Institut d'études politiques de Paris, dans une interview pour Blast. Selon lui : "Contrairement à ce qu'on dit, l'Iran n'était pas au bord de disposer de l'arme nucléaire."

Il ajoute, "Les cibles nucléaires sont minoritaires parmi toutes celles qui ont été atteintes. Il y a aussi des cibles militaires classiques, des infrastructures, les réservoirs en carburants dans la ville de Téhéran et la population civile."

Cette manœuvre contre l'Iran chercherait donc plutôt à opérer un changement de régime en Iran ou à invisibiliser Gaza sur le plan médiatique, qui affiche tout de même 377 000 disparus palestiniens selon les données du Tsahal. (source : Investig'Action)

c Sans oublier la théorie de l'ennemi, de Karl Schmidt : quelle meilleure manière de se constituer en bloc que devant l'ennemi commun ?, rappelle Bertrand Badie.

- Maureen Damman

Image d'entête @Avec toutes autorisations - t Penguin - Unsplash

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newsnet 2025-07-24 #14991

toujours intéressant de voir comment la presse-ong accompagne pour le distordre les virages éditoriaux forcés par les choses (veuillez nous pardonner de diffuser ces choses, pour stockage)