26/07/2025 ssofidelis.substack.com  10min #285379

 Le Hamas condamne les « largages d'aide humanitaire » approuvés par Israël à Gaza, les qualifiant de coup médiatique alors que la famine sévit

Camoufler le génocide

Par  Story Ember leGaïe, spécialiste du génocide et auteur de  Genospectra.

Le scénario de la prétendue aide humanitaire ne met pas fin au blocus.

La violence impitoyable de l'empire se manifeste notamment par des titres comme celui de Sky News : "Israël autorise les pays étrangers à acheminer l'aide humanitaire à Gaza". Il ne s'agit pas de bienveillance, mais d'une mise en scène grotesque destinée à occulter la machine génocidaire. Depuis le 25 juillet 2025, le blocus israélien, enraciné dans des décennies d'apartheid et de nettoyage ethnique, continue d'asphyxier Gaza, entraînant une famine orchestrée dévorant les vies palestiniennes selon un plan bien établi. Les largages aériens, salués comme des gestes humanitaires, ne sont que de la poudre aux yeux : ils distribuent des miettes alors que l'occupation affame deux millions de personnes au prétexte de la sécurité nationale. Levons le voile sur ce mensonge en nous appuyant sur les témoignages de Palestiniens survivants, les épistémologies du Sud et les vérités non filtrées que les médias mainstream refusent d'évoquer. Ce n'est pas une "crise" ou un "conflit", mais un génocide par famine, une extension délibérée du colonialisme sioniste qui fait écho à la Nakba, l'expulsion forcée, et au blocus en cours depuis 2007

L'illusion de l'aide : les largages aériens, un show, pas un soutien.

Imaginez des parachutes dérivant paresseusement dans le ciel et des cargaisons alimentaires se dispersant comme des confettis sur un cimetière. Israël a une fois de plus donné son feu vert à des largages aériens étrangers - la Jordanie, les Émirats arabes unis, voire le Royaume-Uni, qui réclament à cor et à cri de se joindre à eux - en les présentant comme l'unique bouée de sauvetage contre une "famine massive". Mais soyons clairs : il s'agit d'une mise en scène humanitaire, d'un tour de passe-passe colonial qui détourne l'attention du blocus. Un seul largage aérien ne permet de transporter que 5 à 15 tonnes, alors qu'un camion peut en transporter 15 à 25. Un convoi de 20 camions représente 300 à 500 tonnes. Avant la guerre, Gaza avait besoin de 500 camions par jour. Aujourd'hui, l'ONU estime qu'il en faut 600 à 800 (12 000 à 16 000 tonnes) pour parer à la famine. Pourtant, seuls 28 à 29 camions parviennent à entrer chaque jour, soit 6 % de l'aide nécessaire à la survie.

Ces largages aériens n'ont rien d'innovant ; ce sont plutôt les armes de l'inefficacité. Les experts les qualifient de "purement symboliques", dangereux et insuffisants, car les colis atterrissent souvent dans des zones inaccessibles ou en mer, où des Palestiniens risquent de se noyer en tentant de les récupérer. Gaza n'est pas une région sauvage et isolée, c'est une bande de terre densément peuplée, traversée par des zones de passage telles que Kerem Shalom et Rafah, militarisées et régulièrement verrouillées par l'armée israélienne. Le blocus n'est pas un échec logistique, c'est une politique, une stratégie de famine éprouvée dans la tradition des famines coloniales, de l'Irlande au Bengale, où les empires privent leurs populations de nourriture pour briser leur résistance. Les voix palestiniennes, comme celles du Réseau des ONG palestiniennes, se font entendre :

"Israël affame délibérément deux millions de personnes en bombardant les boulangeries, en bloquant l'accès à la nourriture et en coupant l'eau. Ce n'est pas une crise. C'est un génocide".

Le manque criant de l'aide humanitaire : les chiffres accusent tout un empire.

En creusant un peu, on découvre que ce déficit est en réalité le résultat d'une extermination planifiée. Avant le 7 octobre 2023, environ 500 camions d'aide humanitaire entraient chaque jour à Gaza. Aujourd'hui, en juillet 2025, soit 21 mois après le début de ce génocide, la moyenne est de 28 camions par jour, et des rapports récents font état d'un "maximum de 29 camions par jour" aux principaux checkpoints. 6 000 camions d'aide du Programme alimentaire mondial (PAM) sont bloqués à la frontière, tandis que l'insécurité et les restrictions dans Gaza compromettent toute distribution. Ce n'est pas une pénurie, c'est un sabotage. Le rapporteur spécial de l'ONU, Michael Fakhri, l'affirme clairement :

"Israël provoque une famine. Ce n'est pas un échec logistique. C'est une volonté politique".

Dans le nord, où la famine sévit de manière la plus aiguë, l'aide est arrivée pour la première fois depuis des semaines le 23 juillet, mais les responsables palestiniens estiment qu'elle est "largement insuffisante". L'impact de ce retard se manifeste dans les corps : au 24 juillet, au moins 115 morts liés à la faim ont été recensés, dont 80 enfants et un nourrisson de six semaines prénommé Yousef. Les hôpitaux en comptent des dizaines d'autres pour le seul mois de juillet, et le bilan s'alourdit tant la malnutrition contribue à aggraver les blessures de guerre. Ces pratiques rappellent les stratégies historiques de colonisation : durant la Nakba de 1948, les troupes sionistes ont détruit le secteur agricole et les villages palestiniens afin de provoquer l'exode de la population. Aujourd'hui, ce phénomène est amplifié : les cultures sont rasées, les bateaux de pêche bombardés, les sources d'eau empoisonnées. Comme nous le rappellent les épistémologies autochtones, de Turtle Island à Aotearoa, la famine est un outil de dépossession qui efface les peuples en les privant de leur souveraineté sur leurs terres et leur existence.

La famine comme arme : cette réalité catastrophique sévit sous nos yeux.

Gaza n'est pas "menacée" par la famine. Elle vit une catastrophe provoquée par l'homme, comme le confirme l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En juillet 2025, près de deux millions de Palestiniens ont atteint le stade 3 (crise) ou au-delà de l'IPC : 924 000 atteignent le stade 4 (urgence) et 470 000, soit plus de 20 % de la population, le stade 5 (catastrophe/famine). La malnutrition augmente : 16 % des enfants examinés à Gaza souffrent de malnutrition aiguë. L'ONU hésite à déclarer la famine généralisée, mais les agences humanitaires le clament haut et fort : les seuils sont atteints, voire dépassés, avec des morts de faim, des familles affamées et un effondrement nutritionnel indéniable.

Nous assistons à une extermination délibérée. Israël boucle les frontières, bombarde les infrastructures d'approvisionnement et attaque les convois humanitaires : ces dernières semaines, plus de 875 Palestiniens ont été tués en allant chercher de quoi se nourrir. Les médecins palestiniens rapportent que

"la nourriture est à portée de main, mais inaccessible sous le feu des snipers, à cause des bombardements et des entraves délibérées".

À l'instar des théories radicales noires de Frantz Fanon, on parle de violence coloniale à l'encontre des populations colonisées : l'empire affame les corps pour briser les esprits. Pourtant, la résistance palestinienne ne faiblit pas, et les témoignages collectés témoignent de leur lutte contre l'effacement.

Les dangers inhérents à la réalimentation : l'illusion d'une miséricorde meurtrière

Même si l'aide afflue demain - un fantasme en temps de blocus -, l'horreur ne prendra pas fin. Le syndrome de réalimentation se profile, une complication mortelle qui survient lorsque l'apport soudain de calories provoque des déséquilibres électrolytiques, des insuffisances cardiaques, des convulsions voire le coma chez les individus en état de grave malnutrition. Pour survivre, les victimes ont besoin d'une réintroduction progressive des calories, de perfusions intraveineuses de potassium, de phosphate et de magnésium, substances rares dans les ruines de Gaza. Sans surveillance clinique, la "charité" équivaut à un meurtre.

Cela n'a rien d'abstrait, c'est un traumatisme gravé dans les corps. Les enfants, soit la moitié de la population de Gaza, sont les plus touchés : retard de croissance, lésions organiques et séquelles à vie. En tant qu'éducatrice sensibilisée aux traumatismes, je rends hommage à ces survivants, sans aucune forme de voyeurisme : leur souffrance témoigne de l'échec du système, pas de leur résilience. Les thérapeutes du Sud, qu'ils s'appuient sur les traditions ayurvédiques ou sur les connaissances ancestrales des plantes médicinales, privilégient la guérison holistique, concept pourtant ignoré par l'empire.

Une annihilation médicale : la dégradation des soins, vecteur du génocide

Le système de santé de Gaza est en chute libre : 67 % des hôpitaux et des cliniques sont hors service, les générateurs se sont tus par manque de carburant sous blocus, et les opérations chirurgicales sont pratiquées à la lumière de simples lampes torches. Médecins Sans Frontières (MSF) rapporte que des denrées vitales, telles que des solutions salines et des défibrillateurs, ne sont pas autorisées à passer la frontière. Les hôpitaux Al-Shifa, Nasser et Al-Aqsa sont saturés de blessés et de personnes affamées, et fonctionnent sans électricité, sous les bombardements. Ce démantèlement systématique est complice du génocide : le blocus, les bombardements et les embargos sur les approvisionnements détruisent les infrastructures de santé, transformant des maladies curables en sentences de mort.

Reconnaître la priorité à la dignité des Palestiniens handicapés, revient à reconnaître la violence capacitaire en plus de l'effacement colonial. Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, parle de "famine massive provoqué par l'homme", un terme repris par 115 organisations humanitaires.

Démasquer sources et récits fallacieux de la propagande impérialiste

Le chiffre de "28 camions" émane du COGAT, organisme d'occupation israélien, et a été repris par l'OCHA, le PAM, l'OMS et les médias occidentaux, comme Reuters, sans la moindre vérification indépendante. Ces chiffres sont trompeurs : l'aide prétendument "entrée" stagne aux checkpoints, est pillée ou détruite, et concerne des produits superflus. Israël bloque l'UNRWA et le PAM, privilégiant ses propres affiliés. Fautif ? Absolument. Comme nous l'ont enseigné des universitaires "décolonialistes" comme Edward Said, le processus de construction du savoir est au service du pouvoir - ici, il blanchit le génocide sous couvert de bureaucratie.

Selon MSF, le CICR et le Croissant-Rouge palestinien, la réalité sur le terrain est toute autre :

"L'aide est minimaliste, aléatoire et instrumentalisée à des fins propagandistes". Et les survivants ajoutent : "Nous n'avons ni farine, ni nourriture, ni eau potable. Nous sommes abandonnés par un monde qui fait la sourde oreille".

Des échos historiques : la famine en toile de fond des siècles de colonialisme

La famine n'est pas qu'un phénomène récent, c'est un continuum. De l'incendie de villages lors de la Nakba de 1948 au blocus de 2007 qualifiant Gaza d'"entité ennemie", Israël a toujours instrumentalisé la faim. À l'instar des génocides perpétrés par la suprématie blanche - des marches forcées des Amérindiens aux bantoustans de l'apartheid sud-africain -, cette épuration par la famine est au service de l'expansion sioniste. Les épistémologies palestiniennes, enracinées dans le sumud (l'endurance) s'y opposent : des poètes comme Mahmoud Darwish et les témoignages oraux des survivants célèbrent la vie par-delà la mort.

La vérité sans fard : un génocide indéniable et une urgence absolue.

Vingt-huit camions, ce n'est pas "l'aide autorisée", c'est une aide porteuse de mort. Les largages aériens ne facilitent pas la distribution, ils servent d'alibi. Des vivres sans médicaments, c'est une sentence de mort. Gaza est victime d'un génocide par la famine et l'abandon, une politique impérialiste soutenue par les armes américaines et le silence de la communauté internationale.

En notre qualité d'éducateurs révolutionnaires, nous exigeons :

  • la fin du blocus,
  • un cessez-le-feu immédiat,
  • de cesser tout investissement dans l'apartheid et
  • d'amplifier les voix palestiniennes.

La justice n'est pas une option, c'est un impératif de libération.

En solidarité avec ceux qui meurent de faim, qui sont bombardés - et refusent de fléchir : nous exigeons la libération de la Palestine, du fleuve à la mer.

Marginalia Subversiva

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