UN Photo/Mark Garten. Des dirigeants mondiaux sont réunis à l'ONU à New York pour discuter de la solution à deux États, Israël et Palestine.
Par ONU Info
Source : ONU Info
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a averti lundi que le conflit israélo-palestinien avait atteint un point de rupture, appelant à une action politique audacieuse pour sauver la solution à deux États et mettre un terme à ce qu'il a décrit comme le démantèlement systémique des efforts de paix.
S'exprimant lundi matin lors d'une séance de pré-ouverture de la conférence de haut niveau sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États, co-organisée par la France et l'Arabie saoudite, le chef de l'ONU a dressé le tableau saisissant d'un conflit qui continue de « faire des morts, de détruire des avenirs et de déstabiliser la région et notre monde ».
"Nous savons que le conflit israélo-palestinien perdure depuis des générations, défiant les espoirs, la diplomatie, d'innombrables résolutions et le droit international. Nous savons aussi que sa persistance n'est pas inéluctable" - @antonioguterres t.co- ONU Info (@ONUinfo) July 28, 2025
« Nous savons que le conflit israélo-palestinien perdure depuis des générations, défiant les espoirs, la diplomatie, d'innombrables résolutions et le droit international », a déclaré M. Guterres. « Mais nous savons aussi que sa persistance n'est pas inévitable. Il peut être résolu. Cela exige une volonté politique et un leadership courageux. Et cela exige la vérité ».
« La vérité est que nous sommes à un point de rupture. La solution à deux États est plus lointaine que jamais ».
Le Secrétaire général a dénoncé les attaques du Hamas contre Israël et les prises d'otages du 7 octobre comme des actes de terrorisme qu'il a « condamnés à maintes reprises ».
Dans le même temps, il a déclaré que « rien ne peut justifier l'anéantissement de Gaza qui se déroule sous les yeux du monde entier ».
Il a également dénoncé la famine qui frappe les civils, le massacre de dizaines de milliers de personnes, les déplacements massifs de population, la violence des colons et l'annexion rampante de la Cisjordanie occupée, une mesure qu'il a qualifiée d'« illégale ».
Cesser de saper la solution à deux États
« Les actions unilatérales qui compromettraient à jamais la solution à deux États sont inacceptables et doivent cesser », a-t-il déclaré. « Il ne s'agit pas d'événements isolés. Ils s'inscrivent dans une réalité systémique qui démantèle les fondements de la paix au Moyen-Orient ».
Cette conférence de trois jours, mandatée par l'Assemblée générale, est co-organisée par la France et l'Arabie saoudite. Elle comprend des séances plénières et des tables rondes thématiques sur des questions telles que les dispositifs de sécurité, les besoins humanitaires, la reconstruction et la viabilité économique d'un futur État palestinien.
UN News/Shirin Yaseen. Le mur de séparation vu depuis la Cisjordanie.
Au-delà des discours
Dans son discours, M. Guterres a exhorté les États membres à ne pas laisser cet événement se transformer en « nouvel exercice de bons discours ».
« Il peut et doit constituer un tournant décisif, catalyseur de progrès irréversibles vers la fin de l'occupation et la réalisation de notre aspiration commune à une solution viable à deux États », a-t-il déclaré.
Réitérant la position de longue date de l'ONU, le Secrétaire général a déclaré que la solution à deux États demeure la seule voie viable vers la paix, avec Israël et la Palestine vivant côte à côte à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, fondées sur les lignes d'avant 1967, avec Jérusalem comme capitale des deux États.
« C'est la condition sine qua non pour la paix dans l'ensemble du Moyen-Orient », a-t-il conclu.
© UNICEF/Mohammed Nateel. Frappes aériennes sur la ville de Gaza.
Séance plénière à l'Assemblée générale
Lundi après-midi, dans la salle de l'Assemblée générale des Nations Unies, le Secrétaire général de l'ONU a prononcé un deuxième discours lors de l'ouverture officielle de la conférence, à laquelle participent 126 délégations. Israël et les Etats-Unis n'ont pas prévu de participer.
"Soyons clairs : l'État palestinien est un droit, et non une récompense. La seule solution réaliste, juste et durable est celle de deux États - Israël et la Palestine - vivant côte à côte en paix", a déclaré @antonioguterres t.co- ONU Info (@ONUinfo) July 28, 2025
M. Guterres a affirmé que la solution à deux États est « la question centrale pour la paix au Moyen-Orient ».
« Quelle est l'alternative d'une réalité à un seul État où les Palestiniens se voient refuser l'égalité des droits et sont contraints de vivre sous une occupation et des inégalités perpétuelles ? Une réalité à un seul État où les Palestiniens seraient expulsés de leurs terres ? »
Ce n'est pas conforme au droit international et c'est inacceptable, a tranché António Guterres, soutenant que, pour les Palestiniens, l'État est « un droit, pas une récompense ».
La seule solution réaliste, juste et durable réside dans deux États -Israël et la Palestine- vivant côte à côte en paix et en sécurité, à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, sur la base des lignes d'avant 1967, avec Jérusalem comme capitale.
Le chef de l'ONU a rejeté « le faux choix entre un État palestinien et la sécurité israélienne ».
Plus d'excuses
Le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, Philémon Yang, a déclaré que le monde ne pouvait tout simplement plus se permettre « excuses et retards » sur la question. « Nous devons agir maintenant », a-t-il dit.
Selon lui, ce conflit ne sera pas réglé par une guerre permanente ni une occupation ou une annexion illimitée.
La paix et la stabilité ne seront là que lorsque Israéliens et Palestiniens vivront côte à côte dans leur propre État souverain et indépendant. La paix ne sera là que lorsque l'État d'Israël et les Israéliens reconnaîtront l'État de Palestine. La paix ne sera là que lorsque l'État d'Israël et l'État de Palestine seront reconnus comme membres légitimes de la communauté internationale et des Nations Unies, a martelé M. Yang.
La France va reconnaître l'Etat de Palestine
La France a déclaré, pour sa part, qu'elle annoncerait sa reconnaissance « pleine et entière » de l'État de Palestine, qu'elle officialisera en septembre prochain.
« Cette reconnaissance, décision capitale de la France, est l'expression d'un refus, et porte en elle un appel », a dit le ministre des affaires étrangères de la France, Jean-Noël Barrot.
Refus que le camp de la guerre ne l'emporte sur celui de la paix; refus de donner raison au Hamas qui a toujours contesté le droit d'Israël à exister, a précisé le ministre français. « Mais aussi refus de laisser libre cours au dessein irresponsable des extrémistes qui en Israël refusent aux Palestiniens le droit d'exister et propagent la violence et la haine dans un aveuglement coupable, au mépris des intérêts de sécurité de leur propre pays ».
Mais aussi appel à tous les peuples et les pays du monde, dont ceux qui n'ont pas encore reconnu l'État de Palestine, a poursuivi le chef de la diplomatie française. « C'est aujourd'hui que votre décision aura le plus d'impact sur le cours des choses, car attendre que le Hamas soit désarmé pour reconnaître un État de Palestine, c'est se mettre soi-même entre les mains du Hamas ».
L'Arabie saoudite dénonce l'escalade continue à Gaza
De son côté, l'Arabie saoudite a prévenu que l'escalade continue à Gaza a des conséquences régionales et internationales.
« Des milliers de civils souffrent des pires violations, l'aide humanitaire est limitée et la politique de colonisation se poursuit », a dit le ministre des affaires étrangères de l'Arabie saoudite, Faisal bin Farhan Al Saud.
Notre responsabilité collective, a affirmé le ministre, est de mettre fin à la catastrophe humanitaire qui menace la crédibilité même du droit international et de permettre au peuple palestinien de vivre dans un État souverain.
Il a demandé à la communauté internationale de enforcer les institutions de l'Autorité palestinienne car la paix ne saurait être réalisée sans développement et autonomie économique. Se félicitant du soutien de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), il a jugé urgent d'intensifier ce soutien afin de permettre aux Palestiniens de relever les défis qui sont les leurs.
Une conférence qui doit être un tournant
Le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a estimé que cette conférence devait être un tournant. Si nous prenons les bonnes décisions aujourd'hui, nous pourrons vivre côte à côte avec l'État d'Israël, a-t-il dit.
« Les décisions prises ici doivent se transformer en mesures pratiques pour mettre un terme à l'occupation, faire respecter les droits des Palestiniens et donner corps à la solution à deux États », a-t-il ajouté.
L'Autorité palestinienne, a souligné Mohammed Mustafa, est la seule habilitée à gouverner l'ensemble du Territoire palestinien. Israël doit se retirer et le Hamas doit renoncer au contrôle de Gaza.
Le Premier ministre s'est dit favorable au déploiement d'une force arabe et internationale pour assurer la stabilité mais, a-t-il averti, il ne s'agirait en aucun cas de remplacer l'Autorité palestinienne.
Ce que nous voulons, c'est notre propre État, indépendant, souverain, moderne et développé qui ferait la fierté de nos enfants, a-t-il ajouté. Selon lui, reconnaître l'État de Palestine est le meilleur investissement dans la paix et la sécurité.
Source : ONU Info
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