
Par Malak Hijazi
Les Israéliens veulent vous faire croire que les largages aériens et les camions d'aide symboliques vont résoudre la famine à Gaza. Ne les croyez pas. Ces mesures ne visent pas à mettre fin à la famine, mais seulement à calmer l'indignation mondiale croissante alors que le génocide se poursuit sans relâche.
Récemment, plusieurs amis et collègues m'ont envoyé des messages au sujet des manifestations et de l'indignation internationale suscitée par la famine à Gaza. « Il y a eu une forte mobilisation », m'ont-ils dit.
Les médias israéliens ont évoqué la pression mondiale croissante sur Israël et la détérioration de son image aux yeux du monde. Certains pays arabes et occidentaux ont même avancé l'idée de procéder à nouveau à des largages d'aide, ignorant le fait que cette méthode s'est toujours révélée meurtrière et inefficace.
Dans la nuit du samedi 26 juillet, les discussions sur Telegram où les habitants de Gaza commentent l'actualité ont pris une tournure folle.
Tout a commencé lorsque des officiers israéliens ont admis que l'aide n'avait jamais été volée par le Hamas. Puis est apparu un titre surréaliste : Israël décide de larguer l'aide, comme si ce n'était pas lui qui contrôlait tous les points de passage et les frontières, comme si les camions n'étaient pas empilés depuis des mois et qu'il refusait de les laisser entrer.
Ils ont également déclaré des pauses humanitaires tactiques, notamment de 10 heures à 20 heures à Gaza, Deir al-Balah et Muwasi, afin de créer des couloirs humanitaires limités pour les convois de l'ONU.
L'Égypte a annoncé qu'elle autoriserait des dizaines de camions transportant des tonnes d'aide humanitaire à passer par le point de passage de Karam Abu Salem (Kerem Shalom) dans le sud de Gaza.
Nous n'en croyions pas nos yeux. Que s'était-il passé ? Qu'est-ce qui aurait soudainement changé la position israélienne ?
30 juillET 2025 - Al-Mayadeen -Gaza fait face à un blocus total et définitif dans le cadre d'un nouveau plan israélien
« Israël » envisagerait un blocus sans précédent sur les zones densément peuplées de la bande de Gaza, qui inclurait l'interdiction absolu d'entrée de nourriture, d'eau et d'aide humanitaire.
23 juillet 2025 - Yazan Abu Ful, âgé de deux ans et victime bouleversante de la malnutrition et de la famine qui sévissent à Gaza, est assis avec sa famille dans le camp de réfugiés de Shati - Photo : Jehad Alshrafi
Ce plan, révélé mardi par la chaîne israélienne Channel 10 Kan, est actuellement discuté au sein du ministère israélien de la Sécurité.
Ce blocus potentiel fait suite à la fin de l'opération « Les chars de Gédéon », qui n'a pas permis de faire avancer le dossier des soldats israéliens capturés.
Bien qu'aucune décision définitive n'ait été prise, Kan a indiqué qu'une réunion élargie du cabinet devrait se tenir dans les prochains jours pour débattre de cette proposition.
Selon la chaîne, plus de deux millions de Palestiniens sont actuellement concentrés dans trois zones principales : la ville de Gaza, les camps de réfugiés du centre et la zone dite humanitaire d'al-Mawasi. Les autorités sécuritaires et militaires israéliennes évaluent actuellement s'il convient d'imposer le blocus simultanément ou par étapes dans ces trois zones.
Le plan prévoit d'empêcher toute aide humanitaire, qu'elle soit acheminée par camion ou par largage aérien, d'entrer dans les zones ciblées.
« Israël » considère un blocus total des zones clés de Gaza, coupant l'approvisionnement en nourriture, en eau et en aide humanitaire, alors que les négociations sont au point mort et que la pression internationale s'intensifie face à la crise humanitaire.
Comment était-ce possible alors que ces mêmes personnes venaient d'annoncer qu'elles n'étaient plus intéressées par les négociations de cessez-le-feu ?
Des images de colis alimentaires parachutés et de camions d'aide humanitaire accompagnaient les informations, ainsi que des déclarations remplies de chiffres et de réalisations.
Des centaines de camions se dirigeaient vers Gaza. Le soulagement semblait proche. Enfin, une action concrète. Nous avons repris espoir. Après quatre mois passés à documenter les faits et à raconter, il semblait que quelqu'un nous avait écoutés.
Pendant ce temps, de nombreuses blagues circulaient sur Internet : Israël aurait accepté de nous laisser nous nourrir avant de terminer le massacre. Malgré tout, un petit vent de soulagement soufflait. Les parents auraient enfin quelque chose à offrir à leurs enfants, même si ce n'était que pour un court moment.
Mais sur le terrain, rien n'avait changé. La crise n'avait pris fin que dans les gros titres.
Au cours des deux jours qui ont suivi l'annonce de la « pause tactiqu » par Israël, les forces israéliennes ont tué plus de 160 Palestiniens, dont des enfants.
Les gens pensaient pouvoir profiter de cette occasion pour se déplacer, collecter de l'aide ou respirer, mais cela s'est avéré être un autre piège israélien. Il s'agissait d'un mensonge élaboré par Israël, amplifié par les médias occidentaux, déclaré à notre insu et jamais appliqué.
Les bombardements n'ont jamais cessé. Le nombre de morts est resté tout aussi élevé. Certains gouvernements arabes ont repris leur discours mensonger, tandis que seule une poignée de camions d'aide humanitaire ont pu entrer, dont une grande partie a été pillée avant d'atteindre la population.
Les prix des denrées alimentaires ont atteint des niveaux insupportables.
En réalité, aucune des méthodes actuelles de distribution de l'aide ne fonctionne. Les camions égyptiens sont souvent pillés avant d'atteindre les civils en raison de l'effondrement de l'ordre et de l'absence de couloirs sécurisés.
Les forces israéliennes ont attaqué à plusieurs reprises les escortes policières et les civils qui attendaient l'aide. L'aide parachutée est minimale, dispersée et profondément déshumanisante.
Les médias font grand cas des pauses humanitaires et des convois d'aide, mais la réalité est bien pire. L'aide arrive par petits flux irréguliers. Israël n'a autorisé que des quantités symboliques de fruits ou de marchandises, juste assez pour les photos, et non pour résoudre la crise.
Israël veut donner l'impression que la famine est une situation complexe, qui échappe à son contrôle et qui est presque impossible à résoudre. Cependant, il serait possible d'améliorer rapidement et facilement la qualité de vie et de mettre fin à la crise en ouvrant simplement les points de passage et en autorisant l'entrée de l'aide, des médicaments et des marchandises commerciales.
Il est frappant de voir comment ils essaient d'inventer d'autres méthodes, telles que les largages aériens ou la Fondation humanitaire pour Gaza. Mais il s'agit là de mises en scène bien orchestrées.
Gaza : la famine tue d'abord les enfants
Les deux sont aussi humiliants l'un que l'autre et véhiculent le message sous-jacent que l'aide ne parviendra pas à tout le monde de manière égale. Ce sont des solutions qui ne sont pas destinées à résoudre le problème.
Lorsqu'un largage aérien tombe n'importe où à Gaza ou que des camions arrivent, cela ressemble à une bataille. Les gens crient et se battent pour une boîte de haricots ou quelques grammes de sucre, car ces produits n'existent tout simplement pas sur les marchés et que la quantité d'aide est terriblement faible par rapport aux besoins.
C'est une réaction naturelle après des mois de famine et de privations sévères. On ne peut pas s'attendre à un comportement organisé de la part de personnes qui ont souffert de la faim pendant si longtemps.
Mais cela nous divise. Cela érode notre sentiment d'appartenance à une communauté et transforme la survie en compétition. Les habitants de Gaza ont toujours été généreux, mais Israël les a transformés en personnes qui se battent pour se nourrir.
Et tandis que les gros titres se concentrent sur l'aide et le chaos, Israël continue de commettre des crimes et d'exécuter tranquillement ses plans en arrière-plan, sans que personne ne remette cela en question.
Ne cessez pas de parler de la famine et du génocide ! Ne laissez pas Israël et les pays arabes complices vous manipuler en vous faisant croire qu'ils ont fait des efforts ou qu'ils ont changé les choses !
La famine n'est pas terminée. Elle existe toujours. Et les massacres n'ont pas cessé depuis près de deux ans.
Auteur : Malak Hijazi
* Malak Hijazi est écrivaine et vit à Gaza. « Je suis une fille qui a des passions et des rêves, une fille qui fonde ses opinions sur des convictions fortes et qui enfreint les règles lorsque c'est nécessaire. Toutes les règles ne sont pas bonnes ou ne doivent pas être respectées. Je suis une fille qui aime écrire depuis l'âge de six ans, qui fait des livres ses meilleurs amis et qui croit qu'elle sera la personne qu'elle veut être si elle écoute son cœur. Enfin, je dis : « J'aime Dieu, mais je fais des erreurs dans ma vie. J'aime la pluie mais je porte un parapluie. J'aime le soleil mais je cherche l'ombre d'un arbre quand j'ai chaud ». Je suis un être humain normal qui croit en l'amour.
29 juillet 2025 - Mondoweiss - Traduction : Chronique de Palestine