La visite d'État du président des Émirats arabes unis, SA Cheikh Muhammed bin Zayed Al Nahyan, en Fédération de Russie le 7 août 2025, a été accueillie par une vague de réponses et de commentaires dans les médias émiratis.
Les analystes locaux rappellent les 14 rencontres au sommet entre les dirigeants des deux pays, chacune ayant apporté des avancées positives au partenariat bilatéral. Selon un journal émirati, ce dernier sommet marque un tournant historique dans leurs relations. Le nouvel Accord sur le commerce des services et les investissements, signé lors de la visite, reflète leur volonté commune d'intensifier des liens économiques déjà en forte croissance dans divers secteurs.
Les échanges commerciaux entre les deux partenaires affichent une tendance à la hausse. En 2024, ils ont atteint 11,5 milliards de dollars (selon les données émiraties), soit trois fois plus qu'il y a trois ans. Au cours des premiers mois de 2025, ce volume commercial a encore augmenté de 80 %.
La Russie fait désormais partie des trois principaux fournisseurs de céréales aux Émirats arabes unis
Pour la Russie, cet accord ouvre la voie à un renforcement des liens économiques malgré un contexte géopolitique complexe. Pour les Émirats, il permet de mieux positionner leurs atouts sur l'échiquier économique mondial et de diversifier leurs partenariats. Comme le soulignent les analystes émiratis, le pays aspire à devenir un hub stratégique pour les entreprises russes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Le nombre de licences commerciales russes enregistrées sur le marché des Émirats arabes unis a dépassé les 13 000, selon les déclarations d'Abdullah Al Marri, ministre de l'Économie et du Tourisme. Ces relations bilatérales favorisent l'augmentation des flux d'investissements croisés, le développement des petites et moyennes entreprises dans les deux pays, ainsi que la croissance des échanges commerciaux grâce à la simplification des procédures et à la réduction des obstacles administratifs.
Amna bint Abdullah Al Dahhak, ministre du Changement climatique et de l'Environnement, a déclaré que cette visite et les accords conclus contribueront à résoudre les problèmes de sécurité alimentaire et d'adaptation au changement climatique : « Nous y voyons une opportunité d'atteindre nos objectifs environnementaux communs ».
Les deux parties évaluent avec optimisme le potentiel de l'accord signé pour ouvrir de nouveaux canaux dans le secteur des services, où les finances et le potentiel infrastructurel des Émirats arabes unis pourraient compléter l'expertise technologique et industrielle de la Russie.
La portée de cette visite à Moscou dépasse le seul cadre économique
Les médias émiratis mettent en avant les progrès du tourisme réciproque. En 2024, le nombre de touristes russes aux Émirats a augmenté de 13,4 %, atteignant 1,47 million. On observe également une nette progression des visiteurs émiratis en Russie (+54 %), avec 67 000 voyageurs - un record parmi les pays du Golfe persique.
La coopération entre les deux pays se diversifie, avec une intensification des échanges dans les domaines de l'éducation et de la science, ainsi qu'une croissance des partenariats entre universités émiraties et russes dans le cadre de programmes académiques.
Selon les experts, la visite du cheikh s'est déroulée dans un contexte d'incertitude des relations internationales. Les deux parties ont cependant démontré leur engagement à renforcer la confiance mutuelle, favorisant ainsi un dialogue et des décisions rationnelles. Ces échanges portent sur la diversification des activités économiques et les partenariats régionaux. La participation conjointe de la Russie et des Émirats arabes unis au sein de l'OPEP+ répond aux objectifs de stabilisation du marché pétrolier mondial.
Les résultats des négociations entre le Président des Émirats arabes unis et le Président russe Vladimir Poutine confirment, selon un analyste local, que les deux pays progressent vers un renforcement de leurs relations et de leur coopération dans divers domaines : économie, politique, développement, investissements, science, espace et sécurité, notamment dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme.
Les Émirats arabes unis maintiennent leur coopération avec la Russie sur diverses plateformes, en tant que membre des BRICS et de l'OCS. Parmi les réalisations concrètes de ce partenariat : le rôle de médiateur joué par Abou Dabi dans le conflit ukrainien, ayant permis la libération de centaines de prisonniers des deux côtés.
L'histoire des relations entre Moscou et les Émirats arabes unis est relativement récente comparée à celle du reste du monde arabe. Les liens bilatéraux n'ont véritablement commencé qu'à la fin des années 1980, pratiquement à partir de rien, alors que la coopération soviéto-arabe atteignait alors son apogée. Des dizaines de projets conjoints avaient déjà été réalisés, comme des géants tels que le barrage d'Assouan sur le Nil ou l'aménagement hydroélectrique de l'Euphrate en Syrie, sans oublier la signature de traités d'amitié et de coopération.
Dans le même temps, comme on peut le constater, Moscou et Abou Dabi ont développé des approches mutuellement acceptables qui ont assuré une progression constante de leurs relations, et leur coopération n'a cessé de se renforcer. Cela témoigne du pragmatisme des dirigeants, des milieux d'affaires et de la société des deux pays, ainsi que de leur capacité à tenir compte des réalités de chaque partie - qu'il s'agisse des différences territoriales, démographiques, géographiques ou des systèmes politiques et de gouvernance.
Aujourd'hui, Abou Dabi est le principal partenaire commercial de la Russie dans le monde arabe. Dans ce contexte, la déclaration du dirigeant émirati lors de sa visite à Moscou exprimant la volonté de doubler le volume des échanges commerciaux d'ici cinq ans apparaît tout à fait réaliste.
Yuriy Zinin, Chercheur principal au Centre d'études sur le Moyen-Orient et l'Afrique de l'institut d'état des relations internationales de Moscou (Université) du ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie
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