
Par Ramona Wadi, le 28 août 2025
L'Allemagne ne soutiendra pas la reconnaissance d'un État palestinien, alors que d'autres gouvernements occidentaux prétendent s'être subitement souvenus de la nécessité de reconnaître un État palestinien.
"Nous ne considérons pas que les conditions pour la reconnaissance d'un État soient actuellement remplies et restons donc divisés sur la question" a déclaré le chancelier allemand, Friedrich Merz. "Les événements de ces derniers jours et heures n'ont rien changé à notre point de vue".
Les gouvernements occidentaux, quant à eux, lient leur reconnaissance d'un État palestinien à l'accord de paix entre Israël et la Palestine. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a accusé son homologue australien, Anthony Albanese, d'avoir trahi Israël. Mais qu'ont donc trahi Albanese et les autres gouvernements occidentaux, à moins que cette reconnaissance symbolique n'ait aucun poids politique quant au statut d'État ?
Entre le refus de reconnaître un État palestinien et cette façade symbolique, jamais les perspectives n'ont été aussi sombres. Israël poursuit donc l'occupation militaire de Gaza et son génocide, tuant des Palestiniens, déplaçant la population, aggravant la famine et s'appropriant toujours plus de territoire palestinien.
Le gouvernement allemand a-t-il réfléchi aux modalités de reconnaissance d'un État palestinien ? Et les autres gouvernements occidentaux ont-ils conscience de l'ineptie d'une telle reconnaissance ? Tous les pays, qu'ils soient favorables ou non à une telle reconnaissance, pourraient-ils au moins admettre que la mise en œuvre du plan de partition de 1947 a anéanti toute possibilité de voir naître un État palestinien ?
Les Palestiniens se font tuer, leurs terres sont volées. Outre les violations flagrantes du droit international, l'ONU tient un discours hypocrite prétendant faire tout son possible pour préserver les droits des Palestiniens, alors qu'elle les bafoue depuis des décennies. L'ONU privilégie le discours sécuritaire d'Israël aux dépens de la résistance anticolonialiste légitime du peuple palestinien. Ce qui n'a rien de surprenant, puisque ce sont les mêmes instances gouvernementales aux commandes de la scène internationale, prétendument au nom des droits humains. Ce sont les États membres de l'ONU qui décident de jongler avec la reconnaissance et la non-reconnaissance, faisant l'impasse sur le génocide et l'expansion coloniale en cours perpétrés par Israël à Gaza et dans toute la Palestine.
Alors que Merz affirme que ses conditions ne sont pas réunies, l'Australie déclare avoir reçu l'assurance de l'Autorité palestinienne que le Hamas ne gouvernera pas. Pourtant, s'agissant de la reconnaissance symbolique, le compromis à deux États reste un thème fédérateur. Un soutien à la supercherie plutôt qu'au peuple palestinien.
Que les pays aient symboliquement reconnu un État palestinien, qu'ils prévoient de le faire ou qu'ils refusent, ils ne peuvent ignorer les décennies de colonisation. Ils savent également que la solution à deux États n'a fait qu'encourager l'expansion coloniale d'Israël. Mais si Merz peut effectivement être dénoncé pour avoir refusé de reconnaître un État palestinien, pourquoi les autres pays sont-ils encensés pour agir de manière positive, plutôt que d'être accusés de contribuer à l'échec politique auquel est confronté le peuple palestinien ? La reconnaissance symbolique n'a vraiment rien de noble, et encore moins à l'heure où le génocide perpétré par Israël à Gaza est toujours cautionné par les puissances occidentales.
Le mythe des deux États est aussi dangereux que la reconnaissance symbolique. Et si la communauté internationale se concentrait plutôt sur la décolonisation ?
Traduit par Spirit of Free Speech