France-Soir
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Les consommateurs français découvrent depuis le printemps des œufs venus d'Ukraine dans les rayons de Carrefour et Leclerc. Selon l'interprofession des œufs, ces produits ne respectent ni les normes européennes ni les engagements de la filière française, soulevant des inquiétudes sanitaires et économiques.
Il fallait s'y attendre. En période d'inflation, la tentation est grande d'aller chercher à moindre coût ce que l'Europe peine à fournir. Mais ces œufs venus d'Ukraine portent un code 3, synonyme d'élevage en cage, une pratique que la grande distribution prétend pourtant combattre. Leclerc reconnaît qu'« un magasin a eu une initiative regrettable », minimisant l'affaire en parlant de cas isolé. Carrefour, lui, nie toute commercialisation. Mais pour Yves-Marie Beaudet, président du CNPO, il s'agit peut-être d'« un coup d'essai » pour tester la filière ukrainienne.
Il n'y a pas de fumée sans feu... Comme l'a rapporté l'AFP, la consommation d'œufs a bondi de 5 % depuis janvier, soit 350 millions d'unités supplémentaires en sept mois. Une demande que les producteurs européens ont absorbée, mais au prix d'une tension inédite sur les stocks. Dans ce contexte, l'Ukraine, où les coûts de production sont nettement inférieurs, devient une échappatoire pour certains distributeurs, quitte à contourner les engagements pris auprès des éleveurs français.
Et le problème n'est pas seulement éthique. Le système européen Rasff a déjà détecté, en Pologne et en Slovaquie, la présence d'antibiotiques interdits dans des lots ukrainiens. Pour le CNPO, cela confirme l'urgence de renforcer les contrôles et d'exiger de la distribution qu'elle cesse ce double langage consistant à prêcher une chose pour faire son contraire.