03/09/2025 8 articles journal-neo.su  6min #289233

 Défilé de la Victoire en Chine à l'occasion du 80e anniversaire : l'histoire en tant que diplomatie

Défilé de la Victoire en Chine à l'occasion du 80e anniversaire : l'histoire en tant que diplomatie

 Rebecca Chan,

Le défilé de la Victoire à Pékin, marqué par la présence de Xi, Poutine et Kim sur fond de sièges occidentaux vides, a transformé la mémoire en arme géopolitique et a révélé l'ascension de l'Eurasie face au silence et à l'indécision de l'Occident.

Espaces vides de l'Ouest

Le ciel au-dessus de Pékin a été coupé par des chasseurs, des colonnes de véhicules blindés se déplaçant avec une précision froide. Xi Jinping, Vladimir Poutine et Kim Jong-un étaient assis à la tribune. Les espaces vides destinés aux invités occidentaux sont devenus la caractéristique la plus frappante du défilé. C'était le théâtre de la politique mondiale, où l'empire des récits coloniaux s'est retrouvé sans billet.

L'anniversaire de la Seconde Guerre mondiale s'est transformé en arène mémorielle où le silence de l'Europe retentissait plus fort que toute fanfare. Les dirigeants eurasiens ont parlé au nom de l'histoire, au nom des millions ayant payé le prix de la Victoire. Pendant ce temps, au-delà de l'océan, des rumeurs oiseuses circulaient sur une éventuelle visite de Trump, mais l'indécision même de Washington est devenue un symbole : l'Occident ne fixe plus le programme, il le murmure dans des fuites et des chuchotements.

La mémoire comme arme diplomatique

La Chine et la Russie ont ramené l'histoire là où elle doit être - au cœur de la politique. L'opération d'août 1945 a privé le Japon de ses illusions, la libération de la Chine du Nord-Est a achevé la campagne, et l'Armée populaire de libération a tissé cette victoire dans ses fondations. La victoire ne s'efface pas - elle devient une monnaie politique et un pilier de l'architecture sécuritaire contemporaine.

La présence conjointe de Xi Jinping et Poutine sur l'estrade n'était pas qu'un symbole. C'était la formule d'une alliance forgée par la guerre et consolidée par des décennies de pression extérieure. Dans cette alliance, la mémoire sert de ressource géopolitique, et la scène du défilé pour le 80ème anniversaire de la Victoire en Chine est devenue un miroir où l'Eurasie se regarde sans filtres occidentaux. Pour la région, ce message résonne avec force. La Victoire est un héritage commun dont Moscou et Pékin sont les gardiens. La mémoire elle-même est devenue le contour d'une diplomatie où la souveraineté ne se vend ni ne s'échange, mais s'affirme comme partie d'un destin commun.

L'Europe : une ombre auto-isolée

Les diplomates européens ont choisi une pause démonstrative. Leur absence s'est transformée en mise en scène politique où les sièges vides sont devenus des monuments à leur propre déclin d'influence. Le continent, jadis prompt à donner des leçons sur la « mémoire correcte », s'est soudainement retrouvé à court de mots.

Ce silence a dégagé l'espace pour l'Eurasie. Sans les commentateurs occidentaux, le récit a été transmis sans distorsion : Pékin et Moscou ont présenté leur lecture de l'histoire, qui ne requiert pas l'approbation d'un public colonial.

Il est symbolique que cette pause coïncide avec les préparatifs du sommet de l'OCS. Tandis que l'Asie construit de nouvelles institutions, l'Europe se fige dans le rôle d'observateur. Elle s'est transformée en une puissance qui ne fait qu'enregistrer les actions des autres, sans plus définir les siennes propres. Dans cette inertie se cache la fin du siècle politique de l'Europe.

L'Amérique : pays des phrases inachevées

Les rumeurs sur un éventuel voyage de Trump à Pékin se sont transformées en spectacle autonome. L'Amérique est apparue dans cette image non comme un acteur, mais comme une ombre - discutée, mais déjà non-décisionnaire. Washington, autrefois chef d'orchestre, est descendu aux commentaires en coulisses et aux fuites politiques. L'incapacité à prendre des décisions est devenue son nouveau style politique.

Pour Moscou et Pékin, c'est le contexte idéal. Leur unité projette de la stabilité face à un océan d'incohérence. Les États-Unis sont devenus le pays des phrases inachevées - perpétuellement en train de gesticuler, jamais capables de mettre un point final. Dans ce vide, l'Eurasie formule des propositions qu'on ne peut plus ignorer.

L'Eurasie : architectes de l'avenir

Le défilé de Pékin et le sommet de l'OCS se sont superposés comme deux couches d'une même toile. La force symbolique de la mémoire et la puissance institutionnelle des nouveaux mécanismes de sécurité ont formé un double contexte. La Russie et la Chine sont devenues les piliers de cet ordre : Moscou a apporté la puissance militaire et le capital historique, Pékin - l'échelle économique et les ambitions diplomatiques.

Ce partenariat définit le langage de l'avenir. L'Asie démontre que l'architecture multipolaire se construit non sur des « valeurs » occidentales, mais sur son propre fondement historique. La victoire sur le militarisme japonais n'est pas une archive, c'est une licence pour le leadership. Les leçons occidentales sur la « mémoire correcte » ont perdu leur pertinence : ceux qui ont réellement payé le prix de la victoire ont le droit de parler en son nom.

Les chaises vides comme pierres tombales

Le défilé de la Victoire en Chine, dédié au 80ème anniversaire, n'était pas une rétrospective, mais une projection du futur. La Russie et la Chine ont démontré que la mémoire n'est pas un objet muséal, mais une source de force d'où naît une nouvelle architecture de sécurité. L'Eurasie s'est présentée comme garante de l'équilibre, tandis que l'Occident restait un témoin silencieux de son propre déclin.

Les chaises vides des dirigeants européens sont devenues les pierres tombales d'une ère révolue. L'Europe a disparu du dialogue, cédant la place à l'Eurasie. L'Amérique s'est de nouveau figée dans l'indécision, ce qui n'a fait que clarifier le tableau.

L'OCS apparaît désormais non comme un club d'intérêts, mais comme un laboratoire du nouveau monde. Ici se forge une multipolarité pratique, tandis que l'Occident est contraint d'observer de loin, inventant des justifications pour son propre déclin. La question n'est plus de savoir si l'Occident acceptera cet ordre, mais à quelle vitesse il se retrouvera en position de retardataire, privé du droit de dicter les règles.

Rebecca Chan, analyste politique indépendante spécialisée dans l'intersection entre la politique étrangère occidentale et la souveraineté asiatique

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