Pierre Galand
AFP
Voilà ce que déclare depuis plusieurs jours B. Netanyahou à la tête du gouvernement fasciste d'Israël qui est soutenu par le président des États-Unis
Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères de Belgique,
Merci pour le long mail que vous avez adressé à celles et ceux qui vous ont écrit concernant le génocide en cours à Gaza.
Certes, vous n'êtes pas responsable des graves manquements de vos prédécesseurs qui avec un dédain certain nous opposaient un « In due time » lorsque nous insistions pour que la Belgique reconnaisse l'État de Palestine sur les frontières de 1967. A l'époque, Israël n'avait pas encore construit le Mur d'annexion territoriale en Cisjordanie et à Jérusalem, n'avait pas encore multiplié par dix le nombre de colonies dans les TPO, n'avait pas encore adopté la loi réservant la nationalité israélienne aux seuls juifs, et enfin n'avait pas entrepris l'offensive génocidaire sur Gaza.
Aujourd'hui, vous qualifiez encore le Hamas d'organisation terroriste. Or, aux yeux des peuples du monde entier, c'est bien Israël qui est l'État terroriste, qui assassine les populations et détruit tout Gaza en tentant d'en chasser les survivants, qui accélère la colonisation de la Palestine et de larges parties des pays voisins à savoir le Liban et la Syrie.
Nous ne partageons pas l'idéologie du Hamas et condamnons les crimes commis contre les civils israéliens lors de l'opération du 7 octobre 2023 mais nous refusons de le qualifier d'organisation terroriste car il représente une composante de la résistance palestinienne.
Dois-je vous rappeler que les Allemands qualifiaient de terroristes les résistants belges et français contre les Nazis. Tout comme les Français qualifièrent de terroristes les militants du FLN algérien. Ou encore comme les États-Unis qui qualifieront Nelson Mandela et l'ANC de terroristes.
Vous parlez de ministres israéliens extrémistes alors que ce sont tous les ministres et leur chef B. Netanyahou qui sont extrémistes. De même, vous parlez de colons extrémistes alors que c'est toute l'organisation des colons qui est extrémiste. Cela vous aurait sauté aux yeux si vous aviez au l'occasion de visiter les territoires palestiniens occupés.
Vous plaidez à juste titre pour l'application des normes du droit international et des Conventions de Genève mais en même temps vous posez à l'encontre des Palestiniens des conditions intolérables qui font de cette reconnaissance de la Palestine une sorte d'écran de fumée au regard de ce qui se passe à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem, à savoir : génocide, apartheid, persécutions qui constituent les trois plus graves crimes contre l'humanité.
Il ne suffit donc pas de dire que cela vous choque profondément et que vous comprenez notre indignation légitime. Votre choix de reconnaissance sous condition de l'État de Palestine consiste à lui retirer aussitôt sa souveraineté pleine et entière. La Palestine que vous êtes disposé à reconnaître n'aurait déjà plus le droit reconnu à tout Etat de se défendre et d'assurer la protection de ses concitoyens face à l'occupant et aux colons. Toute initiative de sa part étant aussitôt disqualifiée et criminalisée. Votre option de reconnaissance est déjà en contradiction avec la plupart des résolutions adoptées par la Belgique à l'Assemblée générale des Nations Unies.
Vous écrivez vouloir éviter un génocide or nous sommes depuis plusieurs mois face à un génocide exécuté sous nos yeux, un génocide en marche. Toutes les grandes associations de juristes et les ONG vous ont alerté et le Haut-commissaire aux droits de l'Homme des Nations Unies ne vient-il pas de déclarer qu'il s'agit bien d'un génocide, après avoir consulté un grand nombre de juristes de droit international indépendants, dont notre compatriote Olivier de Schutter.
Monsieur le ministre,
Face au génocide et à la famine, face aux exactions de l'armée et des colons en Cisjordanie et à Jérusalem, la prudence du gouvernement belge devient lâcheté et les compromis se révèlent des compromissions avec les criminels.
La Belgique se doit de rompre l'ensemble de ses relations diplomatiques, politiques, économiques et culturelles avec l'État d'Israël aussi longtemps que perdurent les violations graves de l'ensemble des droits du peuple palestinien. Elle se doit de mobiliser l'Union européenne et les Nations Unies en ce sens. Elle a l'obligation de contribuer à rompre le blocus à Gaza et de porter secours aux populations sinistrées.
130.000 Belges ont manifesté ce 7 septembre pour la onzième fois. Soyez à leur côté, soyez au côté des Palestiniens et de ceux qui, en Israël, osent s'opposer à ce gouvernement assassin.
Croyez, M. le ministre, en mes salutations distinguées.
Pierre Galand
Ancien sénateur. Président de l'Association Belgo-Palestinienne.
Bruxelles, ce 22 septembre 2025