Mustapha STAMBOULI
Présenté comme la solution ultime au conflit israélo-palestinien, le plan de Donald Trump propose un ensemble de mesures visant à résoudre les tensions entre l'entité sioniste et les Palestiniens. Cependant, derrière les promesses de reconstruction et de sécurité se cachent des aspects qui suscitent de nombreuses interrogations. Dans cet article, nous analysons les points clés du plan, mettant en lumière les dangers qu'il représente pour la souveraineté palestinienne et les risques d'aggravation du conflit plutôt que sa résolution.
Introduction
Le plan Trump pour Gaza est présenté comme une tentative de résoudre le conflit israélo-palestinien en imposant un accord de paix radical à Gaza. Mais derrière les promesses de reconstruction et de sécurité, se cachent des éléments qui soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à leur équité et à leur faisabilité. À travers l'analyse des 21 points du plan, cet article met en lumière les aspects les plus problématiques, qui risquent d'aggraver la situation plutôt que d'y remédier.
1. La paix à tout prix : une démilitarisation imposée
L'un des points les plus controversés du plan est la démilitarisation du Hamas (Point 12). Imposer à un groupe qui se considère comme une résistance légitime contre l'occupation israélienne de se désarmer revient à priver les Palestiniens de leur capacité à se défendre face à une occupation qui perdure depuis des décennies. Cette demande est perçue non seulement comme une humiliation pour le peuple palestinien, mais aussi comme une tentative de supprimer toute forme de résistance légitime à l'occupation. De plus, la mise en place de forces de sécurité internationales (Point 14), dirigées par les États-Unis, soulève des questions sur la véritable neutralité de ces forces et sur le contrôle palestinien qu'elles laisseraient.
2. Une reconstruction sans autonomie
Le plan propose une reconstruction de Gaza (Point 1), mais elle serait placée sous une supervision internationale dirigée par les États-Unis et leurs alliés, ce qui remet en cause la souveraineté de Gaza et de la Palestine dans son ensemble. Au lieu d'une autonomie pleine et entière pour les Palestiniens, ce plan crée un système où la reconstruction se fait sans réelle participation ou contrôle local. Gaza serait gouvernée par un gouvernement de transition composé de technocrates palestiniens (Point 8), supervisé par un comité international. Cela renforce l'idée que la Palestine est incapable de gérer ses propres affaires sans l'intervention d'acteurs étrangers, ce qui risque de réduire davantage les capacités de décision des Palestiniens.
3. L'exclusion de la voix Palestinienne
Un autre problème majeur est l'absence de représentation palestinienne véritablement indépendante dans le processus. Le plan prévoit une zone économique avec des impôts et frais réduits (Point 10) et d'autres incitations économiques pour attirer des investissements étrangers, mais à quel prix ? L'absence d'un dialogue inclusif avec les différentes factions palestiniennes - en particulier le Hamas et le Jihad islamique - conduit à une solution imposée de l'extérieur. Ce type de solution ignore les réalités politiques et sociales internes palestiniennes et ne peut qu'engendrer une instabilité à long terme.
4. Un équilibre de paix fragile
La question de la sécurité est au cœur du plan, avec des garanties de sécurité par les États régionaux (Point 13) et la création d'une force de stabilité internationale temporaire (Point 14). Cependant, le rôle prépondérant des États-Unis dans cette structure est problématique. Les États-Unis, traditionnellement perçus comme un allié inconditionnel d'Israël, ont peu de crédibilité en tant que médiateurs impartiaux. Le plan de Trump ne semble pas envisager un véritable équilibre des pouvoirs entre Israël et la Palestine, mais plutôt une imposition de la volonté israélienne sur les Palestiniens, ce qui rend toute garantie de sécurité déséquilibrée et fragile.
5. Une promesse de futur sans contenu pratique
Le point le plus déstabilisant pour l'avenir des Palestiniens est la promesse d'un futur État palestinien (Point 19). Bien que cette promesse semble un pas vers la reconnaissance internationale d'un État palestinien, elle reste trop vague et conditionnée à des éléments qui fragilisent l'autonomie palestinienne. Il n'y a aucune mention claire des frontières ou de la souveraineté de ce futur État, et la priorité semble donnée à des réformes internes palestiniennes (comme la gestion de Gaza par un gouvernement de transition) plutôt qu'à la création d'un véritable État souverain.
6. Une paix parfaite pour l'entité sioniste, incomplète pour la Palestine
Enfin, ce plan semble beaucoup plus favorable à Israël qu'à la Palestine. Le retrait progressif de l'armée israélienne (Point 15) est un élément positif, mais il ne prend pas en compte les violations systématiques des droits humains commises par Israël pendant son occupation, ni les conditions de vie insoutenables des Palestiniens dans les territoires occupés. En fait, plutôt que de proposer un véritable équilibre de paix, le plan propose un statu quo où Israël conserverait une large part de son pouvoir, et les Palestiniens, au mieux, seraient soumis à une tutelle internationale avec peu de pouvoir politique réel.
Conclusion : un plan de paix ou de soumission ?
En somme, le plan Trump pour le Moyen-Orient, bien qu'il cherche à instaurer une sorte de paix, repose sur des bases profondément injustes. En effaçant les droits des Palestiniens et en les forçant à accepter une tutelle internationale, il risque de prolonger le conflit plutôt que de le résoudre. La paix durable ne peut être imposée par des solutions extérieures ou des compromis unilatéraux. Elle nécessite un dialogue authentique et respectueux entre les peuples, une reconnaissance des droits légitimes des Palestiniens, et un véritable engagement à mettre fin à l'occupation israélienne.
Annexe : Liste des 21 points du plan Trump
0. Faire de Gaza une zone débarrassée du radicalisme et du terrorisme.
1. La reconstruction de Gaza.
2. Après l'accord des deux parties sur le plan, la guerre prend fin immédiatement, les opérations israéliennes cessent et le retrait progressif de Gaza commence.
3. Dans les 48 heures suivant l'acceptation publique par Israël de l'accord, tous les otages vivants ainsi que les corps des morts sont libérés.
4. Après la libération des otages, Israël libère des centaines de prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité, ainsi que plus de 1000 détenus de Gaza depuis le début de la guerre, en plus de la restitution des corps de centaines de Palestiniens.
5. Une amnistie conditionnelle pour les membres du Hamas et une facilitation pour ceux qui souhaitent quitter Gaza.
6. L'afflux d'aide vers Gaza, au moins aux niveaux stipulés dans l'accord d'échange des otages de janvier 2025 (600 camions par jour), avec la réhabilitation des infrastructures et l'entrée de matériel pour enlever les décombres.
7. L'aide est distribuée par les Nations Unies, le Croissant-Rouge et des organisations internationales neutres, sans l'intervention d'aucun parti.
8. La gestion de Gaza par un gouvernement de transition composé de technocrates palestiniens, sous la supervision d'un nouveau comité international dirigé par les États-Unis en coopération avec des partenaires arabes et européens, jusqu'à la mise en œuvre des réformes de l'Autorité palestinienne.
9. L'élaboration d'un plan économique pour la reconstruction de Gaza.
10. La création d'une zone économique avec des impôts et des frais réduits.
11. L'absence de déplacement forcé des Palestiniens.
12. L'interdiction pour le Hamas de gouverner et la démilitarisation de ce dernier.
13. Des garanties de sécurité de la part des États régionaux pour assurer que toutes les parties respectent leurs engagements.
14. La formation d'une force de stabilité internationale temporaire sous conduite américaine et arabe, pour superviser la sécurité et former la police palestinienne locale.
15. Le retrait progressif de l'armée israélienne.
16. La possibilité de mettre en œuvre partiellement le plan en cas de refus du Hamas.
17. Israël s'engage à ne pas mener de frappes en Qatar.
18. Lancement de programmes pour démanteler la pensée extrémiste.
19. L'ouverture d'une voie vers un futur État palestinien.
20. Lancement d'un dialogue politique entre Israël et les Palestiniens.