Par Juan Cole, le 10 octobre 2025
Ann Arbor - Selon le journal israélien Arab 48, le gouvernement israélien a approuvé vendredi le cessez-le-feu à Gaza et l'échange d'otages, et a accepté de commencer à retirer ses troupes de l'ouest de la bande de Gaza. Cette approbation est intervenue après l'arrivée des envoyés du président Donald Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff et Jared Kushner, et leur rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Le cessez-le-feu doit entrer en vigueur immédiatement, l'armée israélienne amorçant son retrait de Gaza qui sera suivi de l'échange d'otages entre le Hamas et Israël au cours des trois prochains jours.
Les blocs d'extrême droite "Sionisme religieux" et "Pouvoir juif", dirigés respectivement par Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir, ont voté contre l'accord. Normalement, Netanyahu aurait besoin de ces voix pour obtenir la majorité à la Knesset, le parlement israélien composé de 120 membres, où sa coalition dispose de 64 sièges. Dans ce cas précis cependant, les autres partis israéliens (principalement de centre-droit) qui souhaitaient depuis longtemps un accord de ce type ont donc appuyé le gouvernement en place en lui donnant leur soutien depuis la gauche.
Orit Strook, ministre des Colonies et des Missions nationales, également membre du sionisme religieux, s'est dite déçue que Netanyahu n'ait pas expliqué au président Trump que Gaza est un territoire inaliénable d'Israël. (Ce qui n'est pas vraiment le cas.)
Smotrich a exprimé "des sentiments mitigés en cette matinée difficile". Il a fait part de sa joie concernant la libération des otages restants, même s'il a auparavant déclaré à plusieurs reprises que la libération des otages n'était pas une priorité.
Smotrich a justifié son attitude obstructionniste antérieure en affirmant qu'il s'est opposé à des "accords partiels" qui auraient interdit l'occupation de Gaza et l'élimination du Hamas. En réalité, bien sûr, il s'est opposé à tous les accords et ne souhaite que nettoyer Gaza de ses Palestiniens indigènes, ou de ceux qui sont encore en vie après deux ans de bombardements intensifs des bâtiments d'habitation civils et des infrastructures. Smotrich s'oppose aussi à l'acheminement de l'aide à la population civile de Gaza, ainsi qu'à la libération de 250 otages palestiniens capturés au fil des ans par Israël, avertissant qu'ils allaient continuer à verser le sang juif. Un grand nombre des quelque 10 000 Palestiniens kidnappés par Israël n'ont jamais été accusés d'avoir commis le moindre acte de violence, et encore moins condamnés. Il s'est engagé à continuer à lutter pour "éradiquer" le Hamas.
Des informations contradictoires émanent de hauts responsables de l'administration Trump quant à l'envoi de 200 soldats américains à Gaza en tant qu'observateurs du cessez-le-feu, certains le confirmant et d'autres le démentant.
Le Hamas a affirmé s'être engagé à respecter un accord qui mette fin au conflit qui dure depuis deux ans.
Par ailleurs, l' Office de secours et de travaux des Nations unies a déclaré disposer d'une aide alimentaire suffisante pour approvisionner Gaza pendant trois mois. Le gouvernement israélien a tenté d'interdire à l'UNRWA, créée par les Nations unies pour aider les réfugiés palestiniens expulsés de leurs foyers par les Israéliens, d'opérer dans les territoires palestiniens occupés, et a bloqué la plupart des convois d'aide alimentaire depuis le mois de mars. Gaza ne peut pas subvenir à ses propres besoins alimentaires, d'autant que les Israéliens ont détruit 80 % des terres cultivables de l'enclave. Néanmoins, l'UNRWA dispose encore de 12 000 agents à Gaza, prêts à intervenir pour remédier à la famine imposée par Israël.
Traduit par Spirit of Free Speech
Juan Cole est le fondateur et rédacteur en chef d'Informed Comment. Il est professeur d'histoire Richard P. Mitchell à l'université du Michigan. Il est l'auteur, entre autres, de Muhammad: Prophet of Peace amid the Clash of Empires et The Rubaiyat of Omar Khayyam. Suivez-le sur Twitter à l'adresse @jricole ou sur la page Facebook d'Informed Comment.