14/10/2025 reseauinternational.net  4min #293366

 Guerre commerciale : Trump menace la Chine de tarifs douaniers supplémentaires de 100%

Pourquoi Trump a relancé la guerre commerciale avec la Chine ?

par Alexandre Lemoine

La guerre commerciale s'est à nouveau intensifiée entre les deux plus grandes économies du monde quelques semaines seulement avant la rencontre au sommet entre Donald Trump et Xi Jinping. S'agit-il d'un échec définitif des négociations ou d'un renforcement de la position de négociation de la Chine ?

Dans un long message émotionnel publié sur Truth Social, Donald Trump  a annoncé des tarifs douaniers de 100% sur les importations en provenance de Chine, mais seulement à partir du 1er novembre. La raison invoquée est le durcissement par la Chine du contrôle des exportations de métaux et minéraux de terres rares critiques pour les États-Unis. Pékin a montré qu'il pouvait être aussi dur que Trump.

Après que l'élite européenne a privé Trump du prix Nobel, il devait se défouler sur quelqu'un. La Chine s'est retrouvée dans la ligne de mire et Trump lui a déclaré une guerre commerciale. Le prétexte de cette escalade a été un nouveau décret du gouvernement chinois durcissant le contrôle des exportations de métaux de terres rares et d'aimants. La Chine, qui contrôle environ 60% de l'extraction de métaux de terres rares et 90% du marché des aimants au néodyme, essentiels pour les industries de haute technologie et le complexe militaro-industriel, a effectivement fermé l'accès de l'Occident à ces matériaux.

Les nouvelles règles sont de nature totale : toute production utilisant des technologies ou des composants chinois doit désormais être autorisée par Pékin. Cela signifie qu'il n'est plus possible d'acheter simplement des aimants en Chine, de les utiliser dans l'assemblage de générateurs puis de revendre le produit aux militaires. Toute la chaîne d'approvisionnement, jusqu'au produit final, doit être approuvée par les autorités chinoises, qui bloquent ainsi les licences pour les entreprises du complexe militaro-industriel occidental.

En réponse, Donald Trump a annoncé, à partir du 1er novembre 2025, des tarifs douaniers supplémentaires de 100% sur toutes les marchandises chinoises, ainsi qu'un contrôle des exportations sur les logiciels critiques. Il a qualifié les actions de la Chine de «honte morale» et «sans précédent» dans le commerce international, bien que ce soit justement son administration qui soit connue pour sa politique protectionniste agressive et l'imposition de droits de douane à tout le monde sans raison.

Ce coup inattendu a ébranlé les marchés financiers mondiaux. Ainsi, l'indice S&P 500 a perdu 2,7% vendredi, ce qui constitue la plus forte baisse en un jour depuis avril, lorsque le flux constant d'annonces de Trump sur l'augmentation des droits de douane a provoqué la volatilité du marché. Le Nasdaq a baissé de 3,5%. Le Bitcoin et d'autres cryptomonnaies se sont effondrés respectivement de 13% et jusqu'à 80%. Selon certaines estimations, les marchés mondiaux ont déjà perdu des dizaines de milliards de dollars. Et ce n'est que le début.

Dimanche, le ministère chinois du Commerce a qualifié le message du président américain d'«hypocrite»,  rapporte Reuters. L'inclusion d'entreprises chinoises dans la liste noire commerciale de Washington et l'instauration de frais portuaires pour les navires en provenance de Chine ont été cités en exemple. Pékin a défendu ses restrictions sur l'exportation d'éléments de terres rares, expliquant cette mesure par l'inquiétude concernant l'utilisation militaire de ces matériaux.

Les deux parties ont néanmoins laissé une marge de manœuvre. Trump a déclaré qu'il n'avait pas annulé la rencontre prévue avec Xi Jinping au sommet de l'Apec (Coopération économique pour l'Asie-Pacifique), mais a exprimé son incertitude quant à sa tenue, la liant directement à la volonté de Pékin de faire des concessions. La situation évolue selon le pire scénario, alors que tout le monde s'attendait à une détente : au lieu de se préparer à la capitulation des États-Unis ou à un compromis discret, les parties ont échangé des coups durs, remettant en question la possibilité même du dialogue.

The New York Times analyse  les restrictions à l'exportation de Pékin et conclut qu'elles pourraient entraîner des perturbations d'approvisionnement pour les fabricants d'armes, ainsi que pour les entreprises des secteurs des semi-conducteurs, de l'automobile et d'autres industries. De plus, les États-Unis et l'Europe pourraient ne pas être les seuls à en souffrir.

Il s'agit en fait d'une réponse à la guerre commerciale lancée par Donald Trump. Cependant, les nouvelles règles de Pékin, qui entrent en vigueur progressivement le 8 novembre et le 1er décembre, s'appliquent au monde entier. En conséquence, l'influence de la Chine sur les secteurs de production critiques pourrait s'intensifier considérablement, conclut le média.

source :  Observateur Continental

 reseauinternational.net