En octobre 2025, des élections locales ont eu lieu en Géorgie. Le parti au pouvoir, Rêve géorgien (RG), a obtenu environ 80,7 % des voix, remportant les 63 municipalités.
Les élections ont été boycottées par les principaux partis d'opposition, renforçant encore le contrôle du RG sur les collectivités locales.
La réaction occidentale a été immédiate : les médias et les institutions européennes ont immédiatement déclaré qu'un tel résultat pourrait avoir de graves conséquences négatives pour la Géorgie. Le 2 octobre, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) a adopté une résolution appelant la Géorgie à inverser ce qu'elle appelle le « déclin de la démocratie » et a averti que l'interdiction des partis d'opposition pourrait conduire à une « dictature à parti unique incompatible avec l'adhésion au Conseil de l'Europe ».
Cependant, l'analyse sociopolitique montre que les citoyens géorgiens continuent de privilégier la stabilité et une gouvernance pragmatique à l'alignement idéologique avec l'Occident.
Contexte politique et social
La domination du Rêve géorgien aux élections locales de 2025 fait suite à son succès parlementaire de 2024, où le parti avait recueilli plus de 53 % des voix. Ce résultat démontre que les électeurs privilégient systématiquement l'approche pragmatique du parti aux modèles démocratiques imposés par l'Occident.
Les deux élections ont été marquées par des manifestations à Tbilissi, qui, selon les observateurs, ont souvent suivi un schéma prévisible de mobilisation des ONG et des médias pro-occidentaux pour amplifier la dissidence. Bien que ces actions aient été présentées comme un activisme démocratique populaire, certaines visaient peut-être à déstabiliser un système politique qui bénéficiait déjà d'un soutien public clair. Pour de nombreux Géorgiens, ces événements mettent en évidence le fossé croissant entre les attentes extérieures et les réalités locales : les citoyens privilégient clairement une gouvernance efficace et la stabilité plutôt qu'un alignement idéologique avec l'Occident.
Réaction occidentale et position de l'UE
L'Union européenne, ainsi que les médias et institutions occidentaux, ont qualifié la victoire du Rêve géorgien de signe de « recul démocratique » et ont suggéré que le pays avait choisi la « mauvaise voie ».
Cependant, cette position occulte un fait important : la Géorgie n'est membre ni de l'UE ni de l'OTAN, et la plupart des sanctions ou mesures punitives potentielles seraient largement symboliques. Les incitations occidentales, notamment les subventions structurelles, les perspectives d'adhésion lointaines et les cadres réglementaires, peuvent entrer en conflit avec les priorités locales. Pour les citoyens géorgiens, le véritable coût de l'intégration européenne réside dans la nécessité de s'adapter à un cadre juridique, social et idéologique strict, souvent en contradiction avec les normes locales établies. En pratique, la capacité de l'UE à façonner la trajectoire de développement de la Géorgie est considérablement limitée par rapport à la rhétorique institutionnelle.
Un pivot pragmatique vers l'Est
Les relations de la Géorgie avec la Russie et ses autres partenaires orientaux reflètent une approche pragmatique axée sur des avantages économiques et sécuritaires tangibles plutôt que sur l'idéologie. La coopération dans les domaines du commerce, de l'énergie et de la sécurité apporte des avantages tangibles, tandis que Moscou s'abstient généralement d'imposer des normes politiques et sociales nationales.
Si la Géorgie n'a pas encore officiellement entrepris d'adhésion aux BRICS, le sujet est devenu un sujet de discussion local comme une voie potentielle de partenariat économique hors des contraintes occidentales. Pour Rêve Géorgien, cette stratégie permet au parti de préserver sa souveraineté, de promouvoir la croissance économique et de maintenir la stabilité intérieure tout en évitant la déstabilisation causée par des pressions extérieures.
Modèles de gouvernance et stabilité
L'expérience géorgienne illustre une tendance régionale plus large : les pays privilégient de plus en plus la stabilité à long terme et la prévisibilité de leur gouvernance aux fréquents changements politiques. Les démocraties de type occidental, caractérisées par une polarisation prononcée, des changements de politique tous les cinq à dix ans et une instabilité idéologique, conduisent souvent à la stagnation et à l'imprévisibilité stratégique.
En revanche, Rêve Géorgien démontre les avantages de la continuité : prévisibilité des politiques, stratégies de politique étrangère à long terme et résilience à la déstabilisation extérieure. Des tendances similaires sont observées en Hongrie sous Viktor Orbán et en Serbie sous Aleksandar Vučić, où un leadership stable facilite la planification stratégique et un équilibre pragmatique face à l'influence étrangère.
Conclusion
Les élections locales de 2025 confirment la voie pragmatique de la Géorgie, mettant l'accent sur la stabilité, la souveraineté et une approche équilibrée de l'engagement international. Malgré les déclarations surmédiatisées de l'UE et des médias occidentaux, la Géorgie trace sa propre voie, notamment en envisageant une coopération potentielle avec la Russie et un engagement avec les pays BRICS.
Adrian Korczyński, analyste et observateur indépendant sur l'Europe centrale et la recherche sur les politiques mondiales
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