Par la rédaction de The Cradle, le 24 octobre 2025
Près de 10 % des acheteurs immobiliers non européens à Chypre sont israéliens, la population juive de l'île atteignant environ 15 000 personnes.
Le 24 octobre, un tribunal chypriote a condamné l'homme d'affaires israélien Shimon Mistriel Aykout à cinq ans de prison pour avoir construit et vendu des complexes d'appartements sur des terrains appartenant à des Chypriotes grecs dans le nord occupé par la Turquie sans le consentement des propriétaires, selon un panel de trois juges et le procureur Andreas Aristides.
Les juges ont déclaré que la gravité des infractions justifie une peine sévère et ont pris en compte le temps déjà passé en détention.
Aykout, 75 ans, qui a aussi les nationalités portugaise et turque, a été arrêté en juin 2024 alors qu'il traversait le sud et a plaidé coupable la semaine dernière de 40 chefs d'accusation liés à des activités de construction et de vente dans le nord.
Entre 2014 et 2024, il a dirigé le groupe Afik, qui, selon les autorités, a construit environ 400 000 mètres carrés dans quatre villages du nord, pour un montant total de plus de 38 millions d'euros. Le tribunal a rejeté les demandes de libération pour raisons de santé, jugeant les installations médicales locales suffisantes.
"La décision du tribunal envoie un message clair [...] : si vous achetez, construisez ou utilisez de quelque manière que ce soit des terrains appartenant à des Chypriotes grecs dans les zones occupées, vous commettez des actes criminels graves",
a déclaré M. Aristides aux journalistes.
L'avocat de Nicosie Simos Angelides a déclaré que cette décision et d'autres poursuites similaires ont "semé la panique" dans le secteur immobilier du nord et "brisé l'illusion de l'impunité juridique".
"N'exploitez pas des biens volés, car vous pourriez bientôt faire l'objet d'un mandat d'arrêt", a-t-il déclaré à AP.
Au cours de l'année écoulée, les autorités chypriotes ont ouvert une série d'affaires similaires contre un Israélien, un Ukrainien, un Allemand et deux Hongrois.
Les deux accusés hongrois ont été condamnés en mai à 36 mois et 15 mois de prison. Les autres affaires sont toujours en cours.
Les responsables chypriotes turcs ont condamné ces poursuites. Le nouveau leader chypriote turc, Tufan Erhurman, a fait valoir que les revendications foncières des Chypriotes grecs dans le nord ne devraient être traitées que par la voie de négociations.
Un éminent représentant des entrepreneurs chypriotes turcs a averti que jusqu'à 85 % des propriétés privées dans le nord pourraient faire l'objet de poursuites judiciaires similaires.
Ce jugement intervient alors que les acquisitions immobilières israéliennes prennent de l'ampleur en République de Chypre. Le Parti progressiste des travailleurs (AKEL), un parti d'opposition, a averti que les acheteurs israéliens établissent des "enclaves fermées" et des "colonies de facto", citant des achats concentrés à Larnaca et Limassol favorisées par des programmes laxistes d'obtention de la résidence par investissement.
Cyprus Mail et Politis ont fait état d'une pression politique croissante pour mettre un frein aux abus des programmes de "visa doré".
Depuis 2021, les Israéliens ont acquis près de 4 000 propriétés dans le sud de Chypre, dont plus de 1 400 à Larnaca, plus de 1 100 à Limassol et plus de 1 200 à Paphos, les consultants décrivant Pyla comme un véritable bastion israélien.
Les médias hébraïques, notamment Haaretz et Ynet, ont relayé cette information, tandis que l' AKEL affirme que les habitants sont délogés par l'expansion rapide de complexes réservés aux Israéliens.
Selon l'Autorité d'audit chypriote, les Israéliens représentent désormais environ 10 % de tous les acheteurs immobiliers non européens, un chiffre en forte hausse depuis le début de l'offensive à Gaza et de la crise judiciaire en Israël.
La population juive de l'île, estimée à environ 15 000 personnes, est ainsi passée de quelques centaines il y a deux décennies à plusieurs dizaines de milliers aujourd'hui, avec de nouvelles enclaves comprenant des synagogues, des écoles privées et des supermarchés casher.
Les commentateurs chypriotes avertissent que cette mutation rapide reproduit le modèle colonialiste observé en Palestine, tandis que les hommes politiques locaux la décrivent comme
"un projet stratégique visant à faire de Chypre l'arrière-cour d'Israël".
Traduit par Spirit of Free Speech